jade ;
Assise côté fenêtre dans ce train dans lequel je suis entré il y a de ça dix, vingt, ou peut-être même trente minutes, j'observe le décor qui passe à vive allure, en constatant que ma vie vient de basculer.
Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit, j'ai ressenti le besoin de me retrouver seule.
Je savais que le lendemain, je retrouvais ma ville, ma famille, mon mari, et que je ne serais plus jamais en tête à tête avec moi même.
Pendant de longues heures, je me suis permise de penser à ma vie, à essayer de savoir si j'avais finalement fait des choix différents au cours de cette dernière, est-ce que je serais dans cette situation ?
J'ai toujours écouté mon entourage, j'ai toujours fait passer l'avis des autres avant le mien.
Le plus frustrant dans tout ça, c'est que je n'en sais rien. Je ne pourrais jamais savoir si mon quotidien aurait été meilleur, si mes choix sont finalement les bons, si ce que je suis en train de ressentir, de vivre, de subir, n'est qu'une passade, qui me fera prendre conscience de la valeur qu'a la simplicité de ma vie.
J'ai un mal de tête horrible, les yeux fatigués, et j'ai l'impression de ne plus me connaître, comme si je revenais après un périple d'au moins plusieurs mois, alors qu'en fait, je suis juste partie à Paris, pour le travail, comme presque chaque année.
Le train arrive à destination.
Je réalise que finalement, je suis dans le train depuis bien plus longtemps que je l'imaginais.
Les gens se bousculent, visiblement pressés de quitter ce lieu clos, alors j'attends que l'agitation cesse pour enfin récupérer ma valise et de sortir de la rame.
Je monte sur l'escalator, me préparant mentalement à retrouver Maël.
Une fois à l'étage, je marche jusqu'à l'extérieur et rien que d'entendre le bruit des mes escarpins claquer sur le sol, accentue mon mal de tête.
J'aperçois mon mari au loin, appuyé sur la voiture qu'on a acheté l'année dernière, une cinq places, « au cas où ».
Une fois face à lui, il m'adresse un sourire, que je suis incapable de rendre, puis il m'embrasse le front, en ne me posant aucune question, pensant sûrement que le trajet m'a trop fatigué.
Je rentre alors dans la voiture pendant qu'il charge ma valise dans le coffre, et je crois sentir une énième larme couler le long de ma joue, que j'essuie bien avant qu'il n'entre à son tour dans la voiture, pour nous ramener à la maison.
Dans l'habitacle, seule la radio comble le vide.
J'ai envie de changer de station, de quitter la voiture et d'envoyer valser la voix dans ma tête qui me les brise, mais je dois rester calme, et je crois que c'est ça qui me met hors de moi.
Je ressens quand même un soulagement quand j'aperçois notre immeuble devant nous.
J'ai espoir d'avoir la réponse à ma question.
Maël prend ma valise pendant que moi, j'ouvre la porte de notre immeuble, et après avoir monté les trois étages, j'entre chez nous avec le cœur serré, forcée de constater que non, je ne regrette toujours pas ce qu'il s'est passé.

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𝖻𝗋𝗎𝗆𝖾 𝖽'𝖾𝗌𝗉𝗈𝗂𝗋 ; 𝐭𝐨𝐦𝐞 𝐮𝐧
عاطفيةIl y a plusieurs catégories de personnes : celles qui font des promesses, et celles qui refusent de les entendre. Jade fait partie de la première, et a promis l'éternité à son amour de jeunesse, en pensant sincèrement pouvoir honorer son acte jusqu'...