𝖻𝗋𝗎𝗆𝖾 𝖽'𝖾𝗌𝗉𝗈𝗂𝗋 ; 𝐭𝐨𝐦𝐞 𝐮𝐧

vingt-et-un

ken ;

En atterrissant sur le sol français après plus de six mois d'absence, l'envie de repartir m'envahi déjà l'esprit, sans avoir de destination en tête, voulant juste encore m'envoler.

Cependant j'ai des obligations en France que je ne peux reporter ou même déléguer, je dois donc repousser mon envie d'ailleurs pour plus tard.

On a voyagé tous ensemble pour une fois, pas tous en même temps, mais chacun de mes amis est venu me rejoindre dans chacune des destinations où je suis allé: Japon, Grèce, Los Angeles, Thaïlande et enfin l'Italie.

Ils ont tous été d'une grande aide pour mes projets, comme d'habitude, mais plus on grandit, plus on se rend compte de ce que les gens font pour nous.

Et moi je me rends compte que même si les années passent, j'ai une équipe en béton armé.

- Frère j'ai fait une sieste wAllah elle était douce

Je souris à Amine alors que Mikaël intervient :

- Moi mon dos il est éclaté

- T'es trop vieux pour ça papy aussi, j't'avais prévenu...

Le brun lance son mégot sur Adrien qui lui a répondu, mais ce dernier atterri sur le dos de Douma qui est bien trop perché pour sentir quoi que ce soit, car il continue sa route, sûrement pressé de rentré pour rejoindre son fils.

- C'est une dinguerie à quel point ma femme me manque

Tout le monde huent au moment où Théo fini sa phrase, ce qui me faire rire alors qu'on entre dans l'aéroport, et qu'on se dirige ensuite vers le tapis pour récupérer nos valises.
Avec le bruit qu'on fait, tout le monde se retourne, je me retrouve donc à faire quelques photos avec deux trois voyageurs qui nous reconnaissent, Amine râle en prétextant avoir les yeux encore gonflés par son réveil trop récent.

- Ça va m'taille sur Insta j'ai la haine

Adrien pose sa main sur l'épaule du maghrébin.

- Mais non t'es bien...

- Vous êtes chou

- Vas-y toi, filme ta bouffe c'est mieux

Mikaël lève l'un de ses sourcils, en répondant :

- Nan pas votre vieille bouffe là, c'était quoi ça d'ailleurs ? J'ai dû perdre au moins cinq kilos avec vos conneries, y'avait pas un pays qui avait une gastronomie digne de ce nom mise à part l'Italie !

- Ça te fera pas de mal ma biche, c'est maintenant qu'il faut se préparer pour l'été, viens à la salle avec moi

- J't'ai pas attendu pour m'entretenir, ça y est ça fais cinq mois que t'y vas, t'as un semblant d'abdos et tu fais l'ancien ?

- C'est vrai, à chaque fois j'oublie ton grand âge, smehli...

Lorsque j'entre dans mon appartement une heure plus tard, j'ai le sourire aux lèvres, comme un con, car j'ai oublié à quel point le silence est agréable, et j'apprécie.

Je retrouve mon environnement comme je l'ai laissé, des feuilles sont éparpillées sur la table basse, à côté des dessins que j'ai griffonné, puis autour de tout ça, il y a des habits un peu partout.

J'ouvre la fenêtre du balcon, pour changer l'air de l'appart', puis observe la vue de là où je suis, appréciant de retrouver un paysage familier.

Je sais pas trop combien de temps je reste à cette place, mais une fois lassé, je m'assois sur mon canapé, me concentre sur mon téléphone, puis finis par m'endormir, assommé par la fatigue que j'ai accumulé.

[...]

Le bruit incessant des poings contre ma porte me réveille, et je me redresse avec le tournis en me levant trop vite. J'attends donc quelques secondes avant de me relever pour aller ouvrir.

- Mais enfin gros ! j'ai crû t'étais mort

Amine entre dans l'appartement.

- Wesh, il est quelle heure ?

- Il est vingt heures

- Ah mais ça va j'ai dormi que deux heures, j'pensais avoir dormi grave plus

- Mec, on a atterri hier, ça fait quasiment vingt-quatre heures que tu dors

- Hein...?

- Putain, va te doucher et sape toi, on sort

- T'es sérieux là ? J'te rappelle que la pour moi, c'est le matin

- Et pour toute la population française, c'est le soir, alors on sort, fais vite kho les gars sont en bas

Une heure plus tard, je suis prêt à partir, même si j'ai pas trop conscience de ce que je fais, je suis bêtement mes gars dans un bar.

- À notre retour !

On trinque tous avec Hakim, tandis qu'Adrien se penche vers moi, et me dit :

- Regarde la meuf là bas, discrètement hein, elle est archi fraîche nan ?

Je ris avant de suivre son regard.

- M'ouais, ça va

- Mais t'es devenu asexuel ou quoi ?

Je ris face à sa réplique, sachant très bien qu'il me charrie car il ne m'a plus vu accompagné depuis très longtemps.

Si tout le monde autour de moi est maintenant casé, moi, je reste sur le banc de touche.

Mais j'ai voyagé, et je me concentre sur la réalisation de mon prochain livre qui doit sortir l'année prochaine, puis surtout, l'histoire avortée avec Jade m'a laissé un goût d'inachevé, incapable de mettre un mot sur ce qu'il s'est passé et sans avoir plus d'explications, j'ai dû faire le deuil d'une histoire qui n'a jamais existée.

Je me suis résigné à accepter que je ne la reverrai plus jamais de ma vie, que c'était un one-shot, elle s'est volatilisée dans l'univers, ne laissant aucune trace derrière elle, je ne peux que m'incliner face à sa demande, n'ayant aucun moyens pour la contacter.

J'ose même pas imaginer où est-ce qu'elle en est, la réponse me ferait sûrement retomber dans mes travers que j'ai esquivé depuis qu'elle m'a raccroché au nez.

Puis j'ai appris à faire avec, en me rendant compte qu'il y a cent fois pire ailleurs, j'ai la santé, ma famille, mes amis, et parfois dans la vie, il ne faut pas être trop gourmand, il faut essayé de savourer ce qui nous est servi, sans trop en demander, laisser simplement le temps faire son travail.