When Settles the Dust

Chapitre 46

Son père paraissait différent. C'était un petit détail que Aryeh n'arrivait pas à trouver au milieu des traits tirés et fatigués. Un éclat dans l'œil ou la courbe des lèvres. Un petit détail qui le transformait totalement.

Dans son souvenir, son père paraissait imposant, inquiétant, inamical. Pourtant, l'homme devant lui était l'inverse. Il avait toujours de larges épaules, des muscles qui pouvaient briser des os sans effort et un faciès tout en angles sous la barbe poivre et sel. Pourtant, quelque chose était différent et le rendait plus... abordable.

Maintenant qu'il l'avait en face de lui, Aryeh n'était plus très sûr d'être prêt pour ce face à face.

- Le jeune Belka m'a dit que tu voulais me voir, commença Rangsei.

Son était prudent, hésitant. Lui non plus ne savait pas comment agir. Ça ne le rendait que plus perturbant encore.

- J'ai pensé à quelque chose, répondit Aryeh. Une idée. Pour savoir ce qu'il se passe dans le château.

Son père l'écouta avec attention et patience, hochant la tête. Pas du tout comme l'homme dont il se souvenait qui voulait que Aryeh soit le parfait héritier sans jamais vouloir l'écouter.

- C'est une bonne idée. Il faudrait voir si quelqu'un est d'accord pour le faire. Nous ne pouvons forcer personne à se mettre en danger. Je vais voir si quelqu'un se propose.

Après une courte hésitation, il ajouta :

- Y a-t-il autre chose dont tu voulais me parler ?

Aryeh ouvrit la bouche sans savoir quoi dire. Comment aborder le sujet de ces années où il n'avait pas été lui-même ? Comment lui dire qu'il lui pardonnait puisque ce n'était pas de sa faute ? Puisque même lui avait faibli face à la magie de Nayan ?

- Mes souvenirs sont flous mais je sais que je t'ai fait beaucoup de mal, Aryeh. Il semble s'être fait un devoir de me laisser me souvenir de ça. Et j'en suis profondément désolé. Si j'avais pu...

- Vous n'auriez rien pu faire. On ne le sent pas lorsqu'il s'infiltre dans notre esprit. C'est pour cela que personne n'a su lui résister. Pas même moi ou Lixian qui possède de la magie.

- J'aurais dû résister. Trouver un moyen de te communiquer ce qu'il se passait. Au lieu de ça, je me suis laissé avaler par sa magie. Une fois qu'il a eu commencé son travail... J'ai été trop fier pour avouer à ta mère que j'avais l'impression de perdre la tête. Ça nous a mené à tout ceci...

D'un geste vague de la main, il engloba le tunnel.

- C'est à cause de ma fierté que nous avons perdu Rothena. Et si Lixian n'était pas allé à ton secours et que nous t'avions perdu...

- Sauf que je suis toujours là et que je ne compte pas mourir de si tôt. Je serais celui qui plantera la tête de Nayan au bout d'une pique, le moment venu.

- Ne laisse pas ta colère te mener à commettre des actes qui te hanteront jusqu'à la fin de tes jours. Je n'ignore pas combien tu étais proche de Nayan.

- C'est ce qui me donne d'autant plus envie d'être celui qui mettra fin à son règne. Après tout, pour prendre le pouvoir, il faut tuer son successeur, non ?

- En effet... Mais Aryeh...

- D'ailleurs, comment a-t-il pu usurper le trône grâce à un simple papier des familles membres ? Je ne pensais pas ça possible. Pas sans passer les épreuves, en tout cas.

- Ça ne l'est que si les sept familles membres signent un avis de remplacement parce qu'ils jugent que le chef ou son héritier ne sont pas à la hauteur. C'est arrivé très rarement. Dans toute l'histoire de notre confrérie, ça ne doit être arrivé que deux fois. Et les deux fois, ça a sauvé la confrérie du désastre.