Chapitre 18

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Il fallut quelques secondes à Lixian pour réagir aux paroles d'Aryeh. Il courut pour le rejoindre. Il ne le saisit pas par le bras ni ne se mit en travers de son chemin. Il marcha à sa hauteur, raide comme un manche de fourche, le visage fermé.

- Je ne possède aucune magie, énonça Lixian avec dureté.

- Ça ne sert à rien de me mentir. Je l'ai vu quand tu as combattu mon père, dans l'arène. Si tu crois pouvoir me tromper, tu es un idiot.

- Vu ?

- Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, je possède quelques tours de magie dans ma manche. Ne penses-tu pas que, grâce à ça, je sois capable de reconnaître d'autres personnes qui, comme moi, ont un soupçon de magie dans leurs veines ?

- Comme le disciple.

- Comme toi. Tu peux te cacher autant que tu veux, Lixian, mais ce n'est pas moi que tu tromperas. J'ai été comme toi, fut un temps. Lutter contre ta magie ne te mènera nulle part.

- Tu ne sais pas de quoi tu parles.

- Je pense en savoir plus que toi, à ce sujet. J'ignore pourquoi tu luttes autant contre tes capacités mais je sais que tu vas devoir apprendre à faire avec si tu veux pouvoir rentrer chez toi. Soit tu luttes avec ta magie, soit tu apprends à te battre sans. C'est à toi de voir. Mais, par pitié, n'essaie pas de me faire croire que tu n'as aucune magie. Je ne suis pas idiot.

Il accéléra le pas, forçant Lixian à faire de même, bien qu'il ne dise plus rien. Ils rejoignirent la salle de réception où tout le monde les attendait.

- Où étiez-vous ? gronda Rangsei.

- Nous avons dû contourner un nid de serpents sur la route du retour, répondit négligemment Aryeh. Sans quoi, nous serions revenus bien plus tôt.

- Et où étiez-vous ?

- Dans la montagne pour admirer le magnifique coucher de soleil sur les pins. Les plaisirs simples de la vie, vous savez. C'est agréable, une fois de temps en temps. Vous devriez essayer. Vous seriez peut-être un peu plus détendu.

Sa mère posa une main sur le bras de son mari, l'empêchant de répondre. Aryeh croisa le regard de Nayan qui lui parut plus sombre que d'ordinaire. Un sourire sardonique ornait ses lèvres, comme pour réitérer ses propos au sujet de Lixian sans avoir à dire un mot. Aryeh se fit un devoir de lui assener un coup de coude dans les côtes pour faire bonne mesure.

Le dîner fut étrangement calme en dépit de la présence de Quest Bellhouse qui paraissait des plus mal à l'aise. Aryeh fit de son mieux pour diffuser la tension dans la pièce mais même avec l'aide de sa mère, l'atmosphère demeurait étouffante. Ils terminèrent de dîner et Chava entraîna son époux hors de la pièce. Nayan s'excusa auprès de Quest Bellhouse et de Lixian avant de se pencher pour murmurer à l'oreille de Aryeh.

- Ne reste pas trop tard avec ton joli cœur si tu veux rester discret.

En guise de réponse, Aryeh lui assena un coup dans l'estomac que Nayan esquiva en partie en riant. Il ébouriffa les cheveux de son cousin avant de partir.

- Puis-je me permettre d'être honnête ? questionna Quest Bellhouse, incertain.

- Vas-y.

- Tout le monde décrit la famille Perbright et sa confrérie comme accueillante et joyeuse, attrayante et dit que c'est pour ça que, malgré sa position géographique et la faiblesse de son territoire, elle est la plus importante confrérie. Et j'avoue que c'est ainsi que je m'en souviens. Qu'est-ce qui a changé ?

- Si je le savais, je te le dirais.

Aryeh aussi se souvenait de la joie, des rires, des festivités qui faisaient vivre Rothena. Ses relations avec son père n'étaient pas aussi tendues et il ne manquait pas de le tuer lors de leurs entraînements bien qu'ils soient des plus durs.

When Settles the DustOù les histoires vivent. Découvrez maintenant