Little Hangleton n'était pas ce que Tom s'était imaginé. D'ailleurs, que s'était-il imaginé avant d'arriver ici ? Il ne s'en rappelait même plus. Dumbledore l'avait présenté à son grand-père maternel, Elvis Gaunt, puis comme celui-ci ne semblait pas particulièrement heureux de discuter avec le directeur de Gryffondor, ils avaient vite transplanés dans une bourgade insignifiante. Tom avait faillit recracher ses tripes mais il réussit à faire preuve d'assez de maîtrise de soi pour se rendre compte qu'en réalité Little Hangleton était un « trou perdu » dans la campagne londonienne. Pas plus d'une dizaine de maisons composaient le bourg et toutes paraissaient ridiculement minuscules et déplacées, avec leurs couleurs pastel, comparé au gigantesque manoir délabré et morne qui se dressait sur une petite colline à un kilomètre du centre, et qui les dominait toutes par son imposante et sinistre aura. Tom resta un moment immobile, étrangement calme, à observer ce nouvel endroit de l'Angleterre où il n'aurait jamais pensé mettre un pied. Cependant, Elvis grommela quelque chose s'apparentant à « avance » et le jeune garçon suivit son grand père comme le loup suit les traces de sa proie. Il ne disait rien, demeurait impassible mais ses yeux brillaient d'une lueur folle et inquiétante, ce qui n'avait pas échappé à Elvis Gaunt. Et pour cause : son demeuré de fils, Morfin, avait la même lueur lorsqu'il avait un peu trop plongé le nez dans la bouteille ou lorsque ses nerfs étaient mis à vif par trop d'échecs répétés aux courses de balai. Ce genre de regard ne présageait jamais rien de bon et Elvis n'aimait pas le voir dans les yeux d'un aussi jeune garçon. Quelle raison le gamin avait-il d'être mécontent ? Il aurait pu le laisser à Poudlard ou pourrir dans une famille d'accueil qui aurait vite comprit que le petit était dérangé, mais non. Au nom du sang des Gaunt qui coulait à moitié dans les veines de Tom, Elvis s'était résigné à le recueillir comme on le ferait d'un chiot abandonné sur la route. Mais si Elvis voyait l'utilité que pouvait avoir un chien, il ne voyait pas celle de Tom.
— V'là l'manoir ! grogna Elvis en pénétrant dans la demeure. C'la fierté des Gaunt !
Tom ne montra rien mais intérieurement il hurlait d'un rire méprisant. Une fierté ? Le manoir des Gaunt avait très certainement été une pure merveille à sa grande époque mais aujourd'hui ce n'était plus qu'une ruine sans nom ni gloire. Plus de la moitié des pièces ne pouvaient pas être occupées sans le risque de passer à travers le plancher ou de mourir de froid à cause des fenêtres brisées par le vent et la pluie.
— Où vais-je dormir ?
— Au troisième, lâcha Elvis. Dans l'ancienne chambre de Morfin. T'sera seul.
Tom haussa les épaules. Etre seul lui était bien égal, il en avait l'habitude quoique celle-ci ait été grandement chamboulée avec l'arrivée d'Aéla. Il ferma brusquement les yeux et s'efforça de chasser le nom de la jeune fille de son esprit. Il ne devait pas penser à elle ! Tom reprit son masque froid et dédaigneux et suivit son grand-père jusqu'au troisième étage du manoir qui s'avéra humide et venteux. Ce serait une chance s'il ne mourrait pas d'une pneumonie pendant les vacances, d'autant plus que le temps ne semblait pas clément dans cette région de Londres.
— V'là ta chambre.
Quelle chambre ? Elvis parlait-il du vieux lit rongé par les mites qui branlait sous ses quatre pieds ou du papier peint qui tombait sous le poids de la poussière qui s'y était agglutiné au fil des années ? Voici donc à quoi ressemblait la chambre de son oncle Morfin : à un trou misérable encore plus insupportable que sa chambre à l'orphelinat. Aéla avait-elle eu ce même sentiment de revenir un an en arrière lorsqu'elle était arrivée chez les Hungard ? Une fois de plus, Tom s'obligea à chasser la jeune fille de ses pensées. Il avait l'impression que penser à Aéla le rendait faible et c'était la dernière chose qu'il voulait ressentir face aux Gaunt. Dans ce manoir, la faiblesse était interdite !
Elvis sortit de la chambre sans dire un mot de plus, sans accorder un autre regard au petit garçon qui le mettait mal à l'aise, ce qui lui déplaisait fortement car jamais Elvis Gaunt ne s'était sentit menacé. Encore moins par un garçon de douze ans. De son côté, Tom arpenta la chambre qui avait pour seul avantage d'être grande et se planta devant la vitre qui offrait une vue plongeante sur le misérable jardin défraîchit et à l'abandon. Pourtant, plantée parmi les pierres tombales, une petite maison se dressait en crachant de la fumée par sa cheminée à moitié effondrée. Quelqu'un devait vivre dans ce taudis et pourtant son grand-père n'avait fait mention que de Morfin pour seule compagnie. Son oncle, qui n'avait apparemment pas daigné être présent pour faire sa rencontre, trouvait-il refuge dans cette maison ? La curiosité de Tom était si piqué à vif qu'il ne réfléchit pas à deux fois avant de s'élancer dans les escaliers, bousculant au passage le pitoyable elfe de maison qui montait péniblement sa valise, et de débouler dans le jardin. Finalement, la crasse de la vitre avait sublimé le terrain vague, ponctué de mauvaises herbes et d'éboulis du manoir, qui faisait office de jardin. Tom s'arrêta net et fronça le nez de dégoût. Comment des sorciers de sang pur pouvaient-ils vivre dans un endroit aussi misérable ? N'étaient-ils pas censés être au-dessus des autres et vivre dans la dignité et l'opulence ? Oui, sauf que ce qui avait fait la fortune des Gaunt, leur dignité et leur opulence, était l'exploitation de cristaux magiques à la Nouvelle-Orléans sous le règne de la Reine Victoria. Depuis, rien n'avait changé.
L'épuisement des mines de cristaux avait forcé les Gaunt à revenir en Angleterre se terrer dans leur somptueux et ancestral manoir, qui n'avait depuis lors jamais cessé de se détériorer, au fur et à mesure que la fortune de la famille qui l'occupait se dilapidait en jeux d'argent, femmes, philtres en tout genre et corruption. Pour preuve de ce déclin outrageant, Tom en avait les vêtements démodés et élimés de son grand-père qui ne semblait pas s'être changé depuis le dix-neuvième siècle. De la longue et riche histoire de sa famille maternelle, le jeune garçon n'avait jamais accepté sa fin. Il ne parvenait pas à accepter qu'une famille autrefois si noble fusse aujourd'hui l'ombre d'elle-même. L'ombre ? Peut être devrait-il dire « le cadavre ».
Il secoua une énième fois sa tête pour chasser ces pensées de son esprit et reprit son chemin en direction de la maisonnette, serpentant silencieusement entre les cailloux, les touffes d'herbes et les stalles sépulcrales. A quelques mètres de la maison, il perçut avec l'acuité d'un faucon la mélodie que jouait un vieux tourne-disque. Il arrivait même à sentir l'odeur du thé comme un loup sentirait celle d'un mouton blessé.
— Fiches le camp d'ici gamin ! jappa un vieil homme dans son dos. Les voyous, j'en veux pas ici !
Tom se retourna lentement et ne fut nullement impressionné de voir le vieil homme tenir une carabine qu'il pointait sur lui. Le garçon se contenta d'afficher son air froid et égal, ce qui parût faire tiquer le vieil homme qui abaissa son arme et recula de quelques pas en boitant.
— Par mes aïeux, tu es le petit ! souffla t-il sans croire ce qui sortait de sa bouche. Tu es le petit Jedusor !
— On se connaît ?
— Non, non ! s'empressa de dire le vieil homme. Mais j'ai connu... j'ai connu... Enfin, tu ferais mieux de rentrer au Manoir. La nuit va tomber et ce ne serait pas prudent d'errer dans le cimetière.
— Je n'ai pas peur des morts ! siffla le garçon, outré qu'on puisse le prendre pour un froussard.
— Et bien tu devrais, mon garçon ! C'est morts là ne sont pas comme les autres, fit le vieil homme en désignant les tombes d'un coup de tête.
— Comment ça ils « ne sont pas comme les autres » ?
— Ils ont fait de terribles choses et sont morts d'une terrible manière. Les Gaunt se sont toujours enorgueillis du sort de leurs ancêtres mais, crois-moi mon garçon, il n'y a rien d'honorable à honorer ces canailles là !
Tom n'était pas certains de saisir tout ce que le vieil homme, qui se nommait Gary comme l'indiquait la pauvre inscription sur sa casquette, lui disait mais il ne laissa rien paraître de son trouble. Il se contenta de jeter un regard dédaigneux sur Gary avant de rebrousser chemin et de retourner au Manoir, non sans avoir sa curiosité plus béante qu'auparavant. Qui était ce vieil homme et comment il le connaissait ?
En rentrant au Manoir, Tom eut le déplaisir de se faire surprendre par Elvis qui ne semblait pas se réjouir de l'escapade du jeune homme. Aussi arborait-il une grimace de mécontentement qui creusait un peu plus ses traits burinés.
— Qu'est-ce t'as été faire dehors ? grinça t-il.
— Pourquoi quelqu'un vit dans le cimetière du Manoir ?
— Il s'occupe des extérieurs.
Tom aurait eu un rire amer si seulement il n'avait pas été aussi mécontent de cette courte réponse. Si Gary était payé à entretenir le jardin et le cimetière du domaine, il faisait incroyablement mal son travail !
— J'veux plus t'revoir dehors et encore moins à parler 'vec ce moldu !
— Vous avez dit quoi ? demanda Tom après un moment, ahuri. Un moldu ?
— Oui, le jardinier est malheureusement un moldu. Pour ton bien et c'lui d'cette famille, t'approche plus d'lui ! Les moldus n'amènent j'mais rien d'bon dans c'te maison.
Elvis paraissait amer et toisait Tom d'un regard à demi dégoûté, à demi effrayé. Le garçon quand à lui se contenta d'observer son grand-père d'un air impassible avant de le dépasser et de remonter dans sa chambre où sa valise avait été défaite, et ses affaires soigneusement rangées dans l'armoire poussiéreuse aux portes enfoncées. Il se remit devant la fenêtre et observa de nouveau la petite maison jusqu'à ce que les contours de la bâtisse disparaissent dans la nuit, et qu'il ne puisse plus que la distinguer par la lumière vacillante d'une bougie qui brûlait derrière une des fenêtres.
Tom s'éveilla difficilement. Il s'était endormi tout habillé, sur un vieux fauteuil et sans avoir mangé depuis le déjeuner qu'il avait prit dans le Poudlard Express la veille. D'ailleurs, il ne se souvenait même pas que son grand-père ou l'elfe de maison, soit venu le chercher pour dîner. Qu'importait ! Tom avait autant de considération pour sa nouvelle « famille » que celle-ci en avait pour lui, c'était à dire : pratiquement aucune.
Après s'être lavé et habillé dans une salle-de-bain qu'il trouva par lui-même, Elvis n'ayant pas prit la peine de lui faire visiter le manoir, Tom retourna s'enfermer dans sa chambre où un petit-déjeuner sommaire était posé sur l'ancien bureau bancale de Morfin. Un verre de lait et une tranche de pain avec du miel. Un petit-déjeuner à l'allure beaucoup trop moldu pour que Tom daigna le manger avec appétit malgré son ventre qui criait famine. Il en arrivait presque à regretter les petits-déjeuners que Reevan lui servait au Chaudron-Baveur. Tout en avalant sa tartine du bout des dents, il retourna se placer devant la fenêtre. Fenêtre qu'il n'avait pas quitté depuis la veille si bien qu'il avait finit par s'endormir devant. Bien que le fait que Gary soit un moldu le rebuta, étrangement Tom avait envie d'en savoir plus sur le vieil homme et sur ce qu'il cachait car il était évident que le vieux jardinier avait un secret qu'on lui avait demandé de garder pour lui. Tom n'avait peut être que douze ans mais il ressentait ce genre de chose aussi clairement que si on lui enfonçait une dague dans le coeur. Le même sentiment le prenait lorsqu'Aéla refusait de lui parler ou lui cachait la vérité.
A travers la vitre il put voir Gary qui s'afférait sur une tombe, la nettoyant jusque dans les moindres recoins avec un chiffon. De temps en temps, le vieil homme levait les yeux vers le manoir et leurs regards se croisaient avant que Gary ne se concentre de nouveau sur sa tâche qui semblait interminable. Ce fut plus fort que lui. Tom reposa sa tartine à peine entamée sur le plateau et dégringola les escaliers jusque dans l'entrée où son chemin croisa celui du pitoyable elfe de maison. La créature, la plus vilaine qu'il eut jamais vu, lui barrait le chemin avec une farouche détermination.
— Le jeune maître ne doit pas quitter la demeure, couina l'elfe. Il ne doit pas sortir quand le moldu travail.
— Tu crois pouvoir m'empêcher d'aller où je veux et quand je le veux ?
— Le jeune maître ne doit pas sortir. Monsieur Gaunt ne le pardonnera pas à Siggy.
— Ta punition m'est bien égal ! siffla Tom que l'elfe ennuyait plus que jamais. Laisses-moi passer !
L'elfe parût hésiter mais ne bougea pas d'un pouce. Ses oreilles gigotaient en tout sens, semblant traduire les pensées contradictoires qui fusaient dans sa petite cervelle mais Siggy n'esquissa aucun mouvement jusqu'à ce que Tom, se faisant plus menaçant que jamais, le torpilla d'un regard si noir et si terrifiant que l'elfe faillit en souiller la vieille chemise crasseuse qui l'habillait.
— Laisses-moi passer, elfe, ou je te transforme en limace avant de t'écrabouiller sous ma chaussure !
— Bien, jeune maître, couina Siggy en s'écartant de la porte à contrecœur.
Tom déboula à nouveau dans le jardin, énervé et décontenancé qu'on lui interdise d'aller dehors. Elvis ignorait-il que les enfants aimaient jouer dehors ? Non pas que Tom agissait comme les autres enfants, bien au contraire, mais il ne rechignait pas à respirer le grand air. Surtout après avoir passé des années enfermé entre les murs du trou à rats qu'était l'orphelinat ! Dans tous les cas, Tom ne se préoccupa nullement des conséquences de sa transgression, ni pour lui et encore moins pour l'elfe de maison, et traversa le jardin d'un pas déterminé et furtif jusqu'à se retrouver à quelques mètres de Gary.
Le vieil homme, ne s'apercevant pas de la présence du garçon, continuait d'astiquer frénétiquement une tombe sans nom dont la pierre paraissait d'une étonnante bonne qualité.
— Vous n'avez pas peur de faire un trou dans la pierre avec votre chiffon ?
Gary sursauta en lâchant un cri de surprise. Il toisa le garçon d'un air éberlué avant de paraître terriblement mal à l'aise et de se redresser d'un air coupable comme si astiquer une tombe était une chose que le garçon n'aurait pas dû voir. Pourtant Tom savait au fond de lui que cet air criminel ne venait pas de l'astiquage des tombes mais de l'astiquage de cette tombe en particulier qui, contrairement à toutes les autres, ne portait ni nom ni effigie de celui ou celle qui l'occupait.
— Que fais-tu là, gamin ? demanda Gary d'une voix enrouée. Tu n'as pas des devoirs à faire ?
— C'est les grandes vacances !
— Ah... Et bien tu devrais trouver une occupation à l'intérieur. Il va pleuvoir.
— Si vous croyez que la pluie va vous débarrasser de moi, vous vous trompez ! fit Tom d'un ton sévère. Comment vous connaissez mon nom ? Je me doute que mon grand-père ne vous a pas parlé de moi. Vous a-t-il déjà parlé, au moins ?
Gary déglutit difficilement avant de prendre une profonde inspiration. Il n'était pas le genre d'homme à se sentir aisément menacé mais le garçon avait une chose dans le regard et dans son attitude qui le faisait paraître dangereux. Bien plus dangereux que ce que son âge le permettait ! Le vieux jardinier soupira et se laissa tomber sur une vieille tombe derrière lui, celle d'une dénommée Popina Gaunt.
— Personne ne m'a parlé de toi, gamin, commença le vieil homme d'un ton las, mais j'ai des yeux qui voient comme dans ma jeunesse ! Et j'en ai vu des choses depuis que je travaille pour les Gaunt ! Je suis arrivé ici quand Madame Triomène Gaunt a accouchée de Monsieur Elvis, et depuis j'ai vu tous les héritiers de cette famille grandir.
— Vous... Vous avez donc connu ma mère ? demanda Tom avec un vacillement dans la voix. Merope ?
— Oui, avoua Gary comme si c'était le secret qu'il devait garder. J'ai connu Merope de sa naissance jusqu'à sa disparition.
— Sa disparition ?
La voix de Tom claqua comme le fouet sur le dos de l'esclave. Qu'était ce mot, « disparition » ? Le garçon détailla Gary d'un regard si froid que le jardinier eut l'impression d'en être écorché.
— Un jour Merope est partit. Cela faisait plusieurs mois qu'elle ne sortait plus de la maison, plus depuis que le saligot de Jedusor l'avait rejeté ! Enfin... Je veux dire, bafouilla Gary en se rendant compte de ses paroles. Merope n'est jamais revenue à la maison. Je savais seulement qu'en partant, elle avait prit soin d'emporter sa couverture de bébé que j'avais rangé dans ma remise.
Tom s'était toujours douté qu'une histoire de ce genre avait amené sa mère à l'abandonner dans un orphelinat mais se l'entendre dire l'ébranla plus qu'il ne l'aurait voulu. Sa mère avait eu une vie et une fin pitoyable, grotesque et honteuse ! Tout ça à cause d'un moldu. Il n'était pas étonnant, à présent, que son grand-père tenta de le cacher à l'intérieur du manoir. Elvis ne voulait certainement pas que Tom amène plus de honte sur sa famille que ce que sa propre fille avait amenée en s'amourachant d'un crétin de moldu et qui, pour combler le déshonneur, avait eu un rejeton avec.
— Et cette tombe ? demanda finalement Tom comme si les paroles de Gary n'avaient eus aucun effet sur lui. Pourquoi s'en occuper plus que les autres ?
— C'est celle qui était destiné à ta mère.
Tom fronça les sourcils mais ne dis pas un mot. Ce vieux moldu semblait éprouver beaucoup trop de pitié pour sa mère. N'avait-elle pas mérité son sort ? Son grand-père lui assurerait que oui, Tom ne saurait se prononcer et quant à Gary, lui serait plus clément.
— Je vais rentrer.
— Fais attention à toi, gamin ! avertit Gary. Monsieur Elvis ne plaisante pas avec la pureté du sang des Gaunt. Il a renié sa propre fille pour avoir oublié cette règle essentielle.
— Je n'ai pas besoin d'une leçon de morale ! siffla Tom. Contentez-vous d'astiquer cette tombe !
Il fut plus méchant qu'il ne l'avait voulu mais cela eut le don de couper le sifflet de Gary. Le vieil homme, transit de honte, retourna à sa tâche sans un mot ni un regard alors que le garçon repartait déjà en direction du manoir. Il ne s'était pas attendu à ce qu'un moldu lui parle de sa mère. De sa déviante de mère qui avait eu l'affront de mêler son sang à celui d'un moldu et d'en plus lui donner son nom. Peut être qu'Elvis avait raison de renier sa fille ? Un sang-pur n'avait aucune raison ni aucun intérêt à se lier avec quelqu'un qui lui était inférieur. Tom se sentait souillé, couvert de honte et trahit. Il savait déjà qu'il était de sang-mêlé mais cela ne l'avait jamais frappé aussi violemment qu'en cet instant. Jamais il n'avait été dégoûté d'être ce qu'il était autant qu'en cet instant. Jamais il n'avait eu envie de faire revenir sa mère d'entre les morts pour la renvoyer dans l'au-delà de ses propres mains autant qu'en cet instant.
En rentrant au manoir, comme si cela lui procurait un plaisir inconsidéré de le surprendre, Elvis attendait le garçon au bas de l'escalier de l'entrée. Sur son visage flottait un sourire sournois que Tom se jura d'effacer au plus vite.
— T'es encore sorti, fit Elvis en insistant sur le « encore », malgré l'interdiction.
— Moi et les règlements, on ne s'entend pas !
— N'joues pas au plus malin 'vec moi, morveux ! Sois r'connaissant que j'm'occupe d'un sang-mêlé comme toi.
Elvis dut croire que sa pique blesserait le garçon car il parut terriblement déçu et décontenancé de voir un sourire narquois se dessiner sur les lèvres de Tom.
— Oui, je suis un sang-mêlé, confirma Tom d'une voix sombre, mais vous comprendrez vite, grand-père, que je suis plus pur que vous ne le pensez.
— Ah oui ? couina Elvis en essayant de paraître dédaigneux. Et comment comptes-tu réussir un tel exploit ?
— Ouvrez bien grand vos yeux et vous verrez !
La menace flotta quelques instants entre le garçon et son grand-père avant que le silence ne retombe, seulement perturbé par le tic-tac d'une vieille horloge dans le salon attenant à l'entrée. Toujours galvanisé par son orgueil et armé de son sourire aussi menaçant qu'un volcan grondant après des siècles de sommeil, Tom avança vers l'escalier en forçant Elvis à reculer pour lui libérer le passage. Il remonta dans sa chambre où, par chance, son petit-déjeuner était toujours présent. Il prit le plateau et alla s'installer avec sur son lit, se préparant, à présent que tout était clair dans sa tête, à vivre des vacances tumultueuses au sein de la noble et pure famille Gaunt.
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Tale of Jedusor : les jeux du sort
Fanfiction« - Vous êtes faible ! Vous ne connaîtrez jamais l'amour. Je vous plains sincèrement ! Voldemort abaissa quelques instants sa baguette, un sourire grimaçant sur les lèvres. Qu'est-ce que ce sang-mêlé de Potter venait de lui dire ? Il eut terriblemen...