Chapitre 44

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La suite fut floue dans l'esprit d'Aryeh. Il avait si mal que sa conscience ne parvenait pas à s'accrocher à ce qu'il se passait sous ses yeux.

Jusqu'à ce que la musique commence. Elle s'éleva doucement puis plus brutalement, créant un tourbillon soulevant la poussière dans le couloir.

- Toi. C'était toi depuis le début, articula Nayan. C'était toi qui le protégeait.

Lixian ne répondit pas, continuant de jouer. Sa concentration était totale. Son regard était fixé sur Nayan et ne cillait pas. La peau d'Aryeh crépitait à cause de la magie qui saturait le couloir. C'était un combat de volonté et, si le léger vacillement de Lixian en était la preuve, Nayan était en train de gagner.

Aryeh rassembla toutes ses forces pour se hisser sur ses jambes. L'algie l'aveugla un instant. Il se guida au son de la flûte de Lixian. Pas après pas, il s'approcha, une main se servant de Danseuse comme d'une canne, l'autre appuyant sur le trou qui lui transperçait l'estomac. Il se posta à côté de Lixian, vacillant. Il fallait qu'il mette un terme à tout cela et qu'ils s'enfuient.

Vaincre Nayan était devenu impossible. Lixian ne pourrait pas se battre contre lui et Aryeh n'était plus en état.

- Aide-moi à me tenir droit, murmura-t-il à son allié. Utilise ta magie pour me donner un dernier coup.

Les notes de Lixian trébuchèrent avant de se muer en une autre mélodie. La musique s'enroula autour de Aryeh, créant une armature rigide qui compressa son torse et étouffa la douleur. Il se redressa et pointa Danseuse vers son cousin qui observait la scène, perplexe. Il commençait seulement à réaliser que Lixian était capable de tout avec sa musique.

Lorsqu'il pouvait se concentrer. Ce qu'il était incapable de faire lorsque Nayan l'assaillait mentalement avec sa propre magie.

Aryeh s'avança, son être entier pulsant sous l'assaut de la magie. Nayan recula, le regard méfiant. Il se doutait que la musique de Lixian aidait Aryeh mais il ignorait jusqu'où. La lame de Danseuse se mit à briller et son propriétaire se fendit d'un sourire fallacieux.

Il se jeta sur son cousin et le plaqua à terre. Il lui assena un violent coup de pommeau dans le nez, le sentant se briser sous le choc.

- Où sont mes parents ?! aboya-t-il.

- Ils sont morts, cracha Nayan. Comme tu le seras bientôt !

- Je ne te crois pas.

- J'ai fait tuer mon propre père, crois-tu que j'aurais de la pitié pour le tien ? Pour ta mère ?

- Tu as été trop lâche pour le faire toi-même donc tu serais incapable de tuer mes parents. Alors dis-moi où ils sont !

Nayan se contenta de rire. Aryeh le frappa derechef, plus fort encore. La pommette craqua.

- C'était ta dernière chance.

Aryeh se redressa et leva Danseuse. Pendant un instant, il hésita. Il s'agissait de son cousin. Le seul ami qu'il avait eu pendant de nombreuses années. Celui avec qui il avait fait les quatre cents coups, qui l'avait recousu maintes fois, avec qui il avait partagé de longs fou rires et des confidences, en qui il avait eu confiance...

Un élan de rage le prit au tripes et le fit abattre la lame de son épée sur le corps bloqué sous lui. Cependant, son hésitation avait permis à Nayan de rouler sur lui-même, déséquilibrant Aryeh. Danseuse s'enfonça dans le dos de son cousin, déchirant la chair, brisant les côtes. Cette fois, Nayan ne put retenir un hurlement d'agonie.

Un sentiment d'urgence fit vibrer la mélodie ininterrompue de Lixian. Il se tourna vers son ami qui saignait abondamment du nez. Aussitôt, il comprit combien jouer de la flûte épuisait les réserves magiques de Lixian. Il arracha Danseuse du corps de Nayan et lui donna un coup de pommeau sur le crâne avant de se relever.

- Partons.

Il attrapa la main de Lixian et l'entraîna avec lui à travers ces couloirs qu'il connaissait par cœur. Ils n'avaient qu'une option pour fuir l'armée qui menaçait d'envahir le château et c'était la sortie de secours qui s'enfonçait au cœur de la montagne.

Devoir abandonner le château était un véritable crève-cœur mais, s'il voulait survivre, il n'avait pas le choix. Et s'il voulait reconquérir Rothena, il devait survivre.

Ils atteignirent les quartiers des serviteurs, sombres et vides. Aryeh trouva sans mal le levier qui actionnait l'ouverture du passage. Il poussa Lixian à l'intérieur avant de le suivre et de pousser le bouton qui le ferait se refermer derrière lui.

La pierre claqua sourdement lorsque le passage se verrouilla et ils se retrouvèrent enfermés dans le noir le plus complet. Aryeh tendit Danseuse devant lui et tira dans sa magie pour la forcer à s'illuminer. La lueur était faible et vacillante mais suffisante pour eux avancer. Aryeh les éloigna de la porte et, lorsqu'il jugea qu'ils étaient en sécurité, il s'arrêta.

- Arrête de jouer.

Lixian secoua la tête, son regard se posant sur la blessure d'Aryeh. Ce dernier se força à sourire.

- Arrête de jouer. Tu crois que c'est mieux pour toi de t'épuiser à utiliser ta magie alors que nous avons une longue marche devant nous ? Contente-toi de m'aider à marcher. Je peux supporter la douleur.

Son comparse hésita mais se résigna. Doucement, il laissa la douleur revenir. Aryeh serra les dents, s'affalant contre le mur de pierre brute. Son ventre recommença à déverser des vagues de sang. Il ignorait combien de temps il allait pouvoir tenir. Le principal était de mettre Lixian en sécurité. Dès lors, advienne que pourra.

Ils avancèrent lentement, péniblement. La lumière émise par l'épée devint de plus en plus faible. Bientôt, elle fut si faible qu'elle ne servait plus à rien. Lixian la remit dans le fourreau qu'il détacha et pour boucler autour de sa taille pour soulager Aryeh qu'il portait déjà à moitié.

Ils reprirent leur avancée à tâtons. Aryeh pouvait sentir ses forces faiblir, sa conscience lui échapper. La sueur coulait sur son visage, il avait de plus en plus de mal à respirer. Seule la présence de Lixian à ses côtés le maintenait dans le moment présent et l'empêcher de s'évanouir.

Lorsque des voix commencèrent à se faire entendre, il crut d'abord halluciner. Lorsque la pierre s'éclaira au détour d'un virage, il douta encore plus de ce qu'il voyait.

- À l'aide ! cria Lixian. Venez m'aider !

Peut-être n'était-il pas en train de délirer, au final. Si Lixian criait, c'était qu'il voyait aussi la lumière et entendait les voix. Donc elles étaient réelles.

- Danger... souffla-t-il, épuisé. Fais... attention...

La lumière sautilla jusqu'à eux, trop vive. Des ombres dansaient dedans, de plus en plus grosses et proches. Des voix familières. C'était ce qu'il entendait. Il reconnaissait ces voix mais...

L'hémorragie le noya dans le néant avant qu'il ne puisse mettre un nom dessus.

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NdlA : aïe, aïe, aïe ! Je sais pas vous, mais je dirais qu'ils sont mal barrés ! Qu'est-ce que vous en dites ?

On se retrouve dimanche ;)

When Settles the DustOù les histoires vivent. Découvrez maintenant