Beaucoup de choses avaient changés dans la vie d'Aéla ces deux derniers mois. A tel point que la jeune fille, qui ne savait plus parfois qui elle était vraiment ni si ce qui lui arrivait était la réalité, fut soulagée de retrouver la voie neuf-trois-quart comme elle l'avait quittée au début des vacances. Les Aurors parcouraient à nouveau le quai de long en large, naviguant entre les parents et les élèves sans toutefois leur prêter la moindre attention, mais cette année cela ne paraissait pas aussi menaçant. Certainement que l'ambiance détendue de cette année 1940 était dû au fait que Grindelwald se trouvait désormais en Bulgarie, où un de ces pays de l'Est que la Gazette avait peine à identifier. Le Mage avait été à deux doigts de se faire pincer par des détraqueurs pendant le mois de Juillet mais grâce à l'aide vicieuse d'adeptes du parti Nazi, il avait pu s'enfuir comme un lâche de l'autre côté de la Manche. Pour une raison qu'elle ignorait encore, cette nouvelle avait enragée Aéla pendant des jours. Elle n'avait jamais prêtée une grande attention à la traque de Grindelwald, simplement au fait que Dumbledore y avait prit part, mais savoir que l'on avait été aussi près de l'enfermer à Azkaban et qu'il en avait réchappé, ça la mettait hors d'elle.
Toujours fût-il que la menace du Mage était loin de l'Angleterre, de Londres et donc, de Poudlard !
— J'espère que l'on a rien oublié ! fit Poppie en relisant une énième fois la liste des fournitures de troisième année. Je ne sais pas qui a rédigé cette liste mais c'est illisible !
— Chérie, t'énerves pas ! Aéla a tout ce qu'il lui faut... N'est-ce pas ?
— Oui. J'en ai même plus qu'il ne m'en faut, les rassura la jeune fille avec son plus beau sourire.
— Mieux vaut en avoir trop que pas assez. Et s'il te manque quoi que ce soit, tu nous le dis tout de suite ! On t'enverra le tout par colis... Enfin, je veux dire par hibou !
Poppie échappa un rire gêné. Bien que les Feynes s'habituaient incroyablement bien et vite au monde des sorciers, certainement choses leur échappaient dont l'envoi du courrier par hibou. Poppie trouvait cela pas pratique tandis que Jédédiah craignait que les lettres ne se perdent dans la nature. Pourtant, ils avaient été enchantés de découvrir le Chemin-de-Traverse et avait même discutés longuement avec des sorciers pendant qu'ils attendaient leurs commandes de livres.
Le Poudlard Express émit son premier sifflement, invitant les élèves à prendre place à son bord pour une nouvelle année à Poudlard. Aéla se tourna presque à contre-cœur vers les Feynes. Elle était heureuse de retourner à l'école, de revoir Björn et Sibbie, et tous ses professeurs ; mais elle ne pouvait s'empêcher d'éprouver une certaine nostalgie en se rappelant les merveilleuses vacances passées auprès des Feynes. La jeune fille avait appris à monter à cheval sur Bucéphale qui s'était montré plus docile qu'escompté, elle avait apprit à nager un jour où le soleil avait dissipé les habituels nuages gris de Southampton et que le couple l'avait traîné à la mer, elle avait apprit à faire des pancakes avec des litres de sirop d'érable et Poppie lui avait même apprit une petit balade écossaise au piano.
— On se revoit aux prochaines vacances, souffla Poppie comme une prière en l'écrasant entre ses bras. Prends bien soin de toi ! Et n'oublis pas de nous écrire chaque semaine ! Je veux absolument tout savoir.
Aéla acquiesça, trop fébrile pour signer la moindre parole. Lorsque Poppie se résigna à la lâcher, la jeune fille alla s'échouer dans les bras du commissaire. Il portait son uniforme de police et, incroyablement, il avait la même odeur que le premier jour de leur rencontre. Sentant les larmes lui venir aux yeux, Aéla se détacha de Jédédiah.
— Fais bien attention à toi ! lui recommanda Jédédiah. Nous t'attendrons ici même aux prochaines vacances.
Une fois de plus, elle n'eut pas d'autre force que celle d'hocher la tête. Jetant un œil derrière elle, Aéla aperçut Björn et Sibbie qui l'attendaient devant la porte d'embarquement du wagon sept. Ils avaient dus juger bon de ne pas interrompre ces au revoir qui risquaient de devenir larmoyants d'une minute à l'autre.
— Vas-y ! fit Poppie en épongeant ses larmes avec un mouchoir. Tes amis t'attendent.
Un steward vînt chercher ses valises pour les charger à bord du train et, après s'être jetée une dernière fois dans les bras des Feynes, Aéla rejoignit ses deux compères qui l'accueillirent avec un grand sourire.
— Ils ont l'air bien ces gens ! s'exclama Björn. Mais tu as l'air changée.
— Crétin ! siffla Sibbie. Evidemment qu'elle a changé ! On a tous changés après deux mois de vacances !
Comme il était bon d'entendre à nouveau les chamailleries des deux cousins ! Aéla oubliait à chaque fois que cela lui manquait jusqu'à ce que ses amis lui hurlent de nouveau dans les oreilles. Björn leva les yeux au ciel, pas tout à fait convaincu, tandis que Sibbie et Aéla montaient dans le train. La jeune fille n'eut pas le courage d'aller plus loin.
— Qu'est-ce que tu fais ? demanda Sibbie en se retournant.
— Partez devant, je vous rejoindrais. Je dois faire un truc.
— Quand on aura trouvé un compartiment j'enverrais Björn te chercher.
— Pourquoi moi ? se plaignit le garçon. C'est toujours moi qui me déplace !
— Parce que c'est ce que fait un gentleman ! Tu en es un, oui ou non ? Alors arrêtes de te plaindre et avance, ajouta Sibbie comme Björn ne trouvait rien à répondre.
N'osant pas répondre à sa cousine, certainement parce qu'il savait qu'il ne gagnerait jamais à ce jeu, Björn suivit Sibbie en se contentant de soupirer fortement.
De son côté, Aéla resta dans le couloir et s'appuya contre une vitre derrière laquelle les Feynes lui faisaient de grands signes d'au revoir. Du moins c'était le cas de Jédédiah car sa femme était trop occupée à cacher ses émotions derrière une armée de mouchoirs.
Le Poudlard Express s'ébranla tandis que Björn arrivait en courant pour lui annoncer qu'ils avaient trouvés une place dans le compartiment treize. Aéla se contenta d'acquiescer tandis qu'elle faisait de grands signes aux Feynes qui suivirent le train jusqu'à ce que le bord du quai les empêche d'aller plus loin. La jeune fille resta collée à la vitre encore quelques instants et, une fois bien certaine que King's Cross était hors de vue, elle se retourna vers son ami mais Björn avait disparu. Il était certainement retourné dans le compartiment pour éviter de croiser le regard de ses parents sur le quai et de fondre en larmes. L'année dernière avait été éprouvante pour Björn dont la famille était encerclée par la menace de la guerre mais, heureusement, tout c'était arrangé pour le mieux. Tandis que la jeune fille rejoignait le compartiment treize, elle croisa sur son chemin un jeune élève qui avait l'air perdu. Il devait sans doute être en première année. Ses regards angoissés et son visage blême rappela à Aéla toutes les fois où elle s'était sentit perdue lors de sa première année à Poudlard. Ne pouvant ignorer ce pauvre garçon et continuer sa route comme si de rien n'était, ce qu'aurait fait n'importe quel Serpentard, elle posa une main légère sur l'épaule du garçon. Lorsque celui-ci se retourna, Aéla ne put s'empêcher de lever un sourcil étonné. Elle l'avait déjà vu quelques jours plus tôt sur le Chemin-de-Traverse, accompagné de ses parents qui discutaient avec les Feynes. C'était le garçon du couple de sorciers qu'ils avaient rencontrés à la librairie. Il hésita quelques instants, puis son visage s'illumina en se souvenant d'Aéla.
— Je sais plus dans quel compartiment je suis, avoua t-il, à demi honteux. Je crois que c'est le sept mais je suis pas sûr.
Aéla leva des yeux moqueurs vers le ciel et, poussant le garçon devant elle par l'épaule, changea de wagon.
Au final, il s'avéra que la garçon, qui avait l'original prénom de Nerva, s'était simplement trompé de wagon. Aéla le laissa avec ses amis, quelque peu surpris de voir le serpent argenté de sa maison sur sa robe de sorcier, qui ne purent s'empêcher de se moquer de leur camarade. Paraissait-il que Nerva avait la mémoire courte comme le lui avait soufflé une jeune fille qui avait grandit dans le même quartier que le garçon. Une fois certaine que Nerva ne risquait plus de se perdre dans le Poudlard Express, Aéla rejoignit son wagon et le compartiment où Sibbie et Björn l'attendaient. Il ne lui fallut que quelques secondes pour identifier la troisième personne qui occupait le compartiment. Tom ! Toujours égale à lui-même et se faisant un devoir d'ignorer le reste du monde tout en ne pouvant s'empêcher de le critiquer le plus durement possible. Lorsque la jeune fille entra, il était entrain de remettre Björn à sa place.
— Ah ! Te voilà ! s'exclama Sibbie, soulagée. Tu en as mis du temps.
— J'ai aidé un garçon qui s'était perdu.
— Il ne doit pas être intelligent pour se perdre dans un train, marmonna Tom.
Aéla lui lança un regard dur mais il ne la regardait pas. Il avait déjà détourné le regard par delà la vitre. La jeune fille soupira et s'assit à côté de Sibbie qui avait prit soin de lui garder une place.
— Allez, racontes-moi tes vacances ! Comment ça s'est passé ?
Sibbie le savait parfaitement car elles avaient échangées des lettres tous les deux jours pendant les vacances mais, comme l'ambiance s'était faite plus lourde, Aéla se fit un devoir de tout réexpliquer à son amie avec détails.
Sur la banquette d'en face, alors que plus personne ne lui prêtait attention, le regard de Tom se fixa sur Aéla. Il ne l'avait pas tout de suite remarqué lorsqu'elle était entré dans le compartiment mais désormais ce détail frappait le garçon avec la force d'une gifle : elle avait changé ! Il ne saurait dire avec exactitude ce qui était différent mais la jeune fille n'était pas la même que celle qu'il avait laissé sur le quai deux mois plus tôt. Ce couple de moldus lui avaient-ils fait quelque chose ? A priori non, Aéla respirait la santé et le bonheur comme jamais auparavant ! Et puis, il avait prit soin d'examiner longuement les moldus à King's Cross. S'il n'avait pas été certain de leurs bonnes intentions, il aurait fait un scandale pour que Dumbledore trouve une autre famille. Le problème venait donc d'ailleurs. Son regard s'attarda un instant sur les cheveux auburn d'Aéla. Ils paraissaient plus brillants, plus soyeux, comme un lac de rubis dans la nuit. Puis il s'aperçut qu'elle était moins fine et squelettique qu'autrefois. Sa peau pâle avait cédée la place à une couleur plus vivante, comme de la nacre aux reflets rosés sur les joues. Même ses yeux étaient plus bleus et étincelants. A vrai dire, Aéla n'avait pas simplement changé, elle était devenue plus belle qu'il y a deux mois ! Et ce qui dérangea le plus Tom, ce fut qu'il n'était pas le seul à s'apercevoir de cela. Il voyait bien les regards de biais que Björn jetait à la jeune fille et il aurait bondit de son siège pour lui arracher les yeux de ses mains s'il avait pu. Cependant, il se contenta de rester assit et d'afficher un air impassible digne d'une statue d'un Dieux de l'Olympe et perdit de nouveau son regard dans le paysage qui défilait derrière la vitre.
Soudain, la porte de leur compartiment s'ouvrit et une Serpentard entra avec un air profondément hautain qui aurait pu rivaliser avec celui de Tom si seulement il n'avait pas été feint. Elayne Wisby, une fille de troisième année à qui aucun d'entre eux n'avait jamais parlé, s'approcha et s'assit à côté de Tom en lui offrant un sourire qui faillit le faire exploser de rire si le garçon n'osciller pas aussi dangereusement entre l'incrédulité et la colère. Pour qui se prenait-elle ? Et il n'était pas le seul à être déconcerté, ni même agacé, par la nouvelle venue.
— Qu'est-ce que tu fiches là ? siffla Sibbie, matérialisant la pensée de tout le monde. Tu retrouves pas ton chemin jusqu'à ton compartiment ?
— Je suis là où je dois être, répondit Elayne d'un ton plus hautain que son visage.
— Ouais, bah, une tête-à-claque suffit amplement ! renchérit Björn en faisant une allusion peu subtile à Tom. Alors, avec le respect que je ne te dois pas Wisby, tu es prié d'aller voir ailleurs !
— Oh, le suédois montre les crocs ? Comme c'est amusant, fit-elle d'un ton blasé. Je ne changerais pas de compartiment mais, vous, rien ne vous empêche de partir.
Björn fut sur le point de répliquer sèchement lorsqu'Aéla posa sa main sur son bras pour le faire taire. Elayne était un pur serpent venimeux qu'aucune parole ne pouvait ramener à la raison. Si elle avait décidé de rester dans leur compartiment, elle y resterait quand bien même la foudre les frapperait ! Le garçon ravala son commentaire et se força à reprendre la lecture de son journal de Quidditch tandis que Sibbie reprenait le fil de sa conversation mais Aéla ne l'écoutait plus. Le regard de la jeune fille était fixé sur Elayne qui n'avait d'yeux que pour Tom. Pourquoi un tel intérêt aussi soudain ? Ce n'était pas inhabituel de la part d'un Serpentard de s'intéresser à une chose ou quelqu'un sans crier gare mais cela faisait parti des comportements qui dépassaient l'entendement d'Aéla. Ses yeux d'ordinaire bleu clair virèrent en une fraction de seconde en un bleu sombre et orageux comme celui qui colore l'océan avant une terrible tempête.
Tom, qui n'avait pu s'empêcher de remarquer ce détail, ne put réprimer un sourire satisfait et poussa le vice jusqu'à laisser Elayne se rapprocher de lui, non sans réprimer un haut-le-cœur. Il détestait être touché ! Tout le monde le savait. Tout le monde respectait un périmètre de sécurité, à l'exception de quelques personnes que Tom choisissait soigneusement et cette fille n'en faisait pas parti !
Ils continuèrent le voyage dans une ambiance tendue. Aéla prêtait de nouveau attention aux paroles de Sibbie sans pour autant relâcher la pression qui tendait ses muscles, Björn continuait de feindre de lire son journal qu'il tenait à l'envers tout en ruminant sa frustration, Elayne souriait bêtement en caressant son horrible chat persan à la tête similaire à celle d'un gobelin, et Tom demeurait parfaitement impassible et froid, assit sur le bout de son siège et prêt à déguerpir de là aussitôt que le train arriverait à Pré-au-Lard.
La nuit était tombée depuis longtemps lorsqu'ils arrivèrent à Poudlard et les quatre jeunes gens n'avaient plus échangés un mot depuis qu'ils avaient dépassés la frontière de l'Oxford Shire. Chacun avait vaqué à ses occupations, non sans jeter de temps à autres des coups d'œil vers les autres. Cependant, à l'approche des grandes portes de l'école, l'ambiance se détendit brusquement. Sibbie et Björn recommencèrent à se chamailler, Tom avait disparu comme à son habitude dans la foule en essayant de semer Elayne qui était, elle aussi, introuvable ; et Aéla se rendit compte avec satisfaction que personne ne lui prêtait la moindre attention malveillante. Aucune langue ne cracha son nom avec dédain, aucun regard méprisant ne se posa sur sa personne et aucune épaule ne vînt la bousculer brutalement. C'était à croire que retrouver la chaleur et la sécurité de l'école avait apaisé tous les esprits.
— Je meurs de faim ! s'exclama Björn tandis qu'ils s'asseyaient à la table de Serpentard, à la partie réservée au troisième année. J'espère que Dippet ne fera pas un discours trop long cette fois.
— Oui. Je me souviens que l'année dernière tu as faillis te liquéfier sur ta chaise, s'esclaffa Sibbie dans un grand rire.
— C'est ça ! Moques-toi ! N'empêche que j'ai faim.
— Tu as toujours faim !
— Je suis en pleine croissance ! Mes os et mes muscles ont besoins d'être nourris.
— Tes os, peut être. Mais tes muscles..., fit Sibbie en jaugeant son cousin d'un regard intraitable. Encore faudrait-il que tu en ais !
Aéla faillit recracher son jus de citrouille sur Björn, qui lui faisait face, tant la dernière remarque la fit rire. Non pas que Björn n'était pas musclé ! Après tout, il était un joueur de Quidditch assidu mais avec la carrure aussi fine que celle danseur de ballet débutant. Vexé, le garçon ne se préoccupa plus que de son verre tandis que les deux jeunes filles partirent dans un fou rire qui ne s'interrompit que lorsque Dippet s'avança au bout de l'estrade des professeurs. Le vieux directeur n'avait pas changé bien qu'il paraissait un peu plus voûté que l'année précédente. Sa longue chevelure argentée brillait de milles feux et aucune mèche ne s'échappait de la tresse serrée qui descendait jusqu'à ses genoux. Il remonta ses lunettes rondes sur son nez et leva ses deux mains tordues par les ans vers le plafond où régnait un ciel de nuit calme et étoilé.
— Je vous souhaite la bienvenue à tous, chers élèves, pour cette nouvelle année à Poudlard ! commença Dippet de son éternelle voix flegmatique. J'espère que celle-ci sera placée sous le signe de la tranquillité et de la réussite pour toutes vos entreprises mais aussi pour ceux qui combattent à l'heure qu'il est les forces du Mal.
Ce rappel de la guerre, finement amené par le directeur, plongea la Grande Salle dans un silence de recueillement pendant quelques instants. Les élèves, petits ou grands, n'avaient rien oubliés des sombres événements de l'année précédente et n'ignoraient rien des combats qui agitaient l'Europe d'outre-Manche.
— Avant de débuter la répartition des première année, qui sera suivit du traditionnel festin de rentrée, je tiens à rappeler à tous les élèves de l'école qu'il est formellement interdit de pénétrer dans la forêt !
Il sembla à Aéla que le regard de Dippet se posa plus longuement sur elle que sur n'importe qui d'autre. Détournant le regard, la jeune fille se concentra sur le troupeau d'élèves de première année qui patientaient tant bien que mal devant l'estrade, coincés entre les tables de Poufsouffle et Serdaigle. L'attente devait être affreuse ! Elle-même avait faillit tourner de l'œil sous l'effet de l'angoisse alors qu'elle attendait d'être appelé pour la répartition.
— Que la répartition commence ! tonna Dippet avec gaieté. Professeur Deauclair, si vous voulez bien ?
— Bien sûr ! répondit le professeur d'Etude des Moldus en se levant d'un bond.
Comme bien des professeurs de l'école, le professeur Hildegarde Deauclair possédait une gaieté et un positivisme à toute épreuve. Sautillant comme une enfant vers Dippet, elle s'empara de la liste de répartition avec des gestes gracieux qui trahirent son origine noble. Renversant sa chevelure blonde comme les blés d'un coup de tête, elle remit de l'ordre dans le groupe des première année en quelques signes de mains.
Les élèves défilaient sur l'estrade, certains ne gardant le Choixpeau que quelques secondes sur le crâne, et Aéla n'écoutait déjà plus. Son regard s'était perdu vers le plafond où flottaient quelques fantômes de l'école avec des airs badins. Visiblement, ils s'ennuyaient autant qu'elle. La jeune fille reconnut le fantôme de Gryffondor Babel Sans-Yeux qui semblait parler chiffons avec Miss Tête-bien-faite de Serdaigle. Plus loin le Poseur d'énigmes de Poufsouffle prenait le Moine-Gras à son propre jeu de farce et puis son regard croisa celui translucide du Baron Sanglant. Il avait revêtu ses plus beaux atours à en juger par le chapeau à plume d'autruche qu'il portait fièrement. Le redoutable fantôme de Serpentard esquissa un bref sourire en voyant la jeune fille avant de reprendre son air sanguinaire. C'est qu'il avait une réputation à tenir !
— Nerva Marvick ! appela Deauclair de sa voix fluette.
L'attention d'Aéla retomba brusquement sur l'estrade où Nerva, ses cheveux noirs hirsutes pour avoir probablement dormi dans le train, s'asseyait du bout des fesses sur le tabouret. Il n'avait pas l'air d'être tout à fait réveillé mais il était bien conscient de ce qui se passait autour de lui et ce fut à peine s'il ne s'enfuit pas en courant lorsque le Choixpeau tomba sur sa tête, cachant la moitié de son visage.
— Avec toi, pas l'ombre d'un doute ! soupira le Choixpeau. Ce sera Poufsouffle !
Un tonnerre d'applaudissements s'éleva de la table à l'emblème de blaireau tandis que Nerva descendait de l'estrade avec fébrilité. Aéla aurait juré voir ses jambes trembler. Alors que le garçon prenait place parmi ses nouveaux camarades, retrouvant certains avec qui il avait partagé le même compartiment, leur regard se croisèrent. La jeune fille hocha simplement la tête pour le féliciter et Nerva lui répondit de la même manière en manquant de peu de tomber à la renverse tant il était encore sous le coup de l'anxiété. Visiblement, Poufsouffle était la maison qu'il avait escompté rejoindre.
Ce bref échange de regards n'avait pas échappé à Tom, assit un peu plus loin entre Darrick Selwyn et Abraxas Malefoy. Il ne comprenait pas pourquoi Aéla souriait à ce garçon, nouveau venu qui plus est, répartit à Poufsouffle, la maison des abrutis ? Comment pouvaient-ils se connaître ? Voilà des questions sans réponses qui tournaient dans son esprit au point de le rendre dingue. C'était à croire que ces vacances passées chez les moldus avaient complètement retourné le cerveau d'Aéla. Cela ne lui plaisait pas ! Ça ne lui plaisait pas du tout ! Ruminant sa frustration en se fermant à tout ce qui l'entourait, Tom se força à concentrer toute son attention sur la pointe de son couteau qui tailladait sauvagement le bois de la table, y laissant des traces indélébiles qui témoignaient de sa fureur sourde et difficilement contrôlable. Enfermé dans sa bulle, le garçon ne vit même pas Abraxas et Darrick s'éloigner de quelques centimètres de peur que Tom ne cède à ses incurables pulsions barbares.
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Tale of Jedusor : les jeux du sort
Fanfiction« - Vous êtes faible ! Vous ne connaîtrez jamais l'amour. Je vous plains sincèrement ! Voldemort abaissa quelques instants sa baguette, un sourire grimaçant sur les lèvres. Qu'est-ce que ce sang-mêlé de Potter venait de lui dire ? Il eut terriblemen...