Horace Slughorn n'y croyait pas. Il tenait l'avenir des Potions entre ses mains. Il enseignait à celle qui deviendrait sûrement la plus brillante potionniste de son temps, Aéla Wayne.
Chaque nouveau cours apportait son lot d'émerveillements face aux talents de la jeune femme. Chaque potion était réalisée avec un génie qui frôlait l'incroyable. Aéla était devenu, en quelques semaines, l'élève la plus brillante de sa maison en Potion, toute année confondue. Désormais, elle ne se privait plus d'obtenir les lauriers du professeur Slughorn. Elle ne faisait plus en sorte de rater volontairement ses préparations pour laisser la victoire à Tom Jedusor. Non, il ne faisait plus semblant d'être une élève quelconque dans une discipline qu'elle apprenait à aimer et à y exceller, chaque jour un peu plus. Peut-être était-ce dû au fait qu'Aéla n'arrivait pas à pardonner Tom et voulait se venger ? Cependant, contrairement au jeune homme qui ne manquait pas d'imagination en matière de vengeance, Aéla ne voulait pas s'abaisser à son niveau. Il lui avait fait mal, l'avait blessé plus profondément qu'elle ne l'avait jamais été, l'avait déçu et trahi ; Aéla ne pouvait pas le nier, car à chaque fois qu'elle repensait à ce moment dans le parc, les larmes jaillissaient de ses yeux et ne s'arrêtaient que lorsqu'elle tombait de fatigue. Oui, elle ne parvenait pas à pardonner Tom Jedusor, elle voulait se venger mais elle savait aussi que s'en prendre à lui par le biais de sortilège serait inutile. Tom était bien plus fort qu'elle sur ce terrain là. Alors, sur les conseils de Björn et Sibbie qui ignoraient tout de la situation si ce n'était qu'Aéla voulait faire payer Tom Jedusor pour quelque chose, la jeune femme avait décidé dans l'attaquer là où elle était absolument certaine que ça lui ferait du mal : son égo.
Tom était un brillant élève, et ce dans toutes les matières, cela ne faisait de doute pour personne. En revanche, il était si persuadé d'être le seul que dès que quelqu'un passait devant lui, ça le mettait en rage pour plusieurs jours, lui faisant perdre son sang-froid et son éternel air impassible.
Pourtant, depuis les semaines où Aéla l'avait devancé en cours de potion, ne mettant que son nom sur les lèvres de Slughorn, Tom n'avait aucune réaction. Il demeurait de marbre, le regard vide, le corps tendu. Il poussait même la bizarrerie à applaudir discrètement Aéla lorsque celle-ci était félicitée par le professeur de Potion. Tom était étrange. Si étrange qu'au final son plan de vengeance était tombé à l'eau et laissait Aéla frustrée de ne pas avoir obtenu justice.
— Eh bien, Miss Wayne, voilà encore une potion brillamment réussie ! couina Slughorn, un air extatique sur le visage.
Aéla sursauta, manquant de peu de renverser son chaudron sur Sibbie. Elle était perdue dans ses pensées, le regard rivé sur Tom qui avait le nez plongé dans son manuel, comme si le reste du monde n'existait plus, ou n'avait plus d'importance.
— Merci, signa Aéla, sachant que c'était le seul signe que Slughorn comprenait.
— Venez me voir avant de sortir, j'ai une petite proposition à vous faire.
Aéla hocha la tête et offrit un sourire timide au professeur avant que celui-ci reprenne son tour de table, se décourageant toujours plus de la médiocrité du reste de ses élèves. Lorsqu'il passa devant le chaudron de Tom, il s'y arrêta quelques instants, touilla le contenu et observa longuement le jeune homme qui avait le regard dans le vague, indifférent au professeur et à son cour.
— J'ai connu mieux venant de vous, Monsieur Jedusor.
— J'ai connu mieux venant de moi aussi, professeur, marmonna Tom d'une voix éteinte.
— Vous sentez-vous bien ?
— Je suis vivant, c'est là l'essentiel, répondit Tom d'une voix énigmatique.
Assurément, le jeune homme n'était pas dans son état normal mais qui était le professeur Slughorn pour le lui faire remarquer ? Peut-être qu'il n'avait pas encore digéré son petit-déjeuner ? Si tant est qu'il en eût pris un.
Slughorn se racla la gorge et retourna derrière son bureau, annonçant la fin du cours au grand soulagement des Serpentard.
— Il devient de plus en plus bizarre ces derniers temps, souffla Sibbie en se penchant vers son cousin et Aéla. C'est presque flippant !
— Il a toujours été bizarre ! répliqua Björn d'un ton mordant.
— Tu dis ça parce que tu l'as toujours détesté ! Moi, je te dis qu'il y a quelque chose qui ne tourne plus rond chez lui. T'en penses quoi, Aéla ?
Aéla ne savait pas quoi en penser et c'était là tout le problème. S'en ficher royalement aurait été tellement plus simple ! Cependant, comme tout ce qui concernait Tom Jedusor, ça ne l'était pas. Elle était partagée entre la satisfaction de le voir perturbé au point de ne plus être lui-même et l'inquiétude.
Tout en rangeant ses affaires dans son sac, le plus lentement possible pour laisser le temps à ses camarades de quitter la salle avant elle, Aéla jetait de brefs coups d'oeil en direction de Tom. Celui-ci ne remarqua rien, comme il en était devenu coutume ces dernière semaine, et rangeait ses affaires tout aussi lentement qu'Aéla, avec un air absent. Si absent, que ce fut presque s'il ne mit pas son chaudron dans son sac, ne faisant pas du tout attention à ce qu'il faisait.
Le corps de Tom Jedusor était bien présent avec eux mais son esprit, lui, était décidément ailleurs. Quelque part, très loin, hors d'atteinte du commun des mortels. Aéla se demanda si Tom lui-même savait où il se trouvait et s'il ne l'avait pas perdu à jamais.
— Tu veux qu'on t'attende dans le couloir ? demanda Björn, son sac sur l'épaule.
— Non, allez-y ! Je vous rejoindrais en cours de Botanique.
— D'accord, répondit-il avec un brin de déception.
— Roh, ce que tu peux être agaçant à faire ta tête de chien battu ! répliqua Sibbie.
Elle prit son cousin par le coude et le traîna dans le couloir, l'obligeant à quitter des yeux Aéla.
La salle de potion s'était vidée, à l'exception d'Aéla et de Slughorn qui griffonnait sur un parchemin derrière son bureau. La jeune femme ne s'était même pas rendu compte que Tom avait quitté la pièce. Elle poussa un soupir et s'avança vers le bureau du professeur, qui cessa immédiatement d'écrire pour se concentrer sur Aéla.
— Ma chère Miss Wayne ! s'extasia Slughorn. Je dois vous dire que vos progrès en Potion sont absolument stupéfiants. Je n'ai jamais vu d'élève aussi brillant de toute ma carrière.
— Merci, professeur.
— Oh, ne me remerciez pas tout de suite ! Voyez-vous, depuis quelques années, je rassemble un petit groupe d'élèves talentueux pour faire des petites réunions de travail ou des dîners en petit comité. Je serais absolument honoré que vous en fassiez partie, qu'en dites-vous ?
Le club de Slughorn ? Aéla en avait entendu parler. Paraissait-il que c'était une formidable occasion pour rencontrer des gens haut-placés et commencer à construire des relations pour son avenir professionnel.
Cependant, malgré l'envie de faire partie de ce petit cercle d'élites, Aéla hésitait. Elle se souvint que Tom avait voulu absolument en faire partie l'année précédente et qu'il avait été frustré que Slughorn ne lui propose pas d'y entrer. Pourquoi penser à Tom ? Qu'est-ce que le garçon avait à voir là-dedans ? Rien et tout à la fois. Aéla avait peur d'accepter et de donner une raison supplémentaire à Tom de la détester, de lui faire du mal, même si lui n'avait pas hésité à lui en faire. Aéla était trop bonne, trop altruiste pour son propre bien car, même furieuse contre le jeune homme, elle ne pouvait s'empêcher de penser à lui, de ne rien faire qui puisse le blesser. Était-elle condamnée à toujours faire passer les désirs de Tom avant les siens ?
Résignée, Aéla sortit un petit carnet de la poche de sa robe, emprunta un crayon sur le bureau de Slughorn et écrivit sa réponse.
« Désolée, professeur, mais je ne suis pas certaine d'être à ma place dans votre club. »
— Balivernes ! objecta Slughorn, essuyant le message d'un revers de main. Bien sûr, que vous y avez votre place ! Écoutez, je n'attends pas de réponse ferme et définitive tout de suite mais j'aimerais que vous veniez à la soirée que j'organise ce samedi. J'ai convié de grands noms du monde des Potions à qui j'aimerais vous présenter.
— Moi ? signa Aéla, interloquée
— Oui, vous ! Qui d'autre serait digne de telles rencontres ? Alors, que dites-vous ? Ce n'est que pour une soirée.
Cela ne paraissait pas si terrible et ne l'engageait à rien. Et puis, c'était aussi une formidable occasion de faire des rencontres et de se changer les idées.
Bien décidé à prendre son avenir en main et à extraire Tom de ses pensées, Aéla griffonna furieusement sur son carnet.
« Je serais honorée d'assister à votre soirée, professeur. »
— Parfait ! s'exclama Slughorn en se levant de son fauteuil. Je suis ravie de votre décision, Miss Wayne. Je vous attends donc samedi soir, à vingt heures, dans l'ancienne salle de Sortilège, au deuxième étage.
« Comptez sur moi ! »
Aéla rangea son carnet dans sa poche et fila dans le couloir, rejoignant les serres de l'école au pas de course, un sourire aux lèvres. Là-bas, elle retrouva Sibbie et Björn qui déterrait des pieds de Tentacula, se bagarrant avec les tiges qui leur tiraient les cheveux et leur pinçaient le nez. Aéla s'installa entre ses deux amis et se mit au travail tout en leur racontant son entretien avec Slughorn.
— J'y crois pas que Slughorn t'ait fait une telle proposition, fit Björn un reprenant une touffe de ses cheveux d'une des tentacules de la plante. Son club est très sélectif et tout le monde rêve d'y rentrer ! Même les Gryffondor !
— Je sais.
— Une soirée, souffla Sibbie d'un air rêveur. Quelle chance ! Tu vas pouvoir mettre une belle robe, manger des petits-fours et écouter de la bonne musique.
— Et faire de belles rencontres !
— Exactement ! admit son amie. Je suis presque jalouse de toi. Au fait, avec qui tu vas aller à la soirée ?
— Comment ça « avec qui » ?
Björn et Sibbie échangèrent un regard désabusé. Leur amie pouvait être si naïve, parfois ! Sibbie, en bonne jeune femme mondaine qu'elle était, se fit un devoir d'apprendre à Aéla la première règle élémentaire à suivre lorsqu'on assiste à une soirée : venir accompagnée.
— Tu dois y aller accompagnée !
— Je doute que ça soit une obligation.
— Pas ouvertement, c'est vrai, mais ça ferait très mauvais genre d'y aller seule. Surtout pour une fille !
Aéla soupira et se concentra à nouveau sur la terre qu'elle creusait, écoutant d'une oreille distraite les recommandations de Sibbie. Une table plus loin, à côté de Darrick Selwyn, elle vit Tom qui rempotait nerveusement sa Tentacula. A ses gestes saccadés et brutaux, à ses sourcils froncés et ses mâchoires serrées, Aéla devina qu'il avait entendu au moins une partie de leur conversation.
— Je crois quand même que je vais y aller seule.
— Comme tu veux mais sache que si tu changes d'avis, je t'aiderais à trouver un cavalier.
Aéla apprécia l'aide de son amie et la gratifia d'un sourire complice tandis que Björn, déçu qu'aucune des deux n'aient pensé à lui, rongeait son frein en taillant grossièrement les tiges de sa plante.
Poppie et Aéla avaient prévu bon nombre d'éventualités vestimentaires pour son retour à Poudlard. Habits de pluie, de randonnée, vêtements confortables pour traîner au coin de la cheminée, robe de printemps et d'été, vêtements chauds pour affronter le froid de Cornouailles, vêtements plus légers pour quand les jours se seront adoucis. Bref, en vidant le contenu de son armoire, Aéla se dit qu'elles avaient vraiment tout prévu. Tout, sauf l'éventualité d'un dîner mondain avec des personnalités du monde des sorciers. Face à cette constatation, la jeune femme envisagea d'annuler sa venue à la soirée de Slughorn, ce qui horrifia Sibbie.
— Tu ne peux pas annuler ! s'époumona t-elle en s'asseyant à côté d'Aéla sur son lit. Il y a forcément un truc portable dans ce tas de vêtements.
Prenant les choses en main, Sibbie Dunharrow se mit à la recherche d'une pièce d'exception, quelque chose qui mettrait Aéla en valeur et ferait d'elle la Reine de la soirée. Sur le lit de son amie, qui la regardait faire avec un visage morne, parmi le tas de vêtements, elle trouva la belle robe bleu-gris qu'Aéla portait le jour de la rentrée des vacances. Sibbie tint le vêtement devant elle, essayant d'imaginer son amie dans la robe, au milieu de personnes apprêtées et distinguées. Assurément, la robe était belle pour un rendez-vous quelconque mais pas pour une occasion comme celle d'un dîner chez Slughorn. Sibbie remit la robe dans le tas et attrapa une housse de vêtement opaque, qu'Aéla lui arracha aussitôt des mains et serra jalousement contre elle.
— Qu'est-ce que c'est ? demanda Sibbie dont la curiosité était piquée au vif.
— Rien.
— Ce rien ressemble drôlement à un vêtement de grande occasion.
— Parce que c'est un vêtement de grande occasion ! Mais je le garde pour... pour plus tard.
Aéla voulut dire « pour quelqu'un », seulement ce quelqu'un avait fait quelque chose de mal, brisant leur complicité. Sibbie s'asseya à nouveau à côté de son amie, sachant parfaitement ce qu'avait passé sous silence Aéla et la prit par l'épaule.
— Bien, puisqu'effectivement tu n'as rien à te mettre, il ne nous reste plus qu'une seule solution, fit Sibbie avec un air dramatiquement théâtral.
— Annuler la soirée ?
— Mais non ! M'emprunter une robe ! J'en ai plein mon placard. Je me demande comment j'ai pu ne pas y penser avant ?!
Riant toute seule face à son imbécilité, Sibbie se dirigea vers son armoire qu'elle ouvrit avec difficultés. Aussitôt les battants ouverts, des piles de robes, pulls et divers hauts, tombèrent au sol. Effectivement, Sibbie avait des vêtements plein son placard et même bien plus que celui-ci ne pouvait contenir. Elle plongea, tête la première, dans le meuble, faisant tomber de nouveau vêtement et en jetant d'autre par-dessus sa tête.
Aéla crut que son amie était devenue folle lorsque celle-ci ressorti de son armoire avec un cri de victoire.
— Je l'ai ! fit Sibbie en levant en l'air une robe étincelante. Tiens, tu seras absolument éblouissante dedans.
Sibbie lui donna la robe et effectivement, elle était éblouissante.
Toute en tissu vert émeraude, la coupe de la robe était droite, ni trop ample, ni trop prêt du corps. Elle descendait élégamment juste au-dessus du genou et ses manches trois-quarts donnaient un air distingué à celle qui la portait. Au lieu d'un col rond simple, se trouvait une pièce en dentelle piqué de perles vertes et de petits émeraudes brillants.
Aéla passa derrière le paravent pour enfiler le vêtement, trop pudique pour le faire devant son amie qui s'agaça de cette pudibonderie malvenue, puis alla se regarder dans le miroir.
— Par la barbe de Merlin ! souffla Sibbie, émerveillée. Tu es splendide !
— Merci.
Bien que le compliment la toucha énormément, Aéla était mal-à-l'aise face à la sincérité de son amie. Elle se trouva jolie, sans plus. Tout le mérite revenait à la robe de grande couturière qui avait certainement coûté une fortune à la famille Dunharrow. Rien qu'à cette pensée, Aéla osait à peine respirer.
Sibbie jeta un oeil à l'horloge de leur chambre et bondit hors du lit de son amie.
— Nom d'un bouc, Aéla ! Tu vas être en retard !
Elle attrapa la jeune femme par le bras et l'accompagna jusqu'à la porte de leur chambre.
— N'oublies pas de t'amuser et surtout, de tout me raconter dès que tu seras rentrée, d'accord ?
— Oui, je te le promets. Merci, Sibbie.
En guise de réponse, Sibbie prit Aéla dans ses bras et lui fit quelques recommandations de dernière minute avant de refermer la porte de leur chambre derrière elle. L'espace d'un instant, Aéla se sentit mal de laisser à son amie le soin de ranger leur chambre mais elle avait une soirée à laquelle assister.
Alors qu'elle traversait la salle commune, qu'elle pensait déserte à cette heure tardive, Aéla croisa le chemin de Tom. Tous deux se figèrent et s'observèrent comme s'ils se voyaient pour la première fois, ne sachant pas à quoi s'attendre de la part de l'autre. Ce fut presque comme s'ils étaient des étrangers, ce qui était absurdes car ils se connaissaient mieux que n'importe qui d'autre. Aéla n'en pouvait plus. Elle se rendit subitement compte qu'elle ne pourrait jamais se venger de Tom, non pas parce qu'elle n'en avait pas la force ou la détermination, mais simplement parce qu'au fond de son coeur, elle ne le voulait pas vraiment.
Alors qu'elle s'apprêtait à ouvrir sa bouche pour rétablir le dialogue, le jeune homme la devança.
— Tu es très belle ce soir, dit-il dans un souffle.
— Merci.
— Je... Je suis désolé.
C'était peu. A vrai dire, c'était même rien du tout et pourtant, pour Aéla, cela voulait dire beaucoup. Tom Jedusor ne s'excusait jamais. Pourtant, il venait de le faire devant elle, avec un regard vraiment sincère. Oui, Tom était désolé. Cela n'amoindrissait pas la douleur qui persistait dans le coeur d'Aéla lorsqu'elle repensait à ce qu'il lui avait fait dans le parc, mais c'était un début.
— J'accepte tes excuses, signa Aéla.
Ne trouvant rien d'autre à lui dire pour le moment, elle dépassa Tom pour se rendre à la soirée de Slughorn mais celui-ci la retint par le bras. Ce contact électrisa tout leur corps et fit battre leur coeur plus rapidement.
Tom la relâcha brusquement, comme s'il s'était brûlé avec du feu.
— Où est-ce que tu vas ? demanda t-il, les sourcils froncés.
— Slughorn m'a invitée à une soirée. Elle a lieu au deuxième étage.
— Et tu y vas toute seule ? A cette heure-ci ?
— Et bien... Oui. Pourquoi ?
— Pour rien, répondit sombrement Tom. Je vais t'accompagner. J'ai oublié un livre à la bibliothèque de toute façon.
C'était un mensonge et ils le savaient tous deux. Aéla ne dit rien, heureuse que Tom puisse encore être capable de s'inquiéter pour elle. Heureusement qu'il puisse encore faire preuve de bienveillance et de gentillesse. Heureuse que le Tom qu'il a connu à l'orphelinat Wool soit toujours là, caché au plus profond du jeune homme, ne sortant qu'en de rares occasions, à l'abri des regards indiscrets.
Ils sortirent de la salle commune et rejoignirent le deuxième étage, une musique entraînante se faisant entendre à mesure qu'ils avançaient vers l'ancienne salle de potion. Lorsqu'ils arrivèrent devant la salle, ils se regardèrent dans les yeux, incertains quant à la manière de se séparer. Mais le voulaient-ils vraiment ?
— Tu veux entrer ?
— Je ne suis pas invité.
— Mais moi, si, répliqua Aéla avec un doux sourire qui trouva une ombre d'écho sur les lèvres de Tom. Tu voudrais bien être mon cavalier ?
Si Tom fut déconcerté par la demande d'Aéla, la jeune fille le fut encore plus pour avoir osé poser la question.
Le jeune homme observa un instant sa robe de sorcier, essayant d'estimer si c'était un vêtement convenable pour une soirée où il espérait aller depuis un an.
— Tu es très bien comme tu es !
— Ah oui ? demanda Tom, plus que dubitatif.
Aéla leva les yeux au ciel, prit la main de Tom et entra dans la salle où la soirée battait son plein.
Slughorn avait fait les choses en grand. Toute la salle avait été redécorée avec des tapisseries aux couleurs chatoyantes et des tapis persans. Des plateaux surchargés de nourritures flottaient entre les nombreux invités vêtus sur leur trente-et-un. Un petit orchestre jouait énergiquement dans un coin de la pièce. Des serveurs jonglaient avec des bouteilles en verre derrière un bar. Et parmi tout cela, Slughorn serrait des mains à tour de bras et s'extasiait devant chaque invité qu'il reconnaissait ou pas. Pourtant, son enthousiasme se démultiplia lorsqu'il aperçu Aéla, qui agrippait plus fermement la main de Tom qui si ce fut une bouée de sauvetage. Le jeune homme lui-même refusait de lui lâcher la main de peur de la perdre dans la foule.
— Miss Wayne ! s'exclama bruyamment Slughorn en s'avançant vers eux. Monsieur Jedusor ! Quelle bonne surprise de vous voir ! Venez, j'ai tellement de gens à vous faire rencontrer.
Slughorn les entraîna dans la foule, les présentant à tant de personnes qu'Aéla ne parvint à retenir aucun nom.
Au bout de deux heures, ils avaient rencontrés assez de monde pour tout une vie. Des employés du Ministère, des potionnistes de renoms, des soigneurs de dragon, des émissaires de contrées lointaines, des fabricants d'objets magiques rares et précieux, des membres du Magenmagot, des écrivains ; et parmi ces derniers, ils eurent l'honneur de rencontrer un descendant de Beedle le Barde.
— Beedle le Barde ? demanda Tom qui ne connaissait pas ce nom. Qui était-ce ?
— Voyons, jeune homme, vous ne savez pas qui était mon ancêtre ? s'offusqua Castor Bardell.
— Vous, vous ne connaissez pas mes ancêtres non plus et je ne vous fais pas l'offense de vous le faire remarquer, répliqua vertement Tom.
— Oui, certes, mais je doute qu'un de vos ancêtres ait conté l'histoire des Reliques de la Mort !
Le souffle de Tom se coupa et Aéla sut qu'une bêtise venait d'être faite. Elle sentit la main de Tom enserrer plus fermement la sienne, lui coupant presque la circulation sanguine. Elle voulut obliger le jeune homme à s'éloigner, à aller voir d'autres gens, voir de quitter la soirée et de rentrer à leurs dortoirs mais c'était trop tard. La curiosité de Tom était à l'affût, son attention entièrement portée sur Castor Bardell qui s'enorgueillit d'avoir attiré l'attention d'un élève talentueux de son ami Slughorn.
— Les Reliques de la Mort ? Intéressant.
— C'est le moins que l'on puisse dire, en effet !
— Et bien, je suis tout ouïe, Monsieur Bardell. Quelle est l'histoire des Reliques de la Mort.
Et soudain, Aéla n'exista plus pour Tom. D'ailleurs, le reste du monde n'exista plus ! Il n'y avait que Tom, Castor Bardell et le récit de son ancêtre à propos de trois objets aux propriétés magiques inégalées. Trois reliques fabuleuses aux pouvoirs qui surpassaient tout ce que Tom avait pu imaginer. Trois reliques qui, d'après les dires de Castor Bardell et son ancêtre, avaient mystérieusement disparues des siècles plus tôt.
Le problème dans les mystères, c'est qu'il ne le reste jamais éternellement, car il se trouve toujours quelqu'un pour essayer de les résoudre.
VOUS LISEZ
Tale of Jedusor : les jeux du sort
Fanfiction« - Vous êtes faible ! Vous ne connaîtrez jamais l'amour. Je vous plains sincèrement ! Voldemort abaissa quelques instants sa baguette, un sourire grimaçant sur les lèvres. Qu'est-ce que ce sang-mêlé de Potter venait de lui dire ? Il eut terriblemen...