17. UNE STAGIAIRE ÉGARÉE

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9h35. Une jeune fille à la chevelure rousselée erre dans le long couloir du B.C.D. De part et d'autre du corridor, des portes vert-épinard ouvertes ou entrouvertes qui regorgent de fonctionnaires concentrés sur leurs missions et leurs écrans*.

* Je n'ai pas précisé ce qu'ils faisaient sur leurs écrans...

Surgit alors, tel un chevalier en armure sur son destrier blanc, en provenance directe des cabinets d'aisance, Jean-Eudes le Brave. Ce samaritain se précipite aux devants de la damoiselle en détresse. Il se fait un devoir d'accueillir la brebis égarée, d'autant que la robe de la demoiselle en détresse moule ses formes et s'ouvre sur un décolleté qui incite au viol (dixit J-E.T.).

J-E.T. la reçoit avec quantité de mots affables pour se mettre en valeur. On devine qu'il lui propose un café – ou seconde version, de la sauter ! Cette jeune fille a donc rendez-vous à 10h00 pour un entretien de stage et cherche le bureau de Madame Reynier ou de Madame Ketsoula (plus connue sous le pseudo de Princesse K.K. par un cercle restreint d'initiés). Du haut de ses dix-huit ans, la bachelière affiche un sourire ultra-bright à la dentition parfaite et... vingt-cinq minutes d'avance. Or Princesse K.K. ne pointe jamais le bout de ses talons avant dix heures – dix heures trente ! – voire onze heures, en prétendant, la bouche en cœur, qu'une réunion la retenait.

J-E.T. décide de l'emmener directement dans le bureau de Sandrine.

Peu de temps après, Sandrine m'écrit :

De : REYNIER Sandrine

À : STORM Jérémy

Objet : Grrrr ! (Bruit d'une tigresse enragée)

Envoyé : lundi 16 novembre 2009 10:31

Mais quel con celui-là !

Cette andouille déboule dans mon bureau suivi de près par Miss Décolleté Pigeonnant sans même avoir frappé. Que veux-tu que je lui dise vu que K.K. n'est pas encore là ? Miss Décolleté Pigeonnant est censée patienter dans le petit salon prévu à cet effet, notre salle d'attente à côté de l'entrée du service... Elle a RDV à 10h. Pas à 9h40 !

Pire !, quand l'autre andouille est entrée telle une bourrasque, je mastiquais une madeleine et j'ai failli m'étrangler. Pire rncore, j'avais une tasse de thé dans la main (le thé des geishas, un thé vert parfumé à la fleur de cerisier, une pure merveille ! Tu m'en diras des nouvelles à l'occasion.) et j'ai failli le renverser sur moi et me tacher. Imagine un peu la première impression de Miss Décolleté Pigeonnant ; ça faisait pas pro du tout.

Après avoir reconduit Miss Décolleté Pigeonnant dans le petit salon de l'entrée, j'ai pris le Jean-Eudes entre quatre z'yeux et je te l'ai engueulé vertement. Il fallait bien lui dire qu'on n'amène pas les gens comme ça directement dans les bureaux – sans les prévenir !!!

Sa réponse ne m'étonna guère : « Moi, je peux m'en occuper si tu veux. »

C'était vraiment la cerise sur le gâteau !!!!!!!

Ben oui, bien sûr, c'est l'incapable lubrique qui va s'occuper d'elle !

Et K.K. vient d'arriver avec seulement trente minutes de retard, avec son sourire de faux derche et le bras en l'air avec son sac à main au creux du coude. Ça fait godiche, je te jure. Et elle prend bien tout son temps pour poser ses p'tites n'affaires. Miss Décolleté Pigeonnant peut encore attendre des plombes avant qu'on ne vienne la chercher.

PS : Je comprends J-E.T., elle a une paire... d'arguments qui ne laisserait pas insensible les évêques du Vatican. Je ne pourrais jamais travailler et regarder cette nana droit dans les yeux. C'est décidé, je vais m'opposer à son recrutement et on va engager un mec ! Ainsi pas de risque de dérive et ça te fera plais' mon Jéjé Tempétueux.

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