31 / HEATHER

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  J'ai fait une énorme erreur. Je ne peux pas couper les ponts avec Eden, c'est la seule personne sur qui je peux compter et qui est réellement là pour moi. C'est peut-être égoïste de ma part, mais je ne peux pas me passer de lui.
Sans réfléchir j'attrape le premier métro, je sais seulement qu'il habite à la station Place de Clichy mais je n'ai pas son adresse. Après le coup que je viens de lui faire, je ne suis pas sûre qu'il réponde à mon appel. Je sors mon téléphone de mon sac à main et contacte Ben, il saura me renseigner.
 
  Me voici devant sa porte, le coeur battant à mille à l'heure. J'hésite à frapper, mais ma main en décide autrement et cogne sur le bois. Un jeune homme de 25 ans environ m'ouvre et me scrute de la tête aux pieds. Je dois être affreuse et effrayante.

- C'est pour quoi ?

- Euh... Eden est là ?

- Y A QUELQU'UN POUR TOI ! hurle-t-il.

  J'imagine que c'est son colocataire. Il me fait entrer dans le salon, je me sens mal à l'aise, mes chaussures laissent des traces et mes vêtements dégoulinent sur le parquet.
Je l'entends arriver derrière moi. Tétanisée, je n'arrive pas à bouger et me maudis d'être venue ici. Je ne sais surtout pas ce que je vais bien pouvoir lui dire.
Je sens qu'il attend une réaction de ma part, je me retourne et me jette dans ses bras, c'est plus fort que moi, j'ai besoin de le sentir près de moi.
  Il m'apporte une serviette et un pull beaucoup trop grand, mais je m'en fiche, ça me tient chaud. Je suis exténuée, avec le besoin de dormir pendant plusieurs jours. Eden propose de me reposer dans sa chambre. J'accepte volontiers mais me sens coupable d'être venue chez lui pour finalement pioncer dans son lit, j'ai tellement de chose à lui dire, mais je n'en ai pas la force pour le moment.
Je m'allonge et ferme les yeux, je lui chuchote que j'ai besoin de lui parler, mais il me répond :

- Repose-toi d'abord, on verra ça après. Tu veux que je prévienne ton père que tu es ici ?

  Je secoue la tête, je ne suis pas censée travailler ce soir, il n'a pas besoin de savoir ce que je fais et avec qui.
Il dépose un baiser sur ma joue et sort de la chambre. Je l'entends ouvrir une autre pièce et chuchoter.

- Ça te dérange pas si elle reste un peu ici ?

- Non, pas du tout, elle reste autant de temps qu'elle veut.

  Je sombre en quelques secondes, mes dernières pensées vont à Eden et ce que je lui ai balancé un peu plus tôt dans la journée. Je m'en veux terriblement.
  Je me réveille en sursaut, mon téléphone posé sur la table de chevet indique 23 h 12. J'ai dormi six heures... Je ne sais absolument pas quoi faire. Est-ce que je dois me rendormir, ou me lever et prendre le risque de tomber sur son coloc' ? Si ça se trouve Eden est sorti... J'ai quand même soif, alors autant en profiter pour faire un saut dans le salon.
Il n'y a presque pas de lumière, je crois entendre le son de la télé, mais il n'y a pas d'autres bruits. Si Eden est là, il doit sûrement dormir.
Je passe ma tête doucement dans l'entrebâillement de la porte et remarque Eden allongé sur le canapé. Ses bras sont croisés sur son torse, il porte un tee-shirt blanc à manches courtes, laissant apparaitre ses tatouages. Ses yeux sont ouverts mais ont l'air fatigué. Sans faire attention je pousse légèrement la porte qui émet un grincement. Son regard se dirige sur moi, il se redresse et m'observe longuement. Ses yeux descendent sur mes jambes, je suis son regard et me rend compte que je n'ai plus mon pantalon. Je me souviens vaguement avoir eu chaud et retiré mon bas plutôt que le pull... Je suis encore plus gênée que la normale, j'ai envie de me cacher dans un trou et de ne plus jamais en sortir. Heureusement que son pull est grand, il m'arrive à mi-cuisse, ce qui cache ma culotte. Je tire dessus pour le faire descendre plus bas, mais en vain.
Eden se lève et me propose sa place. Je cours m'asseoir pour cacher mes jambes dans le pull, ça le fait marrer. Il s'assied lui aussi sur le canapé mais se tient le plus loin possible de moi. Personne ne parle, néanmoins ce n'est pas désagréable. Nous nous fixons quelques secondes. Il rompt le silence en me proposant à boire, ce que j'accepte immédiatement, ma gorge est en feu.
  Je le suis dans la cuisine sans faire de bruit, il n'a pas l'air de savoir que je suis sur ses talons. Il ouvre le frigo pour en sortir une bouteille d'eau et au moment de se retourner, une pulsion me projette sur ses lèvres. Il laisse échapper la bouteille de ses mains, je pris le bon Dieu pour que son coloc' ne débarque pas après le bruit sourd que ça a fait.  
Il m'attrape par les hanches et me fait grimper sur son torse, ses mains passent en dessous de mes cuisses pour me tenir, mes jambes sont enlacés autour de lui. Notre baiser ne s'est pas arrêté une seconde. Il me porte jusqu'à sa chambre, celle où je me suis perdue dans un sommeil profond il y a quelques heures à la place de vivre cet instant présent beaucoup plus tôt.

SOMETIMES (you bet)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant