𝖻𝗋𝗎𝗆𝖾 𝖽'𝖾𝗌𝗉𝗈𝗂𝗋 ; 𝐭𝐨𝐦𝐞 𝐮𝐧

soixante-neuf

ken ;

Je claque la portière de la voiture avant de me pricipter vers le portail en jurant quand je vois que la plupart des parents ne sont déjà plus là.

Je soupire ensuite et m'arrête dans ma lancé lorsque j'entre dans la cours et que je vois Danaë assise sur le banc devant l'entrée.
Un sourire étire mes lèvres et je reprends mon chemin pour la rejoindre, elle regarde attentivement la flaque d'eau devant elle, et ne m'a pas encore vu, alors quand elle aperçoit mes pieds devant elle, sa tête se relève vers moi et je crois même la voir sourire.

- Ouais j'sais, j'suis une galère

Je me baisse pour être accroupi face à elle, je pose chacune de mes mains sur ses cuisses et ris légèrement en constatant que le bout de son nez est rouge.

- Bah alors Dadou, ils t'ont foutu à la porte ou quoi ?

La petite brune me sourit et je tourne vivement ma tête quand je vois la porte s'ouvrir sur madame fichot.

- Oh.. monsieur Sampras vous êtes là. Je cherchais Danaë partout

Je me lève et fronce les sourcils.

- Euh... ouais

Elle sourit et s'avance avant de me tendre sa main que je serre.

- Vous allez bien ?

- Ça va merci... et vous ?

- Très bien aussi. Danaë aime bien ce banc, c'est quasi impossible de la décoller d'ici

Je tourne ma tête vers Danaë qui ne fait même pas un peu attention à nous.

- Mais il fait froid, nan ?

La maîtresse hoche la tête.

- Ah oui oui je vous le confirme. J'essaie de la garder avec moi à l'intérieur lorsqu'elle vous attend mais vous savez, si votre fille ne parle pas beaucoup, croyez moi qu'elle observe. Dès que j'ai le dos tourné elle m'échappe

Je souris.

- J'espère que ça va avec elle... j'suis désolé j'vous facilite pas la tâche avec mes retards...

- Oh vous savez depuis la rentrée, je suis habituée... sans vous offensez, bien sûr

Je ris avant de mordre l'intérieur de ma joue et de baisser la tête.

- Vous avez quelques minutes à m'accorder ?

Je fronce les sourcils.

- Lors du départ en vacance, j'ai bien vu que votre femme était pressée et j'ai pas voulu insister mais... à chaque veille de vacances je donne aux parents le dossier comportant les éléments de la scolarité de leur enfant des semaines échues. Et j'ai toujours le dossier de Danaë en classe, j'aimerais vous en faire part, comme ça vous le regardez avec madame, et si vous le souhaitez on pourra par la suite organiser une entrevue pour faire le point

- Euh... oui oui d'accord

Elle sourit.

- Détendez vous il n'y a rien de grave, au contraire je suis très contente d'avoir votre fille dans ma classe

Soulagé face à sa confession, je soupire en relâchant toute la pression et la suis en entraînant Danaë avec moi, jusqu'à me retrouver dans la salle de classe où Alice est assise à côté du bureau.

Par politesse, je murmure un « bonjour » de la plus sereine des façons. Ne voulant pas lui laisser croire que son intervention dans nos vies a eu des répercussions, car même si c'est le cas, lui faire savoir lui donnerait bien trop de satisfaction.

- Tenez, c'est celui-ci. Faites attention il est lourd hein, à l'intérieur il y a également les dessins de Danaë, je me suis dit que... enfin vous allez voir, je pense que c'est nécessaire que vous les voyez

J'hoche la tête en la baissant vers Danaë qui pose sa tête sur ma hanche en se frottant les yeux.

- Je vous retiens pas plus, allez-y, les journées sont longues pour Danaë

Je relève ma tête et souris devant la bienveillance de sa maîtresse qui regarde ma fille avec toute la tendresse du monde.

Je dis alors au revoir au deux femmes avant de prendre le chemin de la sortie de l'école, en racontant ma journée à Danaë qui semble m'écouter.

- J'suis retourné au bureau, ça faisait trop longtemps et c'était trop bizarre j'avais grave de l'inspiration, ça m'a fait du bien j'te jure... d'ailleurs faudrait que tu reviennes avec moi. Genre... si y'a moyen de faire de toi une p'tite littéraire... parce que à l'allure où tu dessine on va te retrouver sur les traces de Van Gogh

Je baisse les yeux vers elle, qui marche à mes côtés.

- Eh Dadou tu te coupes pas l'oreille hein ?!

Je pince le lobe de son oreille.

- Elles sont bien trop mignonnes pour ça

Je souris et une fois arrivés devant la voiture, je la porte et l'installe à l'arrière de la voiture pour ensuite me placer devant le volant.

Avant de démarrer, mes yeux se posent sur le dossier que m'a donné madame Fichot, et pris d'un élan de curiosité, je l'ouvre pour sourire niaisement pas la suite face à l'écriture de ma fille.
C'est bref et minime mais ça me fait fondre de la voir grandir et évoluer, n'ayant toujours pas assimilé qu'elle n'est plus le nouveau né avec qui j'ai fais connaissance à la maternité.

Mes doigts tracent le chemin de ce que ma fille écrit, dessine, colle, puis je me fige lorsque je me retrouve face à une multitude de dessins, aussi précis les uns que les autres.

Elle se dessine elle, plusieurs fois, triste, en colère, heureuse, endormie, et le fait que je la reconnaisse en un coup d'œil me fait comprendre que Danaë a un réel talent, à seulement cinq ans.
Incapable de me défaire de son art naissant, je pars à la découverte de ses autres croquis en souriant toujours un peu plus face à l'imagination débordante de ma fille.

Et quand je tombe sur une série de dessins nous représentant, Jade, Danaë, et moi, mon cœur se gonfle de fierté et d'amour pour elle.

Je retrouve un dessin nous représentant elle et moi, au bureau.

Elle et Jade, en cuisine.

Nous trois dans la piscine, lorsqu'avec sa mère nous nous nous sommes disputés et qu'on a tous plongés pour la calmer. Comme quoi... cette scène l'a elle aussi, marquée.

Je mords ma lèvre face à ce que je découvre, me rendant compte qu'elle a trouvé un moyen d'extérioriser, et en quelques sortes, de communiquer.

Mais je me fige complètement lorsque je vois les deux derniers dessins nous représentant tous ensemble, puis je ferme les yeux, car mon cœur se serre, et ma gorge se retrouve nouée en constatant que Danaë a dessiné un bébé.

Son petit frère.

J'écarquille les yeux quand je remarque qu'elle a pris soin de rajouter des ailes. Puis je les relèvent du dossier pour qu'ils puissent se poser sur Danaë, concentrée à regarder par la fenêtre.

Elle a tout assimilée. Tout compris.

Et dessine sa mère sous toutes les formes. Alors qu'Alice m'avait certifié qu'elle ne l'inaclutait jamais.

- Mais Dadou t'es trop forte...