— Clem !
— Hmmm.
— Clem, réveille-toi ! chuchota Maxime dans les cheveux de Clémentine, en riant.
— Aaaaarrh, qu'est-ce qu'il y a ? Quelle heure il est ?
— Tôt ! Mais mon père vient de m'envoyer un message, il est là et demande s'il peut monter !
Clémentine grommela encore, les quelques heures de sommeil – léger – dont Maxime l'extirpait avaient un goût de trop peu. Il eut pitié d'elle.
— Reste dormir ! fit-il. Mais je préférais te prévenir, au cas où l'idée de sortir te balader nue sur la terrasse te prenne encore !
Trop tard.
Elle venait de se souvenir de ce qui l'avait tenue en éveil jusque tard dans la nuit, et elle avait de nouveau les neurones en ébullition. Elle se frotta les yeux et s'assit, sous le regard amusé de Maxime, puis elle se leva précautionneusement. Une fois debout, elle s'étira sans pudeur, avant d'attraper le sac contenant des vêtements propres qu'elle avait apporté avec elle.
— Prépare-moi un café, mon amour s'il-te-plaît ! Bien fort, je vais en avoir besoin ! commanda-t-elle avant de filer sous la douche.
Elle sortit rapidement de la salle de bain, pas encore tout à fait réveillée, mais alléchée par une odeur sucrée de viennoiseries chaudes. Alex les avait gâtés, elles étaient délicieuses. Enfin ragaillardie, Clémentine écouta le père de Maxime leur présenter le déroulé de sa journée à venir, encore une fois bien chargée. Mais il commençait par une tâche qu'il adorait et n'avait rien de laborieux : une sortie sur l'étang à bord d'une des barges de l'exploitation, pour sillonner son parc.
— Ça vous tente de m'accompagner ? proposa-t-il.
Clémentine et Maxime échangèrent un regard. Pourquoi pas ? Marianne Delcourt ne les recevrait pas avant 11 h, et Chloé s'occupait avec plaisir de Clémence, qui en profitait allègrement. Puisqu'ils étaient sortis du lit, ils pouvaient s'octroyer cette petite escapade.La vue depuis l'étang n'avait rien à voir avec celle, familière, qui s'offrait depuis la terre. La rive se découpait sous leurs yeux, entre végétation sauvage, maisons hétéroclites comme posées sur l'eau qui s'accordaient étrangement et se dévoilaient uniquement lorsqu'on passait devant, et petites plages secrètes, bordées de vignes.
Clémentine porta sa main au-dessus des yeux pour se protéger du soleil. En tendant le bras, elle pointa un bâtiment à quelques dizaines de mètres du mas d'Alex.
— C'est chez Andrieu, là ?
— Exactement, confirma Alex.
— Son exploitation ressemble beaucoup à la tienne, non ?
— Oui. Nous sommes les seuls de ce côté de l'étang maintenant, mais avant il y en avait tout le long des comme ça. Il n'y a pas si longtemps que ça d'ailleurs, à l'époque de mes grands-parents. Quand j'étais gamin avec les copains on passait nos journées là, les uns chez les autres. Et il y avait de la place pour tout le monde. Maintenant...
Il haussa les épaules, par dépit. Il n'y avait rien à dire, la messe était dite pour lui. Et alors Andrieu serait seul, mais pour combien de temps ?
Un silence plombant descendit sur eux et les écrasa avec la même ferveur que les rayons du soleil qui chauffait déjà beaucoup étant donné l'heure matinale.
Les yeux brillants, Alex leur raconta pourquoi il aimait tant ce métier, pourtant si difficile. Pour des moments comme celui-ci. Seul sur l'eau, avec pour unique compagnie quelque sternes qui rasent la surface en poussant de petits cris stridents. Comme lorsque l'heure de la récolte vient aussi, immuable, et que le temps laissé aux huîtres dévoile enfin son œuvre. Clémentine remarqua que Maxime buvait les paroles de son père, et partageait son émotion. Elle glissa sa main entre ses omoplates. Il la regarda, les yeux animés d'amour, d'espoir et de rage, et elle sut.
Elle sut avec certitude qu'elle ferait son possible pour que lui aussi puisse vivre ce rêve.— Je vais appeler Victor, annonça Clémentine dans la voiture, alors que Maxime les conduisait à la maison familiale. J'aimerais qu'il entame les négociations avec les américains, pour voir si on trouve un accord qui nous permettrait de lancer la procédure de cession de BodyAccess.
Maxime ne masqua pas sa surprise, ses sourcils se levèrent.
— Déjà ? Tu as pris ta décision ? Tu vas le faire ?
— Si je peux, oui, confirma Clémentine. Ce n'est pas gagné, Max ! Outre les américains pour BodyAccess, il faudra convaincre ton père et Andrieu d'embarquer avec nous dans cette aventure !
— Papa sera partant, j'en suis sûr. Tu as vu comme il est dans son élément avec ses huîtres ? Ça lui déchirerait le cœur si ça s'arrêtait.
— C'est vrai, et c'est en partie ce qui me décide à me lancer. Pour lui, pour nous et qui sait ? Peut-être pour Clémence un jour !
Maxime gara son véhicule devant chez ses parents. Avant de descendre, ils firent la longue liste, pêle-mêle, de tout ce qui les attendait : la vente de BodyAccess, parler à Alex, à Andrieu, le déménagement de Clémentine à Sète, prévenir Garance, soigner son dos, fusionner les deux exploitations, installer une boutique sur place pour la vente directe – ouvrir un restaurant peut-être ? –, inscrire Clémence à l'école à Sète, trouver un nouveau nom résolument moderne pour leur entreprise, rassurer Chloé, dire au revoir aux amis de Montpellier – vendre l'appartement ? –.
— J'ai tellement hâte ! s'enthousiasma Maxime de longues minutes plus tard, les pupilles dilatées et les joues rosies par l'excitation.
— Ne nous emballons pas, mon amour ! supplia Clémentine. Il n'y a encore rien de concret pour le moment !
Pour se donner bonne mesure elle tentait de calmer les ardeurs de Maxime mais au fond, elle débordait de joie autant que lui. Avec l'expérience d'Alex, la volonté de Maxime et son argent, ils pourraient accomplir des choses fabuleuses. Une sensation de chaleur envahit sa poitrine.
Mais ne pas brûler les étapes.
Pour l'heure elle devait faire face à une réalité bien concrète celle-là : l'état déplorable de son dos. Le docteur Marianne Delcourt avait appelé son petit-fils alors qu'ils étaient encore sur l'étang : puisque le rendez-vous était informel, et parce qu'elle ne manquait jamais une occasion de passer du temps avec son unique arrière-petite-fille, elle avait proposé de s'entretenir avec Clémentine chez Chloé et Alex, tout simplement. Sans pression.
— Je suis sûr que ça va aller, dit Maxime en s'apercevant que l'anxiété envahissait tout de même Clémentine.
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Effet boomerang (Demain nous appartient - Clemax - ROMAN)
FanfictionAprès une idylle passionnée mais éphémère, les vies de Clémentine et Maxime ont pris des trajectoires différentes. Elle s'est construite une brillante carrière d'entrepreneuse. Lui, après des mois d'errance, a trouvé du réconfort auprès de sa famill...