III.IV « La vérité cachée du Choixpeau »

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Le bureau d'Albus Dumbledore n'était assurément pas ce à quoi s'attendait Aéla. Bien loin de l'ordre et de l'austérité auxquels on pourrait s'attendre dans l'antre d'un professeur de Poudlard, Dumbledore semblait préférait le désordre, la profusion d'objets étranges et les couleurs criardes mal assorties. Cependant, ce lieu lui ressemblait tellement ! Comme si la pièce était une extension de lui-même et de sa personnalité. Aéla s'y sentit immédiatement la bienvenue et en sécurité.
Naviguant entre les piles de parchemins et les tas de grimoires rabougris, Albus prit place derrière son bureau, sur un fauteuil qui avait sûrement trop vécu pour paraître confortable. Avec son éternel sourire chaleureux, le directeur de Gryffondor invita Aéla à s'installer sur un des fauteuils face à lui, obligeant la jeune fille à déplacer une multitude de parchemins et de vieux paquets de bonbons. Ne sachant pas où mettre ce bazar, la pièce étant déjà surchargée, Aéla déposa son fardeau sur le bureau de Dumbledore qui ne sembla pas s'en offusquer. Au contraire, le professeur s'empara d'un boîte de Malice-Réglisse et en scruta le contenu avec une moue dépitée.

Je t'aurais volontiers proposé un Malice-Réglisse mais il semblerait que ceux-ci soit plus vieux que moi ! fit-il dans un rire qui tira un sourire à Aéla. Peut être qu'un chocolat serait moins risqué.

Avec Albus Dumbledore, rien n'était moins sûr.
Le professeur tenta d'ouvrir un tiroir, en vain. En pied sur le bord du bureau, les deux mains fermement accrochées au tiroir, Albus tira de toute ses forces et le tiroir céda, faisant jaillir une multitude d'objets hétéroclites dont certains se mirent à vibrer, cliqueter, siffler et fumer. Parmi ce capharnaüm, il trouva une vieille boîte de chocolat poussiéreuse, l'ouvrit et offrit son contenu à Aéla qui s'était penché par-dessus le bureau pour voir les petits objets de Dumbledore. Comme prise la main dans le sac alors que le professeur ne lui fit aucune reproche, Aéla se rassit brusquement sur son fauteuil et jeta un coup d'oeil au chocolat qu'Albus lui offrait dans un grand sourire. Aéla en prit un et l'enfourna dans sa bouche sans prendre le temps de l'examiner. Il fût évident au premier coup de dents que le chocolat était aussi vieux que les Malice-Réglisses. Aussi vieux que Dumbledore, peut être même dataient-ils de son prédécesseur. Toutefois, Albus dût prendre la réaction d'Aéla pour quelque chose de positif car il lui proposa un deuxième chocolat avant de poser la boîte sur un plateau d'échec tanguant dangereusement au bord d'un guéridon à côté du bureau.
Soudain, Albus afficha un visage sérieux et Aéla s'enfonça dans son fauteuil malgré elle.

Tu sais sûrement pourquoi je t'ai amené ici, n'est-ce pas ? demanda Albus d'une voix douce qui tranchait dangereusement avec son expression.
Oui.
Et tu sais que les sortilèges dangereux ne sont pas permis à Poudlard, n'est-ce pas ?
Oui.
Je suis curieux de savoir ce qui t'a amené à exercé le sortilège de Chauve-furie aussi ravageur.

Chauve-furie ? Oui, Aéla avait lu quelque chose sur ce sortilège particulièrement difficile à matérialiser car il impliquait des formes vivantes qu'il fallait contrôler à travers sa baguette. Ce n'était pas le genre de chose que l'on apprenait en cours de Sortilège. Ce n'était pas le genre de chose à la portée d'une élève de troisième année.
Aéla fronça les sourcils et haussa les épaules, ne sachant par où commençait sa plaidoirie.

Je n'ai pas réfléchie. Je ne voulais pas faire de mal à qui que ce soit.
Je n'en doute pas un instant, Aéla, fit Dumbledore avec la plus touchante des sincérités. Toutefois, je doute que cette explication suffise à calmer les vociférations des parents de ces deux élèves lorsqu'ils apprendrons qu'un essaim de chauves-souris a attaqué leur fils.
Ce n'était que quelques chauves-souris, plaida Aéla en baissant les yeux.
Quelques chauves-souris qui ont fait beaucoup de dégâts si j'en juge par les cris que ces garçons poussaient dans les couloirs.
Ils l'ont mérités !

Ni Albus, ni Aéla, n'aurait su dire lequel d'entre eux fût le plus surprit. Il n'était pas dans la nature d'Aéla de faire usage de la violence, ni de la cautionner, quelque soit les circonstances. Pourtant, une part d'elle ne regrettait pas ce qu'elle avait fait. Une part d'elle estimait que le sort des deux Serpentard était amplement mérité. Une part qu'Aéla suppliait de rester en retrait en cet instant délicat.
Si Albus fût étonné de la réaction de la jeune fille l'espace de quelques secondes, il reprit vite contenance. Son but n'était pas de brusquer Aéla mais de l'amener à parler, à exprimer pourquoi elle s'en était prise à des camarades, elle qui est ordinairement en retrait de toutes les intrigues et bêtises des Serpentard.

Aéla, tu peux tout me dire, tu le sais ?
Oui, professeur.
Alors dis-moi, que s'est-il passé dans ce couloir ?

Aéla prit une grande inspiration et expliqua tout à Dumbledore. Sa contrariété de voir Tom s'éloigner d'elle, la récompense démesurée du professeur Draval, les deux garçon de Serpentard qu'elle avait découvert s'en prenant à un élève de première année, le dit élève que s'était avéré être quelqu'un qu'elle connaissait et appréciait. La seule chose qu'elle omis de dire, c'était la chose au fond d'elle qui avait prit le contrôle et exercé sa fureur à travers elle. Dumbledore ne comprendrait pas cette anomalie chez elle. Pire encore ! Cela pourrait irrémédiablement changer leur relation et cela, Aéla ne le supporterait pas. Albus était important pour elle. Beaucoup trop pour qu'elle se laisse aller à dire toute la vérité sur ce qu'elle était réellement.
Mais Aéla su en coup d'oeil qu'Albus Dumbledore n'était pas un sorcier aisé à duper. Le professeur se doutait de quelque chose, qu'Aéla lui cachait une part de l'histoire qui était sûrement plus importante que tout le reste. Toutefois il ne dit rien et s'adossa à son fauteuil en croisant les mains sur son ventre, en proie à une intense réflexion, les yeux vissés sur la jeune fille qui osait à peine respirer. Était-ce la fin de son aventure à Poudlard ? Dumbledore serait-il celui qui la priverait du monde de la magie et, beaucoup plus effrayant encore : de la présence de Tom ? Cette dernière pensée lui donna le tournis. Aéla avait survécu à bien des choses mais elle ne pourrait pas se sortir indemne d'une séparation avec Tom Jedusor, quand bien même leur relation était compliqué, chaotique et parfois même toxique.


Albus Dumbledore était en proie à un dilemme intérieur.
Le professeur en lui devait sanctionner Aéla pour la dangerosité de son sort et son comportement contraire au règlement de l'école. Le sorcier en lui ne pouvait qu'admirer la perfection du sortilège de Chauve-furie d'Aéla qui s'était avéré aussi fabuleux qu'effrayant. Et l'Homme en lui applaudissait cet acte de bravoure qui avait pour seul but de défendre un petit garçon innocent de la fourberie de camarades moins bienveillants. Quel part devait-il écouter ? Laquelle devait-il étouffer ? Pour la première fois, Albus était prit au dépourvu, se sentant mal à l'aise dans son rôle de professeur parce qu'au fond de lui il savait qu'Aéla Wayne n'était pas qu'une simple élève. C'était une jeune fille orpheline qu'il avait prit sous son aile, qu'il avait guidé, qu'il avait vu grandir, qu'il avait protégé et pour laquelle il avait des sentiments plus proche de ceux d'un père que d'un professeur. Oh, oui ! Pour la première fois de sa vie, Albus Dumbledore ne savait pas quoi faire et si la petite fille ne le fixait pas avec des yeux si horrifiés, il en aurait rit à en faire trembler les murs de Poudlard.
Mais peut être que la solution, au final, était de ne pas choisir.


Aéla ne voulait pas perturber les réflexions de Dumbledore, qu'elle savait intenses, mais l'attente devînt insoutenable. Si elle devait être renvoyé de Poudlard, autant qu'elle le sache maintenant pour avoir le temps d'évacuer toutes ses larmes avant de devoir faire ses adieux à Tom. Par Merlin, que cette pensée lui arrachait le coeur ! Elle se leva de son fauteuil et, se penchant par-dessus le bureau surchargé, agita sa main devant le regard perdu de Dumbledore.
Celui-ci cligna plusieurs fois des yeux avant de se racler la gorge et de se redresser.

Pardonne-moi, dit-il en fourrageant dans sa longue barbe grise. Parfois je me laisse emporter par mes réflexions et je ne sais pas comment revenir en arrière.
Vous allez me renvoyer ? demanda Aéla en osant à peine regarder Dumbledore.

Brusquement, celui-ci éclata d'un rire qui sembla se répercuter aux quatre coins de Poudlard.

Te renvoyer ? demanda t-il alors qu'il reprenait ses esprits. Bien sûr que non, Aéla ! On ne renvoi pas un élève pour quelques morsures et égratignures. Toutefois, il faut que tu comprennes que ce que tu as fait est grave et ne doit plus se reproduire.
Je le sais, professeur.
Bien que j'admire tes prouesses en sortilège, il vaudrait mieux trouver un autre moyen de porter secours à un élève sans défense... Je suppose que quelques fientes d'hiboux pourraient faire l'affaire si jamais cela devait se reproduire ? demanda Dumbledore plus pour lui-même que pour Aéla.

La jeune fille se demanda comment pourrait t-elle obtenir du caca d'hiboux en plein milieu du couloir du premier étage mais la question passa très vite au second plan, Dumbledore sortant un parchemin d'un endroit où il n'aurait pas dû se trouver.

Eh bien puisque tu as compris ton erreur et que je ne peux me résoudre à te punir pour avoir aider un élève dans une attaque arbitraire, quelques lignes à recopier suffiront.

Il prit sa plume et gratta le vieux papier pendant quelques instants, cherchant de temps à autre quoi y écrire comme s'il était indécis sur la bonne sanction à apporter. Lorsqu'il fût satisfait, il tendit le parchemin à Aéla qui le parcourut en diagonale, trop abasourdie par sa chance pour y prêter plus d'attention. Après tout, quelques lignes à recopier était un moindre mal comparé à ce qu'elle avait fait. Elle ne doutait pas que la sanction aurait été bien plus terrible si un autre professeur l'avait surprit.
Aéla plia le parchemin et la rangea dans une poche de sa robe. Son attention se reporta sur Dumbledore qui la fixait à nouveau comme s'il savait que leur entretien n'était pas vraiment fini.

Y a t-il autre chose dont tu voudrais me parler ?

Dumbledore la devinait si bien ! Cela aurait pu être dérangeant mais Aéla savait que le professeur ne voulait que son bien et qu'il ne servait à rien de lui cacher ses préoccupations plus longtemps puisqu'il semblait les avoir deviner à la seconde même où leurs regards s'étaient croisés.

Je me demande si je suis vraiment à ma place à Serpentard, avoua Aéla. Je suis tellement différente des autres de ma maison. Tout ce qui leur est normal ne l'est pas pour moi. Ce qu'ils estiment être des qualités, je trouve que ce sont des défauts.

Dumbledore plissa les yeux et enroula la barbe autour de son doigt, à nouveau en pleine réflexion.

Si tu souhaites une vraie réponse, peut être que ceci pourra t'aider.

Le professeur se leva et se dirigea vers une armoire biscornue qui semblait tenir debout par miracle. Il ouvrit les portes grinçantes et sortit des entrailles du meuble surchargé le choixpeau dont il était le gardien. Inanimé, l'objet n'avait rien d'extraordinaire. Il ne s'agissait que d'un vieux chapeau pointu rabougri et rapiécé mais, lorsque Dumbledore le lui tendit, Aéla le prit avec la plus extrême des précautions, comme s'il s'agissait du plus incroyable des artefacts magiques.
Le choixpeau s'éveilla, papillonnant ses petits yeux en cuir, le tissu se froissant pour former une bouche.

Pourquoi m'avoir tiré de mon sommeil, Albus ? demanda le choixpeau.
Cette jeune élève a une question a te poser.

Le choixpeau regarda Aéla et grommela dans son cuir, comme l'objet magique mal luné qu'il était réputé être. Cependant, il prêta une attention particulière à la jeune fille, se souvenant d'elle lors de son arrivée à Poudlard et de la difficulté qu'il avait eu à la placer.

Je vois, souffla le choixpeau. Tu veux savoir si tu es à ta place à Serpentard ?

Aéla hocha la tête, à la fois pleine d'espoir et d'appréhension, craignant que la réponse du choixpeau change quelque chose de façon irrémédiable.

Eh bien, non, trancha t-il. Certes tu as certaine qualité qui était très appréciés par Salazar Serpentard, comme la noblesse et la ruse, mais ta vraie place est à Gryffondor.

Ce fut comme un coup de massue pour Aéla, plus terrible que ce à quoi elle s'attendait. Mille fois elle s'était posé la question de savoir si elle était réellement digne d'être une Serpentard et voilà que la réponse lui parvenait sans appel : non, elle ne l'était pas.
Les larmes emplirent ses yeux et elle eut bien du mal à les empêcher de tomber sur le choixpeau qu'elle serrait dans ses mains tremblantes.

Ne pleures pas, jeune Aéla Wayne ! dit le choixpeau comme s'il ne comprenait pas la tristesse de la jeune fille. Malgré tout, tu es à Serpentard, non ? Et bien que ta place soit à Gryffondor, sache que je ne me trompe jamais dans l'attribution des maisons. Sais-tu pourquoi je t'ai envoyé à Serpentard ?

Pour Tom.
Aéla n'avait pas besoin d'y réfléchir, ça avait toujours été pour Tom. Tous les choix qu'elle avait fait, et les sacrifices aussi, c'était pour ce garçon qui avait prit son coeur entre ses mains malfaisantes. Elle avait toujours voulu être auprès de Tom depuis la seconde où ils s'étaient rencontrés, même si cela signifiait le suivre à Serpentard, qu'elle en soit digne ou non.
Comme s'ils se comprenaient enfin, Aéla et le choixpeau échangèrent un long regard.

Sache que ce garçon t'amènera à être bien plus qu'une noble Serpentard, ajouta le choixpeau avant de reprendre l'apparence d'un simple chapeau pointu.
Il s'est rendormi.

Aéla rendit le choixpeau à Dumbledore, qui le rangea dans l'armoire non sans avoir du mal à la refermer. Il revînt s'asseoir derrière son bureau et observa Aéla sans rien dire.

Merci, professeur.

Aéla avait la réponse qu'elle attendait depuis longtemps et bien plus encore ! Elle se leva du fauteuil, le coeur enfin soulagé de savoir que sa place n'était non pas à Serpentard mais auprès de Tom, et se dirigea vers la porte du bureau de Dumbledore.

Aéla ! la retînt le professeur. Salazar Serpentard n'a jamais estimé qu'il fallait être un tortionnaire pour faire parti de sa maison. Je suppose simplement que tes camarades ne sont pas au courant de cette subtilité.

La jeune fille échangea un regard complice avec Albus et lui offrit un sourire éclatant qui réchauffa le coeur du directeur de Gryffondor.

Aéla se doutait que retourner dans la salle commune des Serpentard ne serait pas sans conséquences. Après tout, elle était habituée à être le vilain petit canard de sa maison, ce qu'elle trouvait quelque peu ironique puisqu'elle était assurément la plus gentille de tous. Cependant, elle fût quand même peiné de voir ses camarades l'accueillir avec des regards aussi noirs que la nuit, aussi accusateurs que de vieux juges aigris. Elle s'y attendait mais ce n'était pas pour autant que cela lui fit moins mal, surtout lorsque son regard croisa celui de Tom.
Désormais le moindre doute n'était plus permit. Tom était au courant de ce qu'elle avait fait, et tous les Serpentard avec lui.


Depuis que ces imbéciles de Godfroy Goyle et Celestus Crabbe étaient arrivés en courant dans la salle commune pour raconter à qui voulait l'entendre ce qu'Aéla Wayne leur avait fait subir, Tom ne décolérait pas. Certes, aux premiers instants de leur récit, il avait été fier. Fier que la jeune fille ait réussi à matérialiser un sortilège si puissant qu'il avait laissé des traces dans la chair de leurs camarades, cependant la fierté avait été écrasé par l'incompréhension, puis la colère. Malgré les rouages de son cerveau qui s'activaient depuis une demi-heure, Tom Jedusor ne parvenait pas à comprendre, ou à expliquer, pourquoi Aéla s'en était prit à des élèves de leur maison ? Qui plus est, pour simplement avoir chahuté un élève de Poufsouffle. Pourquoi s'en était-elle mêlé ? Pourquoi s'être mit autant en colère ?
Alors quand Aéla entra dans la salle commune, un reste de sourire sur le visage, Tom vit rouge. Il était tellement hors de lui qu'il se leva du canapé en faisant tomber son voisin par terre. Il s'approcha d'Aéla et la toisa des pieds à la tête, cherchant par lui-même ce qui avait poussé la jeune fille à agir ainsi. Mais il ne trouva rien. Rien d'autre que la Aéla Wayne qu'il connaissait, gentille et altruiste, bienveillante et éprise de justice. Une Aéla Wayne face à qui il perdit ses mots l'espace d'une seconde, le temps d'un battement de coeur raté sur lequel Tom ne voulait pas s'attarder.

Je peux savoir ce que tu as fichu ? demanda t-il dans un éclat de voix plus tonitruant qu'il ne l'avait voulu. Pourquoi tu t'en es prise à Godfroy et Celestus ?
Ils ont attaqués un première année de Poufsouffle !
Et alors ? demanda Tom, ne voyant pas où le mal était. C'est normal de chahuter les nouveaux. C'est pour leur apprendre à respecter les aînés, tu ne sais donc pas ça ? Depuis le temps que tu es là, tu le devrais !
Je ne cautionne pas ce genre d'acte.
Nous sommes à Serpentard ! explosa Tom. C'est dans notre tradition, notre ADN. Si tu n'es pas d'accord avec ça, alors tu n'as rien à faire à Serpentard.
Ce n'est pas juste de me dire ça ! Tu sais très bien pourquoi je suis à Serpentard.
Et bien je te libères de tes obligations ! signa sèchement Tom, le visage déformé par la colère et la rancoeur. Tu peux dès à présent changer de maison.

Il ressentit un bref pincement dans la poitrine si tôt que ses paroles quittèrent sa bouche pour se jeter au visage d'Aéla. Toutefois, Tom Jedusor n'était du genre à s'excuser pour ce qu'il disait, quand bien même il reconnaissait avoir été trop loin. A quoi bon de toute façon ? Ce n'était pas comme s'il pouvait ravaler ses paroles. Il resta donc de marbre lorsque le visage d'Aéla se décomposa, passant d'une jolie teinte fraîche à une pâleur qu'il ne lui avait jamais vu. Il vit des larmes emplir ses yeux et cela le mit encore plus en colère. Parce que c'était de sa faute. Parce qu'il ne voulait rien faire pour les sécher. Parce qu'il avait tord mais était trop fier pour le reconnaître. Parce qu'au fond de lui il en voulait tout de même à Aéla de ne pas être la Serpentard parfait qu'il voudrait tant qu'elle soit. Parce qu'il était Tom Jedusor et qu'elle était Aéla Wayne et qu'ils étaient aussi différent que le Jour et la Nuit, que le Bien et le Mal. Parce qu'il redoutait qu'ils soient trop différents pour s'accorder un jour.


Pourquoi ne voulait-il pas l'écouter ? Pourquoi ne lui laissait-il pas une chance de s'expliquer, de le raisonner ? Aéla ne savait pas et en cet instant précis, ne voulait même pas chercher à le savoir. Son coeur saignait. Il pulsait d'une douleur qui lui était devenu trop familière, que Tom lui causait trop fréquemment. Une fois de plus ils ne se comprenaient pas. Une fois de plus ils n'avaient pas le même point de vue. Une fois de plus ils étaient trop différents.
Aéla éclata en sanglots sous le regard impassible de Tom, déclenchant des rires moqueurs parmi quelques Serpentard. C'en fût trop. La jeune fille tourna les talons et courût jusqu'à son dortoir. Elle y entra en trombe, claquant si fort la porte derrière elle qu'un miroir se décrocha du mur attenant et éclata au sol en morceaux. Sibbie, qui lisait jusque là tranquillement sur son lit, se releva en sursaut, alarmée par les pleurs de son amie.

Aéla ! Que se passe t-il ?

Mais Aéla ne lui répondit pas. Elle ne voulait parler à personne. Plus jamais !
Elle s'effondra sur son lit et pleura tout son soûl, fermement enlacée par Sibbie qui s'était allongé derrière elle en jurant sur la tête de Salazar qu'elle irait « mettre les points sur les I et les barres aux T, au grand abruti de Tom Jedusor ».
Aéla pleura durant de longues heures, ressassant continuellement les reproches de Tom, y apportant des contre-arguments silencieux qu'elle ne trouvaient que maintenant. Elle ne regretterais jamais ce qu'elle avait fait. Elle aurait agit de la même manière s'il s'était agit d'un autre élève, d'une autre maison, d'une autre année ; même un Serpentard. Lorsque ces larmes se furent asséchées, il ne lui resta plus que les spasmes douloureux de sanglots qu'elle ne parvenait plus à faire sortir. Ses yeux lui brûlaient, sa mâchoire était si serré qu'elle était sur le point de se briser, ses muscles si crisper que chaque respiration lui demandait un effort surhumain. Et son coeur, son pauvre coeur ! Il saignait, souffrait, hurlait, agonisait en répétant sans cesse le même mot : « Tom ».
Epuisée, Aéla finit par s'endormir au milieu de la nuit, toujours enfermée dans les bras de Sibbie qui avait sombré dans le sommeil bien avant elle. Ce fût un sommeil loin d'être réparateur, peuplé de questions sans réponses et de douleur. Peuplé de rêves sur une autre vie, dans une maison rouge et or, bien loin des Serpentard et de Tom Jedusor.
Peut être que si elle avait été à Gryffondor comme l'ordre des choses le prévoyait, tout aurait été différent. Rester à savoir si ça aurait été pour le mieux.

Tale of Jedusor : les jeux du sortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant