Nous en sommes à la moitié ! N'hésitez pas à laisser un commentaire avec vos impressions. Bonne lecture.
————————————————————
Je ne sais absolument pas comment m'habiller pour ce genre de rendez-vous. J'ouvre ma penderie et observe ce qui peut bien aller avec "innocence et timidité", comme l'a dit Monsieur Baron. Je choisis donc une jupe rose pâle plissée qui arrive au niveau du genou, un chemisier blanc et ma paire de Stan Smith.
J'ai la trouille. Je ne suis même pas encore sortie de chez moi que mes mains tremblent et mes jambes flageolent.
Je reçois un texto d'Eden qui me souhaite bonne chance. Si j'avais eu le cran de lui foutre une gifle hier, je l'aurais fait. Il n'a aucun droit de prendre ce genre de décision à ma place. Mais je l'avoue, c'était attentionné de sa part. Il pensait bien faire, ça me change les idées et surtout j'ai l'impression de me prendre un peu en main.Je n'ai jamais eu aussi peur de toute ma vie, j'ai l'impression que mon coeur va exploser, que je vais vomir le peu qu'il y a dans mon estomac ou m'évanouir à tout moment.
J'appuie sur l'interphone de la production. C'est exactement la même production où je suis venue passer un entretien d'embauche la dernière fois. Je n'ai jamais eu de retour, je suis sûre que ça va me porter la poisse.
Je me retrouve nez à nez avec la même demoiselle à l'accueil qui me regarde d'un air étrange. Elle m'indique de patienter sur le foutu canapé au courant d'air. Je sens que je vais tourner de l'œil.
Une grande femme blonde aux yeux bleus s'approche vers moi et me serre la main.- Bonjour Heather, je suis Claire Ponce, directrice de casting. Si tu veux bien me suivre ?
J'acquiesce et la suis de près. Elle est si élégante, ses cheveux sont légèrement ondulés, elle porte un tee-shirt des Rolling Stones, un jean slim et de hauts talons aiguilles de la même couleur que son jean.
Nous traversons de longs couloirs remplis de bureaux et arrivons dans une toute petite pièce presque vide, il n'y a seulement qu'une caméra sur un trépied, un bureau, un ordinateur portable et deux chaises. Nous sommes seules. Je pensais qu'il y aurait d'autres personnes et Éric Baron, mais non, il n'y a que nous deux.
En sortant de l'immeuble, je compose immédiatement le numéro d'Eden, mais je tombe sur sa messagerie, il doit être en livraison.- PETIT CON ! Grâce à toi je me suis amusée. Ça s'est super bien passé, elle m'a demandé de me présenter et de parler un peu de moi, j'ai eu peur au début, mais elle a su me mettre à l'aise. Nous avons seulement discuté puis fait un portrait chinois, je t'expliquerai. En tout cas merci de m'avoir poussé à y aller. Même si ça ne marche pas, je me suis éclatée !
Je raccroche et me mets à sauter de joie et danser dans la rue, mais je me stoppe immédiatement lorsqu'un vieil homme me regarde par dessus ses lunettes de vue. Claire m'a expliqué qu'Éric lui avait parlé de moi, et qu'elle attendait impatiemment que je l'appelle pour me rencontrer. Si je ne suis pas prise, je pourrais au moins me vanter d'avoir tapé dans l'œil d'un célèbre réalisateur.
Je tourne au coin de la rue pour entrer dans la bouche de métro, mais Eden m'attend devant.- Qu'est-ce que tu fais là ?
Mon coeur rate un battement. Je suis surprise mais vraiment contente qu'il soit là, même si je viens de lui laisser un message vocal il faut absolument que j'extériorise ma joie.
- C'est quoi un portrait chinois alors ?
- Oh ! Tu as déjà écouté mon message.
- Je voulais te faire une surprise, donc j'ai fait exprès de pas répondre.
Je lui explique que Claire m'a posé pleins de questions qui peuvent paraître anodines, et de répondre du tac au tac pour identifier notre personnalité. Je me suis donc sentie à l'aise, ma timidité laissée de côté.
Il m'accompagne jusqu'à Belleville et m'annonce qu'il doit retrouver Benjamin. Une part de moi est un peu déçue. J'aurais espéré passer un peu de temps avec lui, mais je ne vais pas me plaindre, sa venue surprise m'a fait énormément plaisir.
Il m'embrasse la joue et s'en va dans le sens opposé du mien. Je reste sur le quai pour le voir passer de l'autre côté attendre le prochain métro. Une fois en face de moi, il essaye de me faire deviner des choses, la première est un micro, la deuxième une bouteille d'alcool et la troisième est interrompue par le train qui nous sépare. Je glousse en voyant les autres voyageurs le dévisager, essayant de comprendre à qui il s'adresse et ce qu'il peut bien vouloir dire. Je n'en ai moi même aucune idée.Je m'allonge dans mon lit et me mets à penser à lui, au baiser échangé la dernière fois. Je n'y avais pas repensé depuis, mais bizarrement ça me revient en pleine figure. Un frisson me parcourt le corps, ma gorge se serre. Je ne comprends pas ce qu'il m'arrive, j'ai envie de pleurer, je ne peux pas m'imaginer avec un garçon, c'est impossible. J'aime les femmes, et ça ne changera jamais, l'idée d'embrasser ou de toucher un homme me répugne. Enfin c'était le cas avant. Les lèvres d'Eden sont si douces...
- Non mais ça va pas ! Arrête de penser à ça !
Je me mets une gifle intérieure. Il ne faut pas que je m'encourage dans ces idées-là. J'aime encore Sam, elle m'a trahi au plus au point, mais je l'aime quand même, je ne peux pas penser à quelqu'un d'autre. Ni même développer des sentiments pour un mec.
Il faut que je retourne au travail demain, ça fait suffisamment longtemps que je n'y suis pas allée, et puis j'ai besoin de faire autre chose que de regarder des films, me gaver de nourritures et penser à eux.
VOUS LISEZ
SOMETIMES (you bet)
RomanceAprès avoir quitté l'Angleterre avec son père, Heather s'installe à Paris. Lesbienne assumée, elle rencontre Sam, son grand amour. Jusqu'au jour où débarque Eden, un garçon beaucoup trop sûr de lui, prêt à tout pour la faire changer de bord. Va-t-il...