Tom ressentait encore d'étranges soubresauts dans son estomac lorsqu'il repensait au bal de Noël. Si on lui avait demandé son avis, il aurait dit que des chauves-souris se battaient dans son ventre mais, au fond de lui, Tom avait l'impression qu'il s'agissait plutôt de papillons. Toute une armée de ces insectes volants qui tourbillonnaient dans son estomacs, lui faisant des chatouilles et soulevant son coeur d'allégresse dès qu'il repensait à Aéla, à sa robe de princesse d'argent, à ces heures passées à danser avec elle en ne pensant plus au reste du monde.
Mais le bal avait pris fin, bien trop tôt au goût de Tom, et il devait revenir à la réalité.
A Poudlard, les cours reprirent dans la bonne humeur, dernière trace de la magie des fêtes de fin d'année qui s'effaçait peu à peu. Les décorations furent enlevés, les sapins jetés au feu, la neige fondit et les cadeaux furent rangés au fond des valises. L'heure n'était plus à la fête mais aux études et si quelques élèves se plaignaient d'avoir des devoirs dès la première semaine de reprise, tous trouvaient un instant pour chanter quelques chants de Noël ou déguster un bout de bûche au chocolat subtilisé aux cuisines.
Tom avait repris son masque de jeune homme froid et impassible, digne héritier de Serpentard, que rien ne pouvait ébranler ; pas même une jeune fille aux cheveux auburn qui faisait battre son coeur plus sûrement que le sang qui coulait dans ses veines.
Les vacances de Noël avait été un interlude parfait dans le plan que Tom Jedusor s'était fixé afin d'accomplir son destin. Il en avait égoïstement profité, accaparant sans vergogne Aéla, se gorgeant de sa présence, car il savait qu'une fois que les cours auraient repris, leur bulle éclaterait et la réalité le rattraperait à nouveau.
Cependant, tenir Aéla Wayne à distance lui fut plus facile à dire qu'à faire. Pendant ces vacances, son coeur avait pris le pas sur sa volonté et semblait avoir du mal à rendre les rênes à Tom. Il ne pouvait pas le laisser faire, il devait à tout prix reprendre le contrôle des choses, de sa vie et surtout, de ses sentiments. Il devait enfermer son coeur dans un recoin sombre de sa conscience, le bâillonner pour ne plus l'entendre, l'enchaîner pour ne plus le ressentir.
Pourtant, en cette matinée ensoleillée, Tom n'hésita pas une seule seconde à s'asseoir près d'Aéla, à la table des Serpentard, pour le petit-déjeuner. A table, personne ne fit de commentaire, les Serpentard ayant pris pour habitude de voir leur deux camarades toujours ensemble pendant les vacances.
— Je n'ai aucune envie d'aller admirer une boule de cristal pendant une heure ! se plaignit Sibbie en poussant son bol de céréales. A quoi sert la Divination ? Qui voudrait devenir Oracle après avoir eu cours avec le professeur Montgomery ?
— C'est pas si mal d'être un Oracle, tempéra Aéla. Ils étaient très respectés à l'Antiquité.
— Mais nous ne sommes plus à l'Antiquité, Aéla, souffla Björn. Il faut savoir vivre avec son temps ! Cette matière est complètement dépassée.
— Je pense qu'elle n'est dépassée que pour ceux qui n'ont aucune compétence en matière de Divination, ajouta Tom. Ou, plus généralement, en sorcellerie.
— Est-ce que t'es en train de m'insulter, Jedusor ?
— Ne commencez pas, tous les deux !
Aéla et Sibbie échangèrent un regard puis levèrent les yeux au ciel.
Les deux jeunes hommes continuaient à s'affronter comme deux coqs dans une basse-cour, sur des sujets plus ou moins futiles, s'insultant copieusement et refusant d'enterrer la hache de guerre sous des prétextes qu'Aéla ne parvenait pas à comprendre.
Björn se renfrogna et plongea furieusement sa cuillère dans son bol, renversant quelques céréales sur la table, tandis que Tom reprit sa lecture de la Gazette du Sorcier.
— Au fait, à quelle heure commence le cours de Divination ?
— Dans dix minutes, répondit Tom sans lâcher le journal des yeux.
Aéla jeta un oeil sur son bol encore plein. Elle rechignait à gaspiller de la nourriture, surtout lorsqu'elle était aussi bonne que celle servit à Poudlard. Cependant, elle n'était pas sûre de pouvoir manger aussi vite. Cela la rendrait malade à la troisième bouchée.
Tom poussa un bruyant soupir et replia une page de son journal pour regarder Aéla.
— Prends le temps de finir de manger. Je ne tiens pas à ce que tu t'évanouisse en classe.
— T'inquièterais-tu pour Aéla, mon cher Tom ? demanda Sibbie avec la voix de celle qui lit beaucoup trop de romans à l'eau de rose.
Le jeune homme lui jeta un regard si noir que Sibbie perdit immédiatement le sourire et se colla un peu plus à Aéla, comme si cela pouvait lui éviter les foudres de Tom Jedusor. Elle aurait dû retenir sa langue de parler mais c'était plus fort qu'elle. Elle était beaucoup trop curieuse pour ne pas être intriguée par la relation ambiguë et mouvementée d'Aéla et Tom. A chaque fois que Sibbie croyait avoir trouvé ce qu'il y avait entre eux, ils lui démontraient le contraire. C'était frustrant et intriguant. C'était fichtrement passionnant !
Aéla finit son petit-déjeuner aussi vite qu'elle le put, sous le regard attentif de Björn et Tom qui mettaient un point d'honneur à la faire manger, parfois bien plus qu'Aéla ne pouvait ingérer.
Lorsqu'elle eut fini la dernière céréale, Tom replia son journal et se leva de table.
— Allons-y, ou nous serons vraiment en retard.
Tom attendit qu'Aéla sorte de table pour la précéder dans les escaliers, guidant leur petit groupe jusqu'au troisième étage où se trouvait la salle de Divination.
Ils sentirent les effluves d'encens depuis le milieu du couloir et, malgré eux, ils ralentirent le pas, retardant leur entrée dans la salle du professeur Montgomery.
Celle-ci attendait les Serpentard de pied ferme, accueillant chaque élève avec un sourire énigmatique, ne lâchant pas leur regard de peur d'un voir un s'enfuir en courant dans son dos, ce qui n'était pas une précaution superflue puisque cette mésaventure lui était arrivée à maintes reprises.
En entrant dans la salle, Tom s'aperçut que toutes les places du fond étaient prises. Ils avaient pris trop de temps au petit-déjeuner, les meilleures places leur étaient passées sous le nez. Ils ne leur restaient plus qu'à prendre place sur les poufs qui se trouvaient juste sous le nez du professeur Montgomery.
— Tu veux te mettre avec moi ? signa Tom, ne souhaitant pas que les autres entende sa proposition.
— D'accord.
Aéla se tourna vers Sibbie, ne souhaitant pas abandonner son amie sans explications mais celle-ci lui offrit un hochement de tête compréhensif.
— Vas-y, lui souffla t-elle. Björn et moi, on va s'installer avec Darrick et Walpurgia.
— Quoi ? Pourquoi ? demanda Björn.
— Parce que je suis plus vieille que toi et que c'est moi qui décide !
— Pff ! Pour une fois qu'être vieille t'arrange, marmonna Björn.
Aussitôt, sa cousine lui décocha un coup de manuel derrière le crâne, faisant rire toute la classe.
Tandis que Björn massait l'arrière de sa tête et suivait Sibbie vers les poufs où étaient déjà installés Darrick Selwyn et Walpurgia Black, Aéla rejoignit Tom sur ceux situés sur la gauche, un peu en retrait des autres.
Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre, au regard intense que lui jeta Tom, que sa proposition de s'installer ensemble n'était pas innocente. Le jeune homme avait visiblement une intention qu'il croyait bien cacher mais Aéla n'était plus aussi facile à duper !
Son coeur se serra. Quand Tom Jedusor allait-il arrêter de lui tirer les vers du nez ? Elle commençait à en avoir marre que Tom saisisse chaque cours de Divination comme une occasion pour la faire parler, pour la faire avouer. C'était à croire qu'il n'avait tiré aucune leçon de l'incident au parc, le jour où il avait abusé du sortilège de légilimencie sur elle. Même si Tom ne se montrait plus aussi direct, il n'avait pas abandonné l'idée de connaître la vérité pour autant, au grand damne d'Aéla qui redoutait de ne plus pouvoir garder son secret encore longtemps.
Aéla n'eut pas le temps de désillusionner Tom. Le professeur Montgomery agita ses châles, faisant cliqueter les nombreuses breloques qui pendaient à ses colliers, et posa sur ses élèves un regard plein d'espoir.
Les Serpentard se dandinèrent sur leur pouf. Le regard du professeur Montgomery avait quelque chose de malaisant, comme s'il était un peu trop intrusif pour être réellement humain.
— Mes chers élèves, aujourd'hui nous allons apprendre à lire l'avenir dans l'artefact le plus sacré d'un sorcier : la boule de cristal !
— Je croyais que ce qu'on avait de plus sacrée était notre baguette, souffla Abraxas Malefoy, un peu trop fort pour que le professeur ne l'entende pas.
— C'est vrai, Monsieur Malefoy, lorsqu'on est un sorcier lambda ! répliqua sèchement Lucrèce Montgomery. Mais lorsqu'un sorcier ouvre son esprit sur le monde immatériel, lorsqu'il parvient à dépasser sa propre réalité, sa baguette ne lui est plus d'aucune utilité.
Les Serpentard s'échangèrent des regards confus, ne comprenant pas où voulait en venir le professeur et craignant qu'elle ne s'égare une fois de plus dans des divagations mystérieuses et mystiques.
— Enfin, bref ! coupa Montgomery, revenant brutalement à la réalité. Vous allez, chacun votre tour, essayer de lire l'avenir de votre camarade dans la boule de cristal en face de vous. Allez-y !
Aéla posa un regard curieux sur la boule de cristal qui se trouvait sur un petit guéridon entre son pouf et celui de Tom. Elle était translucide et aussi brillante qu'une étoile. La jeune femme sentit un courant électrique lui parcourir le corps, comme si la boule était chargée d'une aura que quelque chose en elle reconnaissait.
Elle se souvînt avoir déjà vu une boule de cristal dans le bureau de sa mère. Un bureau où ni elle, ni son père, n'avait le droit d'entrer.
— Tu veux commencer ? demanda Tom, la faisant sursauter.
— Non. Commence en premier.
Les sourcils de Tom se froncèrent l'espace d'une seconde. Visiblement, il avait espéré une autre réponse mais il s'approcha quand même de la boule de cristal, jetant un coup d'oeil rapide à son manuel.
Il n'y avait pas vraiment de mode d'emploi pour lire l'avenir dans une boule de cristal. Il fallait juste ouvrir son esprit, ce qui ne voulait pas dire grand chose pour Tom, et être patient, ce qu'il n'était pas. En somme, le cours commençait mal.
Pourtant, dès que Tom Jedusor posa ses mains sur l'objet magique, des images envahirent sa tête. Des images qu'il aurait voulu ne jamais voir.
| Une femme aux cheveux auburn était allongée sur un sol pavé de pierres. Sa poitrine était douloureusement immobile. Même sa peau ne frissonnait pas sous le vent glacial qui agitait les arbres alentour.
Son beau visage était figé dans une expression de stupeur, comme pris par surprise. Ses magnifiques yeux bleus aussi clair que l'eau d'un glacier étaient vides. Vides d'expression. Vide de vie.
Elle était morte.
Son Aéla Wayne était morte.
Qui avait osé commettre un tel crime ? Comment une telle chose s'était produite ? Qui pouvait en vouloir à une âme aussi bonne et pure que celle d'Aéla Wayne ? Quel monstre infâme l'avait laissé pour morte dans la rue, à même le sol, seule ? Pourquoi n'y avait-il personne pour l'aider ? |
Tom lâcha brusquement la boule de cristal, manquant de peu de l'éjecter de son socle, et posa un regard horrifié sur Aéla. Deux larmes s'échappèrent de ses yeux tandis qu'il devint livide.
Aéla se redressa brusquement sur son pouf, alarmée par ce comportement anormal. Tom Jedusor n'avait jamais peur. Tom Jedusor ne pleurait jamais.
Elle attrapa une main de Tom. Celle-ci tremblait et semblait se refroidir à chaque seconde.
— Qu'est-ce qu'il y a ? Qu'est-ce que tu as vu ?
Mais Tom ne pouvait pas parler, il n'en avait plus la force. L'image du corps adulte d'Aéla, sans vie, tournait dans sa tête comme une ritournelle lugubre et effrayante. Il secoua sa tête, tentant vainement de chasser cette horrible vision de son esprit.
— Tom, parles-moi ! signa Aéla en plantant son regard dans celui du jeune homme. Dis-moi ce que tu as vu !
A présent, Aéla comprenait pourquoi Tom tenait tant à savoir ce qui l'avait bouleversé des mois plus tôt, lorsqu'elle avait lu dans les lignes de sa main. A présent, elle aussi était prête à tout pour savoir ce qui avait bouleversé le jeune homme et réduire ce tourment à néant.
— Tout se passe bien, ici ? demanda le professeur Montgomery, faisant sursauter les deux élèves. Et bien ! J'interromps quelque chose, peut-être ?
— Non, professeur, répondit Tom d'une voix blanche. Nous avons fini.
— Vraiment ? Et qu'avez-vous dans cette boule de cristal, Monsieur Jedusor ?
— J'ai... J'ai vu Aéla devenir... Auror.
— Quelle merveilleuse nouvelle ! s'extasia Montgomery.
Alors que le professeur continuait son tour de table, la cloche retentit, soulageant les Serpentard de cette heure interminable de Divination.
Tom se leva de son pouf comme si les feux de l'Enfer avaient brûlé son postérieur, ne prenant même pas la peine de ranger son manuel dans son sac, et se jeta dans le couloir en bousculant certains de ses camarades.
Aéla tenta de le suivre mais Sibbie la rejoignit bien trop vite.
— Qu'est-ce qui lui arrive encore ? demanda t-elle en insistant sur « encore ».
— Honnêtement, je n'en sais rien.
— Arf ! Mieux vaut ne pas savoir ! s'exclama Björn, dirigeant les jeunes femmes vers la sortie. Jedusor est tellement dramatique qu'il devrait sérieusement envisager de devenir acteur.
— Ça n'a rien de drôle, Björn, s'énerva Aéla, surprenant ses amis. Tom est vraiment bouleversé et pour qu'il le soit, c'est que ça doit être quelque chose de grave.
Sibbie et Björn échangèrent un regard dubitatif, d'accord sur le fait que Tom Jedusor pouvait prendre de grands airs de Diva lorsqu'il voulait attirer l'attention, particulièrement celle d'Aéla. Ils échangèrent une moue entendue, peu enclins à s'apitoyer sur les états d'âme de Tom Jedusor.
— Je crois que le plus important pour l'instant, c'est d'arriver en cours d'Histoire de la Magie avant la deuxième sonnerie, fit Sibbie.
Aéla leva les yeux au ciel, peiné et furieuse que ses amis aient si peu de considération pour Tom.
Elle les devança et s'éloigna, seule, dans le couloir.
Lorsqu'elle arriva en cours d'Histoire de la Magie, Tom était aussi dans un coin sombre, seul. Par Merlin, la chance était avec elle car il restait une place de libre à côté du jeune homme. Elle s'avança, obligeant Darrick Selwyn à se lever de sa chaise pour la laisser passer. Tous deux échangèrent un regard courtois, amical, avant que l'attention d'Aéla ne soit à nouveau accaparée par Tom.
Le jeune homme feuilletait distraitement un livre, triturant certaines pages au point de les écornées. Ce n'était clairement pas dans ses habitudes car il traitait toujours les livres comme s'ils étaient de saintes reliques.
Aéla s'assit discrètement à ses côtés et jeta un oeil sur le bouquin qui ne parvenait pas vraiment à obtenir l'attention de Tom : « Histoire de Pierres, Roches et Cailloux » de Titus Dompierre, le livre qu'ils avaient trouvé à la bibliothèque.
Elle soupira et referma le livre sous le nez de Tom, attirant immédiatement son attention. Il ouvrit la bouche comme pour réprimander le malotru qui osait le priver de sa lecture mais se ravisa bien vite en découvrant Aéla.
— Tes idiots d'amis ne sont pas avec toi ?
— Ils ne sont pas idiots, répliqua Aéla sans s'offusquer pour autant. Et je suis assez grande pour décider seule où je veux m'asseoir.
Tom lui jeta un regard. Il voyait tout aussi clair dans le jeu d'Aéla, qu'elle voyait clair dans le sien.
— Pourquoi avoir menti au professeur ? Qu'est-ce que tu as vu ?
— Tu ne trouves pas ça ironique ? demanda Tom en plongeant son regard dans le sien. Tu vois quelque chose dans ma main et tu refuses de me le dire. Maintenant, c'est moi qui vois quelque chose dans une boule de cristal et je refuse de te le dire. On dirait le début d'une mauvaise blague.
— Sauf que ce n'est pas une blague !
— Non, ça ne l'est pas, murmura Tom, s'approchant un peu plus d'Aéla.
Dans d'autres circonstances, la jeune femme s'en serait sentie toute émoustillée mais, bien que son coeur s'affola, son inquiétude fut la plus forte.
— C'est donnant-donnant, Aéla. Tu me dis ce que tu as vu, et je te dirais ce que j'ai vu en retour.
— C'est du chantage.
— C'est un échange, nuança Tom avec un sourire en coin. Tu es aussi curieuse sur ton sort, que je le suis sur le mien ; alors arrêtons ce jeu stupide maintenant, d'accord ?
Aéla se sentit prise au piège, comme une biche face au canon de fusil d'un chasseur. Et pour sûr, Tom Jedusor avait la ruse bien mieux affûtée que celle de tous les prédateurs de la nature.
Elle ferma les yeux quelques secondes et hocha la tête.
— Très bien !
Et Aéla lui dit tout. Elle révéla à Tom qu'il deviendrait quelqu'un de très important, de puissant. Il lui révéla qu'il deviendrait un adepte de la Magie Noire, un Maître des Ténèbres, un serviteur du Mal. Elle lui révéla que cette vision l'avait tant effrayée qu'elle avait préféré garder le secret et qu'elle avait compté le garder jusqu'à sa mort.
A cette dernière révélation, tout le corps de Tom se tendit.
— Écoutes-moi attentivement, murmura Tom en approchant son visage si près de celui d'Aéla, qu'elle put sentir son souffle. Tout ce que je vais te dire, n'a rien d'inéluctable, rien de certain, car je ne permettrais jamais que cela arrive.
Aéla fronça les sourcils, ne voyant pas où Tom voulait en venir mais elle n'osa pas l'interrompre pour autant.
Le jeune homme prit une profonde inspiration et s'humecta les lèvres, comme pour se donner un semblant de courage. Il captura le regard d'Aéla et fit en sorte de parler aussi calmement que possible, avec une assurance qui l'avait quitté au moment où ses mains s'étaient posées sur cette fichue boule de cristal.
— Je t'ai vu morte, lâcha Tom, sans fioriture. Tu étais sans vie. Ton âme avait quitté ce monde.
Aéla se redressa brusquement sur sa chaise, la respiration coupée, tandis qu'en elle, la chose sembla exploser d'un rire incrédule. « Morhèr mourir ?! Pauvre imbécile ! Morhèr ne peut pas mourir. Jamais ! Le Maître ne le permettra pas. Le Maître y veillera ».
Tom attrapa une de ses mains, comme s'il craignait qu'elle s'enfuît loin de lui.
— Je te promets que ça n'arrivera pas !
— Comment peux-tu promettre une telle chose ? Comment comptes-tu vaincre la mort ?
Inconsciemment, la main de Tom effleura la couverture du livre de Dompierre, geste qui n'échappa pas à Aéla.
— Les Reliques de la Mort ?
— Oui, répondit Tom d'un ton dur. Je vais les retrouver et ensemble, nous vaincrons la Mort, Aéla.
— Tom, c'est de la folie !
— Je ne te laisserais pas mourir ! hurla Tom, plongeant la salle dans le silence.
Tout autour, leurs camarades avaient leurs yeux rivés sur eux, curieux de savoir ce qu'il se passait et surpris que Tom Jedusor se laisse aller à un éclat de voix en plein cours.
Tom leur jeta un regard dédaigneux, refusant de s'excuser, tandis qu'à ses côtés, Aéla tenta de se faire plus petite que jamais, voulant échapper à l'attention des Serpentard.
— Tout va bien, Monsieur Jedusor ? demanda le professeur, plus inquiet pour son élève, qu'énervé par l'interruption de son cours.
— Oui, professeur.
Le professeur hocha la tête et reprit son monologue où il l'avait arrêté, parvenant avec difficultés à retrouver l'attention de ses élèves.
A leur table, Tom n'avait toujours pas lâché la main d'Aéla et il s'était empressé de retrouver son regard dès que le professeur avait tourné le dos, ignorant dédaigneusement les quelques Serpentard qui les observaient encore avec curiosité.
— Crois en moi.
— Je crois en toi, signa Aéla. Ce n'est pas là, le problème.
— Alors où est-il ? Tu me crois incapable de retrouver les Reliques ?
— Non... Je crois que personne n'est capable de vaincre la Mort.
Tom sentit son orgueil faire des saltos arrière. Aéla pouvait douter de tout mais pas de lui ! Il pouvait se pardonner beaucoup de choses mais pas d'échouer à sauver Aéla des griffes de la Mort.
Non ! Cette catin voilée ne lui prendra pas son Aéla, même s'il doit vendre son âme au Diable pour cela.
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Tale of Jedusor : les jeux du sort
Fanfiction« - Vous êtes faible ! Vous ne connaîtrez jamais l'amour. Je vous plains sincèrement ! Voldemort abaissa quelques instants sa baguette, un sourire grimaçant sur les lèvres. Qu'est-ce que ce sang-mêlé de Potter venait de lui dire ? Il eut terriblemen...