𝖻𝗋𝗎𝗆𝖾 𝖽'𝖾𝗌𝗉𝗈𝗂𝗋 ; 𝐭𝐨𝐦𝐞 𝐮𝐧

vingt-sept

ken ;

Jade reste dans mes bras pendant de longues minutes, avant de s'éloigner pour s'essuyer les joues, tâche dans laquelle je l'accompagne. Et après ça, on reprend la route, sans destination précise, en variant les sujets de discussions.

- Et toi alors, t'as fais quoi depuis ce temps ?

- J'ai beaucoup voyagé, et j'ai beaucoup travaillé

- Ça y est alors, tu prépares ton retour tant attendu ?

Je ris.

- Attendu j'sais pas, mais ouais, j'prends juste un peu de temps avant

- J'ai hâte

Je lui adresse un sourire qui se veut assuré, mais qui est finalement très timide, je suis gêné de savoir qu'elle va lire ce que j'ai écrit, et même si j'assume, elle a été la source de la majorité de mon inspiration, et savoir qu'elle se reconnaîtra certainement me fait flipper, car moi, contrairement à elle, j'ai jamais vraiment mis les choses au clair avec elle.

- Moi aussi, mais c'est une pression quand même...

- Pourquoi ?

- Parce-que j'me suis absenté trop longtemps

- C'est sûr qu'on est tous dans l'attente, mais les gens seront tellement content de te retrouver, toi et ton univers, tu verras

Après ses retrouvailles, s'en ai suivit une longue série de balades nocturnes avec Jade, en me camouflant au maximum. Elle a réussi à apporter encore une fois une autre saveur à ma vie, comme un vent frais, le même que j'ai connu il y a plus d'un an.
Elle me parle de sa vie, de ce qu'elle a fait, de ce qu'elle rêve de faire, de c'qu'elle sait faire, de ses projets, de ses objectifs, et moi je l'écoute, je bois ses paroles.

Puis au fil du temps elle est devenue une mélodie constante dans ma tête, en y étant entré par effraction. Elle a une certaine insouciance ancrée en elle et c'est assez fou à voir, ce bout de femme, forte et blessée à la fois, souriante mais mélancolique, elle me fascine, et comme à chaque fois que quelque chose me fascine, je prends mon carnet, et commence à écrire des centaines de milliers de mots à son effigie, lui rendant hommage à ma manière.

Elle est devenue ma muse, la figure féminine à qui je pense sans cesse.

Puis à partir d'un moment j'ai arrêté de me voiler la face, comprenant bien ce à quoi je dois me confronter, et c'est ce que j'adore.

Elle est tellement proche, mais tellement loin en même temps, à ma portée, mais à la fois inaccessible. Elle est colérique et douce, caractérielle mais câline, elle est tout ce qui me tient en haleine. Son retour dans ma vie a mis la mienne sur pause, oubliant le fait que je dois faire le mien sur la scène.

- Dis Ken, tu sors quand ton livre ? J'ai trop envie de te lire moi  !

Comme elle, mon équipe me pose cette question, à laquelle je n'ai pas trop de réponses, j'ai peur du fait que si j'me concentre sur autre chose, j'oublie le bien que ça m'fait d'être à ses côtés.
Car lorsque je suis en mode production, j'oublie tout c'qui est autour et je sais que si je me remets sur la programmation de la sortie de mon livre, je vais la mettre sur le côté, et c'est cet aspect là de moi qui m'a beaucoup créé de tort par le passé.