52. GENESE DU SURNOM "ANIMAUX MORTS"

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            Au cours du mois de novembre 2009, vous avez découvert un personnage haut en couleur avec une... Stop ! Haut en couleur ?!?! Non, ça ne va pas du tout. "Couleur" renvoie à énergie, à dynamisme, à vivacité ; ce terme est donc totalement inapproprié. J'ai besoin de quelque chose de plus... fade, de plus... lymphatique, quelque chose d'anémié, sans fard, j'ai besoin de... de gris. Oui, du gris ! Cet intermédiaire entre le noir et le blanc, paralysé dans un état peu chatoyant.

Je reprends.

Au cours de ce mois de novembre 2009, vous avez découvert un personnage terni de gris avec une répartie dévastateuse* dévastatrice : la bien nommée Animaux Morts.

Drôle de surnom, n'est-il pas !, voire quelque peu dérangeant, qui soulève – j'en suis persuadé – un tas d'interrogations chez vous autres, lecteurs. Pour quelle(s) raison(s) l'avoir baptisé d'un sobriquet si étrange ? (En réalité, elles sont au nombre de deux.) Comment en sommes-nous arrivés à cette illuminée trouvaille ? Lequel d'entre nous l'a trouvé ? Pourquoi utiliser le pluriel pour désigner une seule personne ? Descend-t-elle d'une longue lignée de taxidermistes ?

Cela remonte à l'an 2005...

Un vendredi après-midi pour être précis, courant septembre... ou octobre.

Géraldine Lesieur, alias Animaux Morts, exposait son projet pour le week-end :

« Ben moi, c'te dimanche, j'compte ben allez à la chasse avec Nono.

- Tu t'intéresses à la chasse !, s'étonna Soraya.

- Ben nan, c'est pas mon truc. Mais alors pas mon truc du tout. Mais Nono, lui, i' adore ça. Vas-y que je te prends la carabine ; vas-y que j'te sors les balles ; et vas-y que je mets la sacoche et vas-y que j'tire dans tout c'qui bouge.

- Que fais-tu alors pendant ce temps-là ?

- Ben moi, j'prends des photos.

- Des-pho-tos, balbutia Soraya qui venait de déceler pour la première fois en sa vis-à-vis de collègue un micro intérêt pour quelque chose, une chose tournée de surcroit vers une démarche artistique. Tu as donc un hobby en dehors d'ici !

- Hein ! Un quoi ? Un-hobby ?? Soraya, t'as toujours d'ces mots que personne ici i'connaît. Un-hobby ??... Aaaahh, mais si !, c'est comme Obao le Hobby dans "Le Seigneur des Anneaux" ? »

Soraya zappa le lapsus tant l'enthousiasme l'aveuglait. Les questions fusèrent :

« Que photographies-tu ? La nature ? Les fleurs ? Les arbres ? Le ciel et les nuages ? Les champs ? Les paysages ? Ton mec en train de chasser ? Fais-tu des portraits ? Du noir et blanc ? Des jeux d'ombre et de lumière ? Des clairs obscurs ? Les couleurs de l'automne ?

- Ben nan, rien de tout ça. Moi, j'photographie des animaux.

- Nigaude que je suis, pourquoi n'y ai-je point pensé ? La chasse rime avec animal. Forcément, c'est évident. C'est merveilleux, dis-moi... Et tu photographies des coccinelles ? Des grenouilles ? Des libellules ? Des abeilles ? Des chenilles ? Des papillons ?

- Ben nan j'ai dit des vrais z'animaux. Pas des sales insectes à z'ailes !

- Des perdrix ? Des biches ? Des faisans ? Des canards ?, s'emballa-t-elle encore.

- Ben nan, les z'animaux, eh bé i'courrent trop vite. I' bougent de trop. »

Soraya afficha un air perplexe. Géraldine compléta :

« Bah, c'est simple. Une fois que les z'animaux, i' z'ont été tués par Nono, eh bé i' bougent plus. Et alors, eh ben, c'est bien plus facile à les prendre en photo. »

« Plus glauque tu meurs !... Et sans aucun jeu de mots malveillant volontaire de ma part », conclut Soraya lorsqu'elle nous relata, à Raffie et à moi, cette curieuse tranche de vie.

Ainsi tous trois avons opté pour le surnom d'"Animaux Morts"... surtout qu'en outre, une seconde raison d'être de ce surnom s'imposait d'elle-même. Géraldine présente un état apathique constant et une cervelle qui contient tout le vide intergalactique. Ne la secouer pas trop sinon elle risquerait de perdre le peu de bon sens qui lui reste ! Ses fautes grammaticales, syntaxiques, dans un français approximatif qui mélange patois, lapsus et néologismes avec une méconnaissance de la langue nous exaspèrent au plus haut point. Aucun effort pour évoluer, elle se fout de nos remarques. Géraldine est toujours dans un état d'extinction cérébrale avancée, une sorte de morte-vivante ou... un animal mort.


* Effet secondaire généré par la mauvaise influence du dit-personnage.

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