Cela faisait un mois que la rentrée à Poudlard était passée et tous les élèves trépignaient d'impatience de voir la première épreuve du Tournoi débuter. Celle-ci aurait lieu pendant les vacances d'Halloween mais avant cela, il y avait une cérémonie à laquelle tous les jeunes sorciers voulaient assister : celle de la nomination des participants.
Pour cette occasion, la plus grande coupe du monde des sorciers avait été placée sur l'estrade des professeurs, dans la Grande-Salle, et tous les élèves âgés de plus de quatorze ans pouvaient y jeter leur nom, inscrit sur un bout de papier. Chaque jour avait lieu un défilé presque interminable d'élèves souhaitant participer au Tournoi, quand bien même les rumeurs qui circulaient de plus en plus dans les couloirs de l'école disaient qu'il était dangereux, voire suicidaire, d'y participer.
Des histoires horribles sur des sorciers participants au Tournoi, mutilés et traumatisés, étaient devenus le sujet de conversation quotidien des élèves de Poudlard, Durmstrang et Beauxbâtons ; chacun rajoutant toujours plus de détails sanglants et morbides à chaque nouvelle discussion.
Était-ce vrai ?
Aéla ne voulait pas le savoir et prenait un soin particulier à éviter le sujet, quand bien même Björn et Sibbie n'avaient plus que cela à la bouche.
Toutefois, il lui devenait de plus en plus difficile d'éviter le sujet car depuis plusieurs semaines, Aéla était constamment suivi par le plus fervent admirateur du Tournoi des Sorciers et favori de Durmstrang : Nikolaj Valach.
Aéla ne comprenait pas pourquoi ce sorcier, de deux ans plus vieux qu'elle, imbu de lui-même et de sa popularité auprès de son école, n'arrêtait pas de la suivre comme un chiot perdu et esseulé. Elle avait essayé de le repousser, tant parce qu'elle n'aimait pas sa personnalité que parce qu'elle n'appréciait pas plus sa compagnie, mais peu importait ses tentatives, Nikolaj s'accrochait à elle comme un hibou à son perchoir.
Cependant, elle ne pouvait nier que Nikolaj avait un certain charme avec ses boucles blondes qui lui tombaient élégamment sur les épaules, ses yeux d'un bleu perçant qui agrippaient tous les regards, ses pommettes hautes et roses qui lui donnaient un air royal. Oui, Nikolaj était un beau jeune homme sur lequel de nombreuses sorcières bavaient mais si seulement il avait été moins égocentrique ! Alors peut-être qu'Aéla aurait pu pour une fois, juste une fois, détourner son regard de Tom Jedusor et apprécier la compagnie d'un autre garçon.
Aéla se contentait donc de fuir Nikolaj du mieux qu'elle le pouvait, y parvenant à de trop rares reprises et, le cas échéant, à l'écouter parler de lui-même, de Durmstrang et du Tournoi. De temps à autre, elle levait les yeux au ciel ou bien se contentait de hocher la tête pour lui donner l'impression qu'elle prêtait véritablement attention à ses paroles, alors qu'en elle-même, Aéla priait Merlin de lui venir en aide.
Pourquoi subissait-elle cela ?
Peut-être parce que Nikolaj était un des rares sorciers à lui parler, si toutefois un monologue pouvait être considéré comme une conversation. Ou bien, parce qu'elle appréciait, avec un plaisir inavouable, les regards jaloux et furieux que Tom leur lançait lorsqu'ils se croisaient au détour d'un couloir ou dans la Grande Salle.
Cependant, il devint presque impossible pour Aéla d'échapper à Nikolaj, encore plus en ce jour spécial qu'était la sélection des participants au Tournoi. Nikolaj l'avait attendu à la sortie de la salle commune des Serpentard dès le petit matin, l'avait suivit jusqu'à la Grande Salle pour prendre son petit-déjeuner avec elle et lui avait proposé une partie d'échecs qu'Aéla accepta, appréciant ce jeu de réflexion et de stratégie plus qu'elle n'appréciait y jouer avec le favori de Durmstrang, ce qui les occupa jusqu'à la fin de la journée.
De temps à autre, Sibbie et Björn tentèrent de perturber leur jeu en invitant Aéla à faire un tour dans le parc ou aller voir les jeunes filles de Beauxbâtons qui avaient pris l'habitude de faire leur cours de danse dans la salle de Métamorphose, ce qui semblait ravir tous les garçons de l'école qui se bousculaient sur le pas de la porte afin de les voir virevolter avec élégance dans leur magnifique robe bleue ciel.
Aéla ne comprenait pas un tel engouement masculin pour un cours de danse auquel ils ne participaient même pas mais elle devait reconnaître que les sorcières de Beauxbâtons étaient la grâce incarnée. Björn semblait tout à fait de son avis, à en juger par son air extatique à chaque fois qu'il croisait une belle sorcière française dans les couloirs de l'école et que celle-ci, délibérément ou par hasard, lui accordait un regard.
Elle se rappela avec humour la dernière rencontre de son ami avec Emilie Pendragon, célèbre descendante du Roi Arthur, alors qu'ils se rendaient en cours d'Astronomie. Le pauvre Björn avait tant été sous le charme de la belle demoiselle qu'il en avait saigné du nez sur sa robe de sorcier, provoquant l'hilarité d'Aéla, Sibbie et Darrick.
Assurément, ils ne laisseraient pas Björn oublier cette mésaventure de si tôt !
Aéla regretta presque de ne pas éprouver pour Nikolaj la même fascination que Björn avait pour Emilie Pendragon. Au moins, sa compagnie aurait été plus plaisante et les regards noirs de Tom l'auraient beaucoup moins préoccupés.
— C'est l'heure d'y aller ! s'exclama Nikolaj, jouant un dernier coup.
Aéla déplaça son cavalier et atteignit le bord du plateau sous le regard médusé de Nikolaj.
— Échec et mat, signa t-elle, bien que Nikolaj ne comprenait pas la langue des signes.
Toutefois, pas besoin d'être un expert pour comprendre que le bellâtre russe avait été battu.
— Bien joué, reconnut Nikolaj, à la surprise d'Aéla. J'espère que tu me laisseras une chance de prendre ma revanche ?
Elle offrit un sourire approbateur et l'aida à ranger les pions dans la boîte d'échecs, puis ils quittèrent la bibliothèque qui avait abrité leur longue partie pour se rendre dans la Grande Salle où la cérémonie de sélection allait débuter, suivie par un banquet que la rumeur disait être gargantuesque.
La Grande Salle de Poudlard, qui portait pourtant bien son nom, n'avait jamais été aussi pleine. Elle débordait, littéralement, d'élèves et de professeurs qui tentaient tant bien que mal de trouver une place sur un banc, un coin de table, un rebord de mur ou tout simplement debout, au risque de monter sur les pieds de quelqu'un d'autre.
Se frayer un chemin parmi cette foule compacte et survoltée ne fut pas une mince affaire. Heureusement, Nikolaj Valach était un jeune homme qui, même s'il était imbu de sa personne, prenait très à coeur la notion de galanterie. Il aida Aéla à retrouver ses amis, poussant de temps à autres quelques élèves qui encombraient son passage, jouant des coudes pour libérer le chemin, houspillant tous ceux qui bousculaient la jeune fille sans le vouloir. La tâche fut si ardue qu'il dû prendre la main de la jeune fille pour la tirer à sa suite, jusqu'à la table des Serpentard.
— Enfin ! s'exclama Sibbie, en les voyant arriver. Juste à temps ! J'ai presque cru que j'allais devoir envoyé un elfe à votre recherche.
— Désolée, fit Aéla avec un air contrit. Je ne pensais pas qu'il serait si difficile de vous rejoindre.
— Heureusement que Nikolaj t'a aidé.
— Oui, heureusement qu'il y avait un pigeon voyageur pour te guider, susurra Tom, assis dans son coin, d'un ton acide.
Bien que son visage soit impassible, ses yeux foudroyaient Nikolaj avec la force d'une arme de destruction massive.
Pourtant, la colère du Serpentard glissa sur Nikolaj comme une goutte d'eau sur un imperméable, ne lui faisant aucun effet. Bien au contraire ! Il offrit un sourire charmant à Tom, exacerbant délibérément la mauvaise humeur du jeune homme.
— Eh bien, s'il s'avère que les pigeons voyageurs sont des gentlemans, je suis fier d'en être un ! répliqua courtoisement Nikolaj, à la stupeur générale.
Un silence de plomb tomba à la table des Serpentard, les élèves n'en revenant pas que quelqu'un ose renvoyer paître Tom Jedusor avec ses propres arguments.
Ne semblant pas se rendre compte du malaise qu'il avait créé, Nikolaj s'excusa auprès d'Aéla afin de rejoindre le reste des élèves de Durmstrang et leur directeur, à l'autre bout de la salle.
— Il sera certainement moins fier lorsqu'il échouera à la première épreuve du tournoi !
— Et si ce n'est pas le cas ? demanda Aéla, contrariée que Tom cherche toujours à avoir le dernier mot.
— Il n'est pas taillé pour une telle épreuve magique. Des sorciers plus expérimentés que lui ont échoués en quelques minutes. Je doute qu'il aille plus loin que son entrée dans l'arène, asena Tom, faisant rire quelques-uns de leurs camarades.
— Tu penses toujours tout savoir Tom mais c'est faux. Nikolaj n'est peut-être pas aussi bon sorcier que toi mais il est vaillant et a un coeur noble.
Tom fit une grimace de dégoût, presque moqueur face à la sensibilité d'Aéla qui parvenait toujours à trouver des qualités chez des personnes qui en étaient pourtant dépourvues ou qui ne les méritaient pas.
— Être galant et noble ne l'aidera pas à gagner, répliqua sournoisement Tom. Pour cela il faut n'avoir aucune pitié et ton cher Valach en a beaucoup trop !
Le regard que Tom posa sur Aéla fut perçant et la défia clairement de lui répondre, de trouver un argument qui puisse le contredire ou le faire changer d'avis.
Elle aurait voulu lui clouer le bec, non pas qu'elle était en manque de répartie, mais l'arrivée de Dippet mit un terme à leur joute verbale et plongea la Grande Salle dans le silence.
Le directeur de Poudlard eut lui aussi du mal à se frayer un chemin jusqu'au milieu de l'estrade et manqua de trébucher sur des pieds, et robes de sorciers, à de nombreuses reprises, provoquant quelques gloussements bienveillants dans l'assemblée.
Une fois installé devant son pupitre doré en forme de chouette, Dippet leva théâtralement les bras en l'air pour réclamer un silence qu'il avait déjà acquis par son arrivée et se racla la gorge.
— Chers élèves d'ici et d'ailleurs, le temps d'élir nos champions est arrivé ! Pour cela, je pris d'accueillir avec toi Miss Oleyna Sangreal, adjointe du Ministre de la Magie, qui est chargée de veiller au bon déroulement de la sélection.
Un bout de femme pas plus haute que la table des professeurs s'avança sur l'estrade, un sourire lunaire sur son visage. Elle avait les cheveux blonds et les plus bouclés qu'Aéla eût jamais vu, à tel point que cela lui donna l'apparence d'un mouton. Sa silhouette était fluette mais gracieuse et sa démarche ressemblait davantage à des pas de danse aléatoires. Oleyna était vêtue d'une robe de sorcière mauve sombre, d'une simplicité qui ne laissait pas supposer le poste à hautes responsabilités qu'elle occupait au Ministère.
Oleyna accorda à Dippet quelques mots et une poignée de main ferme et enjouée, avant que le directeur de Poudlard ne se redresse face à son assemblée, Oleyna fermement plantée à ses côtés alors que les applaudissements d'accueil des élèves se tarissaient petit à petit.
— Depuis quatre semaines, les plus téméraires d'entre vous ont déposé leur nom dans la coupe. Ceux qui seront sélectionnés ce soir ne pourront plus faire marche arrière et devront affronter des épreuves difficiles et dangereuses, où ils devront faire preuve de force, de courage et de réflexion, mais au bout il n'y aura qu'un seul sorcier, ou une sorcière, capable de brandir le trophée des Trois-Sorciers.
Oleyna virevolta sur elle-même et dût se mettre sur la pointe des pieds pour attraper le tissu en velours bordeau qui couvrait quelque chose sur la table des professeurs. Elle tira dessus et le tissu tomba lourdement à ses pieds, dévoilant le célèbre trophée qui illumina l'estrade d'une intense lueur bleutée.
Le trophée des Trois-Sorciers était l'artefact magique le plus beau qu'Aéla eût jamais vu. La coupe était composée de six panneaux de verre bleu luminescent où étaient taillées des inscriptions qui se référaient au Tournoi, le tout maintenu ensemble par des armatures en argent représentant des dragons.
Absolument magnifique ! A tel point qu'elle ne put empêcher une exclamation admirative de franchir ses lèvres, comme nombre de ses camarades qui louchaient sur le trophée, par convoitise ou émerveillement, autant qu'elle.
— A présent, l'heure est venue de connaître les noms des trois sorciers qui vont s'affronter dans cette compétition.
Dippet descendit de l'estrade et s'approcha de la coupe géante qui avait été placée à son pied, où les concurrents avaient déposé leur nom depuis un mois. Il toucha l'objet du bout des doigts et, aussitôt, une flamme bleue jaillit de la coupe, surprenant les élèves qui s'étaient agglutinés autour, les faisant reculer de quelques pas.
Soudain, la flamme devint rouge et siffla comme une cocotte minute sur le point d'exploser puis, dans une gerbe d'étincelles, un bout de papier jaillit de la coupe. Dippet le rattrapa avant qu'il ne touche le sol et le donna à Oleyna Sangreal, qui le déplia avec la plus extrême des précautions.
— La sorcière sélectionnée pour Beauxbâtons est Aurore Beauregard ! annonça Oleyna d'une vie fluette.
Tandis que les élèves de Beauxbâtons explosaient de joie et que les autres applaudissaient courtoisement la première sélectionée, Aéla se fit la réflexion que si les fées existaient vraiment, Oleyna aurait pu en être une parfaite représentante avec sa voix cristalline, ses grands yeux de biche et son nez pointu.
Aurore Beauregard se leva du rebord de mur où elle était installée pour saluer ses camarades et s'avança pour serrer la main de Dippet et de l'adjointe du Ministre, avant de regagner sa place.
A nouveau, la coupe gronda et un nouveau papier en jaillit. Dippet dû s'y reprendre à plusieurs fois pour l'attraper dans les airs, faisant rire les élèves, et le donna à nouveau à Oleyna.
— Le sorcier sélectionné pour Poudlard est Podrick Overcrane !
Une ovation tonitruante s'éleva de la table des Serdaigle alors qu'un garçon de dernière année se levait, fit quelques pirouettes pour saluer les fans de sa maison qui étaient déjà acquis à sa cause, et alla saluer le directeur et Oleyna alors que Dippet rattraper avec aisance le dernier bout de papier que la coupe recracha.
Il tendit le bout de papier à Oleyna mais celle-ci leva les mains pour l'arrêter.
— A vous l'honneur, professeur. C'est votre école après tout.
— Merci, ma chère Oleyna ! répondit Dippet, au comble de la fierté et de la joie. Chers élèves, voici le dernier concurrent de ce tournoi, choisi parmi l'école Durmstrang : Nikolaj Valach !
Nikolaj se leva parmi ses camarades, tel un prince daignant accepter les ovations de ses sujets, et s'avança pour saluer à son tour Dippet et Sangreal. Avant de regagner sa place, il s'accorda quelques minutes pour profiter des soupirs charmés des sorcières de Beauxbâtons et, jetant un coup d'oeil à la table des Serpentard, offrit un clin d'oeil à Aéla lorsque son regard se posa sur la jeune fille.
— Quel dommage que tu n'ais pas pu proposer ton nom, souffla Björn à l'oreille de Jedusor avec une discrétion toute relative. Je suis sûr que tu aurais été sélectionné et, même si ça me fait mal de l'admettre, j'aurais apprécié te voir battre ce freluquet à plate couture !
— Enfin, nous sommes d'accord sur quelque chose, Dunharrow, concéda Tom.
Les deux garçons échangèrent un regard entendu tandis que Sibbie levait les yeux au ciel et qu'Aéla refusa d'entrer dans leur jeu, ne voulant pas leur donner une raison de plus de détester Nikolaj et de fomenter des plans contre lui. Elle était déjà pratiquement certaine que Tom ou Björn, peut-être même les deux, jetterait un mauvais sort sur le concurrent de Durmstrang dès qu'il aurait quitté la Grande Salle.
Pour l'heure et bien que ses deux amis tiraient une tête digne d'un enterrement, il était temps de fêter la sélection des trois participants du tournoi.
Tandis que le concierge de l'école peinait à déplacer l'immense coupe de la sélection et que les élèves essayaient de trouver une place autour des tables, Dippet frappa trois fois dans ses mains. Aussitôt, des centaines de plats débordant de nourriture surgirent sur les tables sous l'émerveillement des élèves.
Alors qu'Aéla s'installait correctement sur le banc des Serpentard, elle fut surprise de voir Nikolaj s'installer à ses côtés.
Un frisson d'inquiétude la traversa lorsqu'elle vit le sourire déterminé sur le visage du jeune homme, qui ne semblait pas vouloir la quitter des yeux une seconde.
— Belle Aéla, me ferais-tu l'honneur de porter mes couleurs pendant le Tournoi ? demanda Nikolaj en sortant de sa robe un foulard rouge et noir, aux armoiries de Durmstrang.
Des soupirs surpris et envieux s'élevèrent de quelques sorcières autour d'eux mais Nikolaj ne leur prêta aucune attention, trop concentré sur Aéla qui était en proie à un intense dilemme intérieur.
Porter les couleurs d'un participant était une vieille tradition venue du Moyen-Age. Une tradition désuète, certes, mais honorifique pour celui ou celle qui était désigné par le concurrent. La rumeur voulait que si l'offre était refusée, le malheur frappait aussitôt le sorcier ou la sorcière qui avait eu l'outrecuidance de renvoyer paître le participant et ses couleurs.
Lorsqu'elle fit l'inventaire de sa vie, Aéla arriva à la conclusion qu'elle ne pouvait pas se permettre de refuser et de voir l'opprobre jeter sur son nom. Toutefois, elle prit le temps de jeter un regard à Tom qui, plus sombre que jamais, serrait si fort sa fourchette qu'il la plia en deux.
Aéla fut presque sûre qu'il aurait voulu que ce soit le cou de Nikolaj à la place de l'ustensile, entre ses mains.
Mais la tradition était la tradition !
— Oui !
Nikolaj rayonna de bonheur et afficha un air triomphant au nez de Tom, qui s'empara de son couteau sous les regards inquiets des Serpentard et particulièrement de Björn, assit à côté de lui et qui craignait de se prendre un coup de couteau perdu.
Toutefois Tom Jedusor n'eut pas l'occasion de devenir un meurtrier ce soir-là.
Nikolaj enroula son foulard autour du cou d'Aéla et, après un baise-main ridicule, alla s'asseoir parmi ceux de son école, laissant la jeune sorcière avec ses amis qui la regardèrent comme si un troisième oeil lui avait poussé sur le front.
— Quoi ?
— On dirait que tu le fais exprès ! fulmina Tom.
— Exprès de quoi ?
— De tout faire pour m'énerver ! Accepter de porter les couleurs de cet idiot, vraiment ?! Autant te recouvrir de bouse de dragon, ça ferait tout aussi bien l'affaire.
— Tu dis n'importe quoi. Tu es simplement jaloux, Tom.
Aéla essaya de trouver du soutien auprès de Björn et Sibbie mais ses amis fuyèrent son regard comme s'il avait pu leur apporter la peste.
— Il n'a pas tout à fait tort, murmura Björn, se prenant de passion pour son pudding.
Aéla aurait presque ri de voir Björn approuver autant les dires de Jedusor en une seule journée si elle n'avait pas eu la désagréable sensation d'être trahie.
— Franchement, c'est à se demander qui est le plus idiot, lui ou vous !
La jeune sorcière se leva d'un bond, renversant son verre de jus de citrouille sur Björn qui était assis en face d'elle, et sortit de la Grande Salle à grandes enjambées sans se préoccuper des regards curieux qui la suivirent.
C'était tout de même incroyable qu'elle en arrive à se disputer avec ses amis à cause d'un stupide foulard et d'un garçon qu'elle ne connaissait que depuis un mois.
Alors qu'elle se dirigeait vers les cachots pour rejoindre son dortoir, Aéla eut à nouveau la sensation d'être seule. Un sentiment qu'elle n'avait plus éprouvé depuis qu'elle avait rencontré Tom à l'orphelinat, il y avait déjà plusieurs années.
Mais était-elle réellement seule ?
Bien sûr que non.
Une douce chaleur se répandit en elle, émanant d'un recoin secret de son âme, apaisant sa douleur et calmant sa colère. Cette chaleur l'emmitoufla comme une couverture à l'odeur réconfortante et lui fit oublier tous ses soucis.
« Morhèr n'est pas seule. Jamais ! Je serais toujours avec Morhèr, jusqu'à la fin de toute chose ».
Aéla fut rassurée. Assez pour retrouver le sourire et reprendre le chemin de son dortoir d'un pas léger, heureuse que la chose en elle ne l'abandonne jamais, même lorsqu'elle voulait plus que tout au monde qu'elle disparaisse.
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Tale of Jedusor : les jeux du sort
Fanfiction« - Vous êtes faible ! Vous ne connaîtrez jamais l'amour. Je vous plains sincèrement ! Voldemort abaissa quelques instants sa baguette, un sourire grimaçant sur les lèvres. Qu'est-ce que ce sang-mêlé de Potter venait de lui dire ? Il eut terriblemen...