37. Un pas vers lui, deux pas plus loin.

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Une semaine s'était écoulée et le printemps qui pointait son nez sans ramener de temps dégagé, n'aidait en rien les habitants de Poudlard. Tellement de choses illogiques, tellement de peurs inavouées, d'amitiés perdues, d'attaques inexpliquées et de paroles blessantes. Jamais depuis leur intégration au château magique, les élèves s'étaient sentis aussi peu protégés, aussi apte à mourir sans raison et entourés de si peu de sécurité. Malgré la présence d'un corps professoral imposant, de surveillants présents et agiles et d'un directeur grand de sa réputation, la tranquillité d'esprit était révoquée. Petits et plus grands savaient que leurs années de jeunesse allaient être volées.

Chaque semaine au minimum, des événements tristes et douloureux remplissaient les pages de la gazette et ce depuis plus d'une année. Chaque semaine au minimum, Lily Evans consolait un adolescent ou enfant qu'elle trouvait errant dans les couloirs, pleurant à chaudes larmes pour avoir perdu un parent, ou rageant contre un ami par doute, ou encore s'isolant en pensant à la noirceur du monde et au départ éminent des proches.

Le nom de Voldemort était sur toutes les langues et pour la première fois depuis le début de son ascension, la mort d'un membre du magenmagot par l'un de ses partisans à visage découvert lui fut directement allouée. La femme en question était une figure connue de la droiture et une grande partisane de la paix, les images horribles de sa mort marquaient encore les esprits. Les gens savaient, à présent, ce mage ne reculait et ne reculerait devant rien.

Même les maraudeurs n'étaient plus ce qu'ils étaient, Sirius ne pardonnait toujours pas à Rémus d'avoir à ce point si peu de foi en lui, bien que Rémus ne présenta pas d'excuses directes. Rémus continuait de trouver les comportements de Sirius suspects mais les paroles sensées de Lily et les sermons incessants de James le firent capituler. Marlène, elle n'avait jamais été vue aussi calme, aucun élève de Poudlard ne l'avait jamais vu aussi pacifique et indifférente. En se laissant aller avec Benjy, elle avait réalisé qu'elle n'avait vraiment de recul devant rien et que ses comportements impulsifs étaient encore plus irresponsables qu'elle le pensait. Elle avait aussi mal pour Sirius, elle avait mal d'être attirée par la seule personne instable émotionnellement, la seule personne qui ne s'engageait jamais, la seule personne aussi impulsive et irresponsable qu'elle. Elle avait une rage enfouie contre ce qui se passait dans le monde externe, mais celui interne aussi, elle avait mal de savoir que peut-être une amie ou une connaissance à elle, cherchait à ce point à ternir le monde autours d'elle. Marlène McKinnon, était blessée en cette période, ce qui ne diminuait en rien sa force, mais son calme ne présageait rien de bon. Tout comme ce bon vieux calme avant la tempête.

Mary Macdonald ne venait plus aux entraînements. Dès qu'elle apprit que Darius Weasley avait été suspendu pour avoir attaqué Lily, la peur prit part d'elle. Une peur plus grande que celle ressentie dans ce couloir vide avec Mulciber comme assaillant, une peur plus grande que lorsqu'elle fut attaquée, une peur plus grande qu'affronter son Epouvantard, la peur de tout et de tout le monde. Son camarade de maison n'avait rien d'un fou furieux qui voudrait du mal aux autres et pourtant le voilà qui punissait la personne qui lui plaisait le plus dans ce château. Mary ne savait plus en qui avoir confiance, s'isoler entre ses cours et sa salle commune était devenue sa seule camisole de force. Elle recevait souvent des lettres de Severus et Lily qui prenaient de ses nouvelles, mais n'y répondait que par politesse et non par gaieté de cœur.

Frank Londubat, quant à lui, il fut celui qui perdit le plus cette année... Un matin de la dernière semaine de Mars, sa mère était venue en personne à Poudlard, une femme imposante et certainement bien connue pour sa langue bien pendue. Elle était d'une franchise et froideur déroutantes. Elle entra dans le bureau du directeur avec qui elle s'entretint pendant de longues minutes, avant de laisser entrer Minerva, Pomona et Silvanus Brulopôt, qui connaissaient Monsieur Londubat très bien. Elle se racla la gorge en débitant pompeusement.

Ne jamais dire jamais à un Potter I : Ennemis du sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant