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𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟒𝟕 : Ça sert à rien, je veux pas le voir.



𝑪𝑨𝑴𝑰𝑳𝑳𝑬𝑯𝑶𝑪𝑲

Je regardais les gouttes de pluie faire une course contre la vitre de la voiture qu'avait loué Ousmane et me détachais après que mon meilleur ami se soit garé.

- Tu veux que je vienne avec toi ? me chuchotait-il en levant le frein à main.

- Non ça va aller.

- Depuis combien de temps tu n'y es pas allé ?

- Depuis sa mort.

- D'accord... Je reste ici et si t'as besoin, tu m'appelles.

- Pas de problèmes. Merci Ousmane.

- C'est rien Camillou, allez vas-y.

Je hochais de la tête, soupirais un grand coup et sortais de la voiture en rabattant la capuche du sweat de Lucas sur ma tête. Même si on s'était fort embrouillés ce matin, j'avais besoin de son odeur pour réussir à lui parler.

Je pouvais vous dire qu'Ousmane n'y était pas allé de main morte pour engueuler Lucas. Je ne savais pas ce qu'il lui avait pris de me balancer tout ça et peut-être qu'après tout, je l'avais bien cherché.

Mes baskets tapaient contre le sol caillouteux et humide du cimetière et je marchais à travers les tombes. J'avais toujours détesté ces endroits. Ça respirait la tristesse, la peine et la mort. Je m'étais rendue une seule fois à cet endroit et pourtant, je connaissais l'emplacement de la tombe par cœur, sur le bout de mes doigts. Je pouvais y aller les yeux fermés.

En raison du temps plutôt maussade, il n'y avait personne dans le cimetière, j'étais d'un côté seule mais à la fois entourée de plusieurs âmes perdues. Doucement, je m'arrêtais devant la tombe grise et bien amochée par l'âge. Je passais un doigt sur le dessus et soupirais en voyant un fil de poussière en recouvrir la surface.

Les fleurs étaient fanées, je me demandais bien à quand remontait la dernière fois que quelqu'un était venu se recueillir sur sa tombe.

- Salut petite sœur. articulais-je avec un petit sourire.

Je m'asseyais en tailleur sur le sol face à la pierre où était gravée le nom de ma sœur.

" Andrea Mathilde Hock ~ une fille et une amie magnifique"

Oui, ma mère avait fait exprès de ne pas mentionner le statut de "sœur" pour parler de moi sur la tombe d'Andrea. Quand j'avais appris ça, j'avais câbler et je m'étais enfermée dans ma chambre juste après l'enterrement.

- Ça faisait longtemps hein ? riais-je doucement en arrachant les pousses de mauvaises herbes qui m'entouraient. Me grondes pas, j'étais juste pas prête sœurette. Alors ? Papa t'a rejoint ? Personnellement, je pense qu'il a terminé en Enfer avec Hitler et sa bande. je soufflais et mettais mes mains sur mes joues en perdant mon regard sur la tombe. J'espère que tu aies bien là où tu es puisque c'est ce que tu mérites Drédré. Putain qu'est-ce que t'aimais pas que je t'appelle comme ça.

Et pendant au moins deux bonnes heures, je racontais ma vie à ma sœur comme si elle était en face de moi et qu'elle ne me répondait juste pas. Puis, le sujet de Lucas venait sur la table.

- Tu sais pas quoi ? Je me suis trouvé quelqu'un. Et non, je ne l'ai pas payé pour qu'il reste avec moi et je me demande toujours comment ça se fait. M'enfin, on s'est brouillé hier et je sais pas si je suis en tort ou pas. J'ai jamais douté sur quelque chose mais je sais pas, d'habitude je l'aurai insulté de tous les noms mais là maintenant, je veux juste que cette histoire soit oubliée. Bien évidemment, après l'avoir giflé pour ce qu'il m'a dit.  Ouais, je suis amoureuse de lui et j'ai besoin de lui. J'ai besoin qu'il soit toujours avec moi, qu'il me soutienne et puis quand il me dit qu'il m'aime, j'ai l'impression d'être la personne la plus importante à ses yeux.

𝘴𝘢𝘷𝘢𝘨𝘦Où les histoires vivent. Découvrez maintenant