35. Sète bis

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Les trois semaines suivantes défilèrent à toute allure. Maxime profita des derniers jours d'école avant les grandes vacances pour faire ses cartons. A son retour de Paris, Ophélie le regarda faire d'un œil morne. Elle l'aida pour les affaires de Clémence. En silence, ils bouclèrent ses valises sans s'attarder.
Les premiers jours des vacances, Clémence retrouva la chambre préparée pour elle chez Chloé et Alex – l'ancienne de sa tante Judith, où elle passait quelques semaines chaque été. Cette année ça serait différent, elle aurait bientôt une nouvelle chambre au mas, son papa était occupé à la repeindre.
Alex avait consenti à les laisser occuper les lieux, le temps que la vente soit finalisée, ce qui devrait prendre quelques mois. Il n'avait pas encore signé les papiers avec Brunet mais il campait sur ses positions. Maxime réfléchissait à un moyen de le convaincre de revenir sur sa décision, et prévoyait toujours de rencontrer Victor pour en discuter avec lui.
De son côté, Clémentine enchaînait les séances chez le kiné. A BodyAccess elle avait abandonné ses séances de coaching trop physiques à Éric et leurs collègues et se concentrait sur la partie bureaucratique de son job – ce qu'elle devrait toujours faire selon Victor, mais d'habitude elle s'arrangeait toujours pour continuer à s'exercer en compagnie de ses clients. Maxime était inquiet car son état ne s'améliorait pas, bien au contraire. Un matin, après avoir dormi chez elle, il la trouva assise sur le bord d'une chaise dans la salle à manger, le dos droit et les mains sur ses reins, le regard dans le vide.
— Tu es prête, mon amour ? Il faut qu'on y aille, là !
Il se pencha pour lacer ses baskets, excité et impatient. Clémentine l'accompagnait à Sète, où il lui ferait visiter le mas, pour qu'elle découvre où il s'installait, et ensuite ils déjeuneraient chez ses parents. Elle angoissait depuis la veille, il pouvait le comprendre, mais il avait tout fait pour la rassurer et lui changer les idées. Il était certain que la rencontre allait bien se passer, ses parents semblaient plutôt bien disposés à son égard, c'est d'ailleurs eux qui avaient suggéré ce déjeuner.
Maxime avait eu une longue, très longue, conversation avec sa mère. Passée la surprise, elle lui avait exprimé son inquiétude quant à sa relation avec Clémentine. Chloé était une femme de principes, avec un esprit logique et rationnel, et elle peinait à comprendre que Maxime puisse porter son choix avec autant de certitudes sur une femme de vingt ans son aînée, dont somme toute il ignorait tout, plutôt que sur la mère de sa fille avec qui il venait de tout partager ces dernières années. Même si elle admettait volontiers qu'il était joyeux ces derniers temps, et que c'est comme ça qu'elle aimait le voir. Il lui avait assuré qu'il connaissait Clémentine par cœur depuis qu'il l'avait rencontrée, et qu'il la comprenait mieux qu'il ne comprendrait jamais Ophélie. Plus que les mots, ce sont les étoiles dans les yeux de son fils quand il les prononça qui convainquirent Chloé. Mais elle avait toujours des réserves quant aux intentions de son ancienne collègue. La dérive de Maxime après le lycée prenait enfin tout son sens, mais cela n'avait rien de rassurant, elle donnerait tout pour ne jamais le revoir souffrir autant.
— Max ? interpella Clémentine.
Les épaules de Maxime s'affaissèrent quand il leva les yeux vers elle et vit sa mine grave.
— Tu n'as pas changé d'avis, tout de même ?
— Non ! Bien sûr que non !
Il se pencha pour déposer un baiser sur son front, puis s'assit à côté d'elle.
— Qu'est-ce qu'il y a ?
Clémentine soupira.
— Tu veux bien me rendre un service ?
— Evidemment.
— Dans ma chambre, dans la penderie, il y a une béquille. Tu peux aller me la chercher ?
— Oh, Clem ! A ce point ? Tu veux qu'on annule ?
— Non, surtout pas ! Je stresse comme ce n'est pas permis à l'idée de me retrouver à ton bras face à tes parents mais en même temps j'ai hâte, autant briser la glace au plus vite !
Maxime rigola en l'embrassant.
— Ne bouge pas, j'arrive.
Il fila récupérer la béquille. A son retour, Clémentine inspira profondément et se redressa en s'appuyant dessus. Son rendez-vous avec le chirurgien était encore loin, mais elle se faisait de moins en moins d'illusion quant à la possibilité d'éviter une opération à l'issue incertaine.

— C'est super, Max ! Tu as fait un super boulot !
Clémentine était réellement impressionnée par la façon dont il avait réussi à rendre l'appartement au-dessus du mas chaleureux si rapidement et avec si peu de moyens. Elle imaginait que l'influence d'Ophélie y était pour quelque chose, les années à baigner avec elle dans la déco avaient sans doute laissé des traces, mais elle garda cette pensée pour elle.
Maxime l'attrapa par les hanches et l'attira contre lui. Elle abandonna sa béquille contre la table qui trônait au milieu du séjour et enroula ses bras autour de sa nuque.
— On va être bien ici, susurra-t-il. Du moment que tu nous rends visite souvent.
Entre deux sourires, Clémentine hocha la tête. Ils s'embrassèrent tendrement.
Alex se racla la gorge.
— Je peux prendre un café ou je dérange ?
Les amoureux sursautèrent, Clémentine manqua de perdre l'équilibre mais la main ferme de Maxime autour de sa taille la maintint debout.
— Bonjour, reprit Alex malicieusement.
Il passa derrière eux et se servit une tasse fumante. Il était encore chez lui, merci. Dans l'appartement, il utilisait une petite pièce aveugle où il entassait de la paperasse et tenait sa comptabilité, et la cuisine où il prenait parfois une pause ou déjeunait sur le pouce, quand il n'avait pas le temps de rentrer chez lui.
— Bonjour Alex, salua Clémentine, ça me fait plaisir de te revoir.
Alex n'eut pas le temps d'entamer la conversation et râla quand son téléphone sonna ; c'était un restaurateur qu'il devait impérativement livrer dans la matinée, et il était en retard. La pause aura été de courte durée.
— J'ai deux-trois trucs à faire ici, mais vous feriez mieux d'y aller, ta mère vous attend, indiqua-t-il à Maxime. On parlera tout à l'heure !
Clémentine regarda Alex avaler en une gorgée le fond de sa tasse puis s'éloigner aussi vite qu'il était apparu.
— Mon Dieu que c'était gênant ! s'exclama-t-elle dès qu'il fût hors de vue. Promets-moi de te tenir à une distance respectable de moi cet après-midi !
Maxime explosa de rire.
— Même pas en rêve ! Maintenant qu'on peut passer nos journées ensemble, sans se cacher, sans mentir, sans contrainte ? Je te tiendrai la main à chaque fois que j'en aurai envie, (Il joignit le geste à la parole.) je t'embrasserai quand ta bouche m'attirera (Il déposa un baiser sur ses lèvres.), je te prendrai dans mes bras si tu as mal, et si quelqu'un y trouve à redire, je te kidnapperai et on passera le reste de la journée ici, rien que tous les deux. Je t'ai montré la chambre ?
Clémentine rit. Il glissa un chapelet de baisers dans son cou, et s'il n'y avait pas eu la présence d'Alex dans l'atelier juste sous leurs pieds, elle aurait volontiers proposé à Maxime de lui faire visiter une nouvelle fois sa chambre à coucher.

Effet boomerang  (Demain nous appartient - Clemax - ROMAN)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant