Tale of Jedusor : les jeux du sort

I.XII « Le livre du silence »

Tom fronça des sourcils et d'un simple mouvement de baguette, il dévia le sort qui alla s'abattre sur un vieux chêne derrière lui. L'arbre frémit pendant quelques secondes avant de retrouver son statisme habituel.
Le garçon se retourna vers la jeune fille qui se trouvait à quelques mètres devant lui et poussa un long soupir d'ennui. Il avait l'impression de perdre son temps. Voilà des semaines qu'il avait repris les cours de Sortilège avec Aéla et, bien qu'elle ait fait des progrès indéniables pendant les premiers jours, aujourd'hui elle stagnait à un niveau que Tom ne jugeait pas assez bon pour une sorcière.

— Est-ce que c'est si compliqué que ça de me lancer le sort du Blocenjambe ? siffla t-il. Je n'ai pas que ça à faire alors dépêches toi de réussir !

Aéla fit une grimace et reprit sa position de duel, sa baguette tendue devant elle comme une arme prête à s'abattre sur Tom.
En vérité, le problème n'était pas que la jeune fille n'ait pas les capacités pour jeter ce simple sort, qu'ils avaient appris quelques jours plus tôt au cours de Hammond, mais plutôt le froid mordant de l'hiver qui la faisait trembler de tout ses membres et la rendait incapable de se concentrer sur autre chose que le bout de ses doigts gelés. Elle fit un vague mouvement de poignet et une lueur bleutée jaillit de sa baguette pour frapper Tom au niveau des jambes. Cependant, la corde qui s'enroulait autour de Tom se dématérialisa aussi vite qu'elle était apparue.
Il était impossible pour Aéla de se concentrer sur autre chose que la neige glaciale qui s'infiltrait dans ses chaussures, les flocons qui lui fouettaient le visage, le vent qui lui glaçait les doigts ou emmêlait ses longs cheveux.

— C'est bon ! J'abandonne ! Je perds vraiment mon temps ! marmonna le jeune garçon.

Tom aurait voulu rejoindre l'école d'un pas rageur mais le professeur Dumbledore ne lui en laissa pas l'occasion. Il se tenait devant eux, son éternel sourire espiègle sur les lèvres, son regard oscillant entre Aéla et Tom.

— Il est temps d'y aller, Aéla ! chantonna Dumbledore. Le Poudlard Express n'attend pas, hélas !

Le regard de la jeune fille s'assombrit brusquement. Aéla n'avait aucune envie de retourner chez les Hungard pour les vacances de Noël et elle s'évertuait à le faire comprendre, de n'importe quelle manière.

— Vous êtes sûr que le départ du train ne peut pas être retardé ?
— J'aimerais que cela soit en mon pouvoir, avoua Dumbledore, mais ce n'est pas de mon ressort.
— J'arrive, se résigna la jeune fille.

Aéla rangea sa baguette dans une poche de sa robe et ramassa d'un geste las son sac qui gisait au pied d'un arbre. Elle s'approcha timidement de Tom mais la raideur du garçon ne l'engagea pas à aller plus loin. Au moins, cette fois-ci elle avait l'occasion de le voir une dernière fois avant de prendre le train ! Toutefois, elle lui offrit un bref sourire avant de rejoindre Dumbledore qui l'accompagna jusqu'à Pré-au-lard.
Pendant ce temps, Tom retourna aux Cachots, vaguement soulagé du départ d'Aéla. Voilà des semaines que, chaque jour, il l'aidait avec les sorts informulés et si cela fatiguait la jeune fille, lui aussi semblait être terrassé par l'effort. Il s'affala sur son lit et rouvrit le livre de Gravey à la page de la famille Gaunt. Depuis tout ce temps, il l'avait gardé avec lui. Tom refusait de le ramener à la Réserve tant qu'il ne saurait pas l'entière vérité sur ses origines. Il feuilleta les quelques pages qui parlaient de sa mère, les relut une énième fois puis referma sèchement le bouquin en se résignant à ne rien découvrir de nouveau. Il fixa son regard au plafond en se demandant comment débuter les vacances de Noël. Devait-il s'infiltrer dans la Réserve pour aller dérober un nouveau livre ? Au contraire d'Aéla, il ne bénéficiait pas de la protection du Baron Sanglant pour cela. Flâner dans l'école à la recherche d'un serpent à qui parler ? Il était peu probable qu'à cette période de l'année un reptile montre le bout de son nez. Se moquer des élèves d'autres maisons qui, comme lui, restaient à Poudlard pour les vacances ? Il le faisait tous les jours ! Tom soupira bruyamment et se contenta de rester allonger sur son lit, à fixer le plafond en se disant que même si aider Aéla le fatiguait, au moins cela avait l'avantage d'occuper ses journées.
Pour Tom, les vacances promettaient d'être lugubres d'ennui.