Chapitre 2

175 38 6
                                    

Nayan vint le réveiller d'un seau d'eau en plein visage. Aryeh dégagea les mèches brunes de son visage et riva un regard noir sur son cousin qui riait comme une baleine à quelques pas de là.

- Cours.

Nayan n'écouta pas le conseil et continua de rire, plié en deux, sa queue de cheval acajou effleurant le sol. Aryeh bondit sur ses pieds et se projeta sur son cousin, l'envoyant s'écraser au sol. Il s'étala de tout son long sur lui. Nayan protesta à grands cris contre l'eau glacée qui vint imbiber ses vêtements.

- C'est moins drôle, d'un coup, pas vrai ?

- Oh, ça va ! pesta Nayan. Ce n'était qu'une petite blague !

- Et ce n'était qu'une petite vengeance bien méritée !

- Pourquoi j'essaie encore, avec toi ? J'ai beau être le plus âgé, je n'ai jamais le dernier mot !

Aryeh rit en se relevant, libérant un Nayan à la tenue débraillée et humide. Il tenta de s'arranger un minimum mais c'était vain. Le tissu beige avait pris une teinte plus foncée là où il était humide et détruisait tout l'effort que son cousin avait mis dans sa tenue.

- Tu ferais mieux de te préparer, reprit Nayan, plus sérieux. Ton père doit déjà t'attendre pour passer en revue ta mission.

- Comme s'il ne l'avait pas déjà fait dix fois depuis qu'il me l'a annoncée hier. Il me l'a expliquée par le menu toute la journée. Je pense avoir compris ce que je devais faire.

- C'est ton père. À ses yeux, tu ne seras jamais prêt à prendre son trône. Regarde mon père, ça fait cinq ans que je vis ici et je suis aussi bon que toi...

- Presque, corrigea Aryeh.

- Et pourtant, ce n'est pas assez pour qu'il me laisse rentrer à Houndgrove.

- Ton père attend de toi que tu deviennes plus mature, pas que tu deviennes un meilleur guerrier. Si tu n'avais pas eu la bonne idée de glisser des souris dans le lit de la gouvernante, tu serais déjà chez toi.

- Avoue que c'était drôle.

- Je ne dis pas le contraire mais tu es toujours ici, en attendant.

- Rabat-joie. Prépare-toi ! J'aimerais partir avant le déjeuner.

Aryeh le chassa d'un signe de la main et Nayan sortit sans attendre. Avec un soupir, Aryeh se résigna à se préparer pour aller rencontrer son père autour de la table du petit-déjeuner et se faire répéter une trentième fois ce qu'il allait devoir faire une fois arrivé à Cedar Grove. Il se passa une main dans les cheveux et sélectionna une tenue qui pourrait satisfaire son père. D'ordinaire, il le laissait tranquille mais avec cette maudite mission, mieux valait qu'il enfile autre chose qu'un pantalon et une tunique sous son long manteau de laine.

Il tira du meuble un pantalon noir, une chemise blanche qui disparut sous un pull en laine noire. Par-dessus, il glissa une veste dont seul le plastron, le dos et le col étaient en cuir, les manches demeurant en tissu opaque et noir. Il ferma les innombrables boutons de nacre qui ressortaient sur la couleur émeraude du cuir. Pour terminer, il noua la longue ceinture de cuir et y attacha son épée.

Tout était trop cintré et collant à son goût. Toutefois, il ne pouvait nier que la tenue officielle de sa confrérie était plus pratique pour se battre que ce qu'il choisissait habituellement de porter. Lors des tournois annuels, il se surprenait lui-même sur la vitesse et l'agilité qu'il gagnait en portant cette tenue.

Il repoussa ses cheveux en arrière, dégageant ses traits harmonieux et lisses. Il manquait de la dureté de son père. Celui-ci blâmait les gênes maternels qui avaient donné à son fils le visage d'un jeune courtisan plutôt que d'un futur chef. Ce qui rattrapait ce manque était l'angle acéré de son regard et la couleur noisette de ses prunelles. Quiconque croisait son regard ne pouvait que reconnaître en lui la lignée des Perbright et courbait l'échine.

When Settles the DustOù les histoires vivent. Découvrez maintenant