- Tu as toujours su que tu étais lesbienne ?
C'est bien la première fois qu'on me pose cette question. En général, les gens ne sont pas aussi indiscrets, surtout en Angleterre. Mais venant d'Eden ça ne m'étonne pas, ça parait presque normal.
- Je crois.
- Tu n'es jamais sortie avec un mec ?
On en est vraiment à parler de mes histoires sentimentales, là ? Ses yeux se rapetissent, essayant surement de me déchiffrer ou de comprendre mon anormalité.
- Non... Enfin, si, une fois, pendant le bal de fin d'année au lycée. Mais ça n'a duré que trois heures.
- Comment ça ? dit-il en éclatant de rire.
Je ne sais pas s'il faut vraiment que je raconte cette anecdote, mais il a l'air réellement intéressé.
- James Dank, un gars de ma classe, m'avait invité au bal. À cette époque il fallait absolument avoir un cavalier sinon c'était la loose, j'avais donc accepté. Il est venu me chercher chez moi, en parfait gentleman, puis nous avons passé la soirée sans trop se parler. C'était vraiment gênant. Puis quand il m'a déposé devant la maison, il m'a embrassé et a essayé de me peloter. Sa langue était rugueuse et ses mains pesaient beaucoup trop lourdes sur mes seins. Je l'ai stoppé net, et suis rentrée chez moi. Je me suis promis que plus jamais un garçon ne me toucherait. Et puis de toute façon ça faisait un moment que je me questionnais sur ma sexualité, donc après cet épisode désastreux, sortir avec une fille était pour moi une évidence.
Il éclate à nouveau de rire une fois mon histoire terminée. Son rire est doux et franc. Il n'a pas l'air de se moquer de moi mais de réellement trouvé l'anecdote amusante.
- C'était un blaireau, c'est tout, dit-il. Tu n'as jamais couché avec un mec ! Le jour où ça arrivera tu ne pourras plus t'en passer.
- Même pas dans mes rêves.
Une mèche folle lui tombe sur le front, il la remet délicatement en place. Ses yeux verts pétillent. Il a l'air de passer un bon moment en ma compagnie... Et moi aussi. Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas sentie aussi bien.
Nous nous installons à la terrasse d'un café. À peine assis, Eden allume une cigarette. Il a ce tic de toujours lécher sa lèvre inférieure après avoir inhalé la fumée. Il a l'air épuisé. Ses cernes sont très prononcés et son visage est pâle. À quoi passe t-il ses nuits ? J'ai ma petite idée, mais je ne préfère pas y penser.- Qu'est ce qui te plait chez Sam ?
Je marque un temps devant cette question indiscrète. Pourquoi s'intéresse t-il à ça ?
- Elle est gentille, passionnée, aimante...
Ses sourcils se froncent et un sourire se dessine sur le bord de ses lèvres.
- Elle est chiante quoi.
- Pas du tout ! dis-je en le tapant sur le bras, c'est une fille super. Elle est là pour moi quand ça ne va pas, mais c'est surtout grâce à elle que ça va. Quand je suis arrivée à Paris, j'étais totalement perdue et encore plus timide que ce que tu as déjà pu voir. J'ai réussi à dépasser certaines peurs et j'ai fait des efforts pour elle. Si elle n'avait pas été là, je serais sûrement déjà rentrée à Londres.
Un long silence s'installe entre nous et ne se rompt que lorsque le serveur nous apporte nos verres.
- Tu l'aimes ?
- Bien sûr que je l'aime, pourquoi cette question ?
- Parce que je pense qu'elle ne te mérite pas.
Comment peut-il dire un truc pareil, il ne me connaît pas et Sam non plus. Je sens le rouge me monter aux joues, non pas de gêne mais de colère.
- Pardon ?
- De ce que j'ai vu, j'ai l'impression qu'elle en a rien à foutre de toi. Elle pense plus à son plaisir qu'au tien. Avant que tu arrives l'autre soir, son comportement était bien différent. Elle fait bien la paire avec Lola.
- Comment peux- tu te permettre de juger quelqu'un que tu n'as vu qu'une fois ? Regarde-toi et on en reparlera ! crié-je furieuse.
Je me lève d'un bond et part en direction du métro. Je me retourne brièvement, Eden est toujours assis à la table, le regard dans le vide. Nos deux bières sont pleines et je m'en veux de le laisser payer, mais son comportement m'a mis hors de moi.
On passait pourtant une bonne soirée, je ne comprends pas pourquoi tout d'un coup il s'immisce dans mon couple comme ça.Sam m'ouvre la porte de son appartement. Dans ma tête, tout est mélangé. J'ai envie de la gifler, de l'embrasser, de lui crier dessus, mais surtout de lui faire l'amour. Je me jette sur elle et lui enlève son pull. Elle me regarde d'un air interloqué. Je l'embrasse fougueusement, mais elle me stoppe net.
- Qu'est ce qui te prend ?
- J'ai envie de toi.
Elle lève un sourcil et repose immédiatement ses lèvres sur les miennes. Elle soulève mes cuisses pour que j'enlace mes jambes autour de ses hanches et me porte jusqu'à son lit.
Ses doigts sur mon corps sont frais. Elle les fait danser le long de mon ventre et atteint le bouton de mon pantalon. En deux temps trois mouvements, il se retrouve à mes chevilles et sa main parcourt l'intérieur de mes cuisses. Sa langue continue de jouer avec la mienne. Ce qui est bien avec Sam c'est qu'elle sait être dominante, et j'adore ça. Son autre main attrape mes cheveux et les tire lentement en arrière. Elle en profite pour embrasser mon cou, suit une ligne imaginaire qui passe par mes seins, pour finir sur mon ventre et mes hanches.⫷⫸
Le soleil tape à travers les rideaux. J'ai des courbatures au ventre et aux cuisses. Des bribes de souvenirs de la nuit passée me reviennent, rien que d'y penser, des papillons dansent dans mon ventre. Je sens la main de Sam parcourir mon dos. Elle se lève et sort de la chambre. Je regarde mon téléphone qui indique qu'il est 9 h 30. Je dois démarrer mon service à 11 h. Il faut que je me prépare. Heureusement que je laisse des affaires chez elle, je n'aurai pas le temps de repasser chez moi.
Sam prépare le café, je m'assieds sur la chaise haute de son plan de travail et l'observe bouger ses fesses en rythme sur la musique qu'émet la radio. Je repense aux paroles d'Eden hier soir, et je sens la colère monter en moi. Ce n'est pas le moment de gâcher ce moment. Je prends une grande inspiration qui remplit l'entièreté de mes poumons et repose mes yeux sur ma copine. Elle est magnifique, seulement vêtue d'une culotte, ses cheveux bouclés tombent sur son dos lisse et parfait.- J'accepte ta proposition, murmuré-je.
Elle se retourne vers moi, les yeux grands ouverts.
- Quelle proposition ?
- Celle que tu m'as faite au premier de l'an.
Elle lâche les tasses à café et se jette à mon cou. Elle embrasse mon visage entier et saute dans tous les sens comme une enfant qui vient d'ouvrir ses cadeaux de noël.
- Seulement si tu me promets de ne plus toucher à la coke et autres merdes.
Ses yeux brillent de mille éclats, elle est vraiment heureuse.
- Je te le promets !
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SOMETIMES (you bet)
RomanceAprès avoir quitté l'Angleterre avec son père, Heather s'installe à Paris. Lesbienne assumée, elle rencontre Sam, son grand amour. Jusqu'au jour où débarque Eden, un garçon beaucoup trop sûr de lui, prêt à tout pour la faire changer de bord. Va-t-il...