𝖻𝗋𝗎𝗆𝖾 𝖽'𝖾𝗌𝗉𝗈𝗂𝗋 ; 𝐭𝐨𝐦𝐞 𝐮𝐧

quarante-neuf

jade ;

J'écarquille les yeux quand j'entends les premières notes de ma chanson préférée, et me retourne pour faire face au salon où Danaë est sagement assise, sur le canapé.
Je lâche la cuillère en bois et me précipite vers la télé pour saisir la télécommande afin d'augmenter le volume au maximum.

- Écoute mon bébé, c'est la chanson préférée de maman !

Je souris lorsque les paroles de Hardest to love de The Weeknd résonnent dans la pièce, puis je pose la télécommande sur la table basse et tourne sur moi même en riant avant de regarder ma fille qui se met aussi à rire face à mon comportement.
La musique semble la tenir en haleine puisqu'elle m'observe depuis quelques secondes déjà, alors je me permets de m'avancer vers elle et de lui tendre mes bras.
Son sourire me conforte dans ma démarche et je l'installe contre moi, dans mes bras, avant de me mettre à danser sous son rire.

Je ferme les yeux et enfouis mon nez dans son cou pour inspirer profondément son odeur et je sens sa peau vibrer contre ma bouche à cause de la joie qu'elle exprime à travers sa voix.

C'est le plus beau son que j'ai pu entendre dans ma vie.

Je chante les paroles, mais pas plus fort qu'un murmure, et le temps d'une danse j'oublie le repas sur le feu, les voisins, et tout le reste.

Je me concentre sur ma fille qui rit dans mes bras.

Le bruit de la porte d'entrée qui claque fait éclater la bulle dans laquelle on était et Danaë s'agite face à la vision de son père qui enlève ses chaussures en nous regardant. Il ne prend pas le temps d'enlever sa veste quand il aperçoit que la petite brune dans mes bras tend le sien vers lui, alors il s'avance rapidement vers nous, bien conscient que ces moments ne peuvent être, sous aucun prétexte, remis à plus tard.

Ken nous rejoint et la main de Danaë se pose sur la joue de son père qui sourit en ayant presque les larmes aux yeux.
Je m'immobilise pour qu'il profite de sa fille qui semble être obnubilé par le visage Ken.

Elle touche sa bouche, son nez, son bouc, avant de rire et de se tourner vers moi pour me faire la même chose.

- Putain mais j'veux être accueilli comme ça tous les jours 

Je ris et ancre mes yeux dans ceux de Danaë qui se concentre sur mon visage, lorsque je sens ses doigts atterrir sur ma bouche, je les embrasse et elle rigole en basculant sa tête en arrière. Les bras de Ken nous encerclent toutes les deux avant qu'il nous embrasse tour à tour, moi sur la bouche, notre fille sur l'épaule.

La chanson prend fin, tout comme ce moment hors du commun, et j'offre un dernier baiser sur la joue de Danaë avant de la reposer par terre et de reprendre la préparation du repas. Ken lui, se baisse pour lui parler, lui raconter sa journée et lui demander comment s'est passé la sienne, je n'entends aucune réponse venant de Danaë mais quand je me retourne, je vois qu'elle tient sa main et qu'elle la caresse, sous les yeux attendris de son père.

Mon cœur se serre face à cette vision et je m'arrête un moment pour essayer d'immortaliser la scène au plus profond de ma mémoire.
Lui accroupi face à elle, avec des cœurs dans les yeux et le sourire aux lèvres, elle qui lui apporte de la tendresse à travers son geste, en essayant de se concentrer du mieux qu'elle le peut.

Je peux pleurer des litres face à ces moments qui, dans d'autres foyers, son courants.

Lorsqu'on se retrouve tous les trois à table pour le repas, j'observe Danaë qui jauge son assiette sans la manger. C'est une situation quotidienne aussi, pourtant elle mange bien, et de tout. Il lui faut juste énormément de temps pour commencer. Et il m'arrive de réchauffer son repas plus de trois fois.