Chapitre 3

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Zilpa

Poignets liés, j'attends.

On m'a jeté dans une cage sans eau ni nourriture.

À cause de ce que j'ai fait.

C'est-à-dire justice.

J'en tremble encore de tous mes membres. Je me connaissais le sang chaud mais cette fois il n'a fait qu'un tour. Même Aquila a été incapable de me ramener à la raison.

J'ai vu rouge, rouge, rouge.

Les paupières baissées, le souffle profond, je laisse le temps cicatriser mes plaies. Il me semble que je saigne de partout. Les coups de fouet n'ont pas arrêté de claquer ma peau à tous les endroits possibles.

Je regarde mes mains.

Ensanglantées.

Menues.

Meurtrières.

Je n'ai jamais voulu ça et pourtant je ne ressens aucun remord m'envahir. Tout mon être est glacé comme si j'étais déjà morte. Enfin si la mort est froide bien sûr.

Rien faire pendant des heures et ne pas pouvoir bouger m'épuise plus que tout, car c'est dans l'attente interminable qu'on est confronté à l'impuissance de notre existence.

Mes gouttes de sueur se mélangent à mes gouttes de sang.

Ils attendent que je meure lentement.

Pas comme celui que j'ai...

Son crâne s'est ouvert comme une coquille d'œuf.

Je ne demande rien, au milieu de cette noirceur et cette chaleur insupportable. Je n'attends plus rien.

Un jour ou l'autre, nous, Midriens, savons tous que nous mourrons sous le coup de fouet. Non pas dans nos lits, entourés des gens qui nous aiment.

Mais dans la boue, la saleté et l'indignité.

Sous les Septriens.

Cela fait quelques heures quand des éclats de voix se rapprochent, rompant le silence et la paix que je commençais à ressentir.

Des gardes viennent m'encadrer et dans mon champ de vision, je vois deux pieds nus tout propres. Relever la nuque, lever les yeux sous mes paupières lourdes requiert un effort monumental.

Un prêtre de Septorä.

Je n'en avais jamais vu d'aussi près.

Celui-ci a les traits émincés comme s'il avait passé sa vie à jeûner, mais le teint d'un noble comme si se priver de nourriture était un luxe qu'il pouvait se permettre.

— Debout, ton jour n'est pas arrivé.

Sa voix a quelque chose de bizarre. Comme s'il s'efforçait d'être grave.

Les gardes n'attendent pas que je me lève de moi-même. Un bras sous le coude, ils me mettent sur pied avant de me traîner hors de ma cellule.

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