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bonne lecture :)

𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏 : Ça ne me fait ni chaud ni froid

𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏 : Ça ne me fait ni chaud ni froid

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𝑪𝑨𝑴𝑰𝑳𝑳𝑬 𝑯𝑶𝑪𝑲

Je faisais passer mon sac à main autour de ma tête pour l'enlever et le posais doucement sur le trottoir. J'hésitais à enlever mes chaussures mais je préférais les garder sur moi. Le vent frappait de plein fouet mon visage et pourtant, je n'avais aucuns frissons, comme déjà éteinte de l'intérieur.

Mes mains se posaient sur le fer froid et miteux de la barrière du pont. Il n'y avait pas grand monde en ce lundi soir. La vie filait son cours et Paris ne se réveillerait que dans quatre heures, à six heures et quelques. Je serais déjà loin de toute façon, en paix j'espère.

Qu'est-ce qu'on offrait aux personnes qui se donnaient volontairement et prématurément la mort ? Le merveilleux paradis ? La chaleur étouffante des enfers ? Entre nous, je m'en foutais, je voulais juste me laisser partir et que mes problèmes disparaissent par la même occasion.

Avec une certaine détermination, je passais une jambe par-dessus la barricade puis la deuxième. J'étais de l'autre côté du trottoir, sur le petit bout de goudron qui restait avant le vide, avant ma libération. Je sentais encore l'air frais tourbillonner dans mes oreilles et faisant rougir le bout de mon nez. Mes lèvres étaient gercées, je me demandais si j'avais encore la capacité d'entrouvrir la bouche.

Mais peu importe, à qui transmettrais-je mes dernières paroles sur Terre ? Au clébard abandonné par ses maîtres dans la rue ? Au SDF du coin qui me demanderait une p'tite pièce pour acheter une bouteille d'alcool ? Ou alors peut-être aux rats qui couraient sous les ponts à la recherche de quoi se nourrir.

Je voulais juste que tout ça s'arrête, mes problèmes, mes dettes et mes angoisses. Je voulais juste rejoindre ma sœur, la serrer dans mes bras, lui dire que je l'aime. Elle me répéterait que ce n'était en rien de ma faute, que je n'avais pas à sauter du pont pour la retrouver. Mais bien-sûr que si.

Regarder mon père et ma mère dans les yeux à chaque repas de famille était plus qu'insurmontable. Je le savais, ils me tenaient pour responsable de la mort de ma sœur et au fil du temps, j'y avais cru, je m'étais convaincue que si j'avais perdu ma petite sœur, c'était entièrement de ma faute.

Mes paternels ne me rassuraient pas, ne me murmuraient pas que je ne devais pas m'en vouloir. Seuls leur distanciation avec moi et leurs regards limite accusateurs faisaient de moi la coupable idéal de la mort de leur petite fille.

Alors si je sautais ce soir, c'était pour qu'ils n'aient plus à me regarder de cette façon, qu'ils ne se rappellent plus de ma sœur en me regardant débarquer dans leur salon, qu'ils n'aient plus aucun soucis en fait, qu'ils soient libérés.

« Allez Camille, tu peux le faire ». m'encourageais-je en regardant l'eau sale et dégueulasse de la Seine qui me lançait un reflet de ma personne. Je me tenais debout, les deux jambes collées et droites qui tenaient sur le minuscule bout de trottoir qui dépassait et qui m'empêchait de tomber tout de suite.

𝘴𝘢𝘷𝘢𝘨𝘦Où les histoires vivent. Découvrez maintenant