Chapitre 5

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La première chose que Aryeh fut le lendemain matin fut d'écrire la lettre pour son père et de la faire partir avec un messager. Il lui avait expliqué ce qu'il s'était passé la veille et n'espérait pas une réponse flatteuse.

Il fut contraint de se joindre aux Belka pour le petit-déjeuner, abandonnant Nayan avec les membres des familles mineures de la confrérie. La conversation fut légère, se tenant majoritairement entre lui et Lady Belka. La seule autre voix qu'il entendit fut celle de Miss Belka. Les deux hommes de la famille demeurèrent silencieux. Aryeh ne s'en formalisa nullement, sachant que Amsden Belka n'était pas particulièrement bavard pour ce qui ne touchait pas à la gestion d'une crise ou de sa confrérie. C'était sûrement de lui que le fils tenait cette tendance au silence.

S'il n'avait pas été entouré par le reste de la famille Belka, Aryeh se serait fait un devoir de parler à Lixian jusqu'à le forcer à parler à nouveau. Cette voix qu'il avait perçue trop brièvement la nuit passée l'intriguait. Il voulait l'entendre à nouveau avant de quitter Cedar Grove.

Aryeh fut heureux d'apprendre que le chef avait des obligations qui dureraient probablement jusque tard dans l'après-midi. C'était l'occasion pour lui d'aller fureter à la recherche d'informations sur ce qu'il se passait entre les murs de la citadelle. Ses deux axes d'enquête étaient centrés sur le Joueur de Flûte et sur Lixian Belka. Plus il en saurait, mieux ça serait.

Il retrouva Nayan en haut de la colline qui surplombait le cœur de la ville. Il observa la foule qui vaquait à ses occupations, bruyante et mouvante.

- Que comptes-tu faire ? s'intéressa Nayan.

- En apprendre plus. Il y a des choses bizarres, ici. Et, n'en plaise à mon père, je ne ferais pas signer ce traité à Amsden Belka s'il y a le moindre risque.

- Pourquoi penses-tu qu'il y a un risque ?

- Pour plusieurs raisons qu'il me faut éclaircir. Donc, nous allons fausser compagnie à ce cher capitaine pour aller poser des questions dans le marché !

- Il va être furieux.

- Et alors ?

Nayan secoua la tête mais le suivit lorsqu'il descendit la colline pour rejoindre la ville. L'avantage de ne partir qu'avec son cousin était que ce dernier paraissait massif et si renfrogné que les gens s'en méfiaient. Il faisait réfléchir à deux fois les plus réticents à parler.

Le tout était de trouver la bonne victime. La plupart du temps, Aryeh passait d'étal en étal jusqu'à trouver la personne qui lui donnait le plus l'impression d'être prête à vomir sur le dos de n'importe qui dont le nom était connu. À Rothena, il s'agissait souvent de vieilles femmes vendant leurs laines en bavassant en troupeaux. S'il en engageait une, toutes se mettaient à ajouter leurs informations et Aryeh se retrouvait avec plus que ce qu'il avait demandé. Et une écharpe ou une veste en cadeau.

Ici, il remarqua que les gens étaient plus éloignés les uns des autres, plus enclins à vendre qu'à se regrouper pour travailler ensemble dans la bonne humeur. L'ambiance opposée à celle qu'il connaissait par cœur chez lui.

Malgré tout, il finit par trouver trois marchands qui faisaient bande à part sur le coin extérieur du marché. Ils s'étaient installés à même les marches d'un bâtiment et avaient installé leur marchandise sur un carré de tissu pour la protéger du sol poussiéreux. Ils discutaient et riaient ensemble, familiers les uns avec les autres. L'avantage était leur jeunesse. Ils ne seraient pas difficiles à aborder, moins que s'ils avaient été adultes. Pour quelques sous, ils vendraient sûrement père et mère.

Aryeh s'approcha, faisant signe à Nayan de rester à distance. Ce n'était pas une situation où il aurait besoin de lui. Il s'accroupit devant l'étalage improvisé des trois jeunes et fit mine d'inspecter la marchandise.

When Settles the DustOù les histoires vivent. Découvrez maintenant