Epilogue

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— Chéri ! Dépêche-toi !
Alex reposa le magazine qu'il feuilletait et quitta la boutique pour rejoindre sa femme dans le hall du terminal.
— Relax ! On a encore plus d'une heure à attendre avant le décollage ! Ça ne sert à rien de se précipiter en salle d'embarquement, ça ne nous fera pas partir plus tôt !
Chloé savait qu'il avait raison, mais l'impatience la consumait. Ils avaient enregistré leurs bagages, le vol était prévu à l'heure, la météo clémente devrait leur épargner des turbulences. Bref, tout allait bien. Mais elle ne parvenait pas à se détendre pour autant. Chaque minute qui passait la rapprochait un peu plus du moment où elle pourrait prendre sa fille dans ses bras, et elle ne contenait plus son empressement.
Pour canaliser son agitation et faire passer le temps, elle proposa à Clémence de lui lire une histoire. Kiki le kiwi était du voyage, prêt à retrouver sa terre natale, et la fillette serra la peluche contre elle en prenant place sur les genoux de sa grand-mère. C'était la première fois qu'elle prenait l'avion. Son papa lui avait expliqué que ça ferait drôle au décollage, mais qu'après ça irait, même si ça durerait longtemps et qu'ils seraient obligés de s'arrêter dans un autre pays avant d'arriver chez sa tante Judith.
Maxime profita que sa mère s'occupe de Clémence pour une nouvelle fois appeler à la maison.
— On va bientôt embarquer, raconta-t-il à Clémentine. Ma mère a atteint un niveau de stress à la limite du tolérable !
— J'imagine ! rigola Clémentine. Elle doit avoir tellement hâte ! J'espère que vous allez profiter à fond de ces deux semaines !
— J'aurais tellement préféré que tu sois avec nous !
— Je sais. Mais, hey ! Il faut bien que quelqu'un bosse !
— Pfff, Pascal aurait pu gérer seul, pour une fois ! Ce n'est pas pour rien qu'on avait choisi cette période de l'année, l'activité est calme ! Et puis, tu es censée te reposer, je te rappelle, pas travailler ! Je demanderai à Manou si tu es sage !
— Han ! Tu lui as demandé de me surveiller, c'est ça ? C'est pour ça qu'elle a prévu de passer me voir tous les jours !
— Exactement !
— Avec Sophie qui m'appelle constamment et Garance qui vient ce week-end je suis entre de bonnes mains !
— Tant mieux. Ça m'embête de ne pas être avec toi en ce moment.
— Max ! On en a parlé cent fois ! Oui, j'aurais aimé faire ce voyage avec vous, mais il y en aura d'autres, et ce n'est pas comme si j'avais eu le choix ! Je n'aurais jamais dû prendre un billet pour moi de toute façon, ce n'était pas raisonnable avec l'opération qui me pendait au nez, mais vous n'alliez tout de même pas annuler vous aussi à cause de moi !
— Papa et maman auraient pu y aller tous les deux !
— Arrête, tu as autant envie de voir Judith qu'eux !
— C'est vrai.
— Tu penseras à lui parler des dates ?
— Evidemment. Tu crois vraiment que j'oublierais d'évoquer mon propre mariage ?
— J'espère que non ! Mais il faut qu'on soit absolument sûrs qu'elle pourra être là, elle manquerait à la fête, sinon !
— Promis, je lui en parlerai, rigola Maxime.
Clémentine entendit un jingle suivi d'une voix annoncer le début de l'embarquement pour le vol de Maxime.
— Vas-y, mon amour, bon voyage, et appelle-moi de votre escale à Singapour, d'accord ? Quelle que soit l'heure.
— Sans faute.
— Tu vas me manquer, ça va être long ici sans toi, ne m'oublie pas !
— Aucun risque. Peu importe où que tu sois, peu importe où que j'aille...
— ... tu me reviendras toujours, compléta Clémentine, qui en réalité ne doutait pas une seule seconde de le retrouver bien vite.
Mais il lui manquerait quand même.

Six mois après la vente de BodyAccess et le rachat des exploitations ostréicoles, Clémentine et Maxime s'établirent définitivement ensemble. Bien qu'elle y passât le plus clair de son temps, Clémentine avait rechigné à vraiment s'installer au mas où Alex et leurs nouveaux collègues étaient bien trop présents à son goût, mais elle en eut marre des aller-retours entre Sète et son appartement de Montpellier et convainquit finalement Maxime de se mettre en quête d'une petite maison au bord de l'étang, rien que pour eux (et Clémence).
Pascal Andrieu s'intégra facilement à la famille et apporta son sens des affaires affûté tandis qu'Alex lui transmit le savoir-faire irremplaçable acquis des mains de ses parents et grands-parents.
Maxime se concentra sur le développement commercial de l'affaire. Outre les livraisons, il installa une boutique dans une annexe entre les deux mas qui commençait à rapporter un peu d'argent. En parallèle, il entama une formation professionnelle pour accroître ses compétences et gagner en crédibilité auprès des clients.
Victor continua à prodiguer de précieux conseils à Clémentine dès lors qu'elle hésitait à prendre une décision importante pour leur entreprise et, contre toute attente, Maxime se mit lui aussi à profiter volontiers de l'expérience de l'entrepreneur. Il eut l'idée d'ouvrir un stand au marché de Noël de la ville au moment des fêtes de fin d'année qui leur apporta une nouvelle clientèle. En revanche, il ne donna pas satisfaction à Sophie et refusa de poser pour un calendrier, au grand dam de la coiffeuse qui se consola avec la promesse d'huîtres savoureuses quand elle le souhaitait.
Clémentine garda des liens serrés avec ses amis de Montpellier : Nicolas, Éric et Marina en tête, qu'elle ne manquait jamais de venir saluer à la salle quand elle se rendait en ville. Les américains tinrent promesse et personne ne perdit son emploi. Maël en revanche coupa les ponts avec elle. Après avoir tenté à quelques reprises de réparer leur amitié elle ne chercha plus à le revoir.
Le jour des cinq ans de Clémence, après des bougies d'anniversaire soufflées à distance par vidéo interposée avec Judith dont l'absence était palpable, Clémentine annonça vouloir organiser un grand voyage pendant de prochaines vacances scolaires. La stupeur des uns et des autres laissa place à l'excitation et la famille se prépara avec entrain jusqu'au moment où le résultat d'une énième IRM de Clémentine doucha leur enthousiasme.
Il s'avéra que ses douleurs étaient dues à une hernie discale somme toute banale dont l'opération aurait dû être une formalité, mais les risques normalement minimes d'endommager des nerfs pendant ce type d'intervention furent accrus à cause des fragilités causées par l'accident et par conséquent la décision d'opérer fut délicate. Quand il n'y eut plus aucune alternative Clémentine résolut de s'y soumettre, et c'est le vague à l'âme qu'elle annonça à Maxime qu'elle ne serait pas du voyage, qui était prévu alors qu'elle serait encore en convalescence, si tout se passait bien. Scénario qu'elle se persuada d'envisager grâce à Marianne qui ne toléra pas une seule seconde son pessimisme qui menaça de revenir au galop.
C'est le moment qu'il choisit pour lui demander de l'épouser. En bonne et due forme. Avec une bague et le genou à terre. Même si elle s'y attendait forcément, il réussit tout de même à la surprendre en optant pour une soirée comme une autre, en toute intimité, à la faveur d'un week-end que Clémence passait chez Ophélie. Après un dîner romantique, de la musique qu'il mit en sourdine au choix du dessert favori de Clémentine, du vin délicat aux chandelles qui se consumèrent lentement, après une danse lascive hanche contre Pikorua au beau milieu du salon, il la porta jusqu'à leur lit où il la déposa tendrement. Il lut dans ses yeux tout l'amour et le désir dont il avait besoin pour se donner du courage, et, avant qu'elle ne se donne à lui, il lui avait demandé si elle accepterait d'être sa femme.
Dans l'adversité, ils se fiancèrent pour affronter ensemble les difficultés à venir, qui ne faisaient pas le poids face aux bonheurs qui les attendaient.

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Effet boomerang  (Demain nous appartient - Clemax - ROMAN)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant