III.XIV « Une année qui se termine »

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C'était fini.

Leur troisième année prenait fin et il était temps pour tous les élèves de Poudlard de faire leur au revoir, ou leur adieu, à l'école pour l'été.

Cette année fut pleine de succès pour les jeunes sorciers. Pas un seul d'entre eux n'eût à subir une épreuve de rattrapage pour passer en année supérieure. Pas même Aéla Wayne, à la plus grande surprise de la jeune fille.

Bien au contraire ! Le dernier matin, peu avant leur départ pour la gare de Pré-au-Lard, Aéla avait eu la surprise de croiser le directeur Dippet au détour d'un couloir. Le vieux sorcier affichait une mine radieuse, qui inspirait la joie à tous ceux qui croisaient son chemin. Lorsque ses yeux ridés se posèrent sur Aéla, son sourire s'étira au point que la jeune fille craigne qu'il ne se déchire la bouche.

Miss Wayne ! s'exclama Dippet. Quelle joie de vous voir de si bon matin. Etes-vous prête à rentrer chez vous pour les vacances ?

Aéla hocha la tête, effleurant du bout des doigts le petit calepin qu'elle gardait toujours dans une poche de sa robe de sorcière et qui lui permettait de discuter avec ceux qui ne parlaient pas la langue des signes.

Je dois dire que mon coeur se serre de savoir que ma chère école sera vide pour les deux prochains mois, désespéra Dippet, avec un côté théâtral. Ah, c'est vrai ! Miss Wayne, je tiens à vous féliciter pour vos excellentes notes. Vous avez brillamment progressé cette année !
« Vraiment ? »
Tous vos professeurs s'accordent sur ce point, certifia le Directeur, dans un sourire chaleureux. Particulièrement le professeur Slughorn, qui ne tarit plus d'éloges à votre encontre. Je crois qu'il envisage très sérieusement de faire de vous une potionniste émérite.
« Je crois que cela me plairait »
Tant mieux, Miss Wayne ! se réjouit Dippet. Allez donc prendre votre petit-déjeuner à présent, ou vous risqueriez de manquer le Poudlard Express. Vous ne voudriez quand même pas rester à Poudlard, avec ma seule compagnie, pour les deux prochains mois ? demanda malicieusement Dippet.

Aéla pouffa de rire et salua le Directeur avant de reprendre son chemin vers la grande salle, où l'attendaient ses amis.

Dans la grande salle, Aéla trouva une place à côté de Darrick, Tom étant coincé entre Björn et Sibbie, qui se chamaillaient à propos de quelque chose qui semblait dépasser toute la tablée des Serpentard.

Je crois que je ne vivrais pas assez vieux, avec une fille comme elle, murmura Darrick à l'oreille d'Aéla, la faisant rire.
Qu'est-ce que tu chuchote à l'oreille de mon amie, Darrick Hector Selwyn ? Une crasse à mon sujet ?
Je n'oserais jamais ! se défendit Darrick, avec une voix trop aiguë pour être convaincante. Je disais simplement à Aéla que tu étais rayonnante aujourd'hui.

Le regard acéré de Sibbie oscilla un instant entre Darrick et Aéla, tandis que Björn se retenait à grand peine de rire et que l'attention de Tom était fixée sur Darrick.

Mon cher Darrick, souffla Sibbie, quel genre de gentleman es-tu ? C'est très inapproprié de vanter la beauté d'une femme, à l'oreille d'une autre.
Je voulais simplement te faire un compliment, marmonna Darrick.
Tu devrais savoir, depuis les temps, que les Serpentard ne savent pas faire de compliment, ajouta Björn, en pouffant de rire.
Le seul qui ne sait pas faire de compliment ici, c'est toi, Dunharrow !

La voix de Tom, étrangement calme, coupa court à leur discussion, au plus grand soulagement d'Aéla qui avait senti la conversation dévier sur une pente glissante. Il ne leur servirait à rien de se fâcher avant les vacances !

Ils finirent de prendre leur petit-déjeuner dans une relative bonne humeur, discutant de leurs projets de vacances, à l'exception de Tom qui restait muré dans un silence têtu.

Le regard d'Aéla croisa celui du jeune homme et elle comprit. Tom ne parlait pas, non pas parce qu'il ne le voulait pas, mais parce qu'il n'avait rien à dire. Les vacances qui l'attendaient n'étaient ni reposantes ni joyeuses. Elles seraient mornes et lugubres, comme le manoir où il serait enfermé pour les deux mois à venir, sans autre occupation que celle de compter les jours avant la rentrée.

Le coeur d'Aéla se serra en pensant à la solitude qui tiendrait compagnie à Tom pendant l'été. Elle lui écrirait, comme toujours, mais qu'était une lettre face à la présence d'un être que l'on pouvait sentir et toucher ? C'était une bien piètre consolation et pourtant, c'était la seule chose qu'elle pouvait faire pour lui.

Cependant, la jeune fille savait que Tom ne se plaindrait pas. Il ne se plaignait jamais, quand bien même il était traité de « fils bâtard » par son oncle et de « chien galeux » par son grand-père. Comme toujours, Tom Jedusor affronterait le mépris des Gaunt avec la fierté et la dignité qu'il incarnait.

Cela apaisa un peu son inquiétude et elle se réjouit que Tom est une force de caractère, qu'elle n'avait pas.

Tale of Jedusor : les jeux du sortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant