— Bien dormi ?
Clémentine était allongée par terre, sur son tapis de gym, les genoux remontés sur sa poitrine. Elle les balançait d'une main pour détendre les tensions de la veille dans le bas de son dos que ni la nuit ni le massage prodigué par Nicolas n'avaient réussi à estomper. Le téléphone collé à son oreille, elle prenait des nouvelles de Maxime.
— Absolument pas ! J'ai horreur de dormir loin de Clémence !
Maxime ne mentait pas : l'histoire du soir, les câlins, même les réveils nocturnes lui manquaient quand il ne couchait pas sa fille. Mais, il devait bien l'avouer, c'est surtout la perspective de la discussion à venir avec la mère qui l'avait tenu éveillé.
— Ça va bien se passer, le rassura Clémentine.
Qu'est-ce qu'elle en savait, au fond ? C'était beaucoup demander à Max de quitter sa compagne quelques jours à peine après leurs retrouvailles. La rapidité avec laquelle les événements se succédaient l'effrayait. Elle aurait d'ailleurs pris sur elle et rongé son frein s'il lui avait demandé d'être patiente, mais c'est lui-même qui avait envie de mettre les choses au clair au plus vite. Car il n'était plus amoureux d'Ophélie, et il le savait depuis longtemps, même si peut-être il refusait de l'admettre. Le retour de Clémentine réveilla en lui des sentiments qui lui ouvrirent les yeux.
Alors finalement, même s'il regrettait l'avoir blessée, il était heureux qu'Ophélie les ait surpris. Ça rendait les choses plus faciles. Il se demandait même si inconsciemment il ne l'avait pas un peu cherché en prenant le risque d'inviter Clémentine chez lui.
Visiblement la nuit avait porté conseil à Ophélie. Alors que Maxime s'était attendu à la trouver pleine de rancœur, voire carrément en colère – ce qu'il aurait compris –, elle était étrangement calme. Pour ne pas risquer d'être dérangée elle avait éteint son téléphone, et voilà qu'elle s'excusait auprès de Maxime, avant même qu'il ait eut l'opportunité de s'expliquer.
— Ecoute bébé, je sais que c'est difficile pour toi depuis qu'on est à Montpellier. Tu as du mal à t'y faire, je comprends que tu sois mal.
— Oph...
— Non, vraiment ! coupa-t-elle. J'ai réfléchi. Et je suis prête à te pardonner de m'avoir trompée.
Maxime déglutit péniblement.
— Merci. Mais je veux que tu saches que je n'ai pas couché avec Clémentine.
— Eh bien, tu m'en diras tant ! Je ne suis pas aveugle, Max, je sais ce que j'ai vu avant que vous ne remarquiez ma présence ! Tu ne me feras pas croire qu'elle était collée à toi pour se réchauffer et qu'il n'y a rien entre vous ! Putain, Max ! Chez nous, dans mon salon !
— Je sais, mais c'est arrivé comme ça, je ne pensais pas...
— Max, stop ! Je ne veux pas savoir si c'est toi qui l'as recontactée ou si c'est elle, je ne veux pas savoir où elle habite ni ce qu'elle fait. Je ne veux rien savoir de tout cela et surtout je ne veux pas entendre parler de votre histoire d'avant !
— Laisse-moi t'expliquer...
— Non ! Tu ne me diras rien du tout ! Parce ce que c'est du passé, on oublie maintenant, ça ne se reproduira plus. Tu as eu un moment de faiblesse, voilà tout.
Les sourcils de Maxime se levèrent.
— Ce n'était pas de la faiblesse, Oph, je ne peux pas te laisser dire ça. Même si c'est arrivé très vite et que je ne savais pas très bien ce que j'étais en train de faire, j'en avais envie !
A cette remarque, Ophélie cilla à plusieurs reprises, avant de se reprendre.
— Oh, Maxime ! Mon chéri, franchement ! Qu'est-ce que tu lui trouves, elle a au moins l'âge de ta mère !
— Elle...
Ophélie dressa son bras devant elle.
— Non ! Ne réponds pas, en fait ! Je ne veux vraiment rien savoir de cette salope.
Le mot lui avait échappé et pour la première fois le ton acerbe avec lequel elle s'était exprimée trahit ses sentiments. Maxime fulmina. Son instinct le poussait à prendre la défense de Clémentine, mais il craignait de déclencher la fureur d'Ophélie. Etant donné les circonstances elle était plutôt indulgente avec lui et il préférait ne pas pousser sa chance.
Chaque chose en son temps.
Ophélie s'était recomposé une contenance.
— Bon, fit-elle, n'en parlons plus.
N'en parlons-plus ?
— On ne peut pas continuer comme avant, Oph ! Toi et moi, ça fait longtemps que ça ne va plus, et Clémentine n'y est pour rien !
Elle tiqua de nouveau, visiblement elle avait espéré qu'il ne moufte pas et se plie à sa volonté. C'est vrai que c'est ce que je fais tout le temps, se dit amèrement Maxime.
Ophélie soupira.
— D'accord, je reconnais que je travaille beaucoup, je vais faire des efforts pour avoir plus de temps à la maison.
— Ça serait bien pour Clémence, s'entendit dire Maxime.
— Et pour nous.
— Pour nous je ne sais pas, ce n'est pas si simple, répondit-il, cherchant maladroitement ses mots.
— Tu sais, monsieur Garcia à une agence à Paris, et je pourrais facilement y obtenir un poste, dit Ophélie. Ça serait une sacrée promotion.
Et alors ? Qu'est-ce que cela signifie ? s'interrogea Maxime. Il se demanda si elle essayait de lui dire que c'était un sacrifice dans sa carrière qu'elle faisait pour lui – sans Clémence, sans lui, elle serait déjà dans la capitale, c'était ce qu'elle avait prévu au terme de ses études – ou si c'était une menace à peine dissimulée. Oserait-elle ?
Elle afficha un sourire froid en soutenant son regard, parfaitement consciente du sous-entendu qu'elle venait d'énoncer et de l'effet qu'il avait sur Maxime.
Bien sûr qu'elle en serait capable. Maxime frissonna à l'idée qu'Ophélie puisse emmener Clémence loin de lui, si d'aventure il la quittait.
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Effet boomerang (Demain nous appartient - Clemax - ROMAN)
FanfictionAprès une idylle passionnée mais éphémère, les vies de Clémentine et Maxime ont pris des trajectoires différentes. Elle s'est construite une brillante carrière d'entrepreneuse. Lui, après des mois d'errance, a trouvé du réconfort auprès de sa famill...