𝖻𝗋𝗎𝗆𝖾 𝖽'𝖾𝗌𝗉𝗈𝗂𝗋 ; 𝐭𝐨𝐦𝐞 𝐮𝐧

soixante-quatre

jade ;

D'un pas assuré, je me concentre sur le bruit de mes talons qui claquent sur le béton en essayant tant bien que mal de contenir la rage que je ressens au plus profond de moi.

C'est la main de Danaë qui serre la mienne qui me ramène à la réalité.

Comme à chaque fois, je l'accompagne à travers la cours pour la déposer dans sa classe.
Ayant bien calculé mon temps, je soupire en remarquant que j'ai réussi à avoir quelques minutes d'avance.

Et lorsque j'entre dans la classe et que je tombe face à madame Fichot, je souris avant de perdre toute forme de politesse lorsque je retrouve le visage de celle qui rêve de prendre ma place.

La bile me monte à la gorge quand je vois dans ses iris qu'elle est déçue de me voir.

Mais elle sourit malgré tout et s'avance pour nous saluer.

Elle se baisse pour parler à Danaë sous mon regard qui ne la lâche pas ne serait-ce qu'une seconde. J'observe sa main toucher la joue de ma fille, cette même main qui a touché celle de mon mari.

- Alice, j'peux vous parler ? En privé ?

La blonde lève ses yeux vers moi avant de froncer les sourcils et répondre fébrilement :

- Euh... oui

J'hoche la tête et adresse un sourire figé à la maîtresse de ma fille avant de dire au revoir à cette dernière, puis j'attends la blonde dans le couloir.

En l'attendant je fais les cents pas, et pour la première fois depuis longtemps, je ressens l'envie de fumer, alors que j'ai arrêté le tabac dès ma première grossesse.

- Madame Sampras, vous vouliez me voir ?

Je ris nerveusement et m'approche d'elle.

- C'est bien que vous m'appeliez comme ça. Car c'est justement de ce statut là dont je voulais vous parler

Elle se fige et ne me répond pas, elle se contente juste d'hocher la tête.

- Je ne veux pas savoir ce qu'il ce passe ou ce qu'il a bien pu se passer avec mon mari. Je veux juste que vous arrêtiez votre cinéma avec moi, mais surtout avec ma fille. Je suis sa mère, et je le resterais toute ma vie, si vous arrivez à vous regarder dans la glace alors que vous papillonnez devant un homme engagé, père d'un enfant et en même temps en plein deuil d'un second, c'est votre problème. Mais tenez vous extrêmement loin de ma fille

Alice me regarde un moment mais ne dit pas un mot, en réponse à ma tirade.

- On construit rien en détruisant les autres Alice, vous l'apprendrez peut-être plus tard. Ou bien vous êtes définitivement trop conne pour le saisir. En tout cas ne jouez pas l'amnésique et n'oubliez surtout pas ce que je viens de vous dire

Je n'attends pas de réponse de sa part et effectue le chemin inverse pour pouvoir sortir de l'enseigne.

Je suis ridicule, et je me sens en danger.

J'ai pris le temps de me maquiller, de choisir avec précision mes habits et de coiffer mes cheveux. Je me suis parfumé et j'ai même mis un gaine pour tenter de cacher mon ventre restant.

Tout ça pour me sentir en confiance. Pour me sentir mieux dans ma peau. Pour être un peu sûre de moi.

Le nœud dans ma gorge m'accompagne jusqu'à la voiture où je m'assois en grimaçant avant d'enlever avec hâte mon corset qui me tord l'estomac.