Dabi x Shoto

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Les mains dans les poches, j'erre.

Une cigarette au coin des lèvres, j'erre.

Combien de temps maintenant que je n'ai pas longé le long de ces rues, seul avec ma tête qui part en vrille ? Je ne suis pas venu depuis ma disparition.

J'ai toujours la sensation que quelqu'un quelque part, me reconnaîtra. Pourtant, je suis défiguré, brûlé, j'ai grandi, j'ai vieilli, j'ai changé de coupe et de couleur de cheveux. Je suis méconnaissable. Moi-même, lorsque j'ose lever les yeux dans le miroir pour affronter mon reflet, je ne sais pas qui se trouve en face de moi.

Celui d'avant est mort il y a trop longtemps pour que je m'en souvienne totalement. Son visage s'efface devant le mien, seul ses yeux d'un bleu océan demeurent encore. Froids. Éteints.

J'avance, un pas après l'autre dans un automatisme que j'ai appris par coeur. Mon esprit est ailleurs, je ne sais pas où je vais. Est-ce ma destination qui est trop loin ou mon âme qui n'y mets pas du sien ? J'en sais foutrement rien ; j'avance.

J'avance, croise les gens colorés dans ces rues d'été. Du rouge, du jaune, du vert. Ils sourient, tous aussi heureux alors que je ne suis que gris. La chaleur est écrasante, elle ne me fera pas enlever ma veste noire pour autant.

J'avance. Ferme les yeux une seconde.

Lorsque je les ré-ouvre, il est devant moi. Le dos et les épaules voûtés et la tête baissée, comme accablé par le poids d'une culpabilité sans nom. Cela fait tellement de temps que je ne l'avais pas vu. La dernière fois, c'était dans les larmes et les supplications. Il faisait à peine un mètre, un pansement couvrait son œil gauche, cachant le bleu de son iris, semblable au mien.

Je le retrouvais.

Mon petit-frère.

Sous le coup de la surprise, je ne trouve rien d'autre à faire que de m'arrêter au milieu de la rue piétonne, créant des plaintes dans mon dos et des bousculades de ceux qui me suivaient de trop près.

Il a changé, de beaucoup mais je le reconnais tout de même.

Il a grandi, prit de nombreux centimètres. Il doit presque faire ma taille, si ce n'est toujours un peu moins. Petits, on se battait pour savoir lequel serait le plus grand. Je gagne visiblement. Son visage est marqué d'une cicatrice, qu'il cherche peut-être à camoufler derrière des mèches de cheveux. Je ne peux m'empêcher de le trouver bel homme malgré tout.

Son profil avait toujours attiré les gens, même lorsqu'il mesurait trois pommes et que son pansement lui cachait ses traits. Il était la vedette de toutes les copines de maman, de tout le monde qu'il pouvait croiser lors de ses balades avec le reste de la fratrie. Avec ma sœur, nous l'avons souvent jalousé.

Je ne sais pas ce qu'il est devenu. Mes funérailles ont été les derniers moments où j'ai pu observer son visage. Je n'ai pas cherché à surveiller sa vie par la suite. L'envie de vouloir lui parler ne me quitterait jamais et il n'aurait pas pu faire son deuil. Est-ce que cela lui arrive de penser à moi ? A nos souvenirs communs qui fanent lentement au fil des ans ? C'était il y a si longtemps, peut-être qu'il ne sait même plus qui je suis.

A-t-il réussi à se reconstruire ? Surmonter ma disparition, puis les obsèques qui ont été faites alors que les recherches n'ont pas été arrêtées ? A-t-il passé du bon temps à l'école ? A-t-il des amis ? Une copine ? Il doit avoir près de vingt ans maintenant... A-t-il bien réussi son examen ? Est-il partit dans l'université qu'il voulait ? Travaille-t-il quelque part ? Est-ce que cela lui plaît ?

Es-tu heureux, Shoto ?

M'en veux-tu de t'avoir abandonné ? D'être passé te voir la nuit de l'enterrement, dans un dernier au revoir ? Si je t'explique tout, comprendras-tu ? Me pardonneras-tu ? Me laisseras-tu entrer dans ta vie à nouveau, comme si je n'étais jamais parti ?

Je ne bouge pas. Il passe devant moi, inconscient du tourbillon qui se déroule dans ma tête. À mon niveau, il se tourne sur le côté pour passer ; je lui bloque le passage mais je ne parvient pas à faire le moindre mouvement. Il s'excuse de me bousculer. Sa voix, qui n'est plus celle d'un petit garçon, fond dans mon tympan comme le ferai une bonne pâtisserie sur la langue.

C'est mon coeur qui se mets à fondre à son tour. Si ce n'est qu'il se craquelle. Les larmes me montent aux yeux et je fais mon possible pour ne pas les laisser tomber.

Il m'avait manqué.

Énormément.

Il ne lui a fallut que quelques secondes au coin d'une rue pour qu'il brise sans le savoir, toutes ces années de bouclier. Celles que je m'étais forgée pour ne pas tomber en ruine.

Et maintenant, je suis foutu. J'ai juste qu'une seul envie, celle de me retourner, de courir vers lui pour le prendre dans mes bras. Le serrer contre moi, le garder tout près et m'excuser mille fois. Rembobiner tout ce temps et rentrer à la maison.

Je sentirai à nouveau tout ces parfums, entendrai à nouveau tout ces rires. Je pourrai le voir grandir, devenir cet homme que j'ai vu aujourd'hui.

Mon coeur bat plus fort. Il est à quelques mètres derrière moi quand je laisse tomber ma cigarette sur les pavés brûlants. Je me tourne et pose mes yeux sur son dos. Il est encore courbé. Mes jambes se mettent en route pour moi. J'avance à nouveau, d'un pas vif dans sa direction.

Je ne sais pas où il va. Mais j'irai avec lui. Je ne veux pas l'abandonner une seconde fois.

••••••••• 

Bonjour ! Comment ça va ?

Ça faisait longtemps ce ship ! J'ai eu une poussée d'inspi d'un coup comme ça... 

Ça vous a plu ? ^^

Des bisous, Koala. 

 

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My hero academia /OS multiship\Où les histoires vivent. Découvrez maintenant