III.XII « Des cadeaux pas comme les autres »

546 35 2
                                    


Le vingt-quatre Février était une date particulière pour Aéla, c'était le jour de son anniversaire. Une journée qu'elle ne partageait qu'avec sa mère, puis qu'elle avait appris à oublier jusqu'à ce qu'elle rencontre les Feynes. A présent, elle avait à nouveau le sentiment que cette journée serait extraordinaire.

Ce matin-là, elle s'était réveillée aux premiers rayons du soleil. Son cerveau était encore embrumé qu'une lettre était apparue sur sa table de chevet. Aéla s'en était emparé avec impatience et avait déchiré l'enveloppe dans son entièreté. A l'intérieur, une jolie carte dans les tons rouges et dorés, noircit d'une belle écriture en italique.


« Ma chère Aéla,

En ce jour très spécial, je te souhaite un merveilleux anniversaire ! Chaque jour j'ai la chance de te voir grandir et devenir une sorcière extraordinaire. Je te félicite pour tous tes progrès et t'encourage pour les épreuves qui se dresseront sur ton chemin.

Avec toute mon affection,

Albus Dumbledore »


Un sourire béat étira les lèvres d'Aéla, qui rangea soigneusement la carte entre les pages de son manuel de Potion tandis que Sibbie s'éveillait paresseusement.

Son amie lui jeta un premier regard endormi avant de se redresser sur son lit comme un ressort. L'excitation envahit son visage, effaçant toute trace de sommeil, puis Sibbie sortit de son lit et sauta sur celui de sa meilleure amie, prenant Aéla dans ses bras.

Joyeux anniversaire ! hurla t-elle, les balançant de gauche à droite en éclatant de rire. C'est toi la Reine de la journée !
Je croyais que c'était tous les jours le cas ! s'exclama Aéla avec une incrédulité feinte.
Pfff ! Tu passes décidément trop de temps avec mon cousin, marmonna Sibbie. Tu commences à avoir le même humour que lui. Bref ! Bouge pas d'ici !

Sibbie se leva et alla ouvrir sa malle dont elle remua tout le contenu en marmonnant dans sa barbe. Lorsque Sibbie ressortit la tête de sa malle, elle tenait une petite boîte en velours bleu foncé, qu'elle s'empressa de fourrer dans les mains d'Aéla.

Oh, Sibbie ! fit Aéla, touchée. Tu n'aurais pas dû.
Bien sûr que si ! Tu es mon amie et c'est ton anniversaire.

Aéla s'empressa d'ouvrir la boîte et y découvrit un joli bracelet en argent, avec une breloque en forme de croissant de lune. Un cadeau parfait pour une sorcière comme elle. Des larmes de joie embuèrent ses yeux mais Aéla les retint et préféra prendre Sibbie dans ses bras, lui collant un bisous sonore sur la joue, ce qui fit rire son amie.

J'en conclus qu'il te plaît.
Bien sûr qu'il me plaît ! Tu veux bien me l'attacher ?

Sibbie prit le délicat bracelet et l'accrocha autour du poignet d'Aéla. Toutes deux admirèrent les reflets argentés du bijoux, tout en discutant de choses et d'autres, jusqu'à l'heure du petit-déjeuner.

Dans la grande salle, elles rejoignirent Björn et Tom qui étaient déjà attablés, et s'observaient en chien de faïence, chacun d'un côté de la table. Aucun d'eux n'avait entamé son bol de céréales mais ils tenaient leur cuillère comme s'ils avaient l'intention de tuer quelqu'un avec.

Sibbie et Aéla glissèrent telles des fantômes sur leur chaise, sans le moindre bruit, et regardèrent les deux garçons comme s'ils étaient devenus fous.

Vous savez, j'espère, que personne n'est jamais mort à cause d'un simple regard ? demanda Sibbie, d'un ton ironique. Vous devriez cligner des yeux ! Sinon vous allez devenir aveugle.

Aussitôt, Tom et Björn se lâchèrent du regard et se tournèrent vers Aéla.

Joyeux anniversaire ! dirent-ils en même temps, déclenchant l'hilarité de Sibbie.

Aéla aussi eut terriblement envie de rire mais elle savait que Tom risquait de mal le prendre. Il était déjà suffisamment furieux que Björn ait parlé en même temps que lui, alors elle les remercia et commença son petit-déjeuner tandis que le bal des hiboux commençait.

Chaque matin, elle s'émerveillait de voir ces oiseaux majestueux virevolter dans la grande salle, transportant lettres, journaux et colis avec autant d'aisance que s'il s'était agi de plume. A peine parvenu au destinataire de leur précieuse cargaison, les hiboux et chouettes larguaient la marchandise sur les genoux des jeunes sorciers, pour les plus habiles, ou dans les bols de lait, pour ceux qui l'étaient moins.

Soudain, un grand hibou au plumage gris tacheté vola au-dessus de leur table, passant si près des têtes de Serpentard que certains se jetèrent en arrière pour l'éviter. Il était chargé d'un paquet au papier multicolore, qu'il lâcha lorsqu'il arriva au-dessus d'Aéla. Fort heureusement pour la jeune femme, ce hibou-ci fut habile et le paquet atteri sur ses genoux.

Elle prit le paquet dans ses mains, le retournant dans tous les sens pour en deviner le destinataire. Une petite carte y était accrochée.


« Notre Aéla chérie,

Nous te souhaitons un joyeux anniversaire. Nous sommes désolés de ne pas pouvoir être avec toi en ce jour si particulier mais nous nous rattraperons aux prochaines vacances.

Nous attendons ton retour avec impatience !

Nous t'aimons de tout notre coeur,

Poppie et Jédédiah »


Cette fois, Aéla ne put retenir les larmes qui envahirent ses yeux. Elle s'était attendu à recevoir un courrier des Feynes pour son anniversaire et, pourtant, elle peinait à croire qu'ils s'en soient souvenus.

Aéla mit la carte de côté et ouvrit le paquet.

A l'intérieur, elle trouva une magnifique robe en coton rose pâle, avec des broderies anglaises sur le contour du col et des manches courtes. Aéla sut immédiatement que Poppie la lui avait faite, elle reconnut les points d'aiguilles, et cela la toucha plus encore que s'il s'était agi d'une simple robe achetée dans un magasin. Poppie avait pris du temps pour faire cette robe, elle avait donc pensé à elle lorsqu'elle la cousait. Cette pensée bouleversa Aéla bien plus qu'elle ne put l'exprimer. Elle porta le vêtement à son visage et le colla contre sa joue, essayant d'y retrouver un peu de la chaleur du couple Feynes.

Tout va bien ? demanda Tom, un sourcil relevé.
Ça va mieux que bien ! Regarde comme elle est jolie, signa Aéla, lui tendant la robe sous le nez.
Elle est jolie, répondit Björn, à la place de Tom. Mais pas aussi jolie que toi !
Par Merlin ! s'exclama Sibbie, en levant les yeux au ciel. Ce que tu peux être fleur bleue ! Parfois, ça me donne envie de vomir.
Et bien, vomi et tais toi !

Les cousins partirent dans une querelle dont eux seuls avaient le secret, tandis que Tom se penchait vers Aéla et effleurait le tissu de la robe.

Tu seras éblouissante dedans, chuchota t-il.
Merci.

Aéla eut les joues en flammes et rangea sa robe dans son sac. L'espace d'un instant, elle crut que Tom lui ferait un cadeau. Bien qu'il ne les lui ait jamais donné en mains propres, et encore moins devant témoin, le jeune homme n'avait jamais oublié son anniversaire. Pourtant, Tom retomba dans le silence et continua à prendre son petit-déjeuner comme ce fut un matin normal.

Aéla chassa sa frustration et secoua sa tête pour reprendre ses esprits. Elle n'avait plus le temps de rêvasser, ni d'écouter Björn et Sibbie se chamailler. Les cours allaient bientôt commencer et elle ne tenait pas à arriver en retard à son préféré d'entre tous : le cours de Potion.




Lorsqu'elle s'installa à sa table en cours de Potion, coincée entre Sibbie et Tom, Aéla eut la surprise de découvrir un nécessaire à potion flambant neuf. Elle jeta un regard plein d'espoir vers Tom mais celui-ci se contenta d'hausser un sourcil, comme s'il ne comprenait pas pourquoi la jeune femme le regardait avec des yeux pleins d'étoiles.

Quoi ? demanda t-il.
Rien, répondit Aéla, baissant la tête pour cacher sa tristesse.

Cette fois, s'en était sûr, Tom Jedusor avait oublié son anniversaire. Pour quelqu'un qui se targuait de ne jamais rien oublier, c'était presque ironique. Presque.

Aéla prit les belles fioles de cristal entre ses mains, se demandant qui aurait pu lui offrir un cadeau aussi onéreux. De toute évidence, ce n'était pas Tom. Ce n'était pas non plus Sibbie. Restait alors Björn mais le jeune homme ne semblait pas s'être aperçu du nécessaire de potion et feuilletait son manuel d'un air distrait. Et puis, ce n'était pas son genre. Si Aéla avait dû deviner son cadeau de la part du jeune suédois, elle aurait parié sur un bouquet de roses ou un ours en peluche.

Relevant la tête pour se concentrer sur le cours, Aéla croisa le regard du professeur Slughorn qui pétillait de malice.

Bien sûr ! Comment avait-elle pu ne pas y penser plus tôt ?

Slughorn hocha la tête, comme pour confirmer son hypothèse, et un immense sourire reconnaissant mangea le visage d'Aéla.

Merci, signa t-elle.

Slughorn eut un rire silencieux puis débuta son cours

A ses côtés, Aéla n'eut pas besoin de le regarder pour sentir Tom se renfrogner.

C'est à croire que tout le monde a décidé de t'offrir des choses banales, marmonna t-il en allumant leur chaudron. Un nécessaire à potion, quel manque d'originalité !
Si tu trouves ça si misérable, ne te gêne pas pour relever le niveau !
Ne me défie pas, Aéla, chuchota Tom, pour éviter que leurs voisins ne l'entende. Ne me sous-estime pas non plus.
Et toi, ne critique pas la générosité des autres.

Tom leva les yeux au ciel et se concentra sur la préparation de la potion demandée par Slughorn, non sans pousser un soupir ennuyé. Critiqué était un de ses passe-temps favoris, il ne comptait pas s'en priver de si tôt !





A la fin du cours de potion, Aéla rangea avec précaution son nouveau nécessaire à potion dans son sac, craignant de ne plus avoir de place pour ses prochains cours tant celui-ci encombra son sac.

Aéla, l'interrompit Björn, dansant d'un pied sur l'autre. Est-ce que ça te dirait de venir faire un tour au parc ?
Et pourquoi devrait-elle se promener avec un bon à rien dans ton genre ? cracha Tom.
Tom ! s'indigna Aéla. Ce sera avec plaisir, Björn.

Aéla offrit un regard noir à Tom, lui faisant bien comprendre qu'elle appréciait de moins en moins l'animosité qui persistait entre les deux jeunes hommes.

Elle finit de ranger ses affaires et suivit le jeune suédois jusque dans le parc de l'école, sans un regard pour Tom. Tous deux s'assirent dans l'herbe fraîche, près du lac noir, et un silence gênant s'installa entre eux.

Ça fait du bien de prendre l'air, non ? demanda Björn après s'être raclé la gorge, visiblement mal à l'aise.
Oui, même s'il fait un peu froid.
Oh... Tu veux rentrer ?
Non, ça va aller. Björn, pourquoi m'as-tu emmené ici ?

Björn détourna le regard et son visage s'empourpra. Il avait l'air d'un petit garçon pris en flagrant délit de bêtise, alors même qu'il n'avait encore rien fait.

Je voulais te souhaiter un bon anniversaire, Aéla, avoua Björn, d'une voix timide. Et.... Et j'ai un cadeau spécial pour toi.
Ah oui ?
Mh ! Ferme les yeux.

Aéla jeta un coup d'oeil méfiant à Björn mais obtempéra. Elle tendit ses mains devant elle et ferma les yeux, s'imaginant milles cadeaux possibles pour que Björn lui fasse autant de cachoteries.

Une éternité sembla s'étirer jusqu'à ce qu'elle sente le jeune homme bouger, face à elle. Pourtant, au lieu qu'un paquet soit posé sur ses mains tendues, Aéla sentit des lèvres fraîches effleurer les siennes. Aussitôt, elle ouvrit les yeux et observa Björn, qui se reculait, le rouge aux joues.

Il venait de l'embrasser !

Par Merlin, venait-il de lui voler son premier baiser ? Aéla ne savait pas quoi faire. Elle put simplement regarder son ami avec un air incrédule, oscillant entre l'hilarité et la crise de larmes.

Pourquoi as- tu fait ça ? demanda t-elle avec le plus de tact possible.
Eh bien... C'est mon cadeau pour ton anniversaire, avoua Björn, avec gêne. Ça ne te plaît pas ?

Soudain, un rire narquois explosa derrière eux, les faisant sursauter et bondir sur leurs pieds.

Tom se tenait là, plus moqueur et dédaigneux que jamais, son regard ténébreux et froid oscillant dangereusement entre Aéla et Björn. Il s'approcha d'un pas mesuré, comme un félin s'approcherait de son prochain repas, et se glissa devant Aéla, éclipsant la jeune femme du champ de vision de Björn.

C'est ça, que tu appelles « un baiser » ? demanda Tom, d'un ton aussi sournois que moqueur. Mon pauvre Dunharrow, tu es décidément un bon à rien !
Qu'est-ce que tu fiches ici, Jedusor ?
Je suis venu m'assurer que tu ne tentais rien d'idiot, et visiblement, j'ai eu raison, ajouta t-il en jetant un bref coup d'oeil à Aéla par-dessus son épaule. Tu as dû te transformer en Troll pendant la nuit, pour oser embrasser une fille par surprise.
Je n'ai pas besoin de tes commentaires, ni de tes conseils !
Vraiment ? Permets-moi quand même de te montrer à quoi ressemble un vrai baiser !

Le visage de Tom affichait clairement sa supériorité et son incommensurable dédain envers Björn Dunharrow. En cet instant, rien ne semblait plus important pour lui que d'écraser son camarade et de le rabaisser aux yeux d'Aéla. Il semblait être prêt à tout pour ça, même à piétiner les sentiments, déjà malmenés, de la jeune sorcière.

Tom se retourna face à Aéla et prit son visage entre ses mains rendues glaciales par le froid. Aéla frissonna mais cela n'eut rien à voir avec le contact du jeune homme. Elle eut peur de la folie qui régnait dans ses yeux à ce moment là.

Le temps arrêta son court et le souffle d'Aéla se bloqua tandis que Tom approchait son visage. Il ne la regardait même pas, trop concentré sur son but, son objectif : humilier Björn Dunharrow.

Les lèvres de Tom s'écrasèrent contre les siennes avec fermeté, ne lui laissant ni le temps d'y réfléchir, ni de l'arrêter. Le baiser n'eut rien d'agréable pour Aéla car il n'était pas vrai, il n'était pas sincère.

Plus sûrement que Björn lui avait volé son premier baiser, Tom venait de briser son rêve. Combien de fois avait-elle imaginé le jeune homme en train de l'embrasser ? Trop pour son propre bien ! « Ce sale avorton n'a pas le droit d'abuser de Morhèr ! » fulmina la chose à l'intérieur d'elle.

Aéla sentit une vague de fureur envahir son corps et elle repoussa Tom avec une force qui ne lui appartenait pas, lui faisant faire plusieurs pas en arrière. Elle le regarda avec des yeux horrifiés mais cela ne sembla pas le toucher. Bien au contraire ! Tom eut le culot de se retourner vers Björn, la fierté tirant les traits de son visage.

S'en fut trop pour Aéla. Elle s'approcha de lui à grands pas et, prenant les deux jeunes hommes par surprise, assena à Tom une gifle retentissante. La tête de Tom partit sur le côté alors même que sa main se posait sur sa joue meurtrie, comme pour bien s'assurer de ce qu'il venait de se passer.

A ses côtés, Björn resta interdit par la fureur qui émanait d'Aéla et n'osa faire aucun geste pour la retenir lorsque celle-ci partit en courant vers le château, les laissant seuls dans le parc. Il aurait pu se réjouir de la situation mais il savait que lui-même avait commis une erreur en embrassant Aéla, que lui-même aurait pu se prendre une gifle de la part de la jeune femme.

Tom se redressa en massant sa joue et lui jeta un regard noir, comme si Björn fut l'entier responsable de sa mésaventure.

Si tu parles de ça à qui que ce soit, t'es un homme mort !

Comme si Tom avait besoin de le lui rappeler ! Björn n'était pas aussi fou et idiot qu'il pouvait le croire.

Tom retourna au château aussi furieusement qu'Aéla et Björn se retrouva seul près du lac. Seul avec ses pensées. Seul avec sa culpabilité. Seul avec son coeur brisé.




Aéla disparut pendant une grande partie de la fin de matinée et de l'après-midi. Elle se cacha dans la volière pour pouvoir laisser libre-court à sa peine et sa rage, effrayant quelques chouettes au passage. La présence des oiseaux la réconforta étrangement et leur caressa les plumes jusqu'à ce que ses yeux soient vides de toute larme.

Lorsqu'elle arriva en classe pour son dernier cours de la journée, Aéla fut accueillie par le professeur de Défense contre les Forces du Mal qui avait déjà débuté son cours. Elle eut bien du mal à expliquer son énorme retard, malgré que Sibbie ait donné une fausse explication au professeur en début d'heure. Bien qu'elle eut les yeux rouges et gonflés, preuve qu'elle avait longuement pleuré, pour justification, le professeur crut bon de la punir en lui demandant de venir sur l'estrade, face à l'ensemble des Serpentard.

Bien, Miss Wayne, fit-il d'un ton irrité. Puisque que vous semblez persuadée de pouvoir vous passer de mon cours, veuillez montrer à vos camarades votre parfaite maîtrise du sortilège de réduction.

Tandis que quelques rires s'élevaient dans la salle, le professeur lui montra un mannequin en bois à l'autre bout de l'estrade.

Aéla ne connaissait pas le sortilège de réduction, du moins elle ne s'en était jamais servi, mais elle sortit sa baguette et la pointa vers le mannequin. La fureur s'agitait toujours en elle et elle fut frustrée d'être ainsi humiliée par un professeur sans pouvoir se défendre. « Donnons-lui une bonne leçon, Morhèr ! ».

Elle céda complètement le contrôle à la chose en elle. Aéla sentit sa main se raffermir autour de sa baguette, une vague de puissance électrisa la moindre de ses cellules, la brûlant de l'intérieur. Elle en aurait presque hurlé de douleur si celle-ci n'avait pas été étrangement réconfortante.

Une lumière bleu et crépitante jaillit de sa baguette et frappa le mannequin en pleine poitrine, à l'endroit où un coeur se serait trouvé s'il s'était agi d'un être humain.

Le mannequin explosa dans un fracas assourdissant, obligeant les Serpentard à se couvrir les oreilles, et tomba au sol en poussière de bois.

Élèves et professeur, restèrent interdits.

Hum, stupéfiant, Miss Wayne, balbutia le professeur. Mais il me semblait vous avoir demandé de le réduire... Pas de l'anéantir. Allez vous asseoir et tâchez de rattraper votre retard.

Sans demander son reste, Aéla descendit de l'estrade et alla s'asseoir à côté de Sibbie, bien loin de Björn et encore plus loin de Tom, qui l'accueillit avec un « Whoua » admiratif.

Le professeur reprit le fil de son cours et Aéla tenta de se concentrer dessus, tentant difficilement de faire abstraction du regard de Tom qui lui transperçait le dos.




Ce soir-là, le dîner fut une véritable torture pour Aéla. Bien qu'elle eut droit à un petit gâteau d'anniversaire pour le dessert, le fait que Tom ne la lâche pas du regard lui avait coupé l'appétit. Elle s'était pourtant forcé à manger, ne voulant attirer la curiosité de Sibbie et ne voulant pas montrer à Tom que ces regards avait de l'importance, qu'il avait encore de l'emprise pour elle. Elle voulait se détacher de lui, l'oublier, ne serait-ce que pour une seconde.

Cependant, lorsqu'elle entra dans sa chambre, elle se rendit compte que c'était un voeu pieu. Sur son lit l'attendait une cage en fer forgé, un magnifique ouvrage qui abritait un animal tout aussi magnifique : un hibou grand-duc au plumage noir comme la nuit et aux yeux de la même couleur que l'ambre.

Elle s'approcha de la cage et le hibou commença à ululer joyeusement. Aéla ouvrit la porte et l'oiseau sautilla jusque sur ses genoux, s'installant contre elle pour réclamer quelques caresses.

Il n'y avait aucune carte, aucune indication sur la personne qui lui avait offert ce magnifique compagnon à plumes mais Aéla n'en eut pas besoin. Il ne pouvait s'agir que de Tom. Lui seul aurait l'idée de faire un cadeau aussi extravagant et onéreux.

Elle lui en voulait terriblement ! Mais comment pouvait-elle refuser la compagnie d'un si joli et adorable hibou ?

Aéla gratta le cou de l'oiseau qui ulula de plus belle, fermant ses yeux d'ambre pour mieux savourer les caresses de sa maîtresse, alors que Sibbie entrait dans la chambre. A la vue de l'oiseau, son amie se figea.

Me dis pas que...
Si, répondit Aéla à sa question muette.
Jedusor devrait vraiment réfléchir à deux fois avant d'offrir un hibou ! Il va faire caca partout.

Le hibou en question claqua du bec, mécontent qu'on le prenne pour un malpropre, et chercha du réconfort auprès d'Aéla.

Je suis sûre que non. Becfer, est un gentleman, il saura bien se tenir.
Becfer ? Il a déjà un nom ?!
Bien sûr ! Tu ne le trouves pas mignon ?

Sibbie scruta l'oiseau un moment puis s'assit sur le lit à côté d'Aéla, assez près pour voir l'oiseau mais assez loin pour échapper à ses coups de bec possessifs. Il ne voulait visiblement partager sa maîtresse avec personne.

On dirait une créature de l'Enfer, lâcha Sibbie, indignant plus l'oiseau.
Il est parfait !
Ouais, il est pas mal pour un hibou. Mais je te jure, Aéla, que s'il fait caca sur mes affaires, je le plume et le fait rôtir dans la cheminée !

Aéla jeta un regard horrifié à son amie, serrant un plus l'oiseau contre elle qui ululait férocement contre Sibbie. Puis elle se rappela que son amie avait un sens de l'humour douteux et elles éclatèrent de rire.

Cela lui fit un bien fou et l'espace d'une seconde, une infime seconde, elle oublia Tom et son baiser qui n'en était pas vraiment un.

Tale of Jedusor : les jeux du sortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant