Après le départ de Maël, Clémentine se versa un nouveau verre. Elle s'en voulait énormément. D'avoir blessé son ami, d'avoir été faible, de douter de Maxime. En bref, de faire n'importe quoi.
Elle attrapa son téléphone.
— Allô ? dit Maxime tout bas. Tout va bien ?
— Oui, ça va ! mentit Clémentine. Je voulais entendre ta voix.
— Clem... Euh... Ce n'est pas vraiment un bon moment pour moi, là... Je t'appelle demain, d'accord ?
Mais bien sûr.
Elle raccrocha encore plus frustrée qu'auparavant. L'alcool lui montait à la tête.
Elle composa un nouveau numéro.
— Tu es où ? demanda-t-elle sans attendre.
— Chez moi, répondit Victor.
— Tu ne veux pas venir ?
— Maintenant ?
— J'ai besoin de toi... implora Clémentine.
— Clem... Tu as bu ?
— Pourquoi ma vie est si compliquée, tout à coup ?! se plaignit-elle.
— C'est le petit Delcourt qui te fait des misères ? Je l'avais prévenu pourtant !
— Je lui fais du mal, comme dans le film...
— Je ne comprends rien. Tu es saoule. Que se passe-t-il, Clem ? Je te sens complétement à l'ouest en ce moment !
— Je ne veux pas me faire opérer !
— Bon sang, mais de quoi tu parles ?
Clémentine ne l'écoutait pas.
— J'ai trop peur.
— Bon, écoute-moi. Tu vas aller te coucher, maintenant. Je viendrai demain matin, il faut qu'on parle de Béziers de toute façon. C'est d'accord ?
Clémentine hocha la tête docilement, mais silencieusement.
— D'accord ? répéta Victor patiemment.
— Oui !
Elle obéit à Victor et à peine dix minutes plus tard, elle se roulait en boule sous la couette et s'endormait d'un sommeil profond.Le lendemain matin, Clémentine s'éveilla déprimée. Victor sonna à 8 h précises. Beaucoup trop tôt.
— Salut, accueillit-elle.
Elle retourna à son café dans la cuisine. Victor referma la porte derrière lui et la suivit. Comment faisait-il pour être si constant dans la perfection ? Impeccablement coiffé, impeccablement habillé, son ordinateur et ses dossiers dans une sacoche de cuir au bout de son bras. Redoutable de professionnalisme.
Il accepta la tasse qu'elle lui tendait.
— Tu as vraiment l'air crevé, observa-t-il.
— Je le suis, confirma Clémentine. Je dors mal en ce moment.
— J'ai eu le gars de Béziers au téléphone, hier. Tu ne lui as pas encore envoyé les supports pour la formation ?
— Non, je suis désolée, j'ai pris du retard. Je fais ça sans faute aujourd'hui.
Clémentine laissa lourdement reposer sa tête dans sa main. Elle n'avait franchement pas l'air motivé. C'est la première fois que Victor la voyait manquer d'entrain. Rien ne l'excitait plus d'habitude que l'ouverture d'une nouvelle salle.
— C'est moi qui irai les former, imposa-t-il. Je prendrai Jonathan ou Isa avec moi, selon leurs disponibilités.
Jonathan était leur premier franchisé. Il gérait d'une main de maître les deux salles de Toulouse. Isabelle avait rejoint le groupe beaucoup plus récemment, mais Victor l'avait à la bonne, car elle avait obtenu au bout d'un an un chiffre d'affaires habituellement atteint après deux à trois années d'exploitation.
— Tu as besoin de repos, je vois bien que tu es à bout, là, affirma Victor alors que Clémentine s'apprêtait à protester. C'est quand la dernière fois que tu as pris des vacances ?
Sans attendre de réponse, il extirpa son portefeuille de la poche intérieure de sa veste et en sortit une carte de visite, qu'il tendit à Clémentine.
— Domaine des Sternes, lut-elle, maison d'hôtes et gîtes de charme. C'est quoi ? Le repère où tu amènes tes maîtresses ?
Victor rigola. Ça avait pu se produire quelques fois, mais ce n'est pas pour cela qu'il connaissait l'endroit.
— La propriétaire est une amie, ça m'arrive régulièrement d'héberger des clients là-bas. Je veux que tu y ailles de ma part une nuit ou deux. Tu verras, c'est le lieu idéal pour se ressourcer. Je la préviendrai.
A la grande surprise de Victor, Clémentine ne s'opposa pas à la proposition. Elle se contenta de hocher la tête en le remerciant. Il en profita pour l'inciter à se confier.
— Tu veux parler d'hier soir ? Je n'ai pas tout compris à ce que tu m'as raconté.
Clémentine haussa les épaules.
— Excuse-moi, j'ai eu un moment de faiblesse.
Puis, comme Victor attendait patiemment qu'elle en dise plus :
— J'aimerais que les choses soient plus faciles avec Maxime. Et je m'en veux parce que le pauvre, il a beaucoup de choses à gérer. Mais je ne peux pas m'empêcher de me dire que ça aurait été plus simple s'il n'avait pas d'enfant, c'est horrible de penser ça.
— Donc c'est vraiment sérieux avec lui ?
— Je ne sais pas encore, un jour j'espère, et puis le lendemain je me dis qu'il ne devrait pas quitter sa copine pour moi ! dit Clémentine.
— Tu es trop dure avec toi-même ! Sois patiente, ça ne fait que quelques jours que tu l'as retrouvé, pas de quoi stresser autant, attends de voir comment les choses évoluent !
— Tu as raison, sans doute... Il me rend dingue ! Mais il n'y a pas que ça qui m'empêche de dormir. Ça fait plusieurs semaines que j'ai mal au dos, ça ne passe pas. Et depuis quelques jours c'est vraiment pire, j'ai l'impression de revivre ma rééducation mais à l'envers, si ça a du sens ! Je sais que je devrais consulter mais j'ai peur de ce qu'ils vont m'annoncer.
— C'est pour ça que tu me parlais d'opération ?
— Oui.
Victor prit la main de Clémentine dans la sienne et la caressa. Il avait la peau douce et la main chaude.
— Je suis désolé. Raison de plus pour te reposer, alors. Prends soin de toi, Clémentine, et n'aies pas peur, il n'y a rien que tu ne puisses surmonter.
VOUS LISEZ
Effet boomerang (Demain nous appartient - Clemax - ROMAN)
FanfictionAprès une idylle passionnée mais éphémère, les vies de Clémentine et Maxime ont pris des trajectoires différentes. Elle s'est construite une brillante carrière d'entrepreneuse. Lui, après des mois d'errance, a trouvé du réconfort auprès de sa famill...