vingt

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jade ;

Les cris,
La jalousie,
Le rabaissement,
La violence,
Puis la tromperie.

Maël a eu bien trop mal à passer outre.

Au lieu d'apaiser son âme, il a brisé la mienne.

Les six mois qui ont suivis ma révélation ont été les plus durs de ma vie.
Il n'a pas voulu brusquer les choses, je dormais donc sur le canapé, en essayant tant bien que mal de conserver une vie normale la journée, je faisais la même routine que d'habitude, mais mes plats n'étaient jamais bon, le ménage jamais assez bien fait, puis mes habits ne m'allaient plus, j'avais d'après lui trop grossi, et le maquillage me donnait un air vulgaire, puis, pourquoi mettre des talons ? Je ne me faisais pas assez remarquer ?

J'ai encaissé, jusqu'à prendre goût à ma nouvelle vie, en me disant que j'aurais sûrement réagi pareil, peut-être même pire. Et après avoir été autorisé à retourner dans le lit conjugale, je pensais enfin pouvoir écrire sur une page blanche. Mais ce fût pire, la sexualité était devenue un ordre, le plaisir un châtiment, mais il fallait que je reste concentrée et aimante « Non mais attends, je rêve ou tu penses à l'autre fils de pute pendant que je te baise ? ».

Les repas de famille étaient devenu terne, les fêtes douloureuses, les vacances d'aucun repos.

J'ai essayé, plus d'une fois, de me faire belle, désirable, après avoir préparé son plat préféré, mais soit il rentrait tard, soit pas du tout. Alors j'ai lu, c'est ce qui m'a sauvé, m'a permis de m'échapper.

Les semaines étaient définitivement les mêmes, rien à voir avec ma soit disant routine d'avant, je ne prenais plaisir à rien, était forcé à tout, sous prétexte que c'était de ma faute, et que la confiance, ça se gagne.

Mais lorsque je suis rentré chez nous, un jour de printemps, et que je suis tombé sur une fille, en culotte dans mon salon qui tenait dans ses mains une photo de notre mariage tout en la contemplant, j'ai su que c'était ici que ma patience allait définitivement se stopper.
J'ai alors réuni quelques affaires, sous les cris de Maël, qui me disait que si je partais, il raconterait tout, à nos familles, nos amis, à qui voudrait l'entendre, et je crois ne pas lui avoir répondu, si ce n'est pour lui ai informé que je le haïssais d'être un lâche, qu'au lieu de me quitter quand je lui avait dit que ça allait être dur, que j'étais paumée, lui m'avait répondu qu'il voulait donner une chance à notre union, mais c'était seulement pour jouer, jour et nuit, avec moi.

Au fil du temps j'étais devenue sa chose.

C'est ce même jour que je suis allée me réfugier chez mes parents, à qui j'ai tout raconté, dans les moindres détails, et je crois que voir ma mère pleurer après lui avoir décrit combien je souffrais, m'a mis plus bas que terre.

S'en ai suivit de longues semaines à peser le pour et le contre, à faire le bilan sur la décennie que je venais de vivre. Mais la conclusion est arrivée plus vite que prévue, lorsque Maël a osé apporter les papiers du divorce, qu'il aurait dû entamer six mois avant, lorsque je lui ai avoué mon infidélité, avoué avoir presque succombé à un amant.

Les papiers signés, j'ai mis plusieurs jours à lui envoyer, aidé de ma meilleure amie, qui s'est chargé de faire lien entre lui et moi.
Et je crois que lorsqu'elle lui a donné, il a été fou de rage, car il n'a pas cessé de m'appeler, puis à fini par me laisser des messages vocaux, priant pour que je sois malheureuse toute ma vie, et que si j'avais pour idée de retrouver mon « fils de pute », qu'il se foute de ma gueule en me disant que pour lui, j'étais seulement une de plus.

J'admets avoir eu un pincement au cœur d'entendre la voix de celui que j'avais aimé, me parler avec tant de haine, même si avant tout je la comprenais, j'étais arrivé au stade où je la dénigrait, trouvant qu'elle prenait trop de place, là où il ne devrait plus en avoir.

Mes sorties sont alors devenues compliquées, je me retrouvait souvent face à des personnes de mon cercle d'avant, qui me pointaient du doigt, car ils devaient sûrement tous savoir de ce que j'ai fait.

C'était lourd, parfois irrespirable, je suis tombé dans une déprime. Mes parents qui étaient dépassés par les événements, m'ont posé mille questions sur ce fameux Ken, allant jusqu'à même taper son nom sur internet, ce que je trouvais, et trouve toujours d'ailleurs, ridicule.

Car au final, Ken n'était déjà plus du tout d'actualité.

J'ai dû changer de numéro, supprimer mon compte Instagram, Twitter, et même Snapchat.
Mes parents ne savaient plus trop comment agir avec moi, étant partie il y maintenant longtemps de la maison familial, les habitudes n'ont pas été facile à reprendre, et n'ont finalement jamais été reprises, car ma demande de mutation au boulot a été acceptée.

Au préalable, j'avais fait une demande express, ne pouvant plus vivre dans ce climat plus longtemps, je leur avais donné libre choix sur la ville.
Et j'ai été extrêmement touchée lorsqu'un beau jour, ma meilleure amie s'est pointé chez mes parents, m'annonçant qu'elle avait tout plaqué, pour partir avec moi.

Alors dès que nous avons été mise au courant de la ville où j'avais été prise, nous avons débuté les recherches d'appartement, aidé par mon boulot.

Et une fois sur le quai de la gare, j'ai fait face à mes parents qui étaient en larmes, comme moi.

Je déteste les au revoirs, encore plus avec eux.

Ils m'ont souhaité bonne chance, m'ont donné mille recommandations, m'ont fait promettre de les appeler.

Et c'est comme ça que je me suis retrouvé ici, dans cette ville qui ne m'est en fin de compte pas si inconnue que ça, avec ma meilleure amie, Naïs, en tant que colocataire.
Ça fait déjà plus d'un mois que j'ai posée mes valises, et c'est comme un bol d'air frais, de marcher sans avoir peur de le croiser, lui, ses amis, sa famille, ou autres.

Ici, je suis moi, et les passants s'en foutent.
Ici, on a pas le temps de s'attarder sur la vie des gens. Ici, on travaille, on prend le métro, le vendredi on se prend une cuite, et le dimanche on décuve de la soirée de la veille, et c'est si bon, de vivre sans contraintes, sans obligations.

En étant simplement libre.

Un sourire nostalgique habille mes lèvres lorsque je repense à ma dernière visite dans la ville lumière, et malgré tout ce qu'il s'est passé par la suite, ma réponse n'a pas changé.

Non je ne regrette pas.

Car c'est en passant par la, que je suis redevenue moi.

𝖻𝗋𝗎𝗆𝖾 𝖽'𝖾𝗌𝗉𝗈𝗂𝗋 ; 𝐭𝐨𝐦𝐞 𝐮𝐧 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant