jade ;
Je suis devant mon ordinateur depuis au moins quatre heures, je peine à finir mon compte rendu que je dois rendre au plus tard en milieu de semaine prochaine. Cependant je déteste ramener du travail à la maison, alors j'ai décidé de tout boucler ici, mais alors que j'ai presque fini, je me retrouve à ne plus arriver à exprimer ce dont je veux faire part.
Je fais des fautes d'orthographes dans chaque phrase, perds le sens de mes idées, et maintenant, je n'arrive plus à trouver les bons mots.
En soupirant, je me lève de mon bureau improvisé, qui est en fait mon lit, puis me mets à la fenêtre, histoire de prendre l'air comme je peux.
C'est mon avant dernier jour ici, je pars demain matin, mon train est à onze heure, j'ai fait ma dernière journée de travail aujourd'hui.
Je regarde ensuite l'écran de mon téléphone, pour vérifier que personne n'a cherché à me joindre, et mise à part quelques notifications venant de mes réseaux sociaux, sûrement en rapport avec la photo que je viens de poster, qui représente la Tour Eiffel avec en légende « elle va me manquer », je n'ai rien.
Je pose donc mon menton sur mes avants bras, qui eux sont posés sur le rebord de la fenêtre.
Cette dernière est relativement haute, ou peut-être que c'est moi qui suis petite.
La sonnerie m'indiquant que je viens de recevoir une notification me fait reprendre mon téléphone, et mon cœur rate un battement en lisant le message reçu sur Instagram.ken :
Y'a que la Tour Eiffel qui va te manquer ?Depuis qu'on s'est rencontrés Ken et moi, nous parlons uniquement par message, ce qui est en soit beaucoup, mais je ne lui ai donné aucun de mes réseaux, et jamais je n'aurais crû qu'un jour il aurait pris le temps de me chercher sur cette plate-forme, encore moins de regarder mes publications.
Je souris comme une idiote devant mon écran, comme si je revenais au temps où j'étais adolescente, mes joues me chauffent, alors j'ouvre un petit peu plus la fenêtre, ayant un doute sur le fait que le chauffage soit un peu trop fort. Mais quand je sens mes doigts se mettre à trembler en relisant sa question, je comprends que ce n'est pas la cause de mes bouffées de chaleurs.
Ken m'a toujours fait de l'effet, bien avant qu'il ait connaissance de mon existence, je l'ai toujours trouvé plus ou moins beau, avec un charme fou, une sorte de fantasme, comme beaucoup d'autres femmes, sur d'autres personnalités publiques plus ou moins connu.
Mais de combien étaient mes chances qu'un jour je le rencontre, lui parle, qu'il entre dans ma vie, dans ma tête ?
Je me retourne, et me retrouve face au miroir de la chambre, je prends ensuite le temps de me regarder, j'étais prête à aller me coucher, déjà vêtue de mon pyjama, j'ai même posé mon livre sur ma table de chevet, prête à le dévorer.
Mais prise d'une pulsion que je ne saurais expliquer, je saisis mon manteau et mon portable, enfile les premières chaussures qui me tombent sous la main, et dévale les escaliers de l'hôtel, abandonnant d'office l'idée de prendre l'ascenseur.Je navigue ensuite dans les rues parisiennes à pas pressés, ne faisant même pas attention au vent glaciale qui claque sur mon visage. Et à mi chemin, je prends mon téléphone pour composer le numéro du grecque, en remarquant que je n'ai même pas pensé au fait qu'il pouvait être n'importe où, ailleurs que chez lui.
Il répond au bout de quelques secondes, avec sa voix éraillée que je peux reconnaître entre mille.
- Allô ?
- Allô, euh... c'est moi, je voulais te, enfin t-
- Oh, t'es essoufflée ? Ça va ?
Je m'arrête, pose mon dos sur le mur de l'immeuble haussmannien le plus porche, puis reprends doucement mon souffle avant de lui répondre.
- Oui, ça va t'inquiètes pas, je t'appelle pour pendre de tes nouvelles, savoir ce que tu fais...
- Je viens de rentrer là, j'étais en ville, et toi ?
- Je fais ma valise, je rentre demain
Je reprends en même temps ma marche, au ralenti cette fois-ci, avec moins d'engouement.
L'adrénaline est redescendue.
Ken lui, soupire à travers le combiné et je fais de même.
- Je sais...
- En tout cas merci, c'était super ces moments avec toi
- Me remercie pas Jade, fais pas semblant, j'ai apprécié autant que toi
Un sourire prend place sur mon visages, reconnaissante d'avoir partagé ça avec lui.
Puis il m'explique ce qu'il a fait en ville, pendant que moi je ne l'écoute même pas, bien trop occupée à peser le pour et le contre.En duel avec moi même.
- Hakim a été relou, tu l'aurais vu il parlait pas il grognait ce bâtard, s'il était de mauvais poil fallait même pas qu'il se pointe avec nous, ça a tout niqué, on a même pas profité ne serait-ce qu'un peu à cause de lui, il avait toujours quelque chose à dire sur tout
Je souris en l'entendant râler pour la première fois, je trouve ça mignon, je l'imagine, lui et sa bonne humeur, se manger des gros stop par Hakim, qui n'a jamais bien été dans la dentelle de ce j'ai entendu dire.
- Du coup j'suis naze, j'crois que j'vais aller pioncer putain, il est même pas vingt-trois heures et je pense déjà à dormir moi, il m'a vraiment cassé c't'enculé...
Je ris.
- Détend toi, ça va, c'est pas la première ni la dernière fois
- J'sais, mais c'est pas pour autant qu'c'est pas relou, en plus j-
- Ken, t'es bien chez toi ?
- Hein ?
- T'es chez toi là, maintenant ?
- Bah ouais pourquoi ?
- Ouvre moi, j'suis en bas
Le silence prend le relais, et je décide de regarder en hauteur en m'éloignant un peu de son immeuble, puis je vois sa tête sortir par la fenêtre quelques secondes plus tard, sûrement pour vérifier si je bluff ou pas.
Voyant que ce n'est pas le cas, il m'ouvre, et dans sa cage d'escalier, je sens mon cœur lâcher, il n'a jamais fait autant de bruit à l'intérieur de ma poitrine tandis que je monte les marches deux par deux, pour arriver plus vite, ne voulant pas regretter mon choix final face au dilemme que j'ai eu quelques minutes avant avec moi même.
Avant d'arriver à son étage, j'entends le verrou de sa porte s'ouvrir pour le voir apparaitre à travers les rambardes de ses escaliers.
Il m'attend au pied de sa porte d'entrée, et lorsque seulement quelques marches font barrière entre nous, il s'avance.- Jade...? Mais qu'est-ce que tu fais ici ?
Il a l'air surpris alors que moi je me noie dans ses yeux si expressifs.
Je souris ensuite douloureusement, je suis essoufflée et j'ai même chopé un point de cotés.
Il se fout de ma gueule en riant, moi je place mes mains sur mes genoux, qui eux sont à moitié pliés.Je suis à présent devant son palier, crachant mes poumons de fumeuse pour qu'enfin, quelques secondes plus tard, je puisse reprendre mon sérieux, tout comme lui, en même temps que moi.
- Je voulais répondre à ton dm de vive voix
Un sourire intéressé s'installe sur ses lèvres.
- Je t'écoute ma belle
Il ouvre la bouche pour poursuive, mais il n'a pas le temps de s'exprimer, car je fonce sur lui, et pose mes mains sur chacune de ses joues, en même temps que je pose mes lèvres sur les siennes.

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𝖻𝗋𝗎𝗆𝖾 𝖽'𝖾𝗌𝗉𝗈𝗂𝗋 ; 𝐭𝐨𝐦𝐞 𝐮𝐧
RomanceIl y a plusieurs catégories de personnes : celles qui font des promesses, et celles qui refusent de les entendre. Jade fait partie de la première, et a promis l'éternité à son amour de jeunesse, en pensant sincèrement pouvoir honorer son acte jusqu'...