III.XIII « Élan de masculinité »

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Des mois étaient passés. Les vacances de Pâques avaient défilé comme un songe lugubre et interminable. Des mois durant lesquels Tom dû ramer pour reconquérir la confiance et les bonnes grâces d'Aéla. Cela n'eut rien de plaisant et fut un véritable parcours du combattant, la jeune fille trouvant le moindre prétexte pour décourager Tom, ne manquant aucune occasion pour rappeler au jeune homme à quel point il était un idiot.

Il n'avait aucun besoin qu'elle le lui rappelle, Tom le savait très bien. Oui, il avait été idiot de se servir d'Aéla pour assouvir son besoin de supériorité. Idiot aussi, de s'être servi de ses sentiments sous le coup de la jalousie, tout ça pour porter un coup bas à Dunharrow. Est-ce qu'il le regrettait ? Pas le moins du monde et ce pour plusieurs raisons qu'il n'avouera jamais.

Tom avait donc fait amende honorable. Il avait pris sur lui pour s'excuser auprès d'Aéla et s'était plié à ses quatre volontés, non plus que la jeune femme en ait abusé. Généralement, elle se contentait d'attendre de lui qu'il se comporte en garçon civilisé et se taise, à plus forte raison lorsque Björn Dunharrow se trouvait dans la même pièce. Cela le rendait fou !

Il ne supportait plus ce petit suédois énamouré et beaucoup trop empressé auprès d'Aéla. Il suivait la jeune femme partout où elle allait, ne lui laissant des moments de répit qu'au moment de dormir. Tom avait envie de l'enfermé de plus misérable des cachots de Poudlard et de l'y laisser pourrir pour l'éternité. Ne pouvait-il pas la laisser tranquille ? N'avait-il pas compris le message que Tom essayait de lui faire passer à force de regards noirs et de grognements primitifs ? Tom était persuadé que si, il comprenait, mais que comme Björn Dunharrow était un imbécile fini ; il préférait continuer à provoquer le serpent jusqu'à ce que celui-ci frappe.

Qu'il ne vienne pas se plaindre lorsque le venin de Tom Jedusor s'insinuera dans ses veines et le mettra à terre !

Mais Tom faisait l'effort, jour après jour, de ravaler sa colère et sa frustration, d'étouffer la moindre insulte envers Dunharrow, de retenir ses poings serrés dans le fond de ses poches. Il savait qu'il ne devait plus s'en prendre à lui, quand bien même il en crever presque d'envie. Aéla ne lui pardonnerait pas un nouvel écart et il lui avait déjà bien trop compliqué de se faire pardonner la dernière fois. Il n'était pas prêt à prendre ce risque. Le jeu n'en valait pas la chandelle.

Alors il rongeait son frein comme un chien de combat privé de l'arène, regardant Björn Dunharrow jouer les meilleur ami avec Aéla comme s'il ne lui avait jamais volé de baiser.

D'ailleurs, il ne comprenait pas pourquoi la jeune femme n'était pas fâché contre ce stupide blondinet. Il lui avait volé un baiser, tout comme lui. Le suédois ne méritait-il pas un peu de colère de la part d'Aéla ?

Si la jeune en voulait à Björn, cela était si discret que ça passait inaperçu aux yeux de Tom. Il trouvait cela injuste et le lui avait reproché de nombreuses fois lorsqu'il essayait, maladroitement et à sa manière bourru, de se faire pardonner. Aéla ne lui avait jamais expliqué pourquoi elle lui en voulait plus qu'à Björn mais Tom n'en demeurait pas moins frustré. Pourquoi les choses étaient-elles toujours si compliquées entre eux alors qu'elles étaient si simples avec les autres ?

Cette journée commença donc comme toutes les autres depuis quelques semaines. Désormais, Tom avait trouvé une place bancale dans le petit groupe d'amis que formait Aéla, Björn, Sibbie et Darrick ; ce dernier n'ayant pas réussi à se défaire de la sorcière suédoise depuis le bal de Noël, non pas que cela ait l'air de le gêner.

Tom s'asseya à la table des Serpentard pour le déjeuner, à côté d'Aéla et de Darrick, ne prenant même pas la peine de faire attention à leur conversation. De toute façon, cela l'intéressait peu, en général. Toutefois, cette-fois ci il lui fut bien compliqué de faire abstraction de l'excitation agaçante de Björn.

Allez, faire un tour dans le parc ne va pas vous tuer !
Björn, cher crétin de cousin, commença Sibbie d'une voix maternelle, il a plut toute la matinée ! Et toi, tu veux qu'on aille patauger dans la boue ?
Ça sera marrant.
Ça le sera moins quand le concierge nous courra après avec son balais parce qu'on aura crotté tous les couloirs de l'école, marmonna Darrick.
Vous êtes des sorciers ou des chats de salon ?

Sibbie et Darrick eurent l'air profondément choqués d'être comparés à des matous.

Et toi, Dunharrow, es-tu un sorcier ou un morveux de trois ans ?
Au moins, je sais m'amuser, moi !

La pique n'atteignit même pas l'ombre de Tom. Il n'avait jamais été drôle et ne revendiquait pas ce trait de personnalité. Il haussa les épaules et se pencha vers Aéla, qui se contentait simplement de manger ses tartines au miel.

Tu ne comptes pas le suivre dehors, n'est-ce pas ?
Pourquoi pas ? On est enfermés à l'intérieur depuis des jours à cause de la pluie. J'ai envie de prendre l'air.

Tom soupira bruyamment et lança un regard noir à Björn, lui en voulant d'avoir lancé une idée aussi stupide. Que feraient-ils si Aéla tombait malade ?




Sans trop savoir comment, Tom se retrouva dans le parc de l'école à regarder Darrick, Sibbie, le crétin de Dunharrow et Aéla se courir après. Leurs pieds pataugeaient dans la gadoue, projetant des éclaboussures partout, ce qu'il trouva particulièrement dégoûtant. N'avaient-ils pas passé l'âge de jouer dans la boue comme des enfants ? Pour sa part, il n'avait jamais eu l'enfantillage de jouer, ni dans la boue ni ailleurs, et il ne comptait pas commencer maintenant.

Il se contenta simplement de s'asseoir contre un arbre, le regard fixé sur une jeune femme aux cheveux auburn qui courrait après ses amis, un immense sourire sur le visage.

AH ! Björn ! hurla Sibbie, le visage recouvert de boue. Je vais te le faire payer !

Tandis que son cousin se bidonnait comme le dernier des imbéciles, Sibbie n'hésita pas une seule seconde à plonger les mains dans la boue et à en prendre deux pleines poignées. Lorsqu'elle se redressa, elle avança vers Björn d'un air menaçant, un sourire vicieux sur le visage.

N'y pense même pas ! s'insurgea Björn. Une demoiselle du grand monde ne jette pas de la boue sur les gens.
Tu fais partie de ma famille, alors ça ne compte pas. Et souviens-toi, cher cousin, que c'est toi qui a commencé les hostilités.
Mais-

Björn n'eut pas le temps de finir sa phrase. Sibbie lui jeta deux boules de boue au visage, avec une précision à faire pâlir le meilleur Attrapeur au Quidditch.

Le silence tomba sur leur groupe et le temps sembla ralentir, chacun regardant l'autre sans savoir ce qu'il se passerait ensuite.

Puis l'anarchie s'abattit dans le parc. De la boue vola dans tous les sens, obligeant Tom à bondir sur ses pieds pour éviter de se prendre une boule de boue perdue. Il fallait dire que ses « amis » étaient bien trop occupés à se courir après pour prendre le temps de viser correctement.

Tout se passa au ralenti, comme c'était toujours le cas lorsqu'une chose tragique ou désagréable était sur le point de se produire.

Tom vit Björn courir derrière Aéla, les mains pleines de boue. La jeune fille riait à gorge déployée et il se gorgea de ce son mélodieux, presque divin, qui était beaucoup trop rare à son goût. Mais le sol était trop glissant, saturé par l'eau des pluies diluviennes de ces derniers jours.

Aéla glissa, emportant Björn dans sa chute alors que celui-ci avait essayé de la rattraper.

Tom se précipita vers eux alors qu'ils éclataient de rire, déterminé à mettre fin à ces gamineries qui ne leur amèneraient que des ennuis. Ils étaient trempés, boueux et couverts de sueur ; c'était amplement suffisant pour aujourd'hui.

Cependant, il n'eut pas le temps d'atteindre Aéla.

Alors qu'elle essayait de se relever, Björn saisit cette occasion pour approcher ses lèvres de celle de la jeune fille.

Le sang ne fit qu'un tour dans le corps de Tom et la rage s'empara de lui, annihilant les dernières réserves qui lui restaient. Il se précipita sur Björn, le saisissant par le col de sa robe comme un on le ferait avec un rat d'égout et le jeta en arrière, bien loin d'Aéla. Tout son visage s'était transformé, méconnaissable, inhumain, démoniaque. Ce n'était plus tout à fait Tom Jedusor qui faisait face à Björn mais un jeune homme au coeur noirci par la colère et à la volonté guidée par le désir de causer souffrance et destruction.

Björn Dunharrow n'eut jamais aussi peur de Tom qu'à ce moment-là.

Je... Je suis désolé, bafouilla-t-il.

Pour seule réponse, Tom éclata de rire tandis qu'Aéla se relevait derrière lui. Un rire qui fit froid dans le dos à tous ceux présents dans le parc. Un rire de fou. Un rire monstrueux.

Tom s'approcha lentement du garçon, comme un serpent s'approchant de sa proie, lentement, semblant glisser au-dessus du sol, hypnotisant son vis-à-vis et l'empêchant d'échapper à sa fureur. Puis, sans prévenir, sans donner le moindre signe de ce qui allait suivre, la main de Tom se serra en poing et frappa Björn au visage, en plein dans la mâchoire.

Un crac sonore troubla le silence de leur groupe mais aucun d'eux n'esquissa le moindre geste.

Ce ne fut que lorsqu'Aéla échappa un hoquet de surprise que la transe de Tom s'évapora. Le plaisir de faire du mal fut remplacé par l'incompréhension. Depuis quand se comportait-il comme un homme des cavernes ? Tom répugnait à user de la violence physique lorsqu'il était contrarié. Il préférait de loin la sournoiserie de la tourmente psychologique, elle était bien plus cruelle et plus durable. Mais que pouvait-il y faire désormais ? Il avait cédé à un besoin de possessivité, comme s'il devait absolument faire comprendre à Dunharrow qu'il ne devait pas toucher à ce qui lui appartenait. Il aurait pu pisser sur la jambe d'Aéla s'il n'avait pas eu le choix car, malgré ses grands airs et son désir d'être un sorcier unique, il n'en restait pas moins un homme. Un homme avec des penchants primaux, de toute évidence.

Monsieur Jedusor ! Monsieur Dunharrow ! tonna une voix, que les élèves reconnurent sans effort. Dans mon bureau, immédiatement !

Les Serpentard se tournèrent vers Dumbledore, planté sur les marches du château qui menaient au parc. Ils furent abasourdis de voir le directeur de Gryffondor avec un visage aussi sérieux, les yeux dépourvus de lueur malicieuse et joyeuse.

Dumbledore était en colère et mieux valait pour eux tous qu'ils lui obéissent sans poser de question.

Tom et Björn rejoignirent Dumbledore, l'un tête haute et fière, l'autre le visage baissé et la mâchoire rouge et gonflée. Sibbie, Darrick et Aéla, quant à eux, rejoignirent le château d'un pas pressés et se précipitèrent dans leur salle commune, autant pour échapper aux foudres de Dumbledore qu'à celle du concierge, qui n'hésiterait pas à leur tirer les oreilles s'il les prenait à laisser des empreintes de boue dans tous les couloirs de l'école.




Le bureau de Dumbledore avait toujours été un endroit fascinant pour Tom. Le sorcier possédé de nombreuses collections d'objets bizarres et de livres anciens, que Tom mourrait d'envie de lire.

Toutefois, il ne fut pas suffisamment idiot pour s'extasier sur un tel bric-à-brac ésotérique alors que Dumbledore s'asseyait sur son fauteuil, derrière son bureau, le dos droit et le regard fixé sur eux.

Adieu le Dumbledore bienveillant ! Bonjour le Dumbledore sous-directeur de Poudlard !

Je veux bien croire que vous êtes en pleine croissance, Messieurs, et que vos hormones de jeunes sorciers soient en ébullition mais, pouvez-vous m'expliquer ce qu'il vient de se passer dans le parc ? demanda Dumbledore, son ton ne souffrant d'aucune contradiction.

Tom jeta un coup d'oeil à Björn mais celui-ci gardait la tête baissée et dansait d'un pied sur l'autre, comme un enfant prit la main dans le sac et redoutant la punition. Il trouva cette attitude pathétique et puérile. Certes, Tom n'était pas fier d'avoir frappé un élève, et encore moins de s'être fait prendre sur le fait, mais il n'avait pas peur d'assumer sa faute, ni d'en subir les conséquences.

Dunharrow s'en prit à ce qui m'appartient, professeur, lâcha froidement Tom. Mon poing m'a alors échappé.
Cela m'étonne de vous, Tom, que vous ayez pris pour habitude de frapper tous ceux qui touchent à vos affaires.
Ce n'est pas une habitude, professeur.
Ah, non ? demanda Dumbledore, comme s'il n'en croyait pas un mot. Et qu'elle était donc cette chose à laquelle vous tenez tant, au point de frapper votre camarade ?

La tête de Björn se redressa et Tom lui offrit un regard noir. Un regard qui lui disait clairement de se taire, quand bien même Björn ne pouvait ouvrir la bouche sans souffrir le martyre à cause de sa mâchoire.

Une chose très importante, Monsieur, se contenta de répondre Tom.
Est-ce là votre explication ? Monsieur Dunharrow a touché quelque chose qui vous est très importante et vous le frappez en retour.
Oui, Monsieur, répondit Tom, après une brève hésitation.
Monsieur Dunharrow, quelque chose à ajouter ?

Björn hocha frénétiquement de la tête pour signifier qu'il n'avait rien à dire, et Dumbledore s'adossa contre son fauteuil, son visage se détendant alors qu'il entrait dans une profonde réflexion.

Ce genre de comportement est totalement interdit à Poudlard, Messieurs, fit Dumbledore d'une voix solennelle. En conséquence, et pour vous montrer que cette action ne restera pas impunie, vous aurez deux heures de retenue avec Miss Druaux, à la bibliothèque, dès ce soir.

Björn émit un couinement désespéré, ce qui sembla raviver la lueur malicieuse dans les yeux de Dumbledore.

Peut-être devriez-vous en profiter pour lire quelques ouvrages sur la bienséance et les bonnes manières. Et quelques autres de plus sur l'art de régler des conflits de manière civilisée et pacifiste.
Oui, professeur, marmonna Tom.

Dumbledore leur notifia leur retenue sur un bout de parchemin qu'il sortit d'une pile de grimoires dangereusement branlante, puis les deux garçons sortirent de son bureau sans demander leur reste et ils se séparèrent dans le couloir, sans même se jeter un dernier regard.

Après tout, pour quoi faire ? Aucun d'eux ne pouvait nier s'être comporté comme un rustre et tous deux avaient accepté de passer deux heures en compagnie de Miss Druaux, la très bavarde et très ennuyante bibliothécaire.




Les deux heures de retenue furent incroyablement longues et pénibles.

Björn et Tom avaient nettoyé et rangé tous les livres rendus de la bibliothèque, sous la supervision aléatoire de Miss Druaux qui avait passé plus de temps à leur parler de romance à l'eau de rose qu'à leur dire où trouver des chiffons et comment classer les ouvrages.

Ils s'étaient à peine parlés, chacun d'eux vaquant à leurs occupations sur une table se trouvant la plus loin possible de l'autre.

Les deux jeunes hommes semblaient être entrés dans une sorte de guerre froide où chacun ignorait la présence de l'autre, et cela convenait parfaitement à Tom. S'il existait une chose qu'il était certain d'accomplir avec succès, c'était d'ignorer l'existence de Björn Dunharrow.

Lorsqu'il rejoignit la salle commune de Serpentard, il était si tard qu'il fut surpris de voir la moitié de ses camarades encore debout, assis sur les fauteuils et canapés, pris des discussions qui semblaient les maintenir éveillés depuis des heures.

Cependant, le brouhaha des conversations cédèrent brusquement la place aux chuchotements à son arrivée, ne laissant aucun doute à Tom sur le fait qu'il était l'objet des commérages de ses camarades.

Il détestait cela ! Il détestait être traité comme une bête de foire, accusé d'un crime pour lequel on ne lui laissait ni la chance de s'expliquer ni celle de se défendre.

Tom s'avança fièrement au milieu de la salle commune, refusant de se sentir mal à l'aise sous les regards curieux des Serpentard, puis il se tînt face à eux, le corps tendu et le visage inexpressif.

Quoi ? demanda t-il simplement mais d'un ton si tranchant, qu'il fit sursauter tout le monde.

Visiblement, les Serpentard s'étaient attendus à ce qu'il continue son chemin vers son dortoir, sans leur accorder la moindre importance comme il le faisait d'ordinaire. Mais aujourd'hui n'était pas un jour ordinaire ! C'était le jour où Tom faisait des choses inhabituelles, comme donner un coup de poing à un camarade, par exemple.

De tous les Serpentard, ce fut étrangement Abraxas Malefoy qui se leva de son fauteuil et s'avança vers lui. Le pauvre garçon était pathétique à traîner des pieds et se tordre les mains au point de manquer de se briser quelques doigts.

Abraxas était nerveux et cela ravit le coeur de Tom. Il adorait voir la panique qu'il causait chez ses camarades, le malaise qu'il créait dans une pièce par sa simple présence. Cela démontrait qu'il n'était pas un sorcier comme les autres, qu'il ne faisait pas partie de ceux dont on pouvait ignorer l'existence.

On... On a entendu dire que tu t'étais battu avec... Avec Björn. C'est vrai ?
A ton avis ? crachat Tom. J'arriverais avec deux heures de retard pour le simple plaisir de répondre à tes questions stupides ?!

Abraxas sembla se liquéfier sur place, se faisant plus petit qu'il ne l'était déjà, devenant plus livide que le Baron Sanglant.

Alors, c'est vrai ! trancha Walpurgia Black, en se levant du canapé. Pourquoi tu t'es battu ?
Ne vous battez-vous donc jamais ? s'impatienta Tom. Pourquoi cette histoire vous intéresse t-elle tant ?
Parce que, toi, tu ne te bats jamais, répondit Walpurgia. Et tu méprises toujours ceux qui le font.

Tom prit une profonde inspiration. Il dut avouer à lui-même que Walpurgia avait raison, il avait toujours méprisé ceux qui se battaient comme des animaux pour une raison ou une autre.

Pourtant, il ne pouvait pas simplement dire à ses camarades qu'il avait perdu son sang-froid pour une fille, quand bien même s'agissait-il d'Aéla. Il ne voulait pas perdre la face devant les Serpentard.

Björn Dunharrow m'a insulté, dit-il avec le plus grand sérieux. J'ai fait en sorte que sa misérable bouche ne puisse plus jamais recommencer.

Walpurgia fronça les sourcils et examina Tom avec attention. Puis elle partit dans un grand éclat de rire, immédiatement suivie du reste de leur camarade.

Dunharrow est vraiment un crétin inconscient !

Et sur cette phrase, Walpurgia retourna auprès de ses amis avec Abraxas et la curiosité des Serpentard au sujet de Tom prit fin.

Le jeune homme balaya la salle du regard et trouva les yeux d'Aéla, assise près des vitres donnant sur les profondeurs du lac. Il s'assit près d'elle, posant sa main sur l'accoudoir du fauteuil et s'autorisa à laisser glisser le bout de son petit doigt sur le dos de la main d'Aéla.

La peau douce d'Aéla se couvrit de frissons, ce qui arracha un sourire satisfait à Tom.

Pourquoi tu as menti ? demanda Aéla, osant à peine le regarder dans les yeux.
Je ne pouvais pas leur dire que, pendant deux secondes, je me suis comporté comme un troll ! s'insurgea Tom.

Cela eut au moins l'effet de faire rire Aéla et les yeux bleus de la jeune fille captura le regard de Tom.

Tu n'aurais pas dû faire ça.
Non, je n'aurais pas dû, souffla Tom, avec un sourire carnassier. Mais si jamais ce crétin ose encore essayer de t'embrasser, je le transforme en bouse de dragon !

Et Tom fut si sérieux qu'Aéla ne douta pas un seul instant qu'il était prêt à le faire. Elle hocha la tête et se réinstalla dans son fauteuil, admirant le ballet apaisant des poissons du lac tandis que le petit doigt de Tom dessinait des arabesques sur le dos de sa main.

Si Aéla ne voyait pas du coin de l'oeil son ami Björn, assis dans un canapé à l'autre bout de la salle commune, près de Sibbie, en train de se masser douloureusement la mâchoire ; cela aurait pu être une soirée parfaite.

Oui, ça aurait pu.

Tale of Jedusor : les jeux du sortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant