A son retour à Poudlard, Aéla eut l'ordre incompréhensible de ne pas quitter sa chambre. Pour une raison qu'elle ne parvînt pas à comprendre, et que personne ne crut bon de lui expliquer, elle se retrouvait seule. Sibbie et ses autres camarades avaient étés placés dans d'autres chambres du dortoir. Paraissait-il que la jeune fille était « souffrante » et « contagieuse » depuis les vacances. Du moins c'était que crut comprendre Aéla en lisant la lettre que Sibbie avait glissée sous la porte de sa chambre. Depuis elle restait avachie sur le lit en comptant les toiles d'araignées au plafond. Les heures, les jours, se confondaient dans son esprit, si bien qu'elle ne savait plus depuis combien de temps elle était coincée entre ces quatre murs. Elle s'approchait de plus en plus de la folie, redoutant chaque ombre qui traversait la pièce ou chaque bruit qui parvenait à ses oreilles.
Pourtant elle n'avait pas peur, car elle n'était pas seule. Quelque chose au fond d'elle était tapie et bien que cette chose demeura silencieuse et immobile, Aéla pouvait la sentir dans la moindre vibration de son corps. Ce n'était pas la première fois qu'elle ressentait cette présence mais elle fut incapable de dire quand est-ce qu'elle l'a ressentie pour la première fois. Des souvenirs lui venaient en mémoire pour disparaître aussitôt comme si sa conscience était en conflit, ne sachant pas si elle devait lui révéler la vérité ou non.
Alors Aéla avait cessée de chercher des réponses à toutes ses questions et finit par s'endormir si profondément qu'elle n'ouvrit pas les yeux avant plusieurs jours, maintenue dans cet état de léthargie par la chose qui lui confisquait tous ses rêves, ses cauchemars, et la nourrissait de son aura qu'Aéla ne parvenait pas à définir comme bienfaitrice ou malfaisante.
La jeune fille ne fut réveillée que par le grincement de la porte qui tournait sur ses gonds. Elle ouvrit un œil et eut la surprise de découvrir le professeur Slughorn accompagné de Tom qui regardait d'un air désapprobateur les plateaux-repas intacts sur la commode. Bien que les elfes de Poudlard ne manquaient pas de lui amener ses repas, Aéla n'y avait pas touché. Non seulement elle n'avait pas faim mais en plus elle avait été trop occupée à dormir pour penser à se nourrir.
Elle se redressa sur son lit tandis que Slughorn tirait une chaise pour s'asseoir face à elle. Aéla ne résista pas longtemps au sourire naïf du professeur de Potion et sourit à son tour. Cela lui parut étrange, comme si ses lèvres avaient oubliées comment esquisser un simple sourire. Quand avait-elle fait cela pour la dernière fois ? Elle ne s'en souvenait pas. Son regard quitta la tête de Slughorn pour se figer sur Tom. Ils ne s'étaient pas revus depuis leur arrivée à Poudlard, après le dîner de rentrée. Il n'avait pas changé et cela la remplit de joie. Toujours aussi froid, indéchiffrable et hautain que dans ses souvenirs. Il la regardait aussi mais Aéla aurait été bien en peine de dire ce qui pouvait passer dans le crâne du garçon. D'ailleurs, elle ne voulait pas le savoir et préférait s'imaginer qu'il était heureux de la voir, du moins que cela ne l'ennuyait pas. De tout ce qui lui avait été retiré depuis son confinement dans le dortoir, seule la présence de Tom lui avait manqué au point de lui donner des insomnies terrifiantes.
Slughorn se racla la gorge pour attirer de nouveau l'attention de la jeune fille et prit une de ses mains dans les siennes.
— Ma chère Aéla, comment te sens-tu aujourd'hui ? demanda t-il avec son éternelle voix douce.
La jeune fille esquissa un petit sourire et fit osciller son regard entre le professeur de Potion et Tom qui, lui aussi, la vrillait du regard.
— Monsieur Jedusor est venu à ma demande pour...Hum...Aéla, te souviens-tu de ce qui s'est passé pendant les vacances ? Avant que tu sois amenée chez les Gaunt ?
Elle perdit aussitôt son sourire, ce qui n'échappa pas à Slughorn et Tom.
Aéla sentit en elle monter une fureur mêlée d'angoisse sans qu'elle ne sache lequel de ces deux sentiments était le sien. Elle ne se rappelait plus ce qui s'était passé avant son réveil chez les Gaunt. La vérité était là, tapis aux tréfonds de sa mémoire mais elle demeurait hors d'atteinte, comme si quelqu'un ou quelque chose l'avait enfermée dans une pièce aux murs épais. Si épais qu'Aéla ne parvenait même pas à l'entrevoir. Pourquoi Slughorn lui demandait-il cela ? Tom, Dumbledore, Dippet et bien d'autres lui avaient posés la même question et jamais elle n'avait été capable d'y apporter la moindre réponse. Qu'est-ce qui serait différent aujourd'hui ? Absolument rien.
Slughorn soupira et sortit de la poche de sa cape une lettre à la blancheur éclatante qu'il glissa dans la main de la jeune fille. En la retournant, Aéla eut la surprise de découvrir le sceau écarlate représentant un hibou tenant entre ses serres le livres des lois magiques. Une lettre du Ministère. A son nom.
— Ceci est arrivé ce matin par hibou express. Le Directeur Dippet, Dumbledore et moi-même en avons eus un exemplaire mais je pense que tu devrais avoir connaissance de cette lettre.
Elle brisa le cachet et déplia le papier soyeux noircit d'une écriture fluide et ordonnée. Celle du Ministre en personne à n'en pas douter !
« Mademoiselle Wayne,
J'ai été navré, ainsi que mes proches collaborateurs, d'apprendre que vous aviez été blessée pendant les vacances ; et ce dans des circonstances qui demeurent obscures. Afin d'élucider le mystère et garantir votre sécurité, je vous convoque ce mercredi au Ministère de la Magie, département de la Justice, lors d'une cession exceptionnelle du Magenmagot. Lors de cette audience, qui servira à éclaircir les faits qui ont conduits à votre état, vous serez accompagnée du professeur Dumbledore et, à la demande de celui-ci, de votre camarade de maisonnée, Tom Elvis Jedusor.
Je vous prie d'agréer, chère mademoiselle, mes sincères salutations ;
Votre Ministre de la Magie,
Edmund Cayburn-Karth »
Aéla replia la lettre et la posa sur sa table de chevet tandis qu'une étrange sensation la dérangea et la fit se tortiller sur son lit. Elle était à la fois inquiète et agacée. De quel droit était-elle convoquée au Ministère ? Pourquoi le Ministre prenait-il la peine de lui écrire en personne ? Tout un tas d'autres questions l'assaillaient tandis qu'elle se rendait compte, avec une certaine gêne, que ces sentiments et ces questions ne venaient pas d'elle. Cela venait de quelqu'un d'autre. De quelque chose d'autre, et malgré qu'elle essaya de mettre la main dessus, cela lui échappa sans cesse. Visiblement, il ne voulait pas qu'elle le trouve.
La jeune fille reporta son attention sur ce qui l'entourait et croisa le regard pénétrant de Tom comme si celui-ci avait tout vu de ce qui s'était passé dans sa cervelle. Baissant le regard, elle se leva de son lit tandis que Slughorn lui tendait son manteau et, après s'être emmitouflée dedans, suivit le professeur dans les couloirs de l'école. Bien qu'elle traîna des pieds derrière le professeur de Potion, Tom cala son pas sur le sien et de temps à autre lui jetait des coups d'œil qui, bien qu'ils lui firent plaisir, la mirent mal à l'aise. Ils n'avaient pas parlés du comment-du-pourquoi elle avait atterrie chez les Gaunt pendant les vacances mais Aéla voyait bien que Tom était plus méfiant que jamais. Ou bien était-ce de l'inquiétude ? Mais pour qui ? Pour lui ou pour elle ? Ou pour quelqu'un d'autre ? Finalement elle verrouilla son regard sur les dalles de pierre qu'elle foulait, ne prêtant même pas attention aux cris de Björn qui l'aperçut au détour d'un couloir. Le jeune garçon aurait voulut aller saluer son amie qu'il n'avait pas vu depuis ce qui lui semblait être une éternité mais Tom formait une barrière impénétrable devant Aéla. D'ailleurs, un seul regard de Jedusor suffit à lui faire comprendre que ce n'était ni le lieu ni le moment de laisser exploser sa joie.
Après un temps dont Aéla ne se rendit pas compte, ils arrivèrent dans le bureau de Dumbledore qui était dans un fouillis innommable. Il était vrai que le professeur de Métamorphose était engagé dans la traque de Grindelwald mais Aéla se demanda si cela justifiait un tel bazar ? Émergeant de derrière une pile de grimoires entre-mêlés de parchemins, Albus accueillit les visiteurs avec son habituel sourire chaleureux qui gonfla le cœur de la jeune fille de bonheur. Ce sourire là lui avait manqué aussi !
— Ah ! Vous voilà enfin ! chantonna Albus en serrant la main de Slughorn.
— Les enfants sont prêts à partir, Albus, et j'ai moi-même vérifié les conduits de cheminées. Il ne devrait pas y avoir de problèmes.
— Merci, Horace. Tom ! Aéla ! Approchez.
Tom et Aéla échangèrent un regard inquiet en voyant Albus s'approcher de la cheminée de son bureau, un pot en cristal remplit d'une étrange poussière verdâtre entre ses mains. Si Aéla ne savait pas de quoi il s'agissait, Tom le savait parfaitement et il n'appréciait pas du tout l'idée du directeur de Gryffondor.
— Vous êtes sûr que c'est la seule solution ?
— Mieux vaut éviter d'arriver au Ministère de façon théâtrale, Tom ! Cela pourrait porter préjudice à...à notre affaire ! se rattrapa t-il en jetant un bref regard à Aéla.
Tom soupira, peu convaincu, et s'approcha de la cheminée, suivit de près par Aéla qui se demandait ce qu'il pouvait bien faire ici ? Comme si l'eut entendu aussi clairement que si elle avait hurlé à pleins poumons, Tom se retourna vers elle alors que Dumbledore lui tendait le pot d'étrange poussière.
— Je viens parce que je suis le seul à te comprendre ! lâcha t-il avec agacement tout en prenant une poignée de poussière.
C'était logique ! Et Aéla se sentit bête de ne pas y avoir pensé plus tôt. Qui d'autre que Tom pouvait mieux traduire ses signes, ses pensées ? Dumbledore se débrouillait pas mal lorsqu'il s'agissait de mot simple mais, pour peu qu'elle détaillait ses propos, le professeur de Métamorphose perdait le fil de ses interprétations.
Albus lui tendit le pot en cristal et, voyant l'air dégoûté et hésitant de la jeune fille, la rassura d'un chaleureux sourire.
— Tu n'as rien à craindre, Aéla. C'est de la poudre de cheminette. Prends-en une poignée et tu passeras après Tom.
Préférant ne pas se poser de question, Aéla suivit les indications de Dumbledore et plongea sa main dans le pot. La poussière était étrangement chaude et piquante mais rien d'insupportable. En ressortant sa main qui en tenait une bonne poignée, elle en renversa sur le tapis mais Albus ne parut pas s'en offusquer.
— Tom, tu sais comment on s'en sert ?
— Bien sûr, répondit-il d'un ton sec comme si ce fut un outrage que de le lui demander.
— Alors ouvres la voie et attends-nous devant la cheminée. Aéla te rejoindra ensuite, puis moi. Surtout ne t'éloignes pas ou alors la voie se refermera et Aéla risque de prendre le mauvais chemin !
