32. Des amoureux sur un banc public

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— Toi, tu penses encore à ton Maxime ! commenta Sophie.
— Pardon.
L'été était là, elles avaient choisi de déjeuner dehors, dans le square non loin de leurs lieux de travail respectifs. Grâce à leurs horaires décalés, elles trouvèrent un banc libre à l'ombre où s'installer, ce qui n'empêchait pas Sophie de pester sur la chaleur – écrasante, à l'entendre.
— Bah, vas-y, raconte !
— Il est censé parler avec sa copine ce soir, pour rompre, ça me rend nerveuse.
Sophie jeta sa tête en arrière et partit d'un grand rire sonore.
— Sérieusement ? N'a-t-on pas déjà eu exactement cette conversation ?
— Je sais que tu n'y crois pas, mais il va falloir t'y habituer, ma vieille, parce qu'il fait partie de ma vie maintenant !
— J'attends avec impatience que tu me le présentes, alors !
De surprise, Clémentine recracha la gorgée d'eau qu'elle venait d'avaler. Non pas à cause de la remarque de Sophie, mais parce que Maxime venait de faire son apparition à l'entrée du petit parc.
En voyant son amie sous le choc, Sophie se retourna et devina sans peine qui était le jeune homme qui se dirigeait vers elles. Elle détailla de pied en cap son corps bien fait, au moins Clémentine ne se trompait pas sur ce point, il était divinement sexy. Maxime la gratifia d'un discret bonjour mais son attention se reporta immédiatement – et intensément – vers Clémentine.
— Qu'est-ce que tu fais là ? balbutia cette dernière.
— C'est Marina qui m'a dit que je te trouverais sûrement ici. Je pensais que tu étais seule, ajouta-t-il maladroitement.
— Oh ! Eh bien, je vais vous laisser ! réagit Sophie.
— Non, pardon, je ne voulais pas déranger !
Maxime jeta ensuite un regard interrogateur à Clémentine. Il ne voulait pas commettre d'impair en parlant devant Sophie. Clémentine le comprit et prit les choses en main. Elle se leva et glissa son bras autour de la taille de Maxime.
— Sophie, je te présente Maxime. Maxime, Sophie est ma voisine, ma coiffeuse, et accessoirement ma meilleure amie !
— Je suis enchantée de faire enfin ta connaissance, Maxime ! J'ai tellement entendu parler de toi !
Maxime se fendit d'un sourire éblouissant. Sophie s'étonna de l'aura qui émanait du couple. Ils se regardaient avec une tendresse tout à fait épatante, et Clémentine débordait soudain de vie. Peut-être s'était-elle méprise à leur sujet, finalement.
Malgré leurs protestations polies, elle préféra tout de même s'éclipser. Elle appellerait Clémentine plus tard, en souhaitant que le compte-rendu que son amie lui ferait serait à la hauteur des espérances qu'elle nourrissait. Elle jeta un regard en arrière avant de quitter le square, Maxime avait pris sa place sur le banc et les deux amoureux étaient totalement absorbés l'un par l'autre.
— Il fallait absolument que je te voie ! s'enthousiasma Maxime. C'est bon ! On est tombés d'accord avec Ophélie !
— Déjà ?
— Oui ! Elle n'est pas allée travailler ce matin, il s'avère qu'elle avait finalement autant envie que moi d'éclaircir la situation au plus vite.
— Et donc ?!
D'impatience, Clémentine broyait les doigts de Maxime. L'émotion le submergea et il se réfugia dans les bras que Clémentine lui tendit.
— Elle me laisse la garde. Je lui amènerai Clémence un week-end sur deux et on s'arrangera pour les vacances scolaires, mais ma fille restera avec moi la semaine, à Sète si je veux.
— C'est fabuleux, Max ! Je suis soulagée que tu n'aies pas à te battre, je m'en serais énormément voulu d'avoir provoqué cela. Et puis, c'est tellement mieux pour Clémence que vous restiez en bons termes !
Maxime se ressaisit, il exultait.
— Clem ! Tu te rends compte de ce que ça signifie ? On est libres de s'aimer au grand jour ! Sans entraves ! Comme on l'entend !
Clémentine le prit au mot et l'embrassa à pleine bouche à travers un sourire mouillé de larmes.
— Dimanche, j'irai chez mes parents, dit-il ensuite. Je leur annoncerai que je me sépare d'Ophélie et j'en profiterai pour leur demander si je peux m'installer au mas. Il y a un grand appartement au-dessus de l'exploitation. C'est mal isolé, et il y aurait des travaux de rafraîchissement à faire mais ça me conviendrait, au moins pour cet été, et puis, Clémence connaît les lieux et s'y sent bien.
Un frisson glacial remonta le long de la colonne vertébrale de Clémentine à l'évocation des parents de Maxime. Que leur histoire d'amour soit possible ne signifiait pas qu'elle serait facile à vivre pour autant. Elle connaissait peu Alex, mais Chloé avait été sa collègue le temps qu'elle avait enseigné au lycée Paul Valéry, et elle pourrait aller jusqu'à dire qu'elles étaient amies.
— Et, euh... Tu vas leur dire pour nous ?
— Sûrement, oui. Mon père est déjà au courant que j'ai revu une ex et en a probablement touché un mot à ma mère, ça ne sera pas une surprise.
— Mais ils ne savent pas que c'est moi, ça risque de leur faire un choc tout de même !
— J'imagine, mais de toute façon je ne leur demande pas la permission, s'ils ne sont pas heureux pour moi tant pis pour eux ! Et puis, quel choix avons-nous ? Il est hors de question qu'on se cache, alors il faudra bien leur dire !
— Oui, tu as sûrement raison, mais j'appréhende leur réaction ! Et moi, je dois informer Garance !
— On n'a pas fini de faire des surpris autour de nous ! Mais on s'en fout ! Le seul avis qui compte vraiment pour moi c'est celui de Clémence, et je suis certain que vous allez vous adorer. J'ai hâte que tu la rencontres vraiment, quand elle n'est pas malade !
Clémentine acquiesça en silence. Elle était terrorisée à l'idée du changement de vie qui s'annonçait pour lequel elle signait, mais Maxime avait raison. C'était ce qu'ils voulaient, et s'il fallait se battre pour cela, elle le ferait.

Effet boomerang  (Demain nous appartient - Clemax - ROMAN)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant