58 / EDEN

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  J'ai l'impression que je vais encore dégueuler. Ma tête tourne dans tous les sens. J'ai réellement dû manger quelque chose de pas frais. Mon téléphone se met à vibrer sur la table de chevet. J'essaie tant bien que mal de l'attraper, mais mes bras me font un mal de chien. Si j'ai choppé la grippe ou je ne sais quoi, je me tire une balle. J'espère qu'Heather va trouver les bons médocs pour me soigner. D'ailleurs j'ai l'impression que ça fait une éternité qu'elle est partie.
  Le numéro de Ninja s'affiche sur l'écran.

- Allô, mon chéri ? Comment ça va ?

  Je lui explique mes maux de tête, mes courbatures et mon envie de vomir incessante.

- Mange du gingembre et du thym, ça te fera du bien. Si tu peux te déplacer, viens à la maison, j'ai tout ce qu'il faut.

- C'est gentil Ninja, mais Heather est là, elle est partie me chercher de quoi me soigner. T'inquiète pas, tout va bien. Je te remercie.

  La conversation dure des plombes, entre ses histoires avec Ernest, son nouveau mec, ses parties de ramis, le thé qu'elle a pris avec Marguerite et ses problèmes de dos, ma tête est à deux doigts d'exploser. Je l'aime beaucoup, mais je ne suis vraiment pas d'humeur à écouter des conneries pareilles. Il faut que je joigne Heather, et qu'elle revienne vite. Une fois la conversation terminée, je compose son numéro. Ça fait trente minutes qu'elle est partie. Il n'y a jamais de queue devant la pharmacie. C'est pas normal qu'elle prenne autant de temps.

- Bonjour, vous êtes bien sur la messagerie de Heather Bellamy. Je ne suis pas disp...

  Mais qu'est-ce qu'elle fout, bordel ?
  C'est bon, j'angoisse, maintenant. Je me précipite aux toilettes pour vomir de la bile. Je n'ai rien mangé depuis hier soir, je n'ai donc plus rien à vomir. J'ai besoin d'elle maintenant. Je suis incapable de sortir pour la chercher ou aller à la pharmacie. J'ai l'impression d'être une petite chose fragile, recroquevillée sur elle-même devant des chiottes dégueulasses, remplies de vomi. Je déteste être dans cet état là, je l'ai trop souvent été. Je veux sentir la chaleur de son corps, ses bras autour de moi, ses baisers sur mon front.
  Putain, mais quel abruti. À m'entendre, on dirait que j'ai besoin qu'on me materne. Reprend toi, connard.
  J'attrape mon téléphone et essaie de la rappeler.

SOMETIMES (you bet)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant