29. Moment de vérité

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— Hey ! C'est le vestiaire des hommes ! feignit de s'offusquer Maxime quand Clémentine fit son apparition.
Elle s'était arrêtée à quelques mètres de lui et le dévisageait de pied en cap sans aucune retenue. Il était face à son casier et sortait une serviette de son sac.
— Je pensais avoir le temps de passer sous la douche, se justifia-t-il, se sentant prit en faute.
— Ô Maxime ! dit-elle enfin. Je te dis qu'on doit parler, et toi tout ce que tu trouves à faire c'est enlever ton tee-shirt ?
Il explosa de rire.
Clémentine le reluquait toujours et semblait ne pas savoir quoi faire de ses mains. Il s'approcha et plaqua les siennes de chaque côté de son visage, la mettant ainsi en cage contre le mur de casiers.
Elle fit glisser ses doigts le long des pectoraux contractés de Maxime, appréciant la musculature parfaite de son torse. Loin de l'écœurer, les relents de sueur qui émanaient de lui lui rappelèrent des souvenirs. Toutes ces fois où ils avaient couru ensemble, ou même au début, après les cours de sport au lycée quand Maxime restait longtemps après les autres, prétendument pour l'aider à ranger le matériel. Ou après l'amour.
Elle refusa de se laisser griser et s'écarta avant de ramasser au sol le tee-shirt que Maxime avait laissé tomber.
— Tiens, tu me déconcentres.
Maxime enfila le vêtement de bonne grâce, ravi de l'effet qu'il avait encore sur elle.
— De quoi tu voulais me parler ? s'enquit-il.
La mine de Clémentine s'assombrit aussitôt et Maxime se demanda s'il devait s'inquiéter. Il lui prit la main et la guida vers un banc.
— Je veux être absolument certaine que tu sais dans quoi tu t'embarques avec moi, confia-t-elle.
Elle lui révéla alors la vérité sur sa santé, et la possibilité qu'elle soit de nouveau handicapée si l'opération ne réussissait pas. Même si c'était un succès, il ne fallait pas exclure qu'elle garde des séquelles plus ou moins permanentes. Elle ne voulait pas être un boulet pour lui, déjà que la différence d'âge qui les séparait finirait par se faire sentir, qu'ils le veuillent ou non.
Elle se sentit libérée de lui avoir parlé. Même si elle détestait lui avoir mis un tel poids sur les épaules, elle préférait finalement qu'il connaisse la vérité, puisque sa réaction conditionnerait leur avenir commun.
Maxime n'était plus d'humeur blagueuse après ces révélations, et regarda le carrelage au sol un long moment, les coudes appuyés sur ses cuisses.
— Je suis désolé, dit-il enfin d'une petite voix.
— Hein ?
Il releva la tête et Clémentine vit des larmes perler aux coins de ses yeux. Elle attrapa son visage et le nicha au creux de son épaule.
— Pourquoi tu dis ça ?!
— Parce que sans moi peut-être qu'aujourd'hui tu irais bien, si je ne t'avais pas sortie de ce maudit bus à la place des secours.
Clémentine ne cacha pas sa surprise.
— C'est ce que tu penses ? Voyons, Max ! Les médecins ont expliqué que ma moelle épinière a été compressée pendant l'accident, ça n'aurait rien changé !
Il se redressa et sécha ses larmes.
— Je sais, pardon. C'est juste que parfois je me demande ce qu'il serait advenu de notre histoire s'il n'y avait pas eu ce maudit accident.
— On se serait probablement fait du mal, Max. Toi et moi, ce n'était pas possible, on se serait brûlé les ailes.
Maxime plongea dans les yeux de Clémentine. Jamais il n'aurait pu lui faire du mal. Mais elle avait raison, il n'aurait pas su comment s'y prendre, à l'époque, pour la rendre heureuse.
Aujourd'hui, demain, c'était différent.
— Je ne veux pas que tu sois pessimiste, affirma-t-il avec plus d'entrain. Premièrement, tu ne sais même pas avec certitude si tu as besoin d'une opération. Deuxièmement, si ça devait arriver, je suis sûr que ça se passerait bien, tu es super forte. (Elle protesta.) Je sais ! Séjourner à l'hôpital, recommencer la rééducation... j'ai compris que ça te fait peur. Mais que ça se passe bien ou non, cette fois je serai à tes côtés chaque minute, chaque seconde même.
Il était si sûr de lui à cet instant qu'elle le crut.
C'est elle qui pleurait maintenant, mais elle était heureuse. L'avenir lui parut moins incertain. Quand Maxime se pencha pour l'embrasser, elle s'accrocha à lui comme si sa vie en dépendait.
Il l'attira contre lui, glissa sa main sous sa cuisse pour qu'elle bascule sur ses genoux, la désirant plus proche encore. Le banc grinça et il l'entendit rire contre son oreille. Il caressa son dos, longeant les vertèbres meurtries, titillant les nerfs capricieux.
Elle hésita à lui ôter de nouveau son tee-shirt, mais préféra quitter leur équilibre précaire. Il se leva à sa suite, refusant de rompre le contact, trouva sa bouche de nouveau. Ils se déplacèrent aveuglément jusqu'à ce que le dos de Clémentine se heurte aux casiers, comme quelques minutes auparavant. Maxime se pressa contre elle, s'écartant uniquement quand le souffle lui manquait. Clémentine poussa un cri de surprise et elle n'eut d'autre choix que d'enrouler ses jambes autour de la taille de Maxime quand il la souleva fermement, ses mains sous ses fesses.
— Attends... parvint-elle à articuler, pantelante.
Elle écarta Maxime qui la reposa, ses yeux brillaient de désir. Elle lui prit la main.
— Allons chez moi.

La main de Maxime ne quitta la cuisse de Clémentine que quand le moteur de la voiture s'arrêta dans le sous-sol sécurisé de son immeuble. Il bondit du véhicule pour lui ouvrir la portière.
— Quelle galanterie !
— Pur égoïsme.
Il glissa une main derrière la nuque de Clémentine et l'attira contre lui pour lui offrir un nouveau baiser ardent. Son autre main, impatiente, se baladait partout où elle pouvait.
— Max ! gloussa Clémentine. On n'a pas quitté le vestiaire de la salle pour que tu me tripotes dans un parking souterrain !
Ils montèrent en un temps record. Dès que la porte de l'appartement se referma derrière eux Clémentine mit un point d'honneur à être la première à déshabiller Maxime en ôtant son tee-shirt, cette fois il ne le remettrait pas de sitôt. Il lui rendit la pareille, et enfouit immédiatement son visage dans son cou. Il chercha à tâtons l'ouverture du soutien-gorge dans son dos. Elle l'aida d'un geste rapide et précis, et le bout de tissu tomba au sol. Ils tanguèrent à travers le salon, s'agrippant l'un à l'autre. Dans sa chambre, Clémentine poussa Maxime sur le lit sans ménagement et lui arracha en quelques gestes rapides ce qui lui restait de vêtements : short et boxer, chaussettes.
Le tatouage sur sa hanche se détachait sur la clarté de sa peau et l'attira comme un aimant.
— Pour l'éternité... murmura-t-elle en suivant le tracé de la pulpe de son index.
Hypnotisée par le dessin, elle s'agenouilla entre les cuisses de Maxime et reproduisit son geste, de la pointe de la langue cette fois.
Maxime ferma les yeux.
— Pour l'éternité, répéta-t-il en gémissant.

Effet boomerang  (Demain nous appartient - Clemax - ROMAN)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant