Noël était toujours une période enchanteresse, chère au coeur des sorciers. Aux premières neiges, à l'approche du vingt-cinq Décembre, il flottait dans l'air une allégresse qui s'emparait même des coeurs les plus incorruptibles. Les sourires envahissaient tous les visages, les rires remplaçaient les grimaces, les batailles de boules de neige faisaient loi et les sapins garnis de boules et de guirlandes s'offraient gaiement à la vue de tous les sorciers de Poudlard.
Aéla adorait cette période de l'année où tous ses soucis semblaient s'envoler, disparaître, dès que les chants de Noël se répandaient comme une traînée de poudre dans l'école. Bien qu'elle ne puisse pas pousser la chansonnette avec ses camarades, et notamment Sibbie qui s'en donnait à coeur joie, la jeune femme partager la joie de ses camarades, offrant même aux plus mesquins un sourire qui faisait fondre les coeurs.
Et parmi tous ses coeurs, il y en avait un qui succombait à son charme plus que les autres.
Aéla et Tom semblaient avoir trouvé un équilibre, une harmonie, qui rendait les filles jalouses et les garçons curieux. Il était devenu rare de les voir séparés car plus Noël approchait et plus ils devenaient indissociables de l'autre, au grand damne de certains élèves dont faisaient partie Björn Dunharrow et Elayne Wisby. Tous les prétextes leur semblaient bons pour les séparer mais Tom et Aéla vivaient dans leur bulle. Ils ne faisaient rien de plus que d'être ensemble pour prendre leur repas, lire un livre ou simplement se promener. Il était rare de les voir discuter car ils se complaisaient seulement dans la présence de l'autre. C'était tout ce qui semblait leur importer.
Pourtant, il y avait bien quelque chose qui semblait rendre fous tous les jeunes sorciers de Poudlard, occupant leur esprit jour et nuit, les faisant courir d'un bout à l'autre des couloirs ; c'était le bal de Noël. Une véritable institution à Poudlard ! Un événement que chaque sorcier ayant le privilège d'apprendre la magie dans cette école, se devait d'y assister.
Aéla avait dû batailler âprement avec les Feynes, notamment Jédédiah, pour pouvoir rester à l'école pendant les vacances de Noël. L'inspecteur avait eu du mal à comprendre que la jeune femme veuille rester aussi loin de sa famille pour les fêtes, mais face aux lettres insistantes d'Aéla et sa promesse de revenir à la maison dès les prochaines vacances, il avait fini par céder. Elle était donc folle de joie et brûlait d'impatience d'assister au bal, que le directeur de l'école leur avait promis grandiose.
Enfermées dans leur dortoir depuis le début du week-end avant le bal, Sibbie et Aéla essayaient chaque vêtement qui leur tombait sous les mains, réalisaient chaque coiffure à la mode qu'elle trouvait dans la Gazette du Sorcier, apprenaient tous les pas de danse connus ou inventés. Plus le soir du bal approchait, plus les jeunes étaient fébriles, à l'instar de leurs camarades.
Une guerre sembla avoir lieu au sein de l'école, les élèves les plus populaires s'étant jetés sur les cavaliers et cavalières les plus en vue. Ne restait plus aux autres qu'à se donner du courage pour trouver un ou une partenaire avec qui aller au bal. La tâche semblait être facile, pourtant bon nombre de jeunes garçons et de jeunes filles se dégonflèrent à la dernière seconde, devenant la risée de l'école jusqu'à ce qu'un autre élève échoue lamentablement à inviter une moitié aux festivités.
De son côté, Aéla n'avait pas encore trouvé le courage nécessaire pour inviter quelqu'un au bal. Elle aurait pensé que parmi le peu de garçons qu'elle connaissait, Björn l'aurait invité en premier mais, apparemment, le jeune homme semblait bien plus intéressé par le Quidditch que par le bal. Il ne restait plus que Tom, dont elle espérait qu'il aurait plus de courage qu'elle pour lui demander de l'accompagner. Aéla s'imaginait déjà à son bras, entrant dans la Grande Salle et dansant jusqu'au bout de la nuit. Mais Tom était-il vraiment du genre à aller s'amuser à un bal ?
La jeune fille soupira sombrement, observant d'un air dépité la housse qui pendait dans son armoire et qui abritait la robe qu'elle avait prévue de porter pour l'occasion. C'était un vêtement qu'elle avait spécialement choisi pour ce bal et pour Tom. Elle avait fait une dizaine de boutiques avec Poppie avant de trouver la bonne robe, après en avoir essayé des centaines et trouvant des défauts là où il n'y en avait pas.
— Tu comptes attendre encore longtemps ? demanda Sibbie, s'essuyant à côté d'Aéla sur son lit. Ça fait une semaine que toi et Jedusor vous tournez autour sans qu'aucun de vous d'eux n'ouvre la bouche !
— C'est pas aussi simple que ça.
— Moi, je trouve que si. Quand j'ai demandé à Darrick de venir au bal avec moi, je n'en suis pas morte.
Aéla repensa à ce moment, dans la grande salle, alors que tous les élèves restés pour les vacances prenaient leur petit-déjeuner. Sibbie avait déboulé comme une furie, avec une détermination presque effrayante sur son visage, et s'était planté devant Darrick Selwyn, les deux mains sur les hanches, ne lui laissant aucune échappatoire. Le silence avait envahi la grande salle, même les professeurs et Dippet n'osaient plus discuter, attendant avec curiosité et appréhension la suite des événements. Sibbie avait simplement lâché : « Tu viens avec moi au bal, ou non ? », ce à quoi le pauvre Darrick avait répondu par un simple hochement de tête, trop abasourdi pour pouvoir formuler des mots. Puis, satisfaite de la réponse, Sibbie était allée s'asseoir à côté d'Aéla pour prendre son petit-déjeuner, le sourire aux lèvres et agissant comme si tout fut parfaitement normal.
Sibbie Dunharrow était une jeune femme de caractère, qui avait du cran et qui ne se laissait pas marcher sur les pieds. En somme, elle était le parfait contraire d'Aéla.
— Je doute que Tom apprécie que je lui demande de m'accompagner au bal de la même manière que tu l'as fait avec Darrick.
— Qui sait ?! s'exclama Sibbie en ouvrant un paquet de chocogrenouille. Parfois, il vaut mieux ne pas laisser le choix aux hommes, c'est ce que dit toujours ma mère. Sinon, on pourrait attendre des siècles avant qu'ils ne prennent des initiatives ! Si j'avais dû attendre que Darrick m'invite au bal, j'aurais fini par devoir y aller avec toi !
— Ça aurait été si terrible ? demanda Aéla avec taquinerie.
— Tu sais bien que non ! Mais, franchement, arrête de te tracasser autant. Ce n'est que pour une soirée et ce n'est qu'une simple question. Qu'est-ce qui pourrait mal se passer ?
— Qu'il refuse d'y aller avec moi.
— Foutaise ! Avec qui d'autre voudrait-il aller au bal ? se demanda Sibbie en fourrant un chocolat dans sa bouche. Il serait vraiment idiot de refuser d'être ton cavalier.
Le problème, c'était que parfois, dans de rares moments où il était pris au dépourvu, Tom Jedusor pouvait se montrer particulièrement idiot. Mais n'était-elle pas plus idiote à se cacher dans sa chambre pour éviter d'affronter Tom ? A ce rythme là, elle n'aurait plus d'autre choix que d'aller au bal au bras du Baron sanglant.
Aéla prit une profonde inspiration et se leva d'un bond de son lit, prise d'une nouvelle résolution.
— Ça y est ! signa t-elle avec des gestes fermes. Je vais aller voir Tom et lui demander d'être mon cavalier pour le bal.
— Ah ! Voilà ! s'exclama Sibbie, manquant de peu de s'étouffer avec un morceau de chocolat. Ça c'est ma meilleure amie ! Fonce, Aéla !
Ce fut exactement ce que la jeune femme fit, galvanisée par les encouragements de son amie et la certitude que rien ne pouvait mal tourner.
Il ne lui fut pas difficile de trouver le jeune homme. Depuis plusieurs semaines, Aéla avait pris conscience qu'il lui suffisait de se fier à son instinct pour retrouver Tom dans le château, que celui-ci soit dans leur salle commune ou dans le parc, il semblait toujours savoir où Tom se trouvait. C'était comme si un fil les reliait et il suffisait que l'un d'entre eux tire dessus pour que l'autre le sente et apparaisse comme par enchantement.
Cette fois là ne fit pas exception. Aéla trouva Tom assit sur un fauteuil de la salle commune, un livre à la main comme à son habitude, étrangement solitaire parmi leurs quelques camarades qui jouaient aux échecs ou papotaient gaiement en mangeant des gâteaux subtilisés à la table des Poufsouffle pendant le goûter. Elle s'assit près de lui, sur un autre fauteuil et l'observa lire, n'osant pas l'interrompre. La lecture était tellement sacrée pour Tom !
— Pourquoi tu me regardes comme ça ? demanda paisiblement Tom, en chuchotant. J'ai un truc sur la figure ?
Il leva les yeux de son livres et les posa sur la jeune femme à côté de lui, l'ombre d'un sourire étirant ses lèvres l'espace d'un infime instant.
Aéla l'observa avec attention, essayant de trouver un défaut sur le visage de Tom pour semer le doute dans l'esprit du garçon mais n'en trouva aucun. Physiquement, il était parfait. C'était moralement que les choses se corsaient mais elle préférait ne pas y penser pour l'instant.
Face à cette inspection silencieuse, Tom fronça les sourcils et passa une main sur sa joue, à la recherche du défaut qui attirait tant l'attention d'Aéla.
— Tu n'as rien ! signa t-elle, enlevant la main de Tom de son visage. Tu es parfait, comme toujours.
Elle crut voir les joues de Tom rosirent mais cela fut si bref qu'elle ne pouvait en être certaine. Cependant, dans son coeur, elle jubilait à cette idée.
Tom s'éclaircit la gorge, posa son livre sur la table basse en face de lui et se tourna vers Aéla.
— Il y a quelque chose qui ne va pas ? demanda t-il sombrement, prêt à régler le moindre problème de la jeune femme par la force s'il le fallait.
— Tout va bien. Du moins, ça pourrait mieux aller si-
Aéla n'eut pas le temps de finir de signer sa phrase, à sa plus grande frustration et celle de Tom. Zelda Winshow, une de leur camarade, déboulait dans la salle commune avec trois robes dans les bras. Son regard fit le tour de la salle et se posa sur Tom, vers qui elle se dirigea d'un pas sautillant.
Aussitôt, le jeune homme se raidit sur son fauteuil. Soudain, il ne voulait plus être là. Il ne voulait plus qu'Aéla soit là, non plus. Il voulaient qu'ils soient très loin de ce château, de la salle commune, de Zelda Winshow.
— Tom ! s'exclama Zelda, en se plantant devant eux. Ça fait une heure que je te cherche dans tout le château.
— Comme tu peux le voir, je ne suis pas aussi difficile à trouver, répliqua vertement Tom.
— Ce que tu peux être drôle ! commenta t-elle dans un rire qui la fit passer pour une bécasse. Je veux avoir ton avis pour ma robe.
— Mon avis ?
— Et bien, oui ! En tant que mon cavalier, tu as ton mot à dire sur la robe que je vais porter demain soir.
Aéla perdit brusquement son sourire. Son souffle se coupa et elle vit flou pendant quelques secondes. Qu'est-ce que Zelda Winshow venait de dire ? Venait-elle de sous-entendre que Tom était son cavalier pour le bal de Noël ? Elle n'osait pas y croire. Pourtant, le sourire étincelant de sa camarade laissait peu de place au doute. Elle tourna tout de même son regard vers Tom, l'implorant presque de nier l'évidence, mais Tom ne la regardait pas. Il avait le visage obstinément tourné vers Zelda, froid et impassible. Dangereusement inexpressif.
— Je n'en ai rien à faire de ta robe ! siffla t-il. C'est déjà trop d'honneur que j'ai accepté de t'accompagner à ce bal idiot parce que tu m'as pris au dépourvu à la bibliothèque ! Ne t'attends pas à ce que je m'implique plus que je ne le suis déjà, avec toi.
Zelda aussi perdit son sourire mais sauva les apparences en levant les yeux au ciel, et repartit dans sa chambre dans le bruit de froissement de ses robes.
Aéla avait les larmes aux yeux et les retenir lui demanda une force qu'elle n'avait pas. Quelques unes coulèrent sur ses joues, lui donnant l'impression qu'elles lui déchiraient la peau, ce qui n'échappa pas à Tom.
Il se tourna plus franchement vers Aéla et lui prit une main. Une main que la jeune fille lui arracha, refusant d'avoir le moindre contact avec lui. Elle était trop furieuse. Trop peinée. Trop choquée.
— Je te jure que ce n'était pas prévu, souffla Tom, espérant ne pas attirer l'attention de leurs camarades alentour. Je n'avais pas l'intention d'y aller avec Zelda mais elle m'a piégée !
— Comment a-t-elle fait pour piéger le grand Tom Jedusor ? demanda Aéla avec des gestes furieux. Comment une telle chose a été possible ?
— Je ne suis pas infaillible, Aéla ! s'exclama Tom, s'énervant à son tour.
— Pourtant tu t'évertues toujours à dire le contraire ! A dire qu'aucun idiot, comme cette Zelda, ne pourra jamais t'avoir.
— Et bien, il faut croire qu'elle n'est pas aussi idiote que tu sembles le croire, cracha Tom.
Aéla eut un hoquet de surprise et se leva comme si le fauteuil était en flammes. Elle quitta la salle commune d'un pas furieux, pressée de s'éloigner de ses camarades pour leur cacher ses larmes et sa peine.
Une fois de plus, Tom Jedusor venait de briser son rêve éveillé. Une fois de plus, il venait de lui briser le coeur.
Les pas d'Aéla la menèrent dans le parc, près du terrain de Quidditch où elle aperçut Björn s'entraîner à son poste d'Attrapeur. Elle se souvint vaguement que son ami avait succédé à Tom, qui avait quitté l'équipe car il estimait ne plus pouvoir en retirer aucune gloire, après d'âpres sélections qui l'avait empêché de dormir pendant des semaines.
Pourtant, dès qu'il vit la jeune femme à l'air hagard aux abord du terrain, Björn délaissa son entraînement et la rejoignit à grandes enjambées. Il n'avait pas besoin d'une boule de cristal pour savoir qui lui causait autant de peine et ça le mettait dans une colère terrible.
— Encore Jedusor ? demanda t-il en posant son balai contre la rambarde des gradins. Qu'est-ce qu'il a fait cette fois ?
— Rien d'important.
— Si ça te rend malheureuse, c'est important ! la contredit Björn. Dis moi ce qu'il t'a fait et j'irais lui régler son compte.
— On sait tous les deux que tu ne le fera pas.
Björn eut un pincement au coeur. Non pas qu'Aéla ait tord, il aimait provoquer Tom Jedusor mais n'irait jamais jusqu'à mettre ses menaces à exécution, non pas qu'il ait réellement peur de lui mais plutôt parce qu'il savait que la jeune femme ne lui pardonnerait jamais.
Il posa une main sur l'épaule d'Aéla, profitant de sa chaleur alors même qu'elle tremblait de froid, n'ayant pas pris de manteau avant de s'enfuir de la salle commune de Serpentard. Björn enleva sa cape de Quidditch et la lui mit sur ses épaules, prenant soin de l'emmitoufler dedans.
— Qu'est-ce que tu fais ? s'étonna Aéla. Tu vas attraper froid !
— Ce n'est pas grave si je tombe malade. En revanche, je ne me le pardonnerais jamais si je te laissais mourir de froid. Et Sibbie non plus, d'ailleurs.
— Merci, Björn.
Aéla lui offrit un sourire sincère qui fit battre le coeur du jeune homme un peu plus vite, un peu plus fort. Il sentit ses joues rougir et du baisser son visage dans son écharpe pour pas qu'Aéla le surprenne. Il voulait être beaucoup de chose pour la jeune femme mais certainement pas un garçon au coeur d'artichaud !
Après avoir repris ses esprits, il trouva le courage de faire à nouveau face à Aéla.
— En fait, ça tombe bien que tu sois là ! Je voulais te le demander depuis longtemps mais avec les entraînements, les devoirs et... Tout, je n'ai pas eu le temps, bredouilla t-il en dansant d'un pied sur l'autre. Est-ce que... Est-ce que tu veux bien m'accompagner au bal ?
Aéla ne savait pas quoi dire. Certes, elle avait espéré y aller avec Tom mais avoir Björn pour cavalier, n'était-ce pas encore donner de faux espoirs au jeune homme ? Elle ne voulait pas lui faire du mal, ni passer pour une opportuniste. Pourtant, Björn était le cavalier idéal : charmant, excellent danseur et galant. Après tout, ce n'était peut-être pas si mal.
— Je serais honorée d'être ta cavalière.
— Vraiment ? demanda t-il, ne croyant pas à sa chance.
— Vraiment !
Le jeune homme explosa de joie, attirant l'attention des membres de son équipe, qui se moquèrent aussitôt de lui. Björn ne leur prêta aucune attention, trop heureux, et prit Aéla dans ses bras, la remerciant mille fois encore d'être sa cavalière.
Euphorique, il reprit son balai et s'élança sur le terrain, ayant un regain d'énergie pour terminer son entraînement.
Aéla s'installa dans les gradins, bien décidé à regarder les progrès de son ami au poste d'Attrapeur malgré le froid et l'humidité de la neige. Au fond d'elle, elle savait que ce n'était qu'une piètre excuse pour ne pas avoir à rentrer au château et affronter un jeune homme au regard sombre et au venin létal.
Le soir du bal arriva avec une rapidité surprenante. Toutes les filles de l'école avait sombrés dans une folie d'avant bal qui effraya quelque peu les garçons, qui les regardèrent courir d'un bout à l'autre du château avec des tas de robes, les cheveux en bataille ou à moitié coiffé, des bijoux emmêlés entre leurs doigts. Ce fut un spectacle saisissant auquel les professeurs de l'école assistèrent avec délectation, espérant tout de même que tous les élèves seraient prêts à l'heure pour l'ouverture du bal.
A dix minutes du lancement des festivités, Aéla s'observait encore dans le miroir, lissant le tissu de soie gris acier de sa robe. Celle-ci était absolument somptueuse de par son noble tissu, mais aussi grâce aux petites perles nacrées qui couraient partout sur le vêtement, accrochant chaque brin de lumière, lui donnant l'air d'une fée sortie d'un conte merveilleux. Sibbie elle-même était restée bouche-bée devant Aéla avant que Darrick ne la presse de le rejoindre à travers la porte de leur chambre.
Aéla se trouva belle. Du moins, assez jolie pour ne pas avoir à rougir de honte face à ses camarades, bien plus habituées qu'elle à assister à ce genre de fête.
Elle sortit de sa chambre et, relevant à peine les yeux du sol, traversa un nuage glaciale qui lui donna des frissons jusqu'à son âme. Sauf que ce n'était pas un nuage mais un fantôme, et pas n'importe lequel ! Le Baron sanglant.
Tous deux s'observèrent en silence, ni l'un ni l'autre ne s'étant attendu à croiser le chemin d'une autre âme dans le château. Le fantôme de Serpentard toisa la jeune fille de son regard sévère, des pieds à la tête, lui faisant craindre une flopée d'injures et moqueries comme il avait l'habitude de le faire avec ses camarades. Sauf qu'à bien y réfléchir, Aéla fut incapable de se souvenir d'une seule fois où le Baron s'était montré injurieux avec elle.
— Très élégante, ce soir, maugréa le Baron. Bonne soirée !
Puis, sans autre remarque, il s'éleva vers le plafond et le traversa, laissant Aéla dubitative.
Cependant, elle n'eut pas le temps de réfléchir au comportement étrange du spectre car Björn arrivait vers elle, vêtu d'un élégant costume noir, ses cheveux blonds gominés. Il affichait un sourire radieux et lui accorda un baise-main désuet qui la fit rire.
— Quoi ? s'offusqua Björn. Ce n'est pas comme ça que font les princes dans les contes pour moldus ?
— Si, mais cette époque est révolue.
Björn haussa les épaules et lui offrit son bras pour la conduire jusqu'à la grande salle où aurait lieu le bal.
Aéla resta indécise quelques instants, s'attendant à ce que Björn fasse une remarque sur sa robe ou la coiffure complexe que Sibbie avait mis des heures à lui faire, mais le jeune homme semblait trop excité par la soirée pour remarquer ce genre de détail.
Elle glissa sa main dans le creux de son coude et se laissa conduire jusqu'à la grande salle.
A leur arrivée, ils furent surpris de voir la quasi-totalité des élèves de Poudlard déjà en train de danser ou siroter des flûtes de bièrauberre.
Aéla eut à peine le temps d'esquisser un pas de danse avec Björn, que celui-ci se retrouva happé par le professeur Garvett, enseignant le vol sur balai, qui voulait absolument que le jeune homme lui raconte sa sélection dans l'équipe de Serpentard. Bien que désolé de devoir abandonner sa cavalière aussi tôt dans la soirée, Björn se fit un devoir de répondre au professeur, y prenant même un plus de plaisir qu'à danser en compagnie d'Aéla.
— Ton cavalier est vraiment un crétin, souffla une voix au creux de son oreille, lui donnant des frissons incontrôlables. Comment ose-t-il t'abandonner comme ça ?!
Aéla se tourna vers Tom et resta un moment interdite face à l'élégant jeune homme, vêtu d'un costume au pantalon noir et à la veste en velours vert foncé, une cravate argenté autour du cou.
Le jeune homme ne se priva pas non plus d'observer Aéla, appréciant la beauté de sa robe comme s'il s'était agi d'une oeuvre d'art rare et précieuse. Cependant, il ne fut pas sûr que la beauté d'Aéla lors de cette soirée ne fut dû qu'à sa robe et non pas à la jeune fille elle-même.
— Où est ta cavalière ? demanda Aéla, parvenant à peine à signer tant leurs camarades la bousculaient en dansant.
— Je l'ai semé dans la foule. Il est hors de question que cette greluche me fasse danser !
— Donc je n'ai plus de cavalier et toi non plus.
— Oui. C'est presque trop beau pour être vrai, souffla Tom pour lui-même, sa voix inintelligible dans le bruit de la fête. Est-ce que tu veux danser ?
Tom sursauta face à sa propre spontanéité. Cela lui avait échappé, comme si son coeur voulait à tout prix assouvir cette envie, ce désir qui brûlait au fond de lui depuis qu'il avait vu Aéla au bras de Björn.
La jeune femme pencha la tête sur le côté, pas certaine d'avoir bien entendu. Tom Jedusor lui proposait-il vraiment de danser avec lui ? En public ?
Comme pour effacer tous les doutes qu'elle pouvait avoir, Tom prit sa main et l'entraîna au milieu de la foule, se réjouissant égoïstement d'être si proche d'Aéla qu'il pouvait sentir son souffle contre son cou.
— Tu es magnifique ! lui murmura t-il à l'oreille, appréciant les frissons qu'il vit naître sur sa peau d'albâtre. Je suis, assurément, le plus chanceux de la soirée.
Aéla lui offrit un sourire éclatant qui fit battre follement son coeur, lui faisant rater quelques pas de danse. Cependant, il se reprit bien vite et attira la jeune femme plus près de lui, collant presque leur corps l'un à l'autre, pour lui éviter d'être bousculer par la foule.
Aéla posa sa tête sur l'épaule de Tom et sa gorgea de sa présence, de son odeur et de sa force, laissant le jeune homme la guider au fil des danses.
Le reste du monde n'existait plus. Il n'y avait qu'eux deux, l'un contre l'autre, se balançant doucement au gré d'une musique qu'ils n'entendaient même pas, savourant l'instant parfait et divin que leur offrait le bal de Noël.
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Tale of Jedusor : les jeux du sort
Fanfiction« - Vous êtes faible ! Vous ne connaîtrez jamais l'amour. Je vous plains sincèrement ! Voldemort abaissa quelques instants sa baguette, un sourire grimaçant sur les lèvres. Qu'est-ce que ce sang-mêlé de Potter venait de lui dire ? Il eut terriblemen...