Rien qu'à imaginer où elle pourrait atterrir si elle se perdait dans les conduits de cheminées, Aéla se sentir vaciller sur ses jambes. Toutefois ce fut sans l'ombre d'une hésitation que Tom prit place dans l'âtre démesurément grand et dans un « Ministère de la Magie » autoritaire, jeta la poudre par terre. Un bruit de détonation assourdit la jeune fille tandis qu'une fumée verte et emplit de souffre envahissait la pièce avant de disparaître, comme aspirée par le sol. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle découvrit non sans crainte que Tom avait disparu. Elle osa jeter un regard à Dumbledore mais celui-ci la poussait déjà dans l'âtre, à l'endroit même où Tom se tenait quelques instants auparavant.
— Surtout, attends bien que j'ai finis de prononcer ta destination avant de jeter la poudre !
Mais ce fut à peine si Aéla l'entendit. Tout au plus perçut-elle un bourdonnement avant de desserrer les doigts, relâchant la poudre qui crépita en entrant en contact avec le sol. Une fumée verte l'entoura et l'aspira dans les méandres du conduit de cheminée. Elle ne saurait décrire ce qu'elle ressentit mais cela la rendait malade. C'était comme tourbillonner dans les ténèbres, apercevant ci et là des lueurs et des bruits, essayer des les attraper pour que tout s'arrête sans jamais y arriver. Si elle l'avait pu, elle aurait hurlé mais tout ce qu'elle pu faire fut de pleurer. « Ne t'inquiètes pas ! Je suis là » entendit-elle des tréfonds de la noirceur où elle se contorsionnait désespérément. Elle chercha, en vain, d'où provenait cette voix qui apaisa l'espace d'un instant son angoisse mais ses pieds heurtèrent durement la surface du sol et elle se sentit projeté en avant par la force de l'atterrissage. Heureusement Tom avait prit la peine de suivre les conseils de Dumbledore et s'était posté face à la cheminée par laquelle il était arrivé au Ministère, récupérant Aéla quelques instants plus tard entre ses bras. Des badauds leur jetèrent des coups d'œil tantôt amusés, tantôt suspicieux, et il aurait voulut la rejeter mais il sentait à sa manière de s'affaisser sur lui, qu'elle ne pouvait pas tenir sur ses deux jambes sans son aide. Alors il fit ce qu'il n'aurait jamais fait en d'autres circonstances, et qu'il ne referait certainement jamais du reste de sa vie, il caressa ses doux cheveux auburn, empêtrant ses doigts dans les boucles soyeuses.
— Tout va bien, souffla t-il du ton le plus neutre dont il fut capable. Tu es arrivée au Ministère.
Aéla ne pouvait que le croire, sentant la dureté du sol sous ses pieds mais s'obligea à ouvrir un œil pour le vérifier. Elle était au Ministère et dans les bras de Tom qui plus est ! Elle serait resté là pour toujours si les dieux avaient eus un tant soit peu de pitié pour la jeune fille mais déjà Tom la remettait sur ses jambes et s'écartait. Aéla aurait juré voir ses joues légèrement rosies mais cela fut si fugace qu'en fin de compte, cela était peut-être un mirage causé par la poudre de cheminette. D'ailleurs elle n'eut pas le temps de se poser plus de questions, Dumbledore arrivait par la cheminée avec grâce et souplesse.
— Bien ! Vous voilà ! Est-ce que l'un d'entre vous est blessé ? demanda t-il et, obtenant des hochements de têtes négatifs, Alors allons-y ! Nous sommes déjà très en retard.
Les prenant tous deux par la main de peur de les perdre, ne serait-ce que quelques instants, Albus les poussa dans le premier ascenseur et, non sans une certaine gêne, demanda à descendre au Département de la Justice magique.
Le Ministère de la Magie n'était qu'une succession infinie de couloirs et de pièces qui s'enfonçaient toujours plus profondément dans le sol. Il fut impossible pour les deux enfants de savoir exactement où ils étaient ni quel chemin ils prenaient. Toujours fut-il qu'ils arrivèrent au Département de la Justice magique juste avant que les portes du tribunal du Magenmagot ne se referment. Dumbledore poussa les enfants à l'intérieur d'une salle immense, semblable à une arène dont le plafond, le sol et les murs étaient plaqués de marbre noir aux reflets vert sombre. Cela rappela étrangement la salle commune de Serpentard à Aéla et elle ne sut dire si elle en était rassurée ou dérangée. Elle et Tom s'assirent sur un banc à l'autre bout de la pièce, face au collège du Magenmagot qui, assit dans les hauts-gradins en demi-cercle, leur prêtait que peu d'attention. Albus, pour sa part, partit discuter avec un membre du tribunal qu'il semblait connaître depuis longtemps, prenant soin que leur discussion ne tombe pas dans les oreilles des enfants.
— Était-il nécessaire de réunir tout le Magenmagot pour une simple séance qui vise à établir des faits ? demanda Albus, interloqué.
— Une simple séance ? Établir des faits ?
Ce fut à peine si Antonius Sevin, membre honorable du tribunal et Maître-Alchimiste à ses heures perdues, ne s'étouffa pas d'incrédulité. Son regard ambré plongea dans celui de son ami et, avec l'air le grave dont il fut capable, souffla :
— Albus, les faits sont déjà établis !
— Pourtant la lettre disait-
— La lettre n'avait pour but que de vous faire venir ici ! le coupa Antonius. Le Ministre et le Président du Magenmagot savaient que tu n'aurais jamais laissé la petite sortir de Poudlard si une enquête avait déjà été menée.
— Et quelles conclusions l'enquête a-t-elle pu donner pour une telle cession ? Demanda Albus qui sentit son coeur se serrer autant d'inquiétude que d'effroi. Ce n'est qu'une enfant !
Antonius soupira et jeta un regard à Aéla qui, assise sur le banc, observait le Magenmagot avec toute l'incompréhension du monde dans les yeux. A bien y regarder, Antonius se demandait comment une petite fille à l'air si gentille et fragile pouvait être à l'origine des horreurs dont on l'accusait ?
— Enfant ou pas, Albus, c'est très grave ! On parle de tentative de meurtre, souffla Antonius.
Albus Dumbledore, pour la première fois de sa vie, crut son coeur s'arrêter de battre. Un courant d'air glaciale sembla traverser son corps et le tétaniser sur place jusqu'à ce que la terrible vérité s'abatte sur lui avec la force d'un ouragan dévastateur : Aéla était considérée comme une meurtrière. A son tour, son regard se porta sur l'enfant qui se collait désespérément à Tom en essayant de comprendre ce qu'elle faisait là et Albus aurait défaillit si la situation n'avait pas été aussi urgente.
On ne le laissa pas s'apitoyer plus longtemps. Les portes se rouvrirent et, à la surprise générale, le Ministre de la Magie entra dans un silence religieux et prit place à côté du Président, sur un fauteuil qui lui était réservé mais peu utilisé. D'un coup de baguette magique Erius Travers scella les portes du tribunal et invita tout le monde à prendre place dans les gradins. Albus se rendit compte avec amertume qu'il avait jeté la petite Aéla dans la fosse aux lions et que, malgré toute sa volonté, il était trop tard pour l'en sortir.
— Mesdames et Monsieurs, membres honorables du Magenmagot, nous sommes réunis aujourd'hui afin de délibérer sur l'affaire d'agression et de tentative de meurtre impliquant Mr. et Mrs. Hungard, qui n'ont pas souhaités être présents aujourd'hui, et la jeune élève de deuxième année à l'école Poudlard, Aéla Wayne, ici présente.
Comme un hydre à une centaine de têtes mais disposant d'une unique volonté, toutes les membres du Magenmagot posèrent un regard grave sur Aéla qui, ne pouvant courir se cacher dans un coin, emprisonna la main de Tom dans la sienne. Elle serra si fort sous l'effet de la peur que les jointures du garçon devinrent blanches en quelques secondes. Toutefois Tom ne dit rien, ne fit rien, se contentant de jeter un regard glacial à Dumbledore qui paraissait désemparé. A cet instant précis, le professeur de Métamorphose aurait trouvé plus agréable et facile d'affronter Grindelwald en duel.
— Avant de passer à l'interrogatoire de la prévenue, Mademoiselle Wayne, nous allons rappeler les chefs d'accusation !
Devant la tribune du Président une petite femme rousse et rondouillarde se leva, un épais morceau de parchemin entre les doigts. Mais d'Albus, Tom et Aéla, aucun n'écouta ce que la femme récita avec un profond sentiment de devoir accomplit. Ce fut tout juste s'ils perçurent le coup de baguette sur le pupitre. Albus se leva avec lassitude et, prenant la main d'Aéla, l'entraîna vers le centre de l'agora où se trouvait une petite estrade, ce qui ne fut pas chose facile car la petite s'accrochait désespérément à Tom. D'ailleurs celui-ci n'aida en rien Dumbledore, laissant faire Aéla et toisant le professeur si durement que celui-ci eut l'impression de se prendre une gifle magistrale en plein visage. Toutefois le Président du Magenmagot perdit patience et, d'un coup de baguette sur son pupitre, obligea Aéla à lâcher prise et à se laisser guider vers l'estrade. Albus l'aida à y monter mais refusa sèchement de la laisser seule alors qu'on lui faisait signe de regagner sa place. Cette enfant était sous sa responsabilité ! Il n'avait aucune intention, ni aujourd'hui ni jamais, de la laisser seule.
— Laissez-le faire ! intervînt le Ministre qui, respectant la partialité de la Justice, n'était présent qu'en simple spectateur. N'effrayons pas plus cette enfant.
Le Président hocha la tête en signe d'accord et reporta son attention sur Aéla qui tremblait sur son estrade, la tête inclinée vers le sol comme un chien apeuré par la menace du fouet.
— Mademoiselle Wayne !
— Aéla, je vous prie ! s'exclama Dumbledore d'un ton sévère.
— Soit ! convînt le Président. Aéla ! Pourrais-tu nous dire ce qu'il s'est passé pendant les vacances de Pâques, chez les Hungard ?
Aéla ne bougea pas d'un pouce, au point que l'on se demanda si elle avait entendu la question.
— Pardonnez moi, Monsieur le Président ! intervînt à son tour Dumbledore. Aéla a des difficultés d'élocution, aussi j'ai pris soin d'amener un élève de Poudlard qui est à même de traduire ses paroles en son nom. Le Magenmagot permet-il à Tom Elvis Jedusor de se faire le porte-parole d'Aéla Wayne ?
— Nous l'y autorisons.
Albus se retourna vers Tom pour lui dire d'approcher mais celui-ci était déjà prés d'Aéla, ne la lâchant pas du regard alors que les mains fébriles de la jeune fille s'agitaient en des signes qu'Albus eut du mal à saisir.
— Elle ne s'en souvient pas, traduit Tom d'une voix plus glaciale que le marbre autour d'eux. Tout ce qu'elle se rappelle c'est de s'être réveillée chez mon grand-père.
— Aéla, il est très important que tu nous dises exactement ce dont tu te souviens ! insista le Président. Même un simple détail. Une impression. N'importe quoi !
Tom et Aéla échangèrent un regard et le garçon n'eut pas besoin qu'elle signe pour comprendre ce qui traversait son esprit.
— Rien. Elle ne se souvient de rien.
Une exclamation traversa le Magenmagot, faisant s'élever un brouhaha d'indignation mêlé d'inquiétude et de résignation dans la salle. Il fallut toute la force de persuasion du Président pour ramener le calme et le silence dans son tribunal.
— Aéla, ce dont les Hungard t'accusent est très grave ! fit le Président d'un ton aussi grave que la situation. N'y a-t-il vraiment rien qui puisse contredire leurs accusations ?
Pour la première fois, Aéla posa son regard sur le Président. C'était un homme qui ressemblait étrangement à Dumbledore avec ses cheveux grisonnant, sa barbe broussailleuse qui défiait les lois de la gravité et son regard perçant qui cherchait désespérément une preuve de l'innocence de la jeune fille.
Aéla chercha dans les tréfonds de sa mémoire. Elle avait la certitude que la réponse se trouvait quelque part dans ses souvenirs mais c'était comme essayer de creuser un mur de pierre avec une feuille de papier. Impossible ! Quelque chose l'empêchait de se souvenir de ce qu'il s'était passé ce jour là et une terreur sourde l'envahit avant de disparaître aussitôt, comme si elle avait été chassée de son corps et aussitôt remplacée par une douce chaleur qui détendit tous ses muscles. En désespoir de cause, elle finit par hocher la tête de droite à gauche. Le Président soupira de résignation, à l'instar de nombreux membres du Magenmagot qui ne pouvaient croire qu'elle fut capable des atrocités commises sur Mr.Hungard.
— Bien !
— Attendez ! s'interposa Dumbledore. Vous n'allez tout de même pas envoyer une enfant, cette enfant, à Azkaban ?!
Un silence de plomb tomba sur le Magenmagot alors que le Président se tortillait sur son fauteuil.
Aéla se souvînt que Sibbie lui avait parlé une fois d'un endroit appelé Azkaban. Il s'agissait d'une prison lugubre où était enfermés les pires criminels du monde des sorciers. Un endroit si terrible qu'on en ressortait jamais, du moins pas en vie. Elle plongea son regard dans celui de Tom et elle aurait pu jurer voir passer de l'inquiétude dans les yeux sombres du garçon. Il secoua la tête comme pour lui de ne pas s'inquiéter, que cela était impossible. Et pourtant ! Envoyer des enfants à Azkaban était une décision de dernier recours, prononcée qu'une dizaine de fois depuis la construction de la prison plus de mille ans auparavant. Seuls les mineurs criminels, ayant des chances de récidiver, y étaient envoyés. Et Aéla, se rendit compte Dumbledore avec toute l'horreur du monde, était considérée comme une criminelle.
— Désolé, Albus ! souffla le Président. Il est temps pour le Magenmagot de se prononcer sur le sort de la jeune Aéla Wayne, à la lumière des faits exposés et des témoignages recueillis. Que les membres qui reconnaissent l'accusé coupable, lèvent la main !
Sous le poids des responsabilités qui leur incombaient, et parce qu'il ne pouvait pas en être autrement afin de garantir la justice, tous les membres du Magenmagot levèrent la main droite, signe irrévocable de leur décision.
— Que les membres qui sont pour une condamnation, qui prendra effet immédiat à l'issu de ce procès, à la prison d'Azkaban, lèvent la main !
Ils furent peu, cette fois, à lever la main et Tom aurait voulut les foudroyer sur place. Ces gens n'avaient-ils pas de coeur ? Malgré lui et tout ses efforts pour ce contrôler, il sentait les larmes lui monter aux yeux. Il n'arrivait pas à y croire. Il ne voulait pas y croire ! Il suffisait d'une seule main levée pour que la condamnation soit prononcée.
Cependant, le Ministre de la Magie se leva de son fauteuil avec un air déterminé. Il avait assisté à toute cette mascarade sans rien dire mais, en tant que Ministre, il avait une carte à jouer et il était temps qu'il en fasse usage.
— Je m'oppose à la décision du Magenmagot ! tonna t-il d'une voix sans appel. Il est hors de question qu'une enfant soit reconnue coupable de tels faits en l'absence de témoignage de sa part, ni envoyée à Azkaban ! J'ordonne au Magenmagot de prendre les dispositions nécessaire au retour de cette petite fille à l'école Poudlard, en compagnie d'Albus Dumbledore et de son camarade, dans les plus brefs délais. Ceci n'a que trop durée !
Quelques membres soufflèrent de soulagement, le Président lui-même s'affaissa dans son fauteuil. Il aimait et respectait son métier mais il n'aurait pas voulut être le Président du Magenmagot qui, depuis deux siècles, avait envoyé un enfant pourrir dans une cellule glaciale à Azkaban.
Après quelques minutes de délibération où plus personne ne s'entendit parler, le silence retomba dans le tribunal.
— Le Magenmagot respectera la décision du Ministre de la Magie mais souhaite se prononcer sur certains points ! commença Erius avec une voix plus légère. Il a été officiellement notifié que Mademoiselle Wayne n'est plus sous la garde de Mr. et Mrs. Hungard et que ceux-ci ne devrons plus avoir aucun contact ! En attendant que le Magenmagot trouve une nouvelle famille d'accueil, Mademoiselle Wayne sera placée sous la responsabilité du professeur Albus Dumbledore et devra résider à Poudlard pendant les périodes de vacances. En dernier lieu et afin de garantir la sécurité de Mademoiselle Wayne, le Magenmagot annule la dérogation exceptionnelle qui lui avait été attribuée pour exercer la magie en dehors de Poudlard ! Toutes ses décisions prennent effet immédiatement. Je déclare l'affaire classée et Mademoiselle Wayne innocentée et libre ! Elle peut dès à présent rentrer à Poudlard en compagnie de Monsieur Dumbledore et de Monsieur Jedusor.
Des applaudissements retentirent dans le tribunal tandis qu'Aéla se laissait glisser de l'estrade, et atterrit dans les bras de Dumbledore qui l'enserra dans ses bras comme un étau. Elle était si soulagée que ce fut à peine si elle remarqua le sourire victorieux qu'arborait Tom, se fichant pour la première fois que quelqu'un puisse mal interpréter cette expression de sentiment.
Après avoir remercié un nombre incalculable de fois le Ministre de la Magie pour son intervention, Dumbledore raccompagna avec un sourire joyeux Tom et Aéla à Poudlard en transplanant. La journée avait été épuisante et il n'avait pas envie de perdre plus de temps avec de la poudre de cheminette. Il raccompagna les deux enfants jusqu'à leur salle commune, ignorant le flot de questions de Slughorn qui les avait attendu toute la journée dans son bureau. Ce ne fut qu'une fois Tom et Aéla passés derrière le portrait du Cavalier-sans-Tête qu'Albus raconta en détail sa terrible journée au directeur de Serpentard.
De leur côté, Tom et Aéla se sentaient légers comme des plumes, unit par un même sentiment de soulagement et de joie. Pourtant Tom, qui n'avait plus rien laissé paraître de ses sentiments à la sortie du Magenmagot, abandonna la jeune fille pour aller s'asseoir à côté de ses amis. Les élèves présents dans la salle commune s'étonnèrent un instant de voir Aéla mais la jeune fille avait trop peu d'importance à leurs yeux pour qu'ils y prêtent plus d'attention. Elle aurait voulu remercier Tom pour son aide, pour être resté auprès d'elle, mais celui-ci ne lui prêtait plus la moindre attention. Ce fichu caractère lunatique ! Mais Aéla décida que cela ne devait pas gâcher la fin de sa journée. Elle rejoignit son dortoir où, à peine eut-elle passé la porte, deux poids se jetèrent sur elle. Björn et Sibbie, fous de joie et piaillant comme des oisillons ! Slughorn avait dût donner des ordres pour qu'elle ne soit plus isolé et elle l'en remerciait ! Ses deux amis lui avaient manqués ! Il lui avait même semblé apercevoir le Baron-Sanglant près des cachots, un vague sourire sur le visage. Cela faisait longtemps qu'ils n'avaient pas discutés et elle comptait rattraper son retard au plus vite. Pour l'heure, elle profita que Sibbie ait noté tous les potins de l'école sur un calepin et se fasse un devoir de les lui raconter, tandis que Björn sortait des recoins cachés de sa robe de sorcier un florilège de bonbons et de gâteaux. Ils avaient tant de temps à rattraper !
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Tale of Jedusor : les jeux du sort
Fanfic« - Vous êtes faible ! Vous ne connaîtrez jamais l'amour. Je vous plains sincèrement ! Voldemort abaissa quelques instants sa baguette, un sourire grimaçant sur les lèvres. Qu'est-ce que ce sang-mêlé de Potter venait de lui dire ? Il eut terriblemen...