« J'suis content. J'suis content. CON-TENT ! »
Telle est la rengaine dont Jean-Eudes nous rabattait les oreilles depuis plusieurs jours.
Face à tant d'engouement tel un enfant qui s'extasie dans une boutique de friandises, j'ai pris la liberté de répertorier les multiples raisons de contentement évoquées par ce cher Jean-Eudes et je vous en propose une liste non exhaustive :
- il est CON-TENT d'avoir intégré le service et CON-TENT d'avoir rejoint l'Ââârt et la Cûûlture ;
- il est CON-TENT d'avoir des collègues "instruits" (dixit), CON-TENT de pouvoir discuter mode, expos et histoire de l'art avec eux et CON-TENT de discuter musique indé avec moi ;
- il est CON-TENT de l'ambiance et de la solidarité qui règnent entre nous et CON-TENT qu'il n'y ait aucun problème majeur au sein du service (Patiente encore un peu avant de t'avancer et tu découvriras la sombre réalité.) ;
- il est CON-TENT de son nouveau job, CON-TENT de l'indépendance (toute relative) pour gérer son travail, et CON-TENT de la confiance qu'on lui accorde dans ses nouvelles missions ;
- il est CON-TENT de la localisation des bureaux (Les locaux se situent à deux pas de la Vieille Ville, quartier qui regroupe de nombreux magasins chics et snobs et donc, hors de prix) ;
- il est CON-TENT d'avoir une chef aussi belle (« Elle se la joue un peu midinette mais ça doit être une sacrée salope au pieux », dixit.) ;
- il est CON-TENT parce qu'il s'imagine pouvoir assister à plein de spectacles en tant qu'invité privilégié : places au premier rang, rencontres avec les artistes en coulisse et tout le toutim (Se rend-t-il compte que son travail est purement administratif et qu'il n'aura jamais aucun rapport avec de quelconques artistes ?!) ;
- il est CON-TENT de rencontrer de nouvelles têtes, en particulier des artistes d'horizons divers qui lui ouvriront les portes de la Gloire (Chacun aspire à sa minute de célébrité, lui veut plus qu'une minute.) ;
- il est CON-TENT de croiser de belles et jeunes stagiaires à draguer.
En résumé, Jean-Eudes est content... d'être content !
D'après ses dires, cela se passait plutôt mal à la D.R.I.H. (la Direction des Ressources In-Humaines), service dans lequel il bossait avant de nous rejoindre. La responsable était – toujours selon ses dires – despotique. Rien que ça ! Elle prenait un malin plaisir à le sermonner plusieurs fois par semaine – et ce, devant toutes ses collègues (Accomplissait-il seulement la tâche qui lui était dévolue ? Du moins avait-il compris ce qu'il était censé faire ?) ; il devait se taper des heures supp' non rémunérées (Accumulait-il du retard à cause de sa lenteur innée ?) ; il sortait souvent après vingt heures alors que Madame l'attendait à la maison. Et, cherry on the cake* : toutes ses collègues étaient – toujours selon sa propre description, que nous sommes tout à fait en droit de remettre en doute –des femmes stupides, laides, en surpoids, qui passaient leur temps aux ragots et autres commérages.
* Traduction farfelue de l'expression bien française :"cerise sur le gâteau"
« Heureusement, la culture m'a sauvêêê, avait-il conclu dans un soupir. Vous n'pouvez pas savoir à quel point j'suis content. J'suis content. CON-TENT ! mais CON-TENT ! A un point que vous n'imaginez même pas ! ».
De : REYNIER Sandrine
À : STORM Jérémy
Objet : CON-TENT
Envoyé : mercredi 2 novembre 14:29
Je suis tombé sur J-E.T. ce midi en me baladant. J'aurais préféré l'éviter mais on est tombé nez à nez. Je le vois tout embêté en train de se dandiner sur ses 2 jambes. Pour dire quelque chose, je fais : "Ça va ?" Et lui : "J'suis content. J'suis content, CON-TENT !". Ben tiens, je ne l'aurais pas deviné ! Il nous le ressasse assez. Et son débit s'est emballé : "Les collègues sont vraiment tous sympas. J'suis content. CON-TENT ! Et toi, Sandrine, tu es tellement... tellement... Ah que je suis content. Vraiment CON-TENT !" Il l'a répété quatre fois au cas où je n'aurai pas bien saisi la première fois. En revanche, je ne sais toujours pas ce qui venait après le "tellement". D'ailleurs, je crois que je préfère rester dans l'ignorance... ;o)
De : STORM Jérémy
À : REYNIER Sandrine
Objet : CON-TENT
Envoyé : mercredi 2 novembre 2009 14:37
Qui n'aura pas compris ? Jean-Eudes est content, content. CON-TENT !
Pour ma part, je t'avoue que je me serais contenté de supprimer la dernière syllabe de cet adjectif pour mieux coller à la réalité.
VOUS LISEZ
CHRONIQUES DE BUREAU
HumorEn parallèle de la "SAGA DES SIRÈNES" ancrée dans le monde antique et la mythologie, je t'invite à découvrir une fiction très différente qui s'inscrit dans notre société actuelle. Jérémy (quelle coïncidence que le prénom du héros !), agent administr...