III.IX « Une obsession grandissante »

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L'histoire des Reliques de la Mort était une chose fascinante. D'ailleurs, c'était même plus qu'une histoire, c'était un témoignage, un héritage transmis de génération en génération grâce au conte de Beedle le Barde. Un trésor inestimable qui ne pouvait être que convoité et Tom ne faisait pas exception. Depuis la soirée chez le professeur Slughorn, où il avait rencontré le descendant du conteur, le jeune homme s'était pris de passion pour le récit des frères Peverell. Ou plutôt, pour les objets que les trois frères avaient possédés des siècles auparavant.

Tom avait cherché des informations sur les Reliques de la Mort dans tous les livres qui lui étaient tombés sous les mains, s'acharnant page après page à collecter le moindre indice sur leurs divers possesseurs, et sur leur emplacement supposé. Cependant, les reliques ne semblaient pas avoir eus d'autres maîtres que les Peverell, à l'exception de la baguette de Sureau qui avait appartenu à Gellert Grindelwald, comme il l'avait lu dans un grimoire l'année précédente. Tom enragé de ne pas trouver de réponse à ses nombreuses questions, de ne pouvoir se renseigner sur les Reliques de la Mort. Si un conteur, ayant vu des années après les frères Peverell, avait pu en savoir autant, comment lui ne le pouvait-il pas ? Cherchait-on délibérément à cacher ces informations ? Il était vrai que le pouvoir des reliques, une fois rassemblées, ne pouvait que le laisser rêveur et avide. Tom rêvait depuis toujours d'un tel pouvoir, d'une telle puissance. Devenir le Maître de la Mort serait, incontestablement, un exploit qui ferait de lui le sorcier le plus grand de tous les temps.

Et c'était là, tout ce que Tom désirait. C'était sa destinée, il en était persuadé.

Pourtant, sa destinée semblait être mise à mal par son impatience. Il était tellement avide et désespéré de retrouver la trace des Reliques de la Mort, que la moindre déroute lui faisait envoyer les livres à l'autre bout de la salle, déchirer ses notes et remettre en question sa capacité même à faire ces recherches tout seul. Tom n'était pas quelqu'un qui se satisfaisait d'une note de bas de page, d'une vague allusion aux reliques et de spéculations idiotes. Il voulait de vraies réponses ! Cependant, il se rendit vite compte qu'il ne pouvait pas y arriver seul. Il lui fallait de l'aide. Une aide qui serait prête à tout pour lui, quitte à passer des heures à lire de vieux bouquins poussiéreux au point d'en avoir mal aux yeux. Une aide qui n'abandonnerait pas les recherches avant d'avoir trouver une réponse satisfaisante et tangible. Une aide qui serait l'exact opposé de lui, calme, patiente et sereine. Aéla Wayne.

Depuis la soirée chez Slughorn, la relation entre Aéla et Tom avait peu évoluée. Ils n'étaient plus fâchés, certes, mais il demeurait un malaise entre eux qui ne semblait pas vouloir partir. Tom s'était pourtant excusé mais cela ne semblait pas suffire, quelque chose restait brisé entre eux, comme une crevasse que rien ne pouvait refermer. Il détestait cela ! Il regrettait sincèrement son geste et Aéla le savait. Alors pourquoi ne parvenaient-ils pas à passer au-dessus de tout ça ? Au fond de lui, le jeune homme savait pourquoi : parce qu'il y avait trop de sentiments non-dits entre eux. Cela lui faisait mal, le rendait furieux et perdu, mais jamais ! Ô grand, jamais, il n'avouerait des choses aussi personnelles et faibles que ses sentiments ! Même pas pour Aéla. Même pas pour lui-même.




Ce fut fort de cette conviction, celle que son coeur resterait scellé à jamais, que Tom s'aventura une fois de plus à la bibliothèque. C'était un endroit qu'il commençait à connaître mieux que sa propre chambre, à son grand regret. Non pas que Miss Druaux, la bibliothécaire soit désagréable lorsqu'elle ne s'occupait pas d'affaires qui ne la regardait pas, mais Tom passait beaucoup trop de temps à parcourir les rayons, à lire des livres inutiles. Un temps précieux qu'il avait l'impression de perdre pour rien et la bibliothèque avait peu à peu prit des allures d'antichambre de l'Enfer, le gardant enfermé en son sein pendant des heures pour le soumettre à une douce et lente torture pour rien.

Tom détestait cela. Il détestait se donner corps et âme dans quelque chose et ne rien obtenir en retour. Ça le faisait paraître idiot aux yeux des autres, qui ne comprenaient pas son acharnement, son obsession. Et ce que Tom détestait par-dessus tout, c'était passer pour un idiot.

En entrant dans la bibliothèque, il ne prit même pas le temps et la politesse de saluer Miss Druaux et alla consulter le registre d'archives. Dans ce vieux grimoire ensorcelé étaient répertoriés tous les livres de la bibliothèque, à l'exception de ceux qui se trouvaient dans la réserve. Il suffisait de pointer sa baguette sur sa couverture décrépite et de prononcer le titre du livre que l'on souhaitait consulter ou, à défaut, le thème sur lequel on souhaitait trouver des ouvrages. Tom sortit donc sa baguette et, comme depuis deux semaines, demanda au registre de lui montrer tous les ouvrages traitant des Reliques de la Mort. Le grimoire s'ouvrit aussitôt et ses milliers de pages défilèrent à une vitesse folle jusqu'à s'arrêter à la section : « Contes et histoires de sorciers morts depuis longtemps ». C'était une section au contenu infini, dont le plus ancien des ouvrages remontait à l'Antiquité. Une section dont Tom n'avait pas encore exploré le quart. Autant dire que le jeune homme cherchait une aiguille dans une botte de foin. Il parcourut la longue liste d'ouvrages répertoriés, ne s'arrêtant que brièvement sur ceux qu'il avait déjà consultés, pour en trouver un qu'il n'avait pas encore exploré.

Soudain, une ombre délicate se dessina sur les pages jaunies du grimoire. Tom sursauta légèrement et se retourna, prêt à envoyer balader le curieux qui osait mettre le nez dans ses affaires. Pourtant, lorsqu'il vit la jeune femme à ses côtés, les mots cinglants qu'il s'apprêtait à cracher moururent dans sa gorge. Aéla se trouvait à ses côtés, un sourire joyeux sur les lèvres, le regardant comme s'il était le centre de son univers.

Et par Merlin, ce que Tom pouvait aimer ce regard !

Qu'est-ce que tu fais ici ?
Je te cherchais, signa Aéla comme si c'était évident.
Pourquoi ? répondit Tom d'un ton méfiant.
Juste une intuition. J'avais l'impression que je devais venir ici, pour t'aider... à faire quelque chose. Est-ce que je peux t'aider ?

Aéla avait l'air si timide, si incertaine de sa réponse ou de sa réaction. Elle devait encore craindre qu'il s'emporte contre elle et lui fasse du mal. Cela retourna l'estomac de Tom.

Je fais des recherches sur les Reliques de la Mort, laissa-t-il tomber, sachant d'avance la réaction d'Aéla.

Et la jeune fille réagit exactement comme il l'avait escompté. Son visage perdit son sourire et elle eut un mouvement de recul, comme pour mieux observer Tom. Elle savait parfaitement ce qu'il voulait savoir et pourquoi il voulait le savoir. Elle savait que Tom avait peur de la mort pour avoir vu son épouvantard l'année précédente et elle savait, au plus profond d'elle, qu'il cherchait un moyen de la vaincre depuis tout ce temps.

C'était une obsession terrifiante, qui ne pouvait mener qu'à des choses tragiques, et la jeune fille ne voulait pas y prendre part.

Tom, tu dois arrêter avec ça ! Ça ne sert à rien.
Et qu'est-ce que tu en sais ? demanda furieusement le jeune homme. Ce ne sont que des recherches, Aéla. Je ne fais rien de mal.
Pas pour l'instant.

Elle le regarda avec ses intenses yeux bleus, sachant de toute évidence quelque chose que Tom ignorait et qu'il n'avait plus le courage de lui demander. Qu'Aéla garde ses secrets pour elle ! Il en avait, lui aussi, qu'il ne comptait révéler à personne. Pourtant, la jeune fille semblait avoir le don agaçant de lire en lui comme dans un livre ouvert.

Si tu ne comptes pas m'aider alors laisse-moi tranquille.
Comme tu voudras.

Aéla posa une main chaude sur son bras et un courant électrique passa entre eux, envahissant tout le corps de Tom. Ce fut agréable mais bien trop bref à son goût. Il eut à peine le temps de le savourer qu'Aéla avait fait demi-tour et sortait de la bibliothèque.

Le voilà encore seul face à l'ampleur de sa tâche, lui qui désespérait d'avoir l'aide d'Aéla mais cela semblait compromis. Si la jeune femme avait eu l'intuition inexplicable qu'il avait besoin d'aide, elle ne s'était pas douté du pourquoi il en avait besoin. Et ce « pourquoi » ne lui plaisait pas, de toute évidence.

Tale of Jedusor : les jeux du sortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant