10 / EDEN

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  En mettant la clé dans la serrure de l'appartement, je constate qu'elle n'est pas fermée à clé. Loïc est rentré de chez ses parents, je le retrouve assis devant la télé, en bon vieux cliché, regardant BFMTV.
Je préfère m'épargner une soirée ringarde, je le salue, range mes courses et cours m'enfermer dans ma chambre. Il fait atrocement chaud à l'intérieur. Évidemment en partant ce matin, j'ai oublié d'éteindre ce putain de radiateur. Je m'écroule dans mon lit et regarde mon téléphone en espérant un texto de cette fille. Je ne connais même pas son prénom... Mais si sa mémoire à elle, ne lui fait pas défaut, elle devrait se souvenir du mien.
J'ouvre ma fenêtre dans l'espoir d'aérer un peu la pièce, je n'ai pas du tout envie de dormir. J'ai été fatigué toute la journée, mais comme d'habitude le soir je suis une pile électrique. Il faut que je bouge, que je sorte d'ici. L'air frais m'excite plus qu'autre chose. Je ne supporte plus cet appartement. C'est aussi une des raisons pour laquelle je sors tout le temps. Je préfère être dehors qu'ici. Je compose le numéro de Michaël, je suis sûr qu'il sera disponible pour boire une bière. J'ai assez vu Ben ces derniers jours pour lui proposer de se joindre à nous.

  J'allume une cigarette, Michaël recherche une chanson sur youtube et choisit Dream de Fleetwood Mac, un morceau bien déprimant pour une soirée qui s'annonce calme, pour une fois.

- Tu peux dormir ici, si tu veux, marmonne Michaël.

- Non t'inquiète, je vais pas te faire chier longtemps. Ça m'étonne que t'aies pas une minette chez toi en ce moment.

- Bah, la nana de Tinder que j'ai vu l'autre soir devait venir, mais elle a eu un empêchement. Donc c'est toi ma minette pour le moment, rit-il en me tapant dans l'épaule.

  Je l'écoute me raconter son date Tinder, mais je ne pense qu'à la manière dont je vais pouvoir aborder la serveuse. Comment je vais pouvoir passer à l'action ? Si je demande conseil à Michaël, il va me rire au nez. C'est normalement moi qui lui donne des tips pour pécho. Mais avec elle, j'ai l'impression que ça va être plus compliqué. Elle ne se laisse pas vraiment approcher. D'habitude je n'ai pas besoin de faire d'effort pour qu'une fille me tombe dans les bras. Je leur baratine un truc, fais mon plus beau sourire et quelques minutes après elles sont dans mon pieux.

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  Je gare mon vélo dans une rue derrière le restaurant. Je m'assieds sur le trottoir d'en face et observe la belle brune à l'intérieur. C'est bien la première fois que je me surprends à surveiller quelqu'un. Enfin, je ne la surveille pas vraiment, j'essaye d'avoir des informations sur elle, pour pouvoir mieux l'approcher.
Elle est habillée d'un petit débardeur vert pâle et un jean taille haute noir, quoi de plus basique. Ses cheveux sont relevés d'un chignon et deux mèches de devant lui tombent sur le visage. Elle court dans tous les sens et à l'air d'avoir chaud.
Le restaurant est plein, ce n'est pas le moment d'aller la déranger. Elle garde le sourire en toutes circonstances, même quand un gamin renverse toute son assiette par terre, car je suppose qu'il n'aime pas ce que ses parents lui ont commandé. Je lui aurai déjà mis une grande baffe pour son manque de respect. Elle se baisse pour ramasser les morceaux de l'assiette brisée et je la vois se crisper. Elle se relève d'un coup en tenant son doigt caché dans sa main. Elle semble s'être coupée. En courant vers la cuisine, elle manque de tomber en trébuchant sur un sac posé au sol. Sa façon d'être aussi gauche me laisse échapper un petit rictus. Une autre serveuse - plutôt mignonne soit dit en passant - prend le relais pour nettoyer les conneries du môme.
  Elle n'est toujours pas revenue au bout d'une dizaine de minutes. Il faut que je me remette à bosser, je ne vais pas l'épier toute la journée.

  Le numéro de Shana s'affiche sur mon téléphone. Rien que de voir son nom j'en suis déjà excité. Elle me propose de passer chez elle, je ne manquerai un coup avec elle pour rien au monde. J'accepte donc sa proposition.
  Je dépose mon vélo à l'appartement et sors acheter un pack de bière avant d'aller chez elle.
Au moment de toquer à la porte, celle-ci s'ouvre tout doucement, elle n'était a priori pas fermée. Je la pousse et entre dans le salon. Shana est allongée sur son canapé, vêtue seulement de sous-vêtements rouges. Une jambe est tendue sur le canapé et l'autre étendue sur sa table basse, ce qui me donne une vision très sexy de son entre-jambe. Mon Dieu qu'elle est canon. Cette mise en scène me rend dingue. J'arrache mes vêtements en un rien de temps et me jette sur elle pour la porter jusqu'à son lit. Elle se retrouve sur moi et commence à me toucher.

  Je m'allume une cigarette et me dirige vers la fenêtre pour ne pas enfumer sa chambre. J'observe les immeubles d'en face et les gens qui se trouvent dans les bars en bas. Son appartement donne sur une rue très passante, avec beaucoup de commerces. Le brouhaha sans cesse me donnerait mal au crâne à force. Est-ce que son appartement à elle, est lui aussi situé dans une rue aussi bruyante ? Est-ce que si j'arrive à la faire crier aussi fort, le bruit de sa rue camouflerait ses cris ?
Putain je viens de baiser Shana, mais il faut absolument que je pense à quelqu'un d'autre.
J'attrape mes affaires et me rhabille.

- Tu t'en vas ? Tu veux pas dormir ici ? demande-t-elle d'une manière pleine de sous-entendus, elle n'en a jamais assez, c'est dingue.

- Non, je vais rentrer. Puis j'ai jamais dormi avec toi, ce n'est pas ce soir que ça va changer.

  Je vois bien à sa tête que je l'ai blessée. Mais je dors toujours seul. Sauf quand je suis trop ivre pour partir ou virer la meuf. Je déteste n'avoir qu'une partie du lit et je déteste que quelqu'un me colle pendant que je dors, ça m'angoisse.

SOMETIMES (you bet)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant