𝖻𝗋𝗎𝗆𝖾 𝖽'𝖾𝗌𝗉𝗈𝗂𝗋 ; 𝐭𝐨𝐦𝐞 𝐮𝐧

neuf

ken ;

En raccompagnant Jade à son hôtel hier soir, j'ai eu la vague impression que quelque chose s'était brisé, avant même d'avoir été construit.
Comme un avenir avorté.

Le chemin retour jusqu'à mon domicile a été rythmé par le bruit de mes pas qui m'ont inspiré.

Des mots, des bribes de phrases, j'ai donc finis par écrire.

Je carbure au café depuis le début de la journée, je redoute la soirée que je vais passer, j'ai reçu aucun message de la part de Jade concernant sa présence ce soir, chez moi, avec les gars. Et même si elle m'a dit oui au restaurant, ce qu'il s'est passé après n'est pas à prendre à la légère.

Car après son discours, moi, je n'ai rien su répondre. Et nous avons repris le chemin qui mène à son hôtel, dans un silence de plomb.

Lorsque le jour s'est levé sur la capitale, je suis sorti courir avec l'espoir de libérer le poids que j'ai sur les épaules, mais j'en suis revenu plus lourd, surtout quand j'ai remarqué que j'avais toujours aucun message de la brune, alors qu'elle a l'habitude de m'écrire chaque matin depuis qu'on échange ensemble. Et encore plus depuis qu'elle est sur Paris.
L'heure tourne, et je sais que si elle vient ce soir, je dois aller la récupérer, car elle ne sait pas où j'habite et je suis pas le dernier des bâtards pour lui donner mon adresse en la laissant se débrouiller pour le reste.

Je décide donc de l'appeler, et elle réponds comme à son habitude, toujours avec le même timbre de voix, en laissant deviner qu'elle sourit à travers le combiné. Puis elle me confirme qu'elle sera bien présente ce soir, mais qu'elle ne compte pas tarder, car elle a une réunion à la première heure le lendemain.
J'ai rien à redire là dessus, de toutes façons je suis prêt à accepter à peu près toutes les conditions rien que pour l'avoir dans mon champ de vision quelques minutes.

Lorsque c'est l'heure pour moi de décoller, tous les doutes que j'ai en moi s'envolent, je me concentre simplement sur le fait que je vais encore une fois à la rencontre de Jade, et que je vais passer une soirée avec mes gars, comme d'habitude.

À quelques mètres de l'hôtel où la provinciale réside, je réponds à l'appel de mon gars Amine qui m'informe que dans cinq minutes, il sera chez moi, or moi, j'ai bien vingt minutes de trajets à pied à faire avant d'y arriver.

Comprenant que je suis en retard à ma propre soirée, je me fous de ma propre gueule avec en prime mon ami qui me termine au tel, prétendant avoir déjà les couilles gelées.

Mon sourire s'agrandit lorsqu'on me cache la vue, surtout quand je sens le parfum ambré de la tornade qui est entrée dans ma vie.
Ses mains sont devant mes yeux, et je l'imagine galérer, car elle doit sûrement être sur la pointe des pieds.

- C'est quiii ?

J'allais lui répondre, mais Amine, qui est toujours en ligne, me coupe dans ma lancé.

- Ta grand mère Ken, ta grosse grand mère, tu joues à Aladin et Jasmine avec ta go mariée ?

J'étais de base déjà à deux doigts de rire juste avant, alors à l'entente de ses mots, je ne peux m'empêcher de craquer, sous le regard perdu mais amusé de Jade.

Je raccroche ensuite sous les insultes de mon gars quelques secondes plus tard, puis je dis bonjour à mon invitée spéciale, pour ensuite la conduire chez moi.