Elle était enfin libre.
Aéla avait quitté l'infirmerie aussitôt après avoir avalé son petit-déjeuner. Elle ne sentait presque plus les tiraillements de sa blessure qui avait cicatrisé « incroyablement vite et bien », selon les dires des deux infirmières. Aéla n'avait pu que les croire sur parole, n'y connaissant rien en médecine. Ainsi donc, n'ayant plus besoin de soins, la jeune fille avait passé son temps à dormir, à discuter avec Sibbie et à en vouloir à Björn de ne pas venir la voir. Ceci dit, elle en voulait davantage à Tom de ne pas avoir tenu sa promesse. Il lui avait jurer lors de sa première visite de venir la voir tous les jours. Seulement, au bout de deux jours, Aéla n'avait plus revu le jeune garçon. Il avait été étrangement remplacé par Darrick Selwyn et Abraxas Malefoy qui venaient à tour de rôle, parfois avec des bonbons ou bien des livres. Aéla n'avait posé aucune question mais elle savait à leurs regards inquiets et scrutateurs, que c'était Tom qui les envoyait à son chevet.
Un bien mince réconfort. Mais où était-il donc passé ? Cette question avait tourné en boucle dans sa tête, lui procurant une migraine plus douloureuse que celle de sa plaie, mais personne n'avait consenti à lui répondre. Pas même Sibbie ! Alors que son amie était entré en beuglant dans l'infirmerie lors de sa première visite, hurlant au scandale. Il avait fallut que Miss Vane intervienne pour calmer Sibbie avant que son amie ne lui avoue que Björn refusait catégoriquement de voir Aéla. Elle fut blessée de l'apprendre mais ne put se résoudre à en vouloir à son ami.
Mais tout cela serait bientôt finit. A présent libérée de l'infirmerie, Aéla avait bien l'intention de trouver Björn et d'obliger le garçon à la regarder en face. Björn était un ami trop précieux pour qu'elle le perde à cause du caractère volcanique de Tom !
— Aéla ! hurla Sibbie depuis l'autre bout du couloir.
La jeune fille s'arrêta net tandis que son amie courrait vers elle à grandes enjambées.
Elle n'eut le temps que de prendre une brève inspiration avant que Sibbie ne l'encercle fermement de ses bras, trop heureuse de retrouver son amie pour maîtriser sa force.
— Je suis si contente que tu sois sortie de l'infirmerie, clama t-elle en relâchant Aéla. J'ai crus que tu ne sortirais jamais de ce fichu lit.
— Je l'ai cru aussi, avoua Aéla. J'ai hâte de sentir le soleil sur mon visage.
— Et bien c'est ton jour de chance ! On a cours de Soins aux Créatures Magiques près du lac et il fait un temps magnifique.
Sans attendre une réponse, Sibbie attrapa la main de son amie et la tira à sa suite vers le parc de l'école, le sourire aux lèvres.
L'ensemble de la maison Serpentard était réunie près du lac, face au professeur Jézabel Draval qui tournait le dos à la forêt noire. A côté d'elle reposaient plusieurs caisses en bois sombre fermement enchaînées. Cela rappela vaguement à Aéla la fois où le professeur Dentdacier leur avait présenté un Hydre. Un mauvais pré-sentiment s'empara d'elle, une angoisse sourde qui lui étreignit la gorge. « Ne t'inquiètes pas, Morhèr, je suis là pour te protéger ». Aéla s'arrêta net. Encore cette étrange voix ! Elle savait qu'il était inutile de regarder derrière elle car la voix venait des profondeurs de son âme, pourtant elle ne put s'empêcher de jeter un regard circulaire.
— Ça va ? demanda Sibbie qui s'était arrêté.
Aéla ne répondit rien tandis qu'une douce chaleur se rependait à travers ses veines pour détendre ses moindres muscles. Apaisée, la jeune fille reprit sa marche aux côtés de son amie qui commençait à craindre qu'Aéla ne soit sortie trop tôt de l'infirmerie. Cependant le visage d'Aéla demeurait impassible et l'inquiétude de Sibbie retomba comme un soufflé raté.
Aéla eut à peine le temps de se fondre parmi ses camarades que Darrick et Abraxas l'accueillirent avec de grands sourires, allant même jusqu'à lui tapoter affectueusement l'épaule, à sa plus grande surprise. Elle appréciait ces deux garçons de plus en plus mais jamais elle ne se ferait à leurs attentions bienveillantes. Pas après avoir souffert de leurs remarques blessantes pendant deux ans ! Mais qui sait, peut être était-il temps de passer à autre chose ? Du coin de l'oeil elle vit Björn la dévisager. Aéla espérait de tout son coeur qu'il fasse un pas vers elle, qu'il lui explique pourquoi il n'était pas venu la voir à l'infirmerie et par dessus tout, elle voulait qu'il cesse de la regarder comme s'il avait commit un crime odieux dont elle aurait été la victime. Mais le garçon ne fit aucun geste dans sa direction et détourna vivement le regard lorsqu'il s'aperçut que la jeune fille le toisait avec espoir.
Elle soupira. La tâche allait s'annoncer plus ardue que prévue car Aéla savait à quel point Björn pouvait être borné et têtu.
— Ne t'inquiètes pas pour lui, lui souffla Sibbie dans le creux de l'oreille et qui avait tout suivi de cet échange de regards. Quand il aura finit de faire le bébé et de bouder dans son coin, il reviendra vers toi comme un chiot en manque de caresses !
— Des fois, j'ai du mal à comprendre tes métaphores Sibbie, avoua Aéla dans un demi-sourire.
— Pour tout te dire, moi aussi des fois je ne me comprends pas.
Aéla ne put s'empêcher de s'esclaffer discrètement mais cet élan de joie, ô combien bienvenu après des jours lugubres passés entre les quatre murs de l'infirmerie, mourut dans son cœur lorsque des gloussements tonitruants retentirent à quelques mètres d'elle.
Entouré de son irréductible clique de fidèles, Tom observait les boîtes du professeur Draval avec curiosité tandis que, pendue à son bras comme une naufragée en détresse, une serpentard s'extasiait sur la couleur particulièrement sombre des cheveux du garçon. Et ce n'était pas n'importe quelle serpentard ! C'était Elayne Wisby. Bien que Tom restait parfaitement impassible, comme insensible aux babillages d'Elayne, Aéla sentit une violente bouffée de colère assombrir sa raison. Elle vacilla sur ses jambes l'espace de quelques secondes, aussitôt rattrapée par Sibbie et Darrick tandis que Björn se précipitait vers elle, semblant avoir oublié sa honte.
— Tu vas bien ? demanda t-il d'une voix chevrotante d'inquiétude.
— Oui. Ce doit être le soleil.
— Le soleil ?
— Tout va bien au fond ? demanda à son tour le professeur Draval. Miss Wayne, voulez-vous retourner à l'infirmerie ?
Aéla hocha négativement de la tête, souhaitant n'être plus qu'une sourie pour aller se terrer dans un trou au fond de la forêt. Elle détestait être le centre de l'attention. Plus encore lorsque Tom la regardait comme s'il elle était une créature étrange peu digne d'intérêt. Alors elle baissa la tête, se tassa sur elle-même et s'exhorta à ne pas regarder dans la direction de cette affreuse Wisby et de Tom.
Sa seule consolation fut que Björn se rapprocha suffisamment pour que les manches de leur robe se frôlent, mélangeant leur chaleur. Aéla jeta un regard timide vers son ami, craignant qu'il ne prenne la fuite mais Björn était bien là, à côté d'elle, une grimace indéchiffrable sur le visage comme un mélange entre un sourire bienheureux et une moue contrite. Alors Aéla oublia pendant un bref instant le professeur Draval, les étranges caisses en bois, les Serpentard, les babillages d'Elayne et les yeux foudroyants de Tom. Les lèvres de ma jeune fille s'étirèrent en un sourire sincère qui aurait illuminé les recoins les plus sombres des Enfers.
— Ne m'abandonne plus jamais, signa t-elle avec des mains tremblantes. Je ne suis pas comme Tom et tu es mon ami. Mon meilleur ami ! J'ai besoin de toi.
— Je suis désolé, souffla Björn d'une voix éraillé par l'émotion. J'ai eu peur que tu m'en veuille.
— C'était un accident !
— Je sais mais ce n'est pas ce que raconte tout le monde. Ils pensent tous que je t'ai volontairement poussé dans les escaliers.
— Je me fiche de ce que pense les autres. Je sais que tu ne m'aurais jamais fait ça. Que jamais tu ne me feras du mal. J'ai confiance en toi, Björn.
Et si Aéla n'avait pas été si prêt de son ami, elle aurait loupé la larme solitaire qui dévala la joue du garçon après cette confession.
Les épaules de Björn se détendirent subitement, comme soulagées d'un poids bien trop lourd, et l'air s'allégea entre eux. Sibbie elle-même inspira un grand coup, heureuse de voir son cousin et sa meilleure amie enfin réunis.
— Je suis désolée pour ce que Tom t'a fait.
— Tu n'as pas à t'excuser pour ce crétin ! siffla Sibbie.
— Mais-
— Non, Aéla ! coupa Björn. Sibbie a raison. Tu n'y es pour rien et tu n'es pas responsable de tout ce que Jedusor peut faire. Un jour, le karma le rattrapera.
Aéla tiqua sur cette prédiction malveillante mais elle ne put en vouloir à Björn. La seule personne à qui elle devait en vouloir, c'était Tom. Pourtant, ce n'était pas pour ce qu'il avait fait à Björn qu'Aéla lui en voulait. Non ! C'était pour la petite greluche qui se cramponnait à Tom qui s'il lui appartenait de plein droit. Aéla ne voulait pas s'attarder sur les vrais raisons de sa colère envers le jeune homme mais le fait était là : elle était terriblement en colère contre Tom Jedusor. Pour la première fois de sa vie, elle voulait lui faire mal, lui causer autant de douleur qui lui pouvait en infliger à son pauvre cœur. Pourtant Aéla savait qu'il était inutile de nourrir de tels sentiments. Assouvir sa colère n'apaiserait en rien son ressentiment, ni la blessure qu'elle sentait s'étendre en elle à chaque fois que son regard déviait vers l'étrange couple de Serpentard.
— Cette fille est pire qu'une sangsue ! chuchota Sibbie en ce penchant vers. Elle n'arrête pas de suivre Tom comme son ombre depuis des jours. C'est à peine si elle ne se joint pas à lui lorsqu'il va aux toilettes.
— Je suis presque étonné que Jedusor ne l'ai pas déjà enfermé dans un placard pour se débarrasser d'elle ! conclut Björn.
C'était étonnant en effet, et d'autant plus blessant. Tom avait toujours détesté qu'on l'approche de trop prêt, qu'on parle sans cesse à côté de ses oreilles, que l'on glousse comme des dindons en sa présence, qu'on le touche sans y avoir été invité. Et voilà qu'Elayne Wisby se prenait de passion pour Tom et tout ce qu'Aéla croyait connaître ses les limites de Tom Jedusor se trouvait remit en question.
C'était décidé, elle haïssait cette fille du plus profond d'elle-même car, s'il y avait bien quelqu'un en ce monde qui devrait avoir le droit de connaître Tom dans les moindres détails, c'était bien elle !
« Morhèr, a raison. L'abominable fille n'a aucun droit d'avoir ce que Morhèr désir ». Pour une fois, Aéla ne put qu'être d'accord avec l'étrange voix qui venait des tréfonds de son âme. Pour une fois, elle se sentie en pleine osmose avec cette chose qui vivait en elle, dans des recoins obscures qu'elle était terrifiée de découvrir.
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Tale of Jedusor : les jeux du sort
Fanfiction« - Vous êtes faible ! Vous ne connaîtrez jamais l'amour. Je vous plains sincèrement ! Voldemort abaissa quelques instants sa baguette, un sourire grimaçant sur les lèvres. Qu'est-ce que ce sang-mêlé de Potter venait de lui dire ? Il eut terriblemen...