vingt-six

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jade ;

À peine rentrée, Naïs m'a embarquée au bar, pour reprendre notre routine des vendredis.
J'ai essayé de refuser, vu qu'on est toutes les deux en vacances, et qu'il n'y a par conséquent pas trop de raison de fêter la fin de la semaine.

Mais je n'ai pas eu gain de cause.

Naïs me raconte comment se sont passées les fêtes de son côté, sa famille a fait le déplacement jusqu'ici, les miennes se sont passées plus sereinement que les précédentes, j'ai apprécié d'être seule avec les miens, d'être moi, sans faux semblants.
J'ai tout de même tenu à souhaiter la bonne année à mon ex-belle famille, je n'ai rien contre eux et je suis assez mature pour dissocier mon histoire avec leur fils et eux, mais lorsqu'ils m'ont répondu, j'ai vite compris que j'étais devenue une inconnue, pire, une ennemie. Ils m'ont balancé des tas d'insultes, aussi ridicule les unes que les autres, en me disant de bien profiter de la richesse de mon soi-disant nouveau mec, et j'ai bien compris que ce sont sûrement les conséquences des dires de Maël à mon égard.

Julien, le propriétaire du bar avec qui on a au fil des mois sympathisé, vient prendre nos commandes, puis lorsque quelques minutes plus tard il revient pour nous servir, on prend le temps de discuter ensemble, en profitant du calme inhabituel pour un vendredi soir.
Mon téléphone sonne quelques minutes plus tard, mais après avoir décroché, je n'entends que très peu la personne qui essaie de me joindre, et je ne reconnais pas le numéro affiché.

- J'reviens, j'vais fumer et rappeler le numéro qui vient de me joindre, j'ai pas de réseaux ici j'crois

Naïs et Julien m'offrent qu'un simple mouvement de tête, tellement concentrés dans leur discussion, alors je me lève et sur le chemin qui mène à la terrasse privative du bar, j'essaie de rappeler le numéro, sans succès.

Et lorsque j'arrive à destination, je me fige.

J'avale difficilement ma salive à cause de ma gorge qui s'est soudainement serrée, et tente de retrouver mes esprits, en essayant de réaliser.

Il est là,

Devant moi.

Il est beau, comme toujours, peut-être même plus que dans mes souvenir. Ses mains sont enfoncées dans ses poches, il est seul, dans cet espace dédié aux fumeurs.

J'entends mon cœur battre tellement fort qu'il fait bourdonner mes oreilles.

Ken s'approche finalement, et me tend sa main avec un sourire en coin, sûrement pour faire référence à la dernière fois qu'on s'est croisé, alors je mime un rictus moqueur, reprenant mon comportement d'adolescente face à lui.
Je m'avance doucement, assez prudemment, j'ai toujours cette voix en moi qui m'hurle que c'est pas vrai, que c'est un rêve.
J'ai envie de le prendre dans mes bras, de le sentir contre moi, mais au delà de ça, je crève d'envie de l'embrasser. Cependant les paroles d'Hakim me maintiennent là où je suis. Alors je joins simplement ma main à la sienne.

- Bonsoir

- Bonsoir, comment allez-vous ?

Je souris.

- Très bien, et vous monsieur...?

𝖻𝗋𝗎𝗆𝖾 𝖽'𝖾𝗌𝗉𝗈𝗂𝗋 ; 𝐭𝐨𝐦𝐞 𝐮𝐧 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant