Le Poudlard Express était un univers à lui seul et recelait de mille merveilles qu'Aéla se fit un plaisir de découvrir. Tom s'étant enfermé dans une bulle où rien hormis sa personne n'existait, la jeune fille était sortie de leur compartiment pour s'aventurer dans les wagons. Elle y avait croisé d'autres élèves, la plupart en première année comme elle, mais n'avait pas osée leur parler. En revanche, Aéla avait sympathisé avec Mercedes, une dame qui passait de wagon en wagon en poussant un chariot remplit de sucreries et boissons en tout genre. Elle avait offert à Aéla un paquet de chocogrenouilles que la jeune fille avait vidé en un instant avant de récupérer la carte de Godric Gryffondor. Elle ne savait pas de qui il s'agissait mais Mercedes parut enchantée.
Ce fut qu'après une longue journée de voyage que le train à vapeur s'arrêta à la gare de Pré-au-lard. Aéla et Tom, qui était brusquement sortit de son état léthargique, s'étaient précipités comme tous les première année à l'extérieur, après avoir enfilés leur robe de sorcier. Là, perché au-dessus de la marée d'élèves sur une caissette en bois, un homme au dos voûté tentait de se faire entendre.
— Nom d'un dragon, calmez-vous ! beugla t-il d'une voix monocorde. Les première année, venez par là ! LES PREMIÈRE ANNÉE, C'EST PAR LA !
Il manqua de cracher ses poumons dans une subite quinte de toux alors qu'un troupeau de jeunes enfants se formait à ses pieds.
— Bienvenus à Pré-au-lard ! Vous allez me suivre sans faire d'histoires ! ordonna t-il d'un ton sévère. Je vais vous accompagner jusqu'à Poudlard.
Une exclamation d'excitation parcourue les enfants avant que ceux-ci ne se mettent en marche, suivant dans un brouhaha tonitruant le vieil homme en tête de la masse informe qu'ils formaient. Au milieux d'entre-eux, Aéla avait perdue Tom. Un sentiment familier de panique irrépressible saisit ses entrailles et lui coupa le souffle pendant quelques instants. Elle avait l'impression de se noyer au milieu des capes noires et des visages pleins de fascination des autres enfants.
En fin de compte, elle retrouva une respiration normale qu'une fois arrivée aux abords d'un grand lac à l'eau rendue noire par la nuit. Sur le sable, une vingtaine de petites barques étaient postées, prêtes à accueillir le flot de nouveaux élèves.
— Je veux trois élèves par barque ! Pas un de plus, ni un de moins !
Aussitôt, les enfants se bousculèrent pour être les premiers à s'asseoir malgré les beuglements stridents du vieil homme qui les exhortait au calme. Aéla attendit que les choses se calment avant de s'asseoir sur une des embarcations tout en cherchant Tom du regard. Celui-ci était introuvable. Deux autres jeunes filles, visiblement amies, rejoignirent Aéla et lorsque tous eurent prit place dans une barque, celles-ci s'élancèrent sur le grand lac en direction du magnifique château qui surplombait une falaise. Aéla n'en distinguait pas vraiment les contours mais les multitudes de fenêtres illuminées qui s'élevaient jusqu'au ciel laissaient penser que le château devait être gigantesque. Voir même titanesque !
A l'autre rive du grand lac, une fois descendus des barques dans un chahutement terrible, les nouveaux élèves prirent un petit chemin de terre qui serpentait sur la falaise jusqu'au château. Là, le vieil homme les guida à travers couloirs et escaliers jusqu'à deux immenses portes en bois sombres. Le troupeau d'élèves s'arrêta et le vieil homme disparut à travers les portes. A sa droite, Aéla aperçut Tom qui semblait serein. Elle aurait voulue le rejoindre mais la masse d'enfants était si dense qu'elle ne put faire le moindre mouvement. Soudain, les grandes portes s'ouvrirent et se refermèrent derrière le vieil homme qui était accompagné d'Albus Dumbledore. Celui-ci s'arrêta devant les élèves avec un sourire euphorique collé au visage.
— Bonsoir à tous ! Je m'appelle Albus Dumbledore, professeur de Métamorphose et directeur de la maison Gryffondor. Dans un instant, vous allez faire votre entrée dans la grande salle et vous serez répartis dans quatre maisons. Celles-ci se nomment : Gryffondor, Poufsouffle, Serdaigle et Serpentard. Maintenant que vous connaissez le programme, veuillez me suivre !
Avant de se retourner, il accorda un bref clin d'œil espiègle à Aéla sur qui son regard s'était verrouillé dès qu'il l'avait aperçu.
Dumbledore ouvrit d'un geste flottant les grandes portes, suivit du troupeau d'élèves qui devînt subitement muet de timide, et avança jusqu'à une grande estrade au fond de la salle où était dressée la table des professeurs. Là se trouvait un tabouret de bois sur lequel reposait un chapeau rabougrit dont Dumbledore s'empara. Derrière lui, les élèves attablés observaient avec curiosité les nouveaux arrivants en essayant de deviner lesquels d'entre eux rejoindraient leur maison.
— Bien, les enfants, lorsque j'appellerais votre nom vous viendrez vous asseoir, je poserais le Choixpeau sur vous et vous serez répartis, expliqua clairement Dumbledore. Anna Bludwood !
Une petite fille à la chevelure blonde désordonnée, rondouillarde et les yeux globuleux, s'avança vers l'estrade et s'assit maladroitement sur le tabouret. Aussitôt que Dumbledore lui posa le « Choixpeau » sur le sommet de son crâne, celui-ci prit vie en poussant une exclamation qui fit sursauter les enfants. Aéla était fascinée. Elle n'avait jamais vu de chapeau parlant et celui-ci avait un certain sens de l'humour. Après avoir analysé les qualités d'Anna, le Choixpeau s'interrompit et son cuir se fronça.
— Poufsouffle ! beugla t-il alors qu'à la table de la nouvelle maison d'Anna, des cris de joies retentissaient.
— Morgana Irswick !
Tout comme Anna, une petite fille aux cheveux de jais et teint de porcelaine sortit des rangs d'un pas timide et s'assit sur le bord du tabouret, visiblement impressionnée par le Choixpeau et Dumbledore.
— Gryffondor ! s'extasia aussitôt le Choixpeau.
— Tom Elvis Jedusor !
Alors que les cris de joies de la table rouge et or s'amenuisaient, Tom s'avança d'un pas assuré vers l'estrade et prit place sur le siège avec grâce et autorité comme si sa place avait toujours été là. Dumbledore posa le Choixpeau sur sa tête et le cuir dont il était fait se fronça de nouveau.
— Hum ! Voilà un crâne pas comme les autres, souffla le Choixpeau à l'oreille de Tom. J'y vois beaucoup de qualités et une grande détermination à réussir. Pour toi, mon garçon, je n'ai pas l'ombre d'un doute ! Serpentard !
Tom esquissa un sourire satisfait. Depuis qu'il avait aperçu le grand serpent argenté sur l'étendard de Serpentard, il désirait plus que tout être affecté à cette maison. Il se leva et partit rejoindre ses nouveaux camarades qui lui offrirent un accueil des plus enjoués.
Dumbledore continua à faire l'appel, voyant défiler les nouveaux élèves à tour de rôle. Cette année, les Gryffondors étaient nombreux. Puis, après un temps interminable, il ne resta plus qu'Aéla. La petite fille avait rentré sa tête dans ses épaules dans un réflexe absurde pour se dissimuler aux regards des autres.
— Aéla Katelyn Wayne !
Dumbledore lui offrit un sourire encourageant tout en lui montrant le tabouret. Aéla inspira profondément et avança lentement jusqu'à l'estrade. Une fois assise, Dumbledore déposa sur sa tête le Choixpeau qui lui tomba devant les yeux, lui cachant le reste de la grande salle. Aéla se dit qu'après tout, c'était peut être mieux ainsi.
— Mh, voilà un cerveau des plus surprenants ! s'exclama le Choixpeau d'une voix lointaine comme s'il avait pensé à haute voix sans le vouloir. Je vois beaucoup de courage mais aussi de terribles tourments. Où vais-je te mettre ? Ma chère, vous rassemblez toutes les qualités des quatre maisons. Gryffondor me paraît un choix des plus judicieux !
Aéla ferma les yeux et espéra de toute son âme que le Choixpeau change d'avis. Elle ne voulait pas aller à Gryffondor, ni à Serdaigle ou Poufsouffle ! Elle voulait aller à Serpentard, c'était ce que son instinct lui hurlait depuis une heure. Et, au fond d'elle, Aéla avait aussi l'espoir de retrouver Tom.
— Voilà un choix des plus cornéliens ! Très bien ! s'exclama le Choixpeau dans un éclat de voix qui fit sursauter tous les élèves. Ce sera Serpentard !
Ni ovations tonitruantes ou applaudissements frénétiques pour Aéla. Les élèves de Serpentard se contentèrent de frapper des mains par réflexe tandis que les autres restèrent interdits. Pourquoi mettre à Serpentard une élève qui méritait d'être à Gryffondor ? Cependant, les décisions du Choixpeau étaient irréversibles alors Aéla descendit de l'estrade et rejoignit la table des Serpentards où ses nouveaux camarades lui avaient réservés une place en bout de table. Elle s'assit alors que Dumbledore prenait sa place aux côtés d'un vieil homme. Un tintement cristallin retentit, attirant à la table des professeurs toute l'attention des élèves. Le vieil homme se leva, se dévoilant être plus grand qu'il n'en avait l'air dans son fauteuil en feuille d'or et velours rouge.
— Bienvenue à toutes et à tous pour cette nouvelle année à Poudlard ! Pour ceux qui ne me connaissent pas, ou ceux qui auraient oubliés mon nom, je suis le Professeur Dippet, le directeur de cette école. Mais, avant de nous rassasier d'un magnifique festin, je tiens à rappeler qu'il est formellement interdit pour tous les élèves de l'école de pénétrer dans la forêt ! Tout comme il est interdit de sortir de l'enceinte de Poudlard sans autorisation ! Maintenant que les choses désagréables ont étés dites, je vous souhaite un bon appétit !
Dippet frappa dans ses mains et aussitôt une multitude de plats et de boissons aux couleurs chatoyantes apparue sur les tables. Les élèves se jetèrent dessus et certains, plus affamés que d'autres, jouèrent des coudes pour être les premiers à être servis.
Aéla n'eut pas le même enthousiasme que les autres, bien qu'elle eut terriblement faim. Les regards appuyés, voir même méfiants, des Serpentards lui serraient tant la gorge qu'elle était incapable d'avaler quoi que ce soit de solide. Elle se contenta simplement de boire du jus de citrouille en se tassant sur son bout de banc, tout en jetant de temps à autre un regard en direction de Tom. Celui-ci, étrangement, semblait dans son élément. Pour la première fois depuis qu'elle le connaissait, Aéla le vit discuter avec d'autres élèves assis à côté de lui. Ce fut avec un pincement au cœur et une pointe de jalousie qu'Aéla replongea son regard dans son verre. Non seulement personne ne lui adressait la parole mais en plus elle ne pouvait pas engager la conversation. La jeune fille commençait même à douter des intentions de son instinct. Pourquoi avait-elle ressentie le besoin irrépressible d'aller à Serpentard si c'était pour n'être qu'une ombre insignifiante parmi eux ? Aéla tenta de trouver une réponse à cette question durant tout le repas, ne se préoccupant plus des regards des autres élèves.
A la fin du repas, les Préfets des différentes maisons accompagnèrent les nouveaux arrivants jusqu'à leur salle commune. Celle des Serpentards se trouvait dans les sous-sols de l'école, près d'un endroit terrifiant selon certains qui s'appelait « cachots ». A vrai dire, ce ne fut pas tant l'aspect sombre et dénué de chaleur qui fit frissonner Aéla mais plutôt le froid tétanisant qui régnait en ces lieux.
— Pour entrer dans votre salle commune, vous devrez obligatoirement dire un mot de passe, siffla le Préfet, Dylan Wyatt. Celui-ci est « sang-pur » mais il changera tous les quinze jours alors vous avez intérêt à vous tenir au courant si vous ne voulez pas passer vos nuits dans le couloir !
Puis il se tourna vers un grand tableau où un cavalier sans tête attendait, une épée enflammée dans la main, qu'on lui dise le mot de passe. Dylan Wyatt beugla de sa voix grasse « sang pur » et le tableau pivota pour dévoiler un étroit passage taillé dans la pierre. Le Préfet s'y aventura, aussitôt suivit de la douzaine de nouveaux élèves.
Aéla trouva la salle commune de Serpentard fascinante malgré la froideur qu'elle reflétait. Elle semblait être construite sous un grand lac dont les profondeurs pouvaient être observées à travers de grands vitraux à l'effigie du fondateur de la maison vert et argent. Cependant, la jeune fille n'eut pas le temps de s'extasier devant les petits poissons qui tournoyaient devant les fenêtres ou sur les grandes colonnes en marbre sculptées en forme de serpents. Un fantôme arriva dans la salle en hurlant d'une voix d'outre-tombe.
— TAS DE VERMINES !
Le spectre s'arrêta devant les élèves et les observa tout autant qu'eux l'observaient. Il était grand, vêtu selon la mode versaillaise avec un grand chapeau à plume d'autruche sur le crâne. Il avait un visage fermé et sévère, et la tâche de sang qui avait séchée sur sa chemise n'était pas des plus engageantes.
— Toi, t'es trop gras ! siffla t-il en pointant un garçon du doigt. Et toi tu ressembles à un animal atteint de la syphilis !
Et il continua d'examiner les élèves en accordant à chacun un commentaire désobligeant alors que Dylan Wyatt se retenait, tant bien que mal, d'exploser de rire. Puis, vînt le tour d'Aéla qui s'était cachée derrière deux élèves un peu plus grands qu'elle.
— Viens là, démone ! beugla t-il en traversant les deux garçons qui hurlèrent d'effroi en courant à l'autre bout de la pièce.
Le fantôme s'arrêta devant Aéla qui osait à peine le regarder. Puis, inexplicablement, le fantôme s'éleva dans le ciel.
— Pas terribles la cuvée de cette année ! s'exclama t-il pour lui tout seul. Ecoutez bien, bande de cafards anémiés ! Je suis le fantôme de Serpentard, plus connu sous le petit nom de « Baron Sanglant » ! Souvenez-vous bien de moi.
Le Baron Sanglant scruta une dernière fois le troupeau d'élèves apeurés et traversa le mur pour disparaître.
— Ah, ce sacré Baron ! rigola Dylan. Il me fera toujours autant rire avec ses commentaires. Il a toujours eu le nez fin ! Enfin, pas pour tout le monde, rectifia t-il en s'attardant sur Aéla. Le dortoir des filles est au fond à droite et celui des garçons, au premier étage. Maintenant allez vous coucher et je vous déconseille de sortir de votre dortoir avant demain matin !
Dylan s'éclipsa derrière une porte à côté de la cheminée et laissa les première année s'orienter seuls dans la salle commune. Ceux-ci se séparèrent en deux groupes, les filles et les garçons, et rejoignirent leur dortoir sans dire un mot. Chacun était fatigué par le long voyage et par la cérémonie des répartitions. Ils rêvaient tous d'une chose : s'allonger sur un lit moelleux et dormir comme des masses jusqu'au levé du soleil.
Aéla suivit le groupe de filles et trouva ses affaires posées au pied d'un grand lit à baldaquin qui était aux couleurs de Serpentard. Elles étaient quatre à dormir dans cette chambre. Il y avait Aéla, une dénommée Fulvia, Ulrika, Dévona et Sibbie. Chacune s'était toisée du regard pendant un bref instant mais n'eut pas la force de faire la conversation à une heure aussi tardive. Alors, aussitôt qu'elles le purent, les filles se glissèrent dans leur lit et s'endormirent en rêvant de leur nouvelle vie à Poudlard, dans le monde des sorciers, à l'exception d'Aéla qui ne parvînt pas à trouver le sommeil. La jeune fille, ne trouvant aucune présence réconfortante parmi ses camarades de chambre, se tourna et se retourna dans son lit en pensant aux nuits qu'elle avait passé auprès de Tom, essayant de faire surgir de sa mémoire le sentiment de sécurité qu'elle avait ressentie auprès du garçon afin de trouver le sommeil.
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Tale of Jedusor : les jeux du sort
Fanfiction« - Vous êtes faible ! Vous ne connaîtrez jamais l'amour. Je vous plains sincèrement ! Voldemort abaissa quelques instants sa baguette, un sourire grimaçant sur les lèvres. Qu'est-ce que ce sang-mêlé de Potter venait de lui dire ? Il eut terriblemen